Texte intégral
SONIA MABROUK
Bonjour Olivier VERAN.
OLIVIER VERAN
Bonjour à tous les deux. Bonjour aux auditeurs.
SONIA MABROUK
En avez-vous sous les fenêtres de votre ministère, ou à votre domicile, les poubelles s’amoncellent avec un réel risque sanitaire, la grève des éboueurs a été reconduite jusqu’à lundi au moins. Gérald DARMANIN demande des réquisitions, et le demande à la Mairie de Paris, est-ce que vous dites ce matin, Olivier VERAN, ça n’a que trop duré ?
OLIVIER VERAN
Eh bien, la ville lumière est en train de s’éteindre sous des montagnes de poubelles, madame HIDALGO a incité ou en tout cas accompagné le mouvement de grève, et elle laisse finalement les Parisiens en subir les conséquences, et en payer la facture. Donc en responsabilité, nous demandons, et ne serait-ce que pour des questions de salubrité publique, enfin, 5.600 tonnes de poubelles, qui traînent depuis des jours dans les rues, ce n’est pas sain. Ce n’est pas sain.
SONIA MABROUK
Il y a un réel risque sanitaire ?
OLIVIER VERAN
Eh bien, il peut y avoir un risque sanitaire, c'est vieux comme le monde, si vous avez des montagnes de déchets, il peut y avoir un risque sanitaire, il ne faut pas faire peur aux gens, mais la salubrité publique fait aussi partie de cela. Donc nous demandons à madame HIDALGO de procéder à des réquisitions…
SONIA MABROUK
Mais vous connaissez sa réponse, elle soutient la grève et ne veut pas casser cette grève !
OLIVIER VERAN
Eh bien, dans ce cas, si elle ne prend pas ses responsabilités…
SONIA MABROUK
Est-ce que vous prenez vos responsabilités ?
OLIVIER VERAN
L’Etat prendra, par la voix du préfet, ses responsabilités à un moment pour dire : maintenant, nous allons procéder à des réquisitions, encore une fois, personne ne conteste le droit aux uns et aux autres de protester, et je comprends parfaitement que des gens qui sont concernés par l'augmentation progressive de la durée de travail puissent ne pas être d'accord avec cela, mais pour autant, il y a des règles, et il faut maintenir un certain nombre de services publics essentiels pour la population. Par ailleurs, je rappelle juste quand même sur le fond, parce que je n'en entends pas souvent parler, que, je rappelle que les éboueurs sont en catégorie active, c'est-à-dire qu'ils partaient 5 ans avant les autres à la retraite, et ils continueront de partir 5 ans avant les autres à la retraite à l’issue de la réforme…
SONIA MABROUK
Oui, mais avec une pénibilité que personne ne conteste.
OLIVIER VERAN
Avec une insalubrité, une pénibilité, et c’est d'ailleurs pour cela qu'ils parlent 5 ans avant, et personne ne remet cela en question, personne.
SONIA MABROUK
Bien, nous sommes d’accord, mais entre le droit de grève évidemment légitime, qu'il faut sanctuariser, et le droit, et le devoir de protéger les citoyens, notamment, là, les habitants, et je pense aussi aux commerçants et aux restaurateurs, qu'est-ce qui prime, vous me dites que vous allez prendre vos responsabilités, mais quand ?
OLIVIER VERAN
Eh bien, d’abord, nous demandons à la maire de prendre les siennes.
SONIA MABROUK
Vous connaissez sa réponse, à partir de là ?
OLIVIER VERAN
Bon, et si elle ne prend pas… dans ce cas-là, l’Etat peut se soustraire ensuite, ce que nous disons, c’est que le droit de grève, il est très encadré, très protégé par la Constitution, et c'est très bien ainsi, elle dit : il faut donc être capable de soupeser pour vérifier que la justice ne serait pas amenée à annuler un arrêté, etc, donc il faut toujours regarder la situation pour ce qu'elle est, avec tact et mesure.
