Texte intégral
ORIANE MANCINI
Notre invité politique ce matin, c'est Franck RIESTER. Bonjour.
FRANCK RIESTER
Bonjour.
ORIANE MANCINI
Merci beaucoup d'être avec nous.
FRANCK RIESTER
Merci à vous.
ORIANE MANCINI
Ministre chargé des Relations avec le Parlement. On est ensemble pendant 20 minutes, pour une interview en partenariat avec la Presse régionale, représentée par Jefferson DESPORT de Sud-Ouest. Bonjour Jefferson.
JEFFERSON DESPORT
Bonjour Oriane, bonjour Franck RIESTER.
FRANCK RIESTER
Bonjour.
ORIANE MANCINI
On va évidemment parler de ce qui s'est passé hier à l'Assemblée, Franck RIESTER, ambiance plus qu'électrique lors de l'examen de la proposition de loi LIOT, en Commission. La majorité a réussi à supprimer l'article qui annulait les 64 ans. La gauche a quitté la Commission et a parlé de magouilles. Avant de parler du fond, est-ce que la séquence d'hier est ravageuse pour l'image du Parlement ?
FRANCK RIESTER
Écoutez, on le sait, c'est un sujet qui est un peu électrique, mais il y a eu un travail en Commission, il y a eu un vote, et je tiens à rappeler qu'il y a eu un vote, avec une majorité de députés en Commission, qui ont effectivement supprimé cet article 1, qui abrogeait le report de l'âge légal de départ en retraite. Alors, les oppositions, et notamment la NUPES, ont du mal avec le vote, et à accepter le vote, mais il y a eu un vote. Après, effectivement, les pressions, les menaces, l'agitation des députés qui viennent en plus pour mettre de la pression, créer de la tension…
ORIANE MANCINI
Il y a eu des pressions, c'est ce que dit Aurore BERGÉ, il y a eu des pressions sur la majorité présidentielle ?
FRANCK RIESTER
Elle a raison de le dire…
ORIANE MANCINI
De la part de qui ?
FRANCK RIESTER
Elle était en Commission… eh bien de la NUPES, Louis BOYARD n'arrêtait pas de s'agite. Enfin, moi j'ai regardé ça par vidéo, je n'étais pas présent, donc il vaut mieux interroger, précisément, ceux qui étaient présents, mais on voit bien que les témoignages qui nous sont rapportés, des députés de la majorité, c'est clairement une pression très forte, d'ailleurs pas que de la majorité, puisque pour qu'il y ait une majorité en Commission, à travers le vote, il faut qu'il y ait des députés hors de la majorité présidentielle, qui aient voté aussi la suppression de l'article 1, notamment un certain nombre de députés LR, dont je salue le courage et la cohérence par rapport à leurs idées. Voilà. Et on peut regretter les 3 000 sous-amendements déposés, parce que le vote ne convient pas à la NUPES, ne convient pas à monsieur de COURSON et à monsieur PANCHER, et à ce moment-là on dépose plus de 3 000 sous-amendements…
ORIANE MANCINI
Qui n'ont pas été examinés. Est-ce que ça, ce n'est pas regrettable, le fait que des sous-amendements ne soient pas examinés ?
FRANCK RIESTER
Mais c'est une farce. Enfin, je veux dire, c'est sérieux la politique.
JEFFERSON DESPORT
Mais pourquoi…
FRANCK RIESTER
C'est vrai que de ce point de vue-là, que ça nuit à l'image du Parlement et à la façon dont on doit travailler au Parlement. Quand on est des députés et qu'on dépose des amendements pour travailler en Commission, il y en a 56 de déposés, et que d'un seul coup, parce qu'il y a vote qui ne vous plaît pas, vous voulez bloquer le travail en Commission en déposant plus de 3 000 sous-amendements, vous comprenez bien qu'on ne va pas, il faudrait des heures, des dizaines d'heures pour étudier 3 000 sous-amendements, donc on voit bien que c'était pour bloquer le système. La présidente et le bureau de la Commission, ont eu raison de dire "stop", on ne peut pas accepter ces sous-amendements là, et aller jusqu'au bout du process pour qu'il y ait un vote. Et puis il y aura un débat le 8 sur ces questions-là…
JEFFERSON DESPORT
Justement, mais en attendant, Franck RIESTER, pardon, mais les critiques sont féroces contre la majorité aujourd'hui. Et pendant la séance en Commission Mathilde PANOT a dénoncé une macronie en dérive mafieuse. Les mots ont été très forts, on vous reproche de refuser la démocratie et de refuser l'obstacle de ne pas aller au vote dans l'hémicycle, parce que le vote a été bloqué en Commission. Est-ce que ça c'était la bonne stratégie, et je reviens sur la question d'Oriane, sur l'image…
FRANCK RIESTER
Pourquoi vous dites que le vote a été bloqué en Commission ?
