Interview de Mme Geneviève Darrieussecq, ministre déléguée, chargée des personnes handicapées, à France Bleu Loire Océan le 25 mai 2023, sur les solutions envisagées face au manque de places dans les IME (Instituts médico-éducatifs).

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Média : France Bleu Loire Océan

Texte intégral

BERTRAND PIDANCE
Bonjour Geneviève DARRIEUSSECQ.

GENEVIÈVE DARRIEUSSECQ
Bonjour.

BERTRAND PIDANCE
Alors, vous êtes aujourd'hui à Nantes pour le congrès national de l'Unapei des parents donc d'enfants handicapés mentaux, qu'on a entendu d'ailleurs ce matin sur France Bleu Loire Océan. A 8h, par exemple, il y avait Aurore qui est une maman, la maman du petit Léo, six ans et ils vivent au Loroux-Bottereau. Et cette maman nous disait "je ne peux pas mettre plus de deux jours par semaine mon enfant à un Institut Médico-Educatif parce qu'il manque de places. Ces parents disent, d'une manière générale "on manque de place dans les IME." Qu'est-ce que vous allez leur annoncer aujourd'hui ?

GENEVIÈVE DARRIEUSSECQ
Écoutez, on manque de place, oui certainement. Aujourd'hui, les politiques que nous menons pour les enfants, c'est d'abord en priorité de les envoyer à l'école, dans l'école de la République avec un accompagnement si nécessaire. Et quand ce n'est pas possible, que le handicap est trop important, effectivement, ils vont dans des IME. Et en Loire-Atlantique, eh bien, nous sommes en petit déficit de solutions. Tout simplement, parce que la population augmente rapidement et que nous avons besoin bien sûr de mettre en œuvre tout ce qui est nécessaire pour que ces solutions puissent être à disposition des familles. Et donc, lors de la dernière conférence nationale du handicap, le Président de la République a annoncé que sur les… jusqu'en 2030, nous mettrons en œuvre 50 000 nouvelles solutions - ce qui est un chiffre très très important - et prioritairement dans les départements qui seraient en déficit et ensuite, pour certains handicaps où il manque de solutions : par exemple, le polyhandicap, par exemple l'autisme très sévère, par exemple les adultes vieillissants. Donc voilà nous avons…

BERTRAND PIDANCE
C'est quoi des solutions ? C'est un peu vague. Est-ce que ce sont des places… Pourquoi vous ne construisez pas des IME par exemple ?

GENEVIÈVE DARRIEUSSECQ
Nous nous sommes… L'ONU, en 2021, a fait un rapport sur la façon dont la France prenait en charge le handicap. Et l'ONU en a conclu que nous n'étions pas dans le registre de l'accès aux droits des personnes en situation de handicap et que nous devions désinstitutionnaliser et faire beaucoup plus d'inclusion dans la société. C'est un constat et je pense que… C'est pour ça que je vous dis que les enfants doivent avoir toute leur place dans l'école de la République avec des accompagnements spécifiques s'ils en ont besoin. Néanmoins, je crois qu'il faut que l'on ait un juste équilibre. Il y a des handicaps qui sont plus sévères, qui nécessitent d'avoir des lieux d'éducation et de pédagogie particuliers ; les IME en font partie. Mais l'idée n'est pas de construire sans arrêt des structures fermées ; c'est de faire, au contraire, de créer des services et des IME qui soient ouverts et interactifs avec les établissements scolaires.

BERTRAND PIDANCE
On avait par exemple, Lise, ce matin, qui est une maman d'une adolescente de 15 ans qui est autiste sévère. Elle nous disait "pour ma fille, il n'y a pas de solution aujourd'hui. Il y a très peu de solutions : soit je la garde chez moi, soit c'est l'hôpital psychiatrique." Donc pour ces cas sévères-là ?

GENEVIÈVE DARRIEUSSECQ
Pour ces cas sévères, nous avons besoin de solutions, effectivement.

BERTRAND PIDANCE
C'est prévu ?

GENEVIÈVE DARRIEUSSECQ
Et cela fait partie du plan que nous allons déployer. Alors, les 50 000 solutions, à l'échelle de la France dont je parlais et qui ont été annoncées par le Président de la République, elles vont se construire. Leur déploiement va se structurer à l'échelle du territoire, mais doit se structurer avec les partenaires essentiels que sont les Conseils départementaux, État, conseil départemental, pour structurer l'offre.

BERTRAND PIDANCE
Et avec les associations comme l'Unapei.

GENEVIÈVE DARRIEUSSECQ
Les associations, bien entendu.

BERTRAND PIDANCE
Qui vous ont boycotté d'ailleurs à la dernière conférence.

GENEVIÈVE DARRIEUSSECQ
Oui, mais bon, écoutez, moi, je ne leur en veux pas. Nous avons besoin de tous, nous avons besoin de l'Unapei, nous avons besoin de LAPAGE, nous avons besoin de toutes les associations. En fait, ce sont des associations de parents qui se sont constituées historiquement et c'est elles qui ont créé les premières structures en question pour pouvoir protéger leurs enfants. Donc la cause est une belle cause et elles poursuivent cet objectif fort et ce sont des associations aujourd'hui gestionnaires, gestionnaires de très nombreux établissements avec des responsabilités importantes. Donc nous avons besoin d'eux et d'elles. Et partout où je vais dans les territoires ; hier, j'inaugurais une structure dans le Nord qui justement était mise en œuvre par une association qui fait partie de l'Unapei.

BERTRAND PIDANCE
Une dernière question, Geneviève DARRIEUSSECQ. Vous êtes ministre en charge des Personnes handicapées et vous avez été maire de Mont-de-Marsan pendant neuf ans, jusqu'en 2017, c'est ça ?

GENEVIÈVE DARRIEUSSECQ
Oui.

BERTRAND PIDANCE
Ce qui est arrivé au maire de Saint-Brévin en Loire-Atlantique, les pressions, les menaces, sa maison incendiée jusqu'à sa démission évidemment. Ça vous parle ?

GENEVIÈVE DARRIEUSSECQ
Oui, c'est inadmissible, premièrement. Totalement inadmissible bien sûr et nous devons tout faire pour sanctionner les personnes quand on les connaît.

BERTRAND PIDANCE
Et soutenir ces élus.

GENEVIÈVE DARRIEUSSECQ
Et soutenir ces élus, bien sûr.

BERTRAND PIDANCE
Il disait "l'État ne m'a pas trop…"

GENEVIÈVE DARRIEUSSECQ
Écoutez, nous devons soutenir ces élus. Je ne ferai pas de commentaire au-delà. Les soutenir fortement. La mission de mer n'est pas simple. J'ai été maire pendant neuf ans ; tous les ans, j'ai reçu des tombereaux de courriers, d'insultes, de menaces de mort parce que j'organisais des spectacles taurins, c'est dans mon coin, c'est dans nos traditions. Eh bien, je recevais des menaces de mort tous les ans, tous les ans, tous les ans. Je peux vous assurer que… loi, je traitais ça un petit peu par l'indifférence - mais ce qui est arrivé au maire, avec ce passage à l'acte en plus, est absolument inadmissible.

BERTRAND PIDANCE
Merci Geneviève DARRIEUSSECQ d'avoir été avec nous ce matin sur France Bleu Loire Océan, ministre en charge des Personnes handicapées. Bonne journée à vous.

GENEVIÈVE DARRIEUSSECQ
Merci, bonne journée.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 26 mai 2023