SONIA MABROUK
En attendant, les poubelles, elles, elles sont jetées contre le siège de de Renaissance à Paris et contre les forces de l'ordre, pour protester contre la réforme des retraites, vous voulez vous exprimer à ce sujet, parce qu'il y a aussi des appels à jeter les poubelles sur les ministères également ?
OLIVIER VERAN
Non, mais autant je dis mon grand respect pour le mouvement de grève, pour les manifestations, autant, vous savez ce que je pense, à la fois des blocages, et à la fois de ce qui ne relève pas des actions de droit commun, voilà, il ne faut pas tout mélanger, et il ne faut pas gâcher le droit de grève par des actions qui n'ont rien à voir avec ce qui est encadré par la loi.
SONIA MABROUK
Sur le fond ce matin, se tient, Olivier VERAN, la commission mixte paritaire avec députés et sénateurs pour aboutir à un texte commun, nous le verrons, la présidente de l'Assemblée, Yaël BRAUN-PIVET, a refusé de rendre publics les travaux de cette commission. Vous entendez ce que dit La France Insoumise, et en particulier, Mathilde PANOT, qui fait partie de cette commission, elle prévoit, et elle promet de tout dévoiler des négociations, mais dites-nous, qu'est-ce qu'il y a à cacher ?
OLIVIER VERAN
Non, mais dès qu’il y a des a des règles qui sont acceptées par définition par les groupes qui siègent à l'Assemblée, La France Insoumise veut les casser quand ça l'arrange, tout est public à l'Assemblée, les commissions, les séances publiques, etc, ce qui va se passer ce matin est fondamental, ce qu'on appelle la commission mixte paritaire, vous prenez des députés de la majorité et des oppositions, des sénateurs de la majorité et des oppositions, vous les mettez ensemble, et ils sont libres, en autonomie, pour décider ou non de trouver un accord autour du texte des retraites…
SONIA MABROUK
On dirait que vous me décrivez un conclave où on ne sait pas ce qui se passe…
OLIVIER VERAN
Eh bien, il y a un côté…
SONIA MABROUK
Les négociations…
OLIVIER VERAN
Eh bien oui, ce n’est pas un côté conclave…
SONIA MABROUK
Ah, vous l’assumez…
OLIVIER VERAN
Ce n’est pas un conclave, parce qu’il n’y a pas de connotation religieuse, mais c’est une…
SONIA MABROUK
Non, mais il y aura une fumée blanche peut-être…
OLIVIER VERAN
C’est une assemblée qui veut pouvoir travailler dans des conditions particulières qui font que le gouvernement n'intervient pas, mais non, la différence entre un débat à l'Assemblée et une commission mixte paritaire, c'est que le gouvernement ne siège pas, nous laissons les parlementaires entre eux décider entre eux…
SONIA MABROUK
Mais oui, mais vous ne donnez pas d’arguments qui…
OLIVIER VERAN
Ah mais si…
SONIA MABROUK
… Le fait qu’on ne montre pas ce qui s’y passe…
OLIVIER VERAN
Ah, si, si, alors d’abord, ça n’a jamais été public, ça, vous pouvez me dire c’est un argument historique, mais enfin, c’est un argument de règlement aussi, et de règlement intérieur, donc ce sont des règles qui ont été établies par les parlementaires eux-mêmes, pour que ce soit garant de la tranquillité avec laquelle ils vont siéger, ce n'est pas des gens d'un seul parti qui se réunissent et qui vont faire leur tambouille, c’est des gens issus, encore une fois, de la majorité et des oppositions. Et ce qui va se passer est fondamental, parce que, s’il y a un accord qui est identifié sur ce texte, s'il est avalisé, s'il est voté par la majorité et l'opposition, par l'Assemblée et par le Sénat, ça dit quelque chose du travail qui a été réalisé, regardez le chemin que nous avons accompli depuis il y a quelques mois, parce que nous avons modifié notre copie, parce que nous avons été à l'écoute des syndicats, des groupes politiques…
SONIA MABROUK
Alors, parlons-en…
OLIVIER VERAN
Et parce que nous avons eu un vote quand même, pardon de le dire, Sonia, du Sénat…
SONIA MABROUK
Oui, oui, au Sénat, eh bien, justement, d'abord, vous n'avez pas de crainte…
OLIVIER VERAN
On n’a pas la majorité au Sénat…
SONIA MABROUK
Qu’il n’y aura pas de surprise…
OLIVIER VERAN
Donc on a fait ce que les Français nous ont demandé, on a trouvé des accords politiques et avec des groupes politiques qui ne pensent pas comme nous.