JEFFERSON DESPORT
Le vote, l'article 1, qui devait aller à l'hémicycle, a été supprimé, a été bloqué en Commission, par un vote, vous l'avez dit, mais en tout cas vous n'êtes pas allés jusqu'au vote dans l'hémicycle, c'est le reproche qui vous est fait.
FRANCK RIESTER
Mais c'est ça le travail. Vous êtes sur Public Sénat, ici c'est la Chaîne parlementaire du Sénat, vous savez à quel point le travail législatif au Parlement, passe par la Commission et passe par la séance.
JEFFERSON DESPORT
C'est une bataille de procédure.
FRANCK RIESTER
Mais non, c'est un travail législatif. Il y a un texte qui est présenté par l'opposition, qui vient d'être débattu dans, en Commission, il y a un des articles qui est repoussé par une majorité de députés en Commission, mais c'est tous les jours que ça fonctionne comme ça. Donc il n'y a pas de tentative de bloquer le débat, il y a débat. Il n'y a pas de volonté de bloquer un texte, il y a un vote et un travail législatif qui fait que oui il y a une majorité de députés qui ne veut pas revenir sur une réforme qui a été votée il y a quelques semaines.
JEFFERSON DESPORT
Mais l'objectif, Franck RIESTER, c'était bien de ne pas aller au vote dans l'hémicycle, on est bien d'accord.
FRANCK RIESTER
Mais, écoutez, c'est le fait, le point c'est de respecter le travail parlementaire. On verra ensuite quels amendements sont déposés entre la Commission et la séance, voir quels sont les sujets qui seront débattus. On verra si les amendements qui sont déposés sont recevables ou pas. Quand j'entends madame PANOT, effectivement, qui dit que la macronie c'est des dérives mafieuses, mais moi je trouve que les Insoumis sont dans une dérive de plus en plus factieuse. Parce que contester en permanence la Constitution, contester le fonctionnement des Assemblées, pas exemple l'article 40 qui dit qu'on ne peut pas recevoir, s'il n'y a pas une sorte de consensus entre parlementaires, avec le Gouvernement, sur une charge qui est créée, eh bien elle est inconstitutionnelle. Ce n'est pas compliqué…
ORIANE MANCINI
Donc ça veut dire qu'Éric COQUEREL n'aurait pas dû…
FRANCK RIESTER
C'est la règle depuis 1950, qui est appliquée tous les jours, sur les amendements, sur les projets de loi, sur les propositions de loi, qui sont…
ORIANE MANCINI
Ça veut dire qu'Éric COQUEREL, le président de la Commission des finances n'aurait pas dû déclarer cette proposition de loi recevable ?
FRANCK RIESTER
Écoutez, mon avis depuis le départ, c'est que bien sûr que ça crée une charge, pardon, c'est 15 milliards d'euros, par an qui n'est pas financé. Ça crée une charge qui, oui, à partir du moment où il n'y a pas de consensus, est quelque chose qui n'est pas recevable, ça tombe sous l'article…
ORIANE MANCINI
Vous avez entendu l'opposition, elle vous dit que votre proposition de loi sur le bien vieillir, ça a créé aussi une charge et que ça a été déclaré recevable.
FRANCK RIESTER
Mais la grande différence, c'est qu'il y avait un consensus, consensus très large à l'Assemblée et consensus avec le Gouvernement, qui donc couvre effectivement cette charge et considère que l'on peut aller jusqu'au bout du processus. Mais c'est ça, depuis 1952, le fonctionnement du Parlement…
ORIANE MANCINI
Donc c'est quoi, c'est une décision politique qu'a fait Éric COQUEREL ?
FRANCK RIESTER
Mais bien sûr.
ORIANE MANCINI
Il a agi en tant que député LFI, pas en tant que président de la Commission des Finances ?
FRANCK RIESTER
Mais bien sûr. Tous les observateurs, tous les constitutionnalistes sont d'accord sur le fait de dire que cette création de charges massive, tombe sur le coup de l'article 40. Donc il n'y a pas de débat.
