Texte intégral
JULES DE KISS
Bonjour Carole GRANDJEAN.
CAROLE GRANDJEAN
Bonjour.
JULES DE KISS
Ministre déléguée à l'Enseignement et à la Formation professionnels, avec nous ce matin sur France Info pour détailler ces chiffres qui viennent d'être publiés, près de 840.000 contrats d'apprentissage signés l'année dernière, c'est du jamais vu, une hausse de 14 % sur un an, avant de parler de ces chiffres je vous propose qu’on regarde pourquoi est-ce que ça marche au quotidien dans les entreprises, de France Info reportage dans une boulangerie parisienne, et pas importe laquelle d'ailleurs, Benjamin ILLY.
(…)
JULES DE KISS
Vous l’avez écouté attentivement, vous avez beaucoup souri Carole GRANDJEAN, ministre déléguée à l'Enseignement et à la Formation professionnels en l'écoutant, et notamment ce que nous dit ce boulanger, « au début on a des apprentis qui peuvent un peu cramer les pains au chocolat avant de devenir des petits génies de la pâtisserie », c'est ça qui explique le succès, à la fois le désir de transmettre, la main-d’oeuvre à bon marché aussi, à coût réduit, c'est ce qu'expliquait aussi ce reportage ?
CAROLE GRANDJEAN
C’est beaucoup d'engagement pour les entreprises que d'accueillir un apprenti, un jeune, qui découvre le métier, qui parfois tâtonne au démarrage, et ce témoignage me fait sourire parce qu'au fond il est très révélateur de cette transmission qui se fait pas à pas, mais c'est souvent aussi beaucoup d'enjeux pour l'entreprise qui accueille parce qu’il y a des enjeux de recrutement derrière, on sait à quel point les secteurs d'activités sont en tension de recrutement et à quel point l'apprentissage est une des modalités de recrutement, à quel point aussi la transmission est nécessaire pour pouvoir faire perdurer certains savoir-faire et notamment ceux de la boulangerie. C’est une vraie réussite, on voit que le changement d'image de l'apprentissage joue là maintenant pleinement son rôle et qu'on développe l'apprentissage sur tous secteurs d'activité, et c'est intéressant de le voir, et à quel point ce développement est, j’ai envie de dire massif sur tout le territoire français…
JULES DE KISS
Est-ce que les objectifs seront tenus, parce que là on est à 837.000 apprentis de plus en un an, l'objectif c'est 1 million d'ici la fin du quinquennat en 2027, est-ce que vous êtes optimiste sur la tenue de cet objectif ?
CAROLE GRANDJEAN
Ecoutez, on est optimiste parce que ça fait déjà, on a déjà multiplié presque par trois le nombre d'apprentis en cinq ans, on est à plus de 14 % par rapport à l'an passé, plus de 100.000 apprentis par rapport à 2021 pour 2022…
JULES DE KISS
Mais avec un tassement quand même dans la hausse…
CAROLE GRANDJEAN
Mais bien sûr.
JULES DE KISS
Puisqu’on était autour de 40 % en 2020 et 2021, de plus, là c’est 14 % de plus, ça vous inquiète, comment vous l'expliquez ce tassement cette année ?
CAROLE GRANDJEAN
Mais écoutez, on a un double phénomène, on a un premier phénomène qui est celui finalement de la maturité de certains secteurs d'activité comme l'industrie, le monde agricole, le BTP, qui ont du coup une croissance d'apprentis qui est moindre puisqu’avec déjà une culture…
JULES DE KISS
Qui sont dans un rythme de croisière aujourd’hui, maintenant…
CAROLE GRANDJEAN
Exactement, même s’ils continuent à augmenter, ils ont effectivement une moindre croissance dans la mesure où ils avaient déjà une culture de l'apprentissage, et puis de nouveaux secteurs d'activités qui se sont très fortement engagés dans l'apprentissage, comme l’immobilier, comme certains secteurs du numérique, ou autres secteurs de ce type, qui sont en train de développer l'apprentissage, et donc ces nouveaux secteurs font effet locomotive, développement finalement de l'apprentissage, et puis on a aussi de nouvelles modalités d'apprentissage qui demain pourront aussi se développer, et donc je suis évidemment confiante. Nous avons un objectif fixé par le président de la République d’un million d'apprentis et c'est important que de pouvoir apporter cette jeunesse vers l'apprentissage parce qu'on voit aussi les très forts taux d'insertion professionnelle à l'issue de cette modalité d'apprentissage, 65 % en moyenne, mais jusqu'à des 70, 75 % selon les secteurs d'activité, donc on voit à quel point l'effet emploi par l'apprentissage est très fort.