SONIA MABROUK
Deux questions, est-ce que, d'abord, vous pensez qu'elle sera conclusive, comme on dit, cette commission mixte paritaire, vous ne semblez pas inquiet, et donc la deuxième question, est-ce que le travail que vous saluez, et qui a été fait au Sénat, sera respecté dans ce texte, à laquelle cette commission aura probablement abouti ?
OLIVIER VERAN
Alors, je comprends votre question, je viens de vous dire à l'instant que le gouvernement ne siège pas en commission mixte…
SONIA MABROUK
Mais, je vous demande votre avis, votre sentiment de loin…
OLIVIER VERAN
Ah non, je n’ai pas d’avis à donner, je suis…
SONIA MABROUK
Vous n’avez pas l’air inquiet…
OLIVIER VERAN
Exécutif, donc moi, je respecte le travail qui va sortir, si vous voulez, de cette commission, le texte qui va sortir, nous, gouvernement, allons le découvrir quand il nous sera présenté par les parlementaires…
SONIA MABROUK
Le découvrir, Monsieur VERAN…
OLIVIER VERAN
Non, la nature des accords, bien sûr, sur tel ou tel amendement, il y a des marges d'incertitude…
SONIA MABROUK
Allons-y alors…
OLIVIER VERAN
Que nous allons…
SONIA MABROUK
La surcote pour les mères de famille, c'est confirmé, le travail fait au Sénat sera respecté sur ce point ?
OLIVIER VERAN
Nous, nous avons dit que nous étions favorables, mais je ne peux pas parler à la place des parlementaires.
SONIA MABROUK
Mais vous êtes favorable ?
OLIVIER VERAN
Oui, mais encore une fois, on ne donne pas d’avis à la commission…
SONIA MABROUK
Je l’entends, alors…
OLIVIER VERAN
Elle est souveraine…
SONIA MABROUK
On continue, le CDI seniors…
OLIVIER VERAN
Non, juste ça, j’insiste là-dessus parce que c’est un exercice qui est à la fois habituel et très inhabituel, habituel dans son fonctionnement parce qu'il y a toujours une commission mixte paritaire lorsqu'il y a des textes de loi, mais très inhabituel dans la mesure où là, elle va vraiment être déterminante sur la nature du texte.
SONIA MABROUK
On entend la nuance, et elle est importante, mais vous dites que pour la surcote des mères de famille, le gouvernement est favorable à ce que ce texte qui pourrait sortir de la commission, qu'on comprenne ce sujet, le CDI seniors, est-ce que c'est non, est-ce que c'est trop coûteux, même si votre chiffrage est contesté par Bruno RETAILLEAU ?
OLIVIER VERAN
C'est aux parlementaires de la commission à décider, vraiment, je vous le dis encore une fois, parce que j’ai déjà eu…
SONIA MABROUK
Mais est-ce que vous êtes favorable… ?
OLIVIER VERAN
Si vous voulez, j’ai déjà eu, quand j'étais ministre en charge, ça devait être sur un état d'urgence sanitaire, il m'est déjà arrivé que des commissions mixtes paritaires sortent avec un accord qui n'était pas à la base l'accord que nous avions soutenu avec le gouvernement…
SONIA MABROUK
Je vous demande simplement un avis, je sais bien que…
OLIVIER VERAN
Ah mais oui, mais non…
SONIA MABROUK
On pourra se passer de votre avis lors de cette commission…
OLIVIER VERAN
Mais non, j’ai été parlementaire dix ans, j'ai trop de respect pour le fonctionnement de l'Institution pour ne pas me rappeler à un moment aussi déterminant que celui-ci qu’il y a une séparation des pouvoirs.