JEFFERSON DESPORT
Donc il sera dégainé par la présidente de l'Assemblée nationale s'il revient, si l'article 1 revient sous la forme d'un amendement, parce que là, pour le coup, c'est le scénario qui se profile.
FRANCK RIESTER
Il y aura les amendements, on verra…
ORIANE MANCINI
Mais Charles de COURSON a déjà dit qu'il allait le redéposer sous forme d'amendement.
FRANCK RIESTER
Eh bien on verra, je n'ai pas de doute que la présidente de l'Assemblée nationale assumera ses responsabilités. Nous verrons.
ORIANE MANCINI
C'est-à-dire qu'il y aura article 40.
FRANCK RIESTER
Mais attendez, n'anticipons pas. Je sais que parfois certains ont tendance à mettre la charrue avant les bœufs, mais attendons le processus.
ORIANE MANCINI
Ça veut dire quoi "assumer ses responsabilités" ? Ça veut dire le déclarer irrecevable cet amendement.
FRANCK RIESTER
Mais, nous verrons. Je veux dire, je ne vais pas prendre la décision à la place de la présidente de l'Assemblée nationale. C'est elle qui prendra cette décision, puisque c'est elle qui est en charge de déclarer la recevabilité dans le cadre de l'article 40, des amendements qui sont présentés pour la séance.
ORIANE MANCINI
Sans demande de l'exécutif, sans demande de la Première ministre, puisqu'elle l'a déjà déclaré recevable une première fois. Donc si elle change de pied, ça veut dire qu'il y a eu des demandes.
FRANCK RIESTER
Mais, elle ne change pas de pied. Voyez, moi je suis assez sidéré de ce qui se passe aujourd'hui dans le débat public. Et moi j'ai été chef d'entreprise, j'ai été maire pendant 10 ans, je suis élu depuis 2007. Je vois une dégradation du débat public, notamment avec cette façon de travestir la réalité. Ces fake news, ces infox, cette façon de présenter une vérité qui vous arrange, au contraire de la réalité des choses.
ORIANE MANCINI
Ça n'a pas été déclaré recevable au bureau ?
FRANCK RIESTER
Mais c'est le dépôt, depuis 1958, tant au Sénat qu'à l'Assemblée, il y a une tradition qui fait qu'au moment du dépôt de propositions de loi, quelle que soit l'origine du groupe politique qui dépose la proposition de loi, il y a une recevabilité automatique au moment du dépôt. Il y a des centaines de propositions de lois qui sont déposées, sans jamais être discutées. Et le règlement de l'Assemblée nationale prévoit qu'à partir du moment où le texte est inscrit pour être débattu, pour être éventuellement voté, à ce moment-là il y a une 2e, un 2e filtre de recevabilité, et c'est là que se joue exactement la recevabilité dans le cadre de l'article 40. Et donc Yaël BRAUN-PIVET et le Bureau, parce que ce n'est même pas elle personnellement, c'est le Bureau de l'Assemblée nationale, par délégation, qui automatiquement accepte le dépôt des propositions de loi, quelles qu'elles soient, même si au moment où elles sont inscrites pour débats, sont jugées irrecevables, sur le cadre de l'article 40. Et donc vous voyez, on a, j'ai entendu plein de gens dire "elle a changé d'avis, elle a retourné sa veste, il y a eu des pressions de l'exécutif". J'entendais un député LR sur une télévision hier, dire qu'elle avait reçu une des menaces et des pressions, comme quoi si elle ne faisait pas être exactement ce que l'exécutif lui demandait, elle serait sortie de la majorité. Mais c'est mal connaître Yaël BRAUN-PIVET, et c'est mal connaître l'exécutif. On respecte nos députés de la majorité, comme de l'opposition, et je peux vous dire qu'en tant que ministre en charge des Relations avec le Parlement, les relations avec la présidente de l'Assemblée nationale sont très fluides, sont très bonnes, pas du tout dans un état d'esprit de menaces. On est respectueux de l'Assemblée nationale et elle, est respectueuse de son indépendance.
JEFFERSON DESPORT
Pour venir sur les LR, Franck RIESTER, parce que vous l'avez évoqué en préambule, les LR ont modifié leur composition, leur présence au sein de la Commission, ils ont sorti une députée qui avait voté la motion de censure, pour la remplacer par une autre députée, plus favorable à votre réforme des retraites. Est-ce que vous y voyez un signe, est-ce que ça veut dire qu'avec les LR il y a un retour du, à la normale on va dire, en tout cas à une discussion un peu plus fluide, en tout cas ce n'est pas neutre ce qui s'est passé.