JULES DE KISS
D’un mot, les 6000 euros d'aide à toute entreprise qui recrute un apprenti, confirmés là en début d'année, ça va être une aide pérenne ?
CAROLE GRANDJEAN
Alors, le président de la République, en janvier dernier, a annoncé devant les artisans-commerçants sa volonté de mettre en place cette aide de manière durable sur l'ensemble du quinquennat, de manière à…
JULES DE KISS
Même après le quinquennat, quand l’objectif aura été atteint ?
CAROLE GRANDJEAN
Ecoutez, lui il s’engage sur l'ensemble du quinquennat puisqu'il est évidemment en capacité de décider sur cette période de temps, pour autant c'était important, une mesure simple, unique, pour toutes les entreprises, pour tous les niveaux de diplômes, pour tous les âges, donc absolument lisible, et puis prévisible pour les entreprises qui savent que donc pendant quelques années elles savent pouvoir compter sur cette aide lisible, c’est important.
JULES DE KISS
Carole GRANDJEAN, ministre déléguée à l'Enseignement et à la Formation professionnels, le patronat s'inquiète quand même un peu aujourd'hui parce qu'avec l'idée d'un « index seniors » dans la réforme des retraites, promouvoir l'emploi des plus âgés avec un risque de sanctions éventuelles si cela n'est pas respecté, eh bien les entreprises vous disent que ça va devenir risqué de recruter des jeunes, qu'elles pourraient se faire taper sur les doigts, qu'est-ce que vous leur répondez ?
CAROLE GRANDJEAN
Non, mais écoutez, en aucun cas ce n'est le cas, l'un n’oppose pas l'autre, au fond c'est la vie de l'entreprise que d'avoir des jeunes et des moins jeunes, et chacun d'ailleurs, on le voit bien dans le témoignage que vous avez diffusé, chacun a sa place et sa transmission à porter, ses compétences aussi et sa capacité à apporter quelque chose lié à son expérience et à sa vision…
JULES DE KISS
…Un apprenti et un senior.
CAROLE GRANDJEAN
Mais non, bien sûr que non, au contraire, il y a besoin de pouvoir transmettre à ces jeunes générations, et donc engageons-nous auprès des jeunes, engageons-nous aussi auprès des seniors, c’est par les deux bouts qu'on fait effectivement société ensemble.
JULES DE KISS
« Il nous faut aller plus loin dans l'acquisition de droits nouveaux, notamment pour les apprentis » disait Olivier DUSSOPT au début du mois de février dans le cadre de cette réforme des retraites, est-ce que c'est encore vrai aujourd'hui, est-ce qu'il faut aller plus loin pour les apprentis, ou alors avec le dispositif carrières longues, ça y est, on a trouvé le bon dispositif ?
CAROLE GRANDJEAN
Depuis 2014 les apprentis cotisent, et donc ont des trimestres qui sont enregistrés, et donc des droits à retraite qui sont ouverts sur leur période d'apprentissage, c'est aussi quelque part un argument pour ces jeunes de pouvoir se dire que dès le début de leur apprentissage et quel que soit leur âge, parfois 15, 16, 17 ans…
JULES DE KISS
On n’ira pas plus loin dans la réforme.
CAROLE GRANDJEAN
Ils cotisent déjà, et donc, effectivement, ça rentre dans le calcul de leur retraite.
JULES DE KISS
Merci à vous Carole GRANDJEAN, ministre déléguée à l'Enseignement et à la Formation professionnels.
CAROLE GRANDJEAN
Merci.
JULES DE KISS
837.000 contrats d’apprentissage signés en France l’an passé, c’est un record, objectif, 1 million d’ici 2027.
source : Service d’information du Gouvernement, le 7 mars 2023