SONIA MABROUK
Je vais quand même poursuivre avec un sujet sur le dispositif des carrières longues, non, mais là, c’est important, c’est une demande insistante de certains députés LR, comme Aurélien PRADIE, et si vous êtes prêt à lâcher sur ce point, ça pourrait vous garantir des voix LR à l'Assemblée.
OLIVIER VERAN
Non, mais il y a deux dispositifs, il y a le dispositif qui a été adopté à l'Assemblée, pour les personnes de 17 ans et l'extension aux 20, 21 ans, et il y a les dispositifs que plaide Aurélien PRADIE qui n'ont pas été adoptés à l'Assemblée ni au Sénat, donc ce sont deux choses différentes, mais notez, Sonia MABROUK, que depuis tout à l'heure, nous parlons de quoi, nous parlons d'amélioration du texte et de modification du texte qui ont été adoptées avec généralement l'accord du gouvernement par des groupes d'opposition, je vous le redis, parce que ça correspond à ce que nous ont demandé ou nous ont envoyé comme signal les Français en juin dernier, en ne nous donnant qu'une majorité relative.
SONIA MABROUK
Mais j’attends depuis tout à l’heure un mot, c’est-à-dire que si tout cela est intégré, il faut toujours qu'il y ait un respect de quel objectif, Monsieur VERAN, l'équilibre financier !
OLIVIER VERAN
Ah, l'équilibre financier sera garanti 2030, là, regardez, il n’y a pas une ombre d’hésitation à avoir.
SONIA MABROUK
C’est une évidence.
OLIVIER VERAN
Ah, il y aura un équilibre financier…
SONIA MABROUK
Même si on intègre tout ce qu’on vient de citer…
OLIVIER VERAN
Non, non, on fait la réforme, pourquoi, pour préserver notre système par répartition, pour ne pas augmenter les impôts, pour ne pas baisser les pensions de retraite, et pour ne pas alourdir la dette, donc on a fait tout ça pour cet objectif, cet objectif, nous y tenons et nous le tiendrons.
SONIA MABROUK
Bien, même si vous ne le dites pas ouvertement, vous êtes confiant sur un texte qui sortira de cette commission, et la suite alors, Elisabeth BORNE se montre confiante elle pour aller au vote sans 49.3, affirmant et répétant : une majorité existe, c'est la méthode Coué ?
OLIVIER VERAN
Eh bien, il y a une majorité qui existe, ce n'est pas la méthode Coué, nous espérons effectivement le constater à l'issue de la commission mixte paritaire, parce que, pour que les auditeurs nous comprennent bien, une fois qu'il y a un accord qui est trouvé entre les députés et les sénateurs, cet accord, il est présenté ensuite au Sénat, puis, à l'Assemblée, et à chaque fois, dans chacune de ces deux chambres, il faut qu'il y ait une majorité des parlementaires présents qui votent pour, au Sénat, on n'a pas d'inquiétude, à l'Assemblée, on sait que ce sera quelque chose qui ne sera pas un vote large, dans un sens ou dans l'autre, puisque, comme on est en majorité relative, on doit aller chercher des gens qui veulent bien voter avec nous, et donc, et sur le papier…
SONIA MABROUK
Eh bien, je salue votre souci de pédagogie ce matin sur les auditeurs…
OLIVIER VERAN
Bien sûr, mais je pense que c’est important parce qu’on entend beaucoup de choses…
SONIA MABROUK
Olivier VERAN, sur Europe 1, oui…
OLIVIER VERAN
Et des gens me disent déjà… j’entends déjà parfois : ah, vous avez fait le 49.3, non, non, les amis, attendez, on en est au stade, là, où on cherche déjà un accord politique important…
SONIA MABROUK