FRANCK RIESTER
Je vais vous dire, et aucun je pense des dirigeants des LR pourront dire que les relations que j'entretiens avec les LR ou que la Première ministre entretient avec les LR, ne sont pas fluides. On discute régulièrement, et d'ailleurs pas qu'avec les LR…
JEFFERSON DESPORT
Elles n'ont pas été si fluides que ça, parce que vous avez eu le 49.3, qui est…
FRANCK RIESTER
Attendez, pas qu'avec les LR. Les oppositions constructives, je suis en discussion permanente, et en ce qui concerne spécifiquement les LR, je discute avec Olivier MARLEIX, le président du groupe à l'Assemblée nationale, avec Bruno RETAILLEAU ici, le président du groupe au Sénat, avec les dirigeants, avec les députés et les sénateurs LR, tous les jours, d'une façon très fluide. Et en ce qui concerne Justine GRUET, la députée dont vous parlez, elle a elle-même expliqué ce qu'il en était, et qu'elle ne supportait pas que certains parlent pour elle. Elle s'est exprimée en disant que l'on pouvait être favorable à la motion, elle l'a votée, de censure, sur le texte quand il s'est agi de voter la motion de censure sur le texte à l'Assemblée nationale, et être défavorable à cette PP LIOT, et qu'elle s'est fait remplacer par ce qu'elle ne pouvait pas être présente en Commission, non pas parce qu'elle n'était pas en ligne avec le vote de celle qui l'a remplacée. Donc vous voyez, tout ça aussi c'est de la désinformation et de la manipulation, pas ce que vous dites, vous, mais ce qui est relayé par les oppositions qui ne supportent qu'il y ait eu un vote et que naturellement les choses se déroulent comme elles se déroulent classiquement sur n'importe quel texte, avec des textes qui sont déposés, des votes qui parfois repoussent des articles, et pour autant, qui ne remettent absolument pas en cause, ni le droit de l'opposition, ni la parole du Parlement, bien au contraire.
ORIANE MANCINI
Puisque vous parlez de motion de censure, Bertrand PANCHER qui était à votre place en début de semaine, il n'exclut pas de déposer une motion de censure. Est-ce que ce serait justifié pour vous ?
FRANCK RIESTER
Écoutez, c'est à lui de prendre sa responsabilité. Vous savez, ce n'est pas la première motion de censure qui serait déposée à l'Assemblée nationale, il y a eu de nombreuses reprises, elles ont toutes été rejetées. On verra, s'il y a une motion de censure, ce que sera le résultat…
ORIANE MANCINI
Elle le sera aussi pour vous.
FRANCK RIESTER
Mais écoutez, là aussi je ne vais pas faire de la politique fiction. Ce qui est certain, c'est que je suis aussi très choqué des propos de Bertrand PANCHER, avec qui j'entretiens des relations fluides, là j'avoue que ce qu'il dit sur ce qui se passe au Parlement aujourd'hui, m'étonne, et c'est un faible mot. Quand il dit qu'il y a un blocage du Parlement, mais c'est faux, il n'y a pas de blocage du Parlement. Quand j'entends les commentateurs, les éditorialistes dire la même chose hier sur les chaînes. "Oh lala, ce qui s'est passé hier ça démontre le blocage du Parlement". Mais où est le blocage ? Il y a un texte qui vient, qui est discuté, il y a des votes, le texte continue…
ORIANE MANCINI
Il y a eu un vote, mais le 8 juin il risque de ne pas y avoir de vote…
FRANCK RIESTER
Mais pourquoi vous dites ça ?
ORIANE MANCINI
Est-ce que ça, pour le ministre des Relations avec le Parlement ça ne serait pas un problème ?
FRANCK RIESTER
Mais qui vous dit qu'il n'y aurait pas de vote ? Mais où voulez-vous qu'il n'y ait pas de vote sur le texte qui va aller en discussion dans l'hémicycle ? Bien sûr qu'il y aura un vote. Si les LIOT maintiennent à l'ordre du jour de la niche parlementaire du 8 juin, leur texte, eh bien il sera discuté et il y aura un vote. Alors, sur la base de ce qui a été décidé en Commission, plus…
ORIANE MANCINI
C'est-à-dire, pas le même article.
FRANCK RIESTER
Eh bien oui, mais il y a eu un vote pour ça. Il y a eu un vote pour ça.
