Texte intégral
M. Bruno Le Maire : "Bonjour à tous, un mot pour commencer sur la situation des banques aux États-Unis, et notamment de la banque de la Silicon Valley, pour vous dire que nous suivons la situation avec beaucoup d’attention mais je veux confirmer que nous ne voyons pas de risque de contagion pour la France. Il n’existe pas de risques spécifiques pour la France. D’une part, parce que les banques françaises ne sont pas exposées à la banque de la Silicon Valley et ensuite parce que les modèles économiques bancaires français sont très différents, avec une diversification des expositions des banques françaises qui protège les banques françaises et un système de supervision qui est solide. Je le redis : il n’existe pas de risque spécifique pour la France. Nous suivons, évidemment, la situation avec beaucoup d’attention. Nous aurons l’occasion, je pense, d’en parler avec les autres ministres des Finances dans quelques instants.
Un mot, également, sur le pacte de stabilité et de croissance pour vous dire que la France plaide pour que nous parvenions le plus rapidement possible à un accord sur des conclusions du Conseil de façon à ce que la Commission européenne puisse nous présenter une proposition législative sur la réforme du pacte de stabilité et de croissance dans les semaines qui viennent. Chacun voit bien que, aujourd’hui, face à la situation qui a suivi le COVID, face aux réponses que nous avons dû apporter à l’inflation, les règles actuelles ne sont plus adaptées. Donc il faut que nous définissions, ensemble, des nouvelles règles parce qu’il ne peut pas y avoir d’union monétaire sans règles communes respectées par tous. Je veux dire, à ce sujet-là, à quel point nous sommes déterminés, avec le Président de la République, à rétablir les finances publiques françaises. Nous avons déjà pris un certain nombre de décisions. Nous avons mis fin au « quoi qu’il en coûte ». Nous avons ciblé les aides pour les entreprises. Nous avons ciblé les aides pour les ménages, notamment en mettant fin à la remise sur les carburants et en mettant à la place une indemnité carburant aux travailleurs. J’ai engagé, sous l’autorité de la Première ministre, une revue complète de toutes les dépenses publiques de tous les ministères de façon à regarder où nous pourrions faire des économies et réduire la dépense publique sans que la qualité du service ne soit réduite. J’ai reçu le président de l’Association des maires de France, les représentants des villes de France pour voir, avec eux, comment les collectivités locales pouvaient aussi participer à cet engagement collectif sur la base d’un diagnostic partagé et d’un engagement partagé. Nous avons un calendrier qui est extrêmement clair avec, d’une part, des travaux qui commenceront d’abord avec la Cour des comptes. J’aurai l’occasion de voir le premier Président de la Cour des comptes fin mars. Ensuite, la présentation du programme de stabilité, mi-avril. Ensuite, un séminaire gouvernemental que réunira la Première ministre et qui aura vocation à regarder les dépenses des Ministères pour voir où des économies peuvent être faites. Puis ensuite, des rencontres avec les collectivités locales que j’organiserai dans le courant du printemps. Et enfin, pour conclure cet exercice, des assises des finances publiques qui réuniront l’ensemble des administrations concernées. Mon objectif est très clair : ramener la part de la dépense publique dans la richesse nationale de 57 à 54% de notre richesse nationale et tenir les objectifs qui ont été fixés par le Président de la République - revenir sous les 3% de déficit en 2027 et réduire la dette publique française à partir de 2026. Vous le voyez, nous sommes totalement et fermement engagés dans le rétablissement des finances publiques françaises.
Q - On the collapse of Silicon Valley Bank, you said that there is no risk of contagion to France. I don’t know if you think that, that is the case for the EU financial system as a whole, or if you think that the collapse of this bank is an early-warning signal of other trouble that might come from the US ?
M. Bruno Le Maire : I don’t think so. I think that Paolo Gentiloni made very clear that there is no risk of contagion to the other European countries. Of course, we will have the discussion today. But as far as France is concerned, I really want to confirm that there is no risk of spillover effect, no risk of contagion and there is no specific risk on the French banking system. I want to make it very clear. Of course, we are having a very close look at the current situation but there is no specific risk for the French banks.
Q - When you look at BNP, when you look at Société Générale, these stocks are down majorly today. So investors seem to, at least, be worried. What’s your message to them ? Kind of “calm down”, “look at the fundamental”, “just relax” ?
M. Bruno Le Maire : Calm down and just have a look at the reality. The reality is that the banks that you just mentioned - and I would say the French banking system - is not exposed to the Silicon Valley Bank. So there is no link between the different situations. There is no specific concern for the French banks. Of course, we are looking very closely at the situation but when you are looking at the economic model and the financial model of the BNP, Société Générale and other French banks, it is radically different from the model of the Silicon Valley Bank.
Q - And you said “zero asset exposure” as far as you know.
M. Bruno Le Maire : I’m in the process of examining the situation. I just can tell you that there is no risk, there is no exposure and the French banking system is built on a totally different situation.
Q - Sur la politique budgétaire, votre collègue allemand Christian Lindner vient d’annoncer qu’il ne veut pas si signer une déclaration au nom de l’Eurogroupe si elle préempte sur le débat sur la réforme du pacte de stabilité. Est-ce que vous avez un commentaire à faire ?
M. Bruno Le Maire : Je crois que nous allons poursuivre les discussions avec l’ensemble des Ministres des Finances. Regardons simplement la situation : nous sommes une zone monétaire commune. Il ne peut pas y avoir de zone monétaire commune sans des règles, des règles claires et des règles qui sont respectées par tous. Est-ce que les règles actuelles sont satisfaisantes ? Est-ce qu’elles sont appropriées ? Non, parce que chacun voit bien que la situation a radicalement changé après la crise du COVID, que vous avez des niveaux de dette publique avec des écarts de 100 points d’un État membre à l’autre. Donc il faut des nouvelles règles. Le plus tôt nous pourrons définir ces nouvelles règles, le plus sûr sera la zone euro. Donc je crois que c’est notre intérêt collectif de trouver un accord pour que la Commission reçoive mandat pour proposer une réforme législative du pacte de stabilité et de croissance. Quand je vois la situation globale, la persistance aujourd’hui de tensions économiques, les inquiétudes qui peuvent se faire jour ici ou là, c’est notre intérêt collectif de définir dans les meilleurs délais possibles de nouvelles règles pour la zone euro.
Q - Si je comprends bien, vous êtes d’accord sur le fait que la Commission applique déjà une partie de ses propositions pour 2024 avant les débats.
M. Bruno Le Maire : Non, je pense qu’il faut que nous ayons un accord global entre Ministres des Finances. C’est ce que nous devons trouver pour que la Commission européenne puisse faire une proposition législative et que nous commencions à travailler sur cette proposition législative. Mais quand les règles sont dépassées, il faut de nouvelles règles. Et je crois que nos amis allemands sont attachés au principe des règles. Je vais peut-être vous surprendre, mais la France aussi est attachée à ce qu’il y ait des règles solides au sein de la zone euro. Le plus tôt nous définirons ces règles, le mieux ce sera pour tous".
Source https://ue.delegfrance.org, le 15 mars 2023