Parce que ça paraît tellement évident que vous ne pourrez pas vous en passer, et que peut-être certains vous disent : vous l’avez déjà fait, Monsieur le Ministre…
OLIVIER VERAN
Il est arrivé qu'il soit tellement évident qu'on ne puisse s'en passer que je sois amené moi-même à le dire qu'on ne s’en passerait pas, ce qui n’est pas le cas ici, vous l’aurez remarqué. Sur le texte budgétaire, par exemple, on a assumé en disant : écoutez, les groupes d'opposition ont tous dit qu'ils voteraient contre. Donc on n'aura pas les voix, donc, on fait le 49.3, là, vous avez, il se trouve, un groupe d'opposition, le premier d'entre eux, le groupe LR, dont le président de groupe, dont le président parti, ont dit qu'ils souhaitaient, non seulement voter le texte, mais que l'ensemble de leurs parlementaires le vote, on ne donne de leçon à personne, on ne met la pression à personne, et chacun est libre et souverain au Parlement…
SONIA MABROUK
Vous ne mettez la pression à personne, mais les discussions, les négociations, elles sont tendues.
OLIVIER VERAN
Mais c’est depuis que le Parlement est Parlement qu’il y a des négociations…
SONIA MABROUK
Votre téléphone chauffe…
OLIVIER VERAN
Evidemment, et ça fait partie de la vie politique et de la vie démocratique de notre pays…
SONIA MABROUK
Olivier VERAN, en fait, la question ce matin…
OLIVIER VERAN
Chacun peut se laisser convaincre par des arguments…
SONIA MABROUK
La question, ce matin, je vous la pose sur Europe 1, elle est celle-ci : dans quel état d'esprit vous êtes, la panique ou le panache, avec panache, vous allez au vote, avec un risque de ne pas disposer de la majorité, mais vous prenez votre risque, comme on dit, dans la vie, ou alors, vous êtes en panique, et là, 49.3 dégainé ?
OLIVIER VERAN
Ni panique, ni panache, responsabilité et respect du temps qui nous reste avant le vote demain, pour pouvoir terminer ce travail de conviction, nous disons, et la Première ministre l'a très bien dit hier, dans l'hémicycle, ce n'est pas un vote d'adhésion, c'est un vote de responsabilité, un député qui voterait le projet de loi retraites ne deviendrait pas pour autant un député de la majorité, c’est un député qui suivrait à la fois ses convictions, la ligne politique de son parti, et l'appel à voter de la part de la plupart de ces responsables, certains n'ont pas pris la parole, mais beaucoup l'ont prise, et ceux qui l'ont prise, c'était pour appeler à voter.
SONIA MABROUK
Mais je me demande si ce n'est pas un théâtre en ce moment, peut-être ceux qui nous écoutent se disent : c'est un vrai faux suspense, tout le monde sait en fait qu’ils vont dégainer cette arme, et ça passera au final ?
OLIVIER VERAN
Mais non, moi, je vous le dis…
SONIA MABROUK
Vraiment, ce matin, vous ne le savez pas ?
OLIVIER VERAN
Je vous dirais la même chose en off et en on, vous savez, parce qu’on me pose la question, des fois, j’ai les journalistes qui me rappellent après, alors, mais en vrai, mais non, mais en vrai, non, on n’a pas du tout décidé d’adopter le texte autrement que par un vote, et nous croyons que ce vote, il doit pouvoir être réalisé, après, la Constitution autorise le 49.3, ce n'est pas…
SONIA MABROUK
Vous le dites avec un air mais aujourd'hui on a fait un… On en a fait, en tous les cas c’est devenu une sorte d’épouvantail.
OLIVIER VERAN
Non mais non seulement la constitution.
SONIA MABROUK
Olivier VERAN.
OLIVIER VERAN
Mais non seulement la Constitution.