JEFFERSON DESPORT
Mais est-ce que vous leur demandez, Franck RIESTER, d'accepter leur défaite ?
FRANCK RIESTER
Et attendez, quand j'entends "le blocage du Parlement", mais c'est complètement faux. Il y a eu encore deux votes hier à la quasi-unanimité pour certains, à l'Assemblée nationale. On en est je crois à 34 textes votés depuis le début de la législature, tant d'origine parlementaire que d'origine gouvernementale, avec des réformes ambitieuses. Et dans ces 34 votes il n'y a eu que 3 utilisations du 49.3 pour voter ces textes, tout le reste c'est des majorités plus larges que la majorité présidentielle. Parce que la volonté de la Première ministre, ça a été respecté, c'est-à-dire du dialogue, de la recherche de compromis, et d'aller chercher des majorités plus larges, texte par texte…
JEFFERSON DESPORT
Dans, dans ce contexte, est-ce que vous leur demandez…
FRANCK RIESTER
Dans ce contexte, le Parlement avance. La loi de programmation militaire qui devrait être votée aujourd'hui ou demain, non, c'est aujourd'hui, on est jeudi, le temps passe vite, se passe dans un climat de dialogue et d'échanges remarquable. Et c'est fondamental…
ORIANE MANCINI
Vous pensez qu'elle sera votée ?
FRANCK RIESTER
… parce que c'est les moyens pour la défense, pour nos armées, pour les 6 ans qui viennent.
ORIANE MANCINI
Une petite parenthèse, vous pensez qu'elle sera votée ? Parce qu'Olivier MARLEIX nous disait que les députés LR n'étaient pas sûr de la voter.
FRANCK RIESTER
Écoutez, on verra, mais je sens qu'il y a globalement un travail constructif qui est fait, avec un Gouvernement à l'écoute. Sébastien LECORNU, ministre de la Défense, a fait un travail remarquable avec les groupes, pour permettre qu'on puisse avoir un vote. J'étais dans l'hémicycle avant hier sur cette loi de programmation militaire, je vois l'ambiance qui est bonne, le travail qui est riche, la participation des oppositions, constructive et utile, puisque le texte est amendé dans leur sens dans un certain nombre de cas. C'est ça le travail parlementaire et ça va permettre de doter nos armées de moyens considérables pour les 5, 6 ans qui viennent.
ORIANE MANCINI
On va parler de la suite, mais une toute dernière question.
JEFFERSON DESPORT
Un dernier mot, mais simplement, est-ce que vous, dans ce contexte-là, est-ce que vous demandez aux oppositions de reconnaître leur défaite, après ce qui s'est passé en Commission ? Parce que vous n'en sortez pas, et l'idée c'est quand même de prolonger ce débat, de l'étirer au maximum.
FRANCK RIESTER
Écoutez, moi je dis simplement que les Français attendent que le Parlement fasse son travail. Il y a beaucoup de sujets qui doivent être abordés, il y a un ordre du jour très riche. Le sens du travail législatif, ce n'est pas de remettre l'ouvrage sur le métier, sans arrêt.
ORIANE MANCINI
Mais, est-ce que ça ne va pas laisser des traces dans le travail parlementaire, quand même ?
JEFFERSON DESPORT
… de passer à autre chose ?
FRANCK RIESTER
Mais pourquoi ça laisserait des traces ?
ORIANE MANCINI
Eh bien il y a eu beaucoup de tensions. Notamment par exemple, non mais par exemple Éric COQUEREL qui l'a déclaré…
FRANCK RIESTER
Vous êtes formidable…
ORIANE MANCINI
Non mais, est-ce qu'Éric COQUEREL, vous souhaitez qu'il soit remplacé à la tête de la Commission des finances, lors de son renouvellement ?
FRANCK RIESTER
Pardon, mais ce n'est quand même pas au ministre des Relations avec le Parlement de décider à la place des députés, de qui entre en responsabilité dans telle ou telle fonction. Chaque année, il y a le renouvellement des présidents de Commission, il y a le renouvellement du bureau de l'Assemblée nationale, les députés prendront leur décision, ce n'est pas à moi de juger. Simplement, j'avoue, je suis surpris et même lassé de voir que certains relaient des fake news, des contrevérités, alors même que le travail au Parlement continue, que des textes sont votés, que là il y a eu un vote, même si ça ne plait pas à ceux qui voulaient que le vote ait un résultat différent. C'est ça la démocratie. Et je vois certains, notamment les Insoumis, qui font plutôt de la démagogie que de la démocratie, et donc j'aimerais que pour que nos compatriotes trouvent une image plus positive du Parlement, retrouvent la sérénité, et qu'on accepte de respecter les règles qui sont les nôtres, et qu'on ne travestisse pas la réalité des faits qui sont très clairs, ceux que j'ai essayé de rappeler ce matin.
