Texte intégral
ALEXANDRE VAU
On souhaite vous entendre alors que les agressions contre les élus se multiplient, + 32% rien que l'année dernière dont celle du maire de Montans dans le Tarn chez nous le week-end dernier : le portail de sa maison tagué pour dénoncer le projet de construction de l'usine d'enrobé pour les routes départementales sur sa commune.
FRANZ MASSARD
Pour vous répondre, on est avec la ministre des Collectivités territoriales Dominique FAURE.
ALEXANDRE VAU
Qu'on connaît bien, ex-députée et maire de Saint-Orens, bonjour Dominique FAURE.
DOMINIQUE FAURE
Bonjour.
ALEXANDRE VAU
Vous avez présenté un plan avant-hier pour lutter contre cette hausse dont le lancement d'un centre d'analyse et de lutte contre les atteintes aux élus qui évaluera systématiquement les risques quand une menace contre un élu apparaît. Ce n'était pas déjà le cas Dominique FAURE ?
DOMINIQUE FAURE
En fait, on avait on va dire deux outils. Le premier qui vise à faire rien remonter systématiquement toutes les violences faites aux élus. Aujourd'hui nous amplifions cet outil puisque ça va être non seulement les gendarmes et policiers qui faisaient évidemment remonter ça au ministère de l'Intérieur de façon extrêmement stricte et régulière, mais ça va être aussi les préfets et on va aussi essayer de déceler le plus tôt possible les menaces faites aux élus.
ALEXANDRE VAU
Ça veut dire qu’il n’y avait pas assez de suivi ? Les informations remontaient mais il n’y avait peut-être pas assez de suivi ?
DOMINIQUE FAURE
En fait, il y avait un très bon suivi. Des outils étaient là, simplement on va amplifier et on va s'intéresser à l’amont pour essayer de prévenir le plus possible. Aujourd'hui quand la violence arrive, c'est trop tard, donc l'idée c'est de travailler sur l'amont, c'est-à-dire avoir un nombre de menaces identifiées, répertoriées beaucoup plus important.
ALEXANDRE VAU
Je vous pose la question parce que les élus disent ne pas se sentir assez écoutés jusque-là. C'est le cas notamment de Yannick MORENZ, le maire de Saint-Brévin en Loire-Atlantique que vous avez reçu mercredi. Il l'a dit lors de son audition devant la commission du Sénat.
DOMINIQUE FAURE
Oui, mais comme vous le savez, j'ai reçu Yannick MORENZ avec Madame la Première ministre. On a redit à Monsieur le maire notre totale solidarité et soutien, et sa perception de ne pas avoir été suffisamment accompagné, face à cela moi j'ai énormément échangé avec les services de la préfecture, avec les gendarmes et la surveillance elle était très importante. La présence de la préfecture était perçue par Monsieur le maire insuffisante. De notre point de vue, elle était là.
ALEXANDRE VAU
Est-ce qu’il va y avoir une enquête de ce côté-là, est-ce qu’il va y avoir une enquête, du coup Dominique FAURE, là-dessus ?
DOMINIQUE FAURE
Je ne vous ai pas entendu, pardon.
ALEXANDRE VAU
Est-ce qu’il va y avoir une enquête, du coup, à ce sujet, suite aux déclarations de Monsieur MOREZ ?
DOMINIQUE FAURE
Mais pas du tout, l’enquête qui est en cours c’est une enquête qui vise à identifier qui est à l’origine des violences dont il a fait l’objet…
ALEXANDRE VAU
Donc il n’y a pas eu de failles dans le dispositif ?
DOMINIQUE FAURE
Cette enquête est en cours, par contre une enquête sur, je ne sais pas quoi en fait aujourd’hui…
ALEXANDRE VAU
Les failles du dispositif qu’il a dénoncées, notamment lors de son audition au Sénat.
DOMINIQUE FAURE
Eh bien écoutez, je vous dis que non, enfin de mon point de vue les échanges avec la gendarmerie et la préfecture étaient réguliers. Ce sur quoi je veux insister c’est le fait que la perception du maire était effectivement, et nous le respectons, que sa surveillance, son écoute, étaient – de la préfecture et de la gendarmerie – étaient perçues comme étant insuffisantes, voilà, donc nous on essaye de travailler beaucoup plus en amont, aujourd’hui, comme je vous le disais, pour pouvoir prévenir et pour pouvoir avoir des itérations régulières avec les maires qui font l’objet de menaces, très en amont de la violence, le plus tôt possible, même quand il y aura des risques, pour être certains que les maires sont au fait de ce qui est fait et ont identifié, et là je veux dire que nous lançons dans le cadre du Centre d’analyse et de lutte, la mise en place de 3400 gendarmes et policiers qui vont se présenter à tous les maires qu’ils ont sur leur département, pour faire savoir qui sont les interlocuteurs violences faites aux élus. Ce que je veux dire aussi et c’est très important…
ALEXANDRE VAU
Parce que, excusez-moi, on a le chiffre des agressions, mais est-ce qu’aujourd’hui il y a une augmentation des démissions, Dominique FAURE, vous la ministre des Collectivités territoriales ?
DOMINIQUE FAURE
Oui, c’est un phénomène que nous suivons en parallèle et avec la même attention, il n’y a que 20%, 25% maximum, de démissions qui prennent leurs origines dans la violence faite aux élus, elles sont en augmentation, on les suit d’aussi près que les violences faites aux élus.
ALEXANDRE VAU
Ça pose quand même questions avec les élections municipales dans trois ans, quand vous dites 25% qui prennent leurs origines, c’est-à-dire en fait ?
DOMINIQUE FAURE
Eh bien ça veut dire que beaucoup de démissions prennent leurs origines dans des tensions avec leurs oppositions, des tensions avec leurs propres équipes, moi j’appelle régulièrement, et j’invite à Beauvau, tous les maires qui ont fait l’objet de violences, ou qui ont démissionné, et je vois que la corrélation aujourd’hui, entre les deux, elle n’est que de 25%, c’est-à-dire qu’un maire qui démissionne, il démissionne parce que c’est extrêmement lourd d’être maire, parfois ils découvrent que c’est incompatible avec une vie familiale et avec un travail, ils démissionnent parce qu’il y a des tensions extrêmement violentes, comme avec leurs oppositions, les conseils municipaux ne sont plus du tout apaisés, ils démissionnent pour plein de raisons et la violence faite aux élus n’est qu’une des raisons.
ALEXANDRE VAU
Et elles sont en hausse, on l’a entendu. Merci d’avoir répondu ce matin à France bleu Occitanie, Dominique FAURE, ministre des Collectivités territoriales, sur ce plan pour diminuer l’agression envers les élus, ex-députée et maire de Saint-Orens aussi.
Source : Service d’information du Gouvernement, le 22 mai 2023