SONIA MABROUK
Vous êtes d’accord, vous craquez une allumette sur un baril de poudre.
OLIVIER VERAN
Ça en a été fait un épouvantail parce que vous avez un contexte de tension une NUPES qui pousse, qui hurle systématiquement en disant qu'on ne respecte pas les institutions, etc. Donc ils finissent par faire monter la petite idée avec une certaine efficacité dans l'esprit de certains Français que des outils prévus par la Constitution dans le cadre des exercices budgétaires comme APLS rectificative, c'est-à-dire comme le texte qui porte les retraites, c'est même illimité, donc ce n'est pas nous qui l'avons mis dans la Constitution. Et celui qui en a le plus eu l'usage c'était Michel ROCARD, donc moi je serai très tranquille pour vous dire qu’on a des outils constitutionnels qui permettent de, mais en l'occurrence mon discours c'est de dire, on doit pouvoir passer par un vote traditionnel dans l'hémicycle où chacun se prononce.
SONIA MABROUK
Ce dont vous parlez ce matin, ce que vous rapportez, c'est aussi l'état d'esprit d'Emmanuel MACRON, vous avez rappelé Michel ROCARD, on se souvient aussi qu'Emmanuel MACRON avait été contraint d'ailleurs par le Premier ministre Manuel VALLS à dégainer ce 49.3, il n’en a pas gardé un très bon souvenir.
OLIVIER VERAN
Oui mais là c’était, alors c'était un autre contexte puisque c'était un 49. 3 pour maîtriser la propre majorité qui était turbulente à l'époque avec les frondeurs. Là on n'est pas en train de dire qu'on cherche une majorité dans notre majorité, on rappelle aux Français qu'on est en majorité relative et qu'on veut la transformer sur un texte en majorité absolue.
SONIA MABROUK
Mais enfin pour votre majorité, vous dites attention quand même, il y a le bâton.
OLIVIER VERAN
Ce que nous avons fait sur tous les textes, à part les textes budgétaires, reconnaissez-le-nous depuis les élections législatives sur tous les textes nous avons pu les faire adopter avec des accords texte par texte, texte après texte ou avec la gauche ou avec la droite.
SONIA MABROUK
Et puis en plus vous n’avez pas trop de craintes pour les motions de censure après, vous n’avez pas de risque qu'elles passent ?
OLIVIER VERAN
Ecoutez encore une fois les parlementaires sont libres, non on n'est pas du tout dans l'optique et d'avoir une motion de censure, etc. Ce n’est pas, je ne crois pas que ce soit du tout en plus ce qu'attendent les Français, même ceux qui ne sont pas favorables à la réforme des retraites, d'abord beaucoup de ceux qui sont défavorables à notre réforme des retraites, restent favorables à l'idée qu'il y ait une réforme des retraites, ils sont dans les enquêtes d'opinion parce que notre système n'est pas équilibré et donc ce que nous disons aux Français qui ne sont pas d'accords avec notre projet, c’est que les alternatives ce n'est pas taxer, je ne sais quelle entreprise, etc, les alternatives ça aurait été d'augmenter les impôts ou de baisser les pensions. Et je ne crois pas que ces Français-là seraient davantage favorables au fait qu'on baisse leur pouvoir d'achat surtout en période d'inflation.
SONIA MABROUK
Une partie de ces Français seront, Monsieur VERAN, dans la rue aujourd'hui, 8e journée, là encore n'avait pas l'air trop inquiet, est-ce que vous dites, ce ne sera pas une journée noire ?
OLIVIER VERAN
Moi ce qui m’intéresse au premier chef, c'est que les manifestations se déroulent bien et qu'elles assurent la protection, la sécurité de celles et ceux qui manifestent et de celles et ceux qui ne manifestent pas. Et on peut reconnaître au syndicat des services d'ordre qui permettent de garantir la plupart du temps et dans la plupart des villes des conditions de manifestations en sécurité. Il y a eu de violences…
SONIA MABROUK
Pourquoi vous avez besoin de le rappeler, vous êtes inquiet ?