ORIANE MANCINI
On va parler de la suite du travail parlementaire, le projet de loi immigration, est-ce qu'il y aura un texte présenté en Conseil des ministres au mois de juillet ?
FRANCK RIESTER
La Première ministre a dit, encore aujourd'hui, qu'il y aurait une discussion à l'automne sur cette question-là…
ORIANE MANCINI
Mais elle disait aussi qu'il y aurait un texte au mois de juillet.
FRANCK RIESTER
Attendez, après il y a une question de dépôt, vous savez comment fonctionne le processus législatif, il y a des discussions, il y a la rédaction d'un texte, il y a la présentation du texte en conseil des ministres, et ensuite il y a une inscription à l'agenda, bon ! il y aura discussion à l'automne sur un texte sur l'immigration.
ORIANE MANCINI
Mais il n'y aura pas forcément texte en Conseil des ministres en juillet.
FRANCK RIESTER
On verra, ce qui compte c'est que…
JEFFERSON DESPORT
Non, mais essayez de nous dire parce que ça a été très compliqué, il y a eu des revirements, toutes ces dernières semaines c'était on oublie le texte, on n'a pas de majorité pour le voter… la feuille de route, et puis tout d'un coup c'est revenu, donc concrètement on en est où, pour faire simple Franck RIESTER ?
FRANCK RIESTER
Mais, ce n'est pas un sujet simple, si c'était un sujet simple ça se saurait, ce n'est pas un sujet simple, c'est un sujet qui nécessite de la discussion, qui nécessite de s'écouter, de se parler, de trouver des voies de passage, des compromis…
ORIANE MANCINI
Mais elle a commencé cette discussion ?
FRANCK RIESTER
Ce que nous souhaitons, c'est qu'un certain nombre de points, très concrets, très opérationnels, qui méritent d'être pris en compte avec une modification de la législation, puissent être pris à travers un texte de loi, pour mieux lutter contre les passeurs, mieux lutter contre les marchands de vies humaines, mieux faire en sorte que les procédures soient simplifiées, soient simples, que les délais soient plus courts, parce que c'est l'intérêt, non seulement de la politique migratoire que nous voulons ferme, mais aussi de celles et ceux qui nous accueillons, ce n'est pas plus compliqué que ça, et donc je pense que nous pouvons partager un constat avec un certain nombre de forces politiques, partager un certain nombre de propositions, comme le propose Gérald DARMANIN, pour remédier à ces problématiques-là, et ensuite d'avoir un texte qui permette de rassembler une majorité plus large que la majorité présidentielle.
ORIANE MANCINI
Elles ont commencé ces discussions avec les parlementaires, est-ce que vous avez déjà commencé à discuter avec les LR ?
FRANCK RIESTER
La Première ministre a confié la responsabilité de la négociation à Gérald DARMANIN, en lien avec Olivier DUSSOPT et moi…
ORIANE MANCINI
Ça fait plusieurs jours, ça a commencé ?
FRANCK RIESTER
Les discussions ont commencé, avec la majorité, elles ont commencé, elles se poursuivent, avec les différents dirigeants des oppositions, c'est Gérald DARMANIN…
ORIANE MANCINI
Pas encore avec les Républicains.
FRANCK RIESTER
Qui est en Nouvelle-Calédonie, de le faire, et le moment venu on verra ce que sera le fruit de ces discussions et quel texte est présenté pour faire avancer ces questions-là.
JEFFERSON DESPORT
Sur quoi vous pouvez avancer parce que chaque camp a posé des lignes rouges, on pourrait parler de la Constitution que les LR veulent modifier, revenir sur la primauté des droits européens, on pourrait revenir sur l'AME, qui là aussi est une ligne rouge, les LR veulent le transformer en aide médicale d'urgence, bref, sur quoi vous pouvez avancer et trouver un compromis Franck RIESTER ?
