Interview de Mme Isabelle Rome, ministre déléguée, chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes, de la diversité et de l'égalité des chances, à France Bleu Gascogne le 26 mai 2023, sur le nombre de femmes victimes de violences physiques ou sexuelles et de féminicides depuis le début de l'année.

Prononcé le

Intervenant(s) : 
  • Isabelle Rome - Ministre déléguée, chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes, de la diversité et de l'égalité des chances ;
  • Stéphanie Hildenbrandt - Journaliste

Média : France Bleu

Texte intégral

STEPHANIE HILDENBRANDT

Bonjour Madame la ministre.

ISABELLE ROME
Bonjour.

STEPHANIE HILDENBRANDT
213 000 femmes victimes de violences physiques ou sexuelles de la parte de leur conjoint, ou ex-conjoint, chaque année, 47 féminicides depuis le début de l'année, est-ce que ça ne vous désespère pas ces chiffres ?

ISABELLE ROME
Alors c'est sûr que ces chiffres sont glaçants et moi j'en ai toujours un grand chagrin, néanmoins je ne peux pas être désespérée, je dois agir.

STEPHANIE HILDENBRANDT
Alors, on ne nie pas l'action, ni des associations, ni de la justice, ni du Gouvernement en la matière, pourtant les chiffres ne baissent pas, où sont les failles ?

ISABELLE ROME
Alors, peut-être un tout petit point tout de même sur le nombre de plaintes, il faut préciser que les plaintes sont aussi extrêmement nombreuses, on ne peut pas dire que ce soit négatif ce chiffre-là, celui qui est très inquiétant c'est celui des féminicides, et je ne cesse de rappeler, dans cette société extrêmement violente qui est la nôtre aujourd'hui, il me semble que les femmes payent le prix cher et que la violence elle est trop forte à l'égard des femmes et qu'il nous fait vraiment agir en termes de prévention et d'éducation. En termes de prévention c'est aussi ce que je vais développer à travers le "pacte nouveau départ", c'est-à-dire ce dispositif qui permet d'aider matériellement les femmes à reprendre leur envol et à quitter un conjoint violent avant même un passage à l'acte physique, et puis bien sûr l'éducation, il faut agir en amont, c'est tout le sens d'ailleurs du travail que nous faisons avec l'Education nationale, par l'éducation à la sexualité, parce qu'il faut apprendre dès le plus jeune âge à se connaître soi-même, à connaître l'autre, à se respecter, à respecter l'autre, et c'est en commençant très jeune aussi, mais en apprenant aussi ce qu'est le consentement, que nous pourrons réduire sensiblement ces violences.

STEPHANIE HILDENBRANDT
Pendant la campagne électorale le collectif "Nous toutes" réclamait 1 milliard d'euros pour lutter contre les violences faites aux femmes, alors le chiffre est symbolique, 1 milliard d'euros, est-ce qu'aujourd'hui l'argent résoudrait le problème, est-ce que le nerf de la guerre, de cette guerre, est vraiment l'argent ?

ISABELLE ROME
En fait c'est aussi tout un travail à faire au niveau de la société, donc je vous ai parlé de l'éducation, mais on pourrait aussi parler de tas d'autres espaces, par exemple le monde de l'entreprise, le monde des médias, qui parfois véhicule des images des femmes qui ne sont pas forcément valorisantes. La prise de conscience je pense qu'elle existe globalement, mais il faut vraiment que cela se traduise aussi par une mise en acte de la société toute entière, c'est un combat qui doit être fait à tous les niveaux de la société, dans tous les endroits, à tous les âges, et il faut aussi que cette culture d'égalité, que j'aime bien nommer ainsi, puisse irriguer tous les niveaux de la société, parce que l'enjeu il est là aussi, c'est-à-dire que tant qu'on aura autant de violences faites aux femmes ça restera un frein, aussi, pour l'accès à l'égalité réelle entre les femmes et les hommes.

STEPHANIE HILDENBRANDT
Merci beaucoup Madame la ministre.

ISABELLE ROME
Merci, merci beaucoup, au revoir.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 30 mai 2023