OLIVIER VERAN
Parce qu’il y a eu des violences la dernière fois, parce qu’il y a eu des mouvements ultra-gauche qui ont recommencé à pénétrer dans les manies et à venir pour faire autre chose que de donner un signal ou un message au gouvernement, qui sont venus pour casser. Et ça je ne le veux pas et ça c'est dangereux et donc c'est pour ça que je prends toujours la précaution de distinguer ce qui est une manifestation qui se déroule bien d'une manifestation qui dégénère.
SONIA MABROUK
Qui dégénère avec aussi en toile de fond un discours qui se radicalise pour certains et là je parle de certains responsables de la CGT autre que Philippe MARTINEZ et avec aussi cette petite musique Olivier VERAN selon laquelle la rue est plus légitime que le Parlement. Et donc même si la réforme est votée, le match n'est pas plié, qu’est-ce que vous répondez à cela ?
OLIVIER VERAN
Ce n’est pas un conflit de légitimité, que notre République elle est organisée avec des institutions, que les parlementaires sont porteurs d'un mandat du peuple et qu’ils sont donc légitimes, même s'ils ne sont pas d'accord avec nous et vous ne m'entendrez jamais dire autre chose parce que c'est tout le fonctionnement de nos institutions et c'est là-dessus que repose notre démocratie. Et donc il n'y a pas à opposer une démocratie de la rue et une démocratie du Parlement, aux parlementaires d'être le plus représentatifs possible de ce qu'attendent les Français, mais aussi aux parlementaires de gouverner, c'est-à-dire de choisir y compris quand c'est difficile et que ça ne va pas forcément dans le sens de l'opinion. Si nous réformons ces retraites, ce n'est pas pour flatter l'opinion, ça chacun s’en est rendu compte, nous faisons cette réforme pour pouvoir regarder les Français dans les yeux, dans 5 ans, dans 10 ans, dans 15 ans en leur disant que leurs cotisations retraite payent bien les retraites des actuels retraités et que, eux-mêmes quand ils en auront besoin ils auront un système de retraite par répartition qui leur garantira des revenus décents.
SONIA MABROUK
Dernière question, nous allons conclure Olivier VERAN, nous verrons quel sera, s'il y aura utilisation de ce 49.3, mais nous sommes dans un contexte particulier, nous n’avons pas eu l'occasion, nous le ferons une prochaine fois de parler quand même du contexte inflationniste extrêmement important, des prix qui explosent. Est-ce que vous prendrez le risque, c’est ça la question avec les fractures dans notre pays de jeter une allumette sur un baril de poudre avec ce 49.3 ?
OLIVIER VERAN
Mais vous, vous parlez d'une allumette-baril de poudre, moi je vous dis que vous me relancez sur la question de savoir si on va l’activer….
SONIA MABROUK
Non mais dans ce contexte.
OLIVIER VERAN
Mais non, vous savez, on est là surtout encore plus en ce moment on est dans la politique au quotidien, heure par heure, au jour le jour.
SONIA MABROUK
Mais dans un pays fatigué, parfois fracturé sur ce sujet, est-ce que vous l’avez en tête, est-ce que ce n’est pas qu’une seule séquence la réforme des retraites ?
OLIVIER VERAN
Mais vous aurez noté parce que je vous l’ai dit plusieurs fois ce matin que notre volonté n'est pas de passer par un 49.3, mais de passer par un vote, voilà et donc nous nous donnons tous les moyens…
SONIA MABROUK
C’est clair.
OLIVIER VERAN
Pour que les conditions du vote soient réunies, qui nous permettent de porter cette réforme des retraites à son terme, parce qu'elle est importante pour notre pays.
SONIA MABROUK
Merci Olivier VERAN d'avoir répondu à nos questions ce matin sur Europe 1 et bonne journée à vous.
OLIVIER VERAN
Merci à vous aussi.
Source : Service d’information du Gouvernement, le 16 mars 2023