FRANCK RIESTER
Mais je vous le dis, sur un certain nombre d'éléments très factuels qui permettent de répondre aux problématiques de nos compatriotes et de celles et ceux qui sont accueillis dans notre pays, sur les points que j'ai évoqués tout à l'heure. Mais vous savez, si on veut qu'il y ait un compromis, il faut que chacun fasse des efforts, ce n'est pas chacun reste bloqué sur ses positions…
JEFFERSON DESPORT
… Revenir sur le volet économique avec la création du titre de séjour, dont ne veulent pas entendre parler les LR.
FRANCK RIESTER
Chacun ne doit pas être bloqué sur ses positions, et ensuite il y a un travail de toute façon au Parlement, avec des modifications entre le texte qui est présenté par le Gouvernement et celui qui est voté le moment venu.
ORIANE MANCINI
Mais est-ce que vous êtes prêts à revenir sur la régularisation des métiers en tension ?
FRANCK RIESTER
Mais attendez, je ne vais pas vous dire quels sont les fruits des discussions et des éventuelles avancées réciproques…
ORIANE MANCINI
Mais la porte n'est pas fermée.
FRANCK RIESTER
Ce qui compte c'est d'être dans un état d'esprit constructif. Je vous le rappelle, plus de 30 textes qui ont été votés depuis le début de la législature avec cette méthode-là, d'écoute, de modification, de recherche de compromis, de consensus, pour avancer, pour répondre concrètement aux problématiques de nos compatriotes, sur tous les sujets et notamment sur tous les sujets et notamment sur le sujet de l'immigration, et moi j'appelle toutes celles et ceux qui ont envie de régler un certain nombre de points problématiques, de se retrouver sur des diagnostics partagés et des mesures concrètes qu'on peut mettre en application et qui pourraient être partagées également, ce n'est pas plus compliqué que ça, mais il y a un travail à conduire et ce travail est conduit par Gérald DARMANIN.
ORIANE MANCINI
Autre sujet. Gabriel Attal a présenté deux plans, un plan de lutte contre la fraude fiscale, un plan de lutte contre la fraude sociale, est-ce qu'il y aura des traductions législatives rapides ?
FRANCK RIESTER
Il y aura des traductions dans l'organisation des services, ça a été expliqué par Gabriel ATTAL, il pourrait y avoir une partie de traductions dans les projets de loi de finances, dans le projet de loi de finances de la Sécurité sociale, vous savez, qui a été voté…
ORIANE MANCINI
Il a évoqué des propositions de loi aussi, portées par le parlementaire de COURSON.
FRANCK RIESTER
Il a été voté un projet de loi sur les douanes, ici au Sénat, d'une façon très large là aussi, encore une démonstration que quand un texte est bien préparé par le ministre, quand il y a des réponses concrètes aux problématiques de nos compatriotes, il peut y avoir un consensus très large, et notamment au Sénat, et donc ce projet de loi de douanes donne plus de moyens à la douane, permet de mieux travailler aux équipes de la douane, et donc notamment à lutter contre un certain nombre de trafics.
ORIANE MANCINI
Il n'y aura pas de projet de loi spécifique sur ces plans ?
FRANCK RIESTER
Je ne sais pas, ce qui est certain c'est que… vous savez, nous on n'est pas, on pense que notamment quand il y a une majorité relative à l'Assemblée nationale le but ce n'est pas de faire des projets de loi pour faire des projets de loi, ce qui compte c'est de regarder les problèmes qu'ont nos compatriotes et de voir comment on peut les régler, ça passe parfois par des textes, parfois par l'organisation des administrations, des modifications d'organisation, des modifications de politique donnée, demandée, aux administrations. Là, en l'occurrence, sur un certain nombre de dispositions, peut-être qu'il y aura des amendements, ou des articles, qui seront dans le projet de loi de finances de la Sécurité sociale ou… je ne le sais pas, je ne sais pas en détail la façon dont Gabriel ATTAL compte mettre en œuvre son projet, ce qui compte c'est d'avoir l'ambition qui est la nôtre, de lutter contre la fraude, tant fiscale que sociale, parce que c'est un fléau, c'est un fléau d'acceptation de l'impôt, c'est un fléau d'acceptation de notre modèle social par nos compatriotes, il faut absolument mieux lutter contre les fraudes, et c'est l'ambition, et c'est concrètement ce que sont les deux plans voulus par la Première ministre et Gabriel ATTAL.
JEFFERSON DESPORT
Justement, si on reste sur les impôts et les finances, Emmanuel MACRON a promis et annoncé 2 milliards de baisse d'impôts en moins pour les classes moyennes, comment on va rendre ça visible Franck RIESTER, parce que 2 milliards d'impôts en moins pour ces classes moyennes c'est un peu moins de la moitié, c'est même un peu plus de la moitié, que ce qui avait déjà été fait sous le précédent quinquennat, on avait 4 à 5 milliards d'euros de baisse, là on est à moitié moins, comment on rend ça visible parce que ça pourrait être un joli casse-tête ?
FRANCK RIESTER
Oui, on va regarder les modalités, mais ce qui compte c'est l'ambition, faire en sorte que nos compatriotes aient davantage de pouvoir d'achat, faire en sorte que nos compatriotes, qui travaillent, puissent mieux vivre, c'est ça notre obsession…
JEFFERSON DESPORT
Deux milliards à l'échelle des classes moyennes ça semble très peu
FRANCK RIESTER
Qu'il y ait davantage de Français qui travaillent et que ceux qui travaillent gagnent davantage, c'est ça, c'est pour ça qu'on a fait la prime Macron, c'est pour ça qu'on a baissé, dans le quinquennat précédent, l'impôt sur le revenu, que nous voulons continuer à baisser les impôts sur ces classes moyennes, celles et ceux qui travaillent, et qui aujourd'hui parfois n'ont pas suffisamment pour vivre comme ils devraient, c'est pour ça que…
ORIANE MANCINI
Un dernier mot.
FRANCK RIESTER
Non mais attendez, c'est important, notre obsession c'est de baisser la fiscalité dans ce pays, nous sommes le pays qui fiscaliste le plus de tous les pays de l'OCDE, à part le Danemark, pas par idéologie, par stratégie, stratégies de pouvoir d'achat pour les particuliers et stratégie de compétitivité pour nos entreprises et donc pour l'économie française, et ça marche.
ORIANE MANCINI
Un dernier mot, puisque vous travaillez sur la question des sénatoriales, avec notamment Marc FESNEAU pour le MoDem et avec Pierre-Yves BOURNAZEL pour Horizons, est-ce qu'il y aura des candidats communs de la majorité présidentielle partout et est-ce que le fait que Renaissance ait réinvesti ses sortants n'est pas un point bloquant ?
FRANCK RIESTER
Non, ce n'est pas un point bloquant, c'est un principe qui me paraît bon. Quand vous avez des troupes, dans un parti politique, qui sont loyales, qui représentant avec beaucoup de détermination, de loyauté, une force, la majorité présidentielle, le projet du Gouvernement et du président de la République, on les soutient, et c'est ce que nous faisons…
ORIANE MANCINI
Donc tous les sénateurs sortants seront candidats ? qui le souhaitent, évidemment.
FRANCK RIESTER
Ceux qui le souhaitent ont l'investiture de Renaissance, et nous travaillons avec nos partenaires, dans tous les départements, pour trouver les soutiens, pour identifier celles et ceux que nous allons soutenir pour ces élections sénatoriales, les discussions se passent très bien, on doit se revoir encore prochainement, et le moment venu vous verrez que la majorité présidentielle est au travail pour préparer les élections, quelles qu'elles soient, et notamment les sénatoriales…
ORIANE MANCINI
Avec quel objectif, combien de sénateurs ?
FRANCK RIESTER
Le plus de sénateurs possibles…
ORIANE MANCINI
C'est combien ?
FRANCK RIESTER
Il n'y a pas d'objectif chiffré.
JEFFERSON DESPORT
Parce que les dernières élections, Franck RIESTER, si on prend les régionales, les municipales, etc., ça ne réussit pas à cette majorité présidentielle, donc quels sont les objectifs ?
FRANCK RIESTER
Vous connaissez bien le mode de scrutin et vous savez que ce sont les grands électeurs, ce sont les élus, qui votent pour les sénateurs, nous avons eu…
JEFFERSON DESPORT
Quand on n'a pas eu de victoire aux municipales, aux départementales…
FRANCK RIESTER
Nous avons eu des résultats mitigés aux municipales, aux départementales et régionales…
JEFFERSON DESPORT
Plus que mitigés Franck RIESTER.
FRANCK RIESTER
Plus que mitigés, eh bien vous avez un corps électoral, qui est ce qu'il est, et donc nous devons faire avec ce corps électoral, avec une volonté, c'est qu'on ait le plus de sénateurs de la majorité présidentielle, ou qui soutiennent l'action du Gouvernement, ou qui soient bienveillant avec l'action du Gouvernement.
ORIANE MANCINI
Merci Franck RIESTER.
FRANCK RIESTER
Merci à vous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 2 juin 2023