Texte intégral
M. Bruno Le Maire : "Bonjour à tous, très heureux d'être à Luxembourg aujourd'hui pour cette réunion des Ministres des Finances européens.
Le cœur de nos discussions va évidemment porter sur le pacte de stabilité et de croissance. Je voudrais juste rappeler un certain nombre de choses sur ce sujet.
D'abord le pacte de stabilité et de croissance est un instrument. Un instrument au service d'une ambition politique. Notre ambition politique en Europe doit être d'investir, d'innover, de maîtriser les technologies de la décarbonisation et de l'intelligence artificielle, et de construire notre place entre la Chine et les États-Unis. C'est ça l'objectif du pacte de stabilité et de croissance : nous donner les moyens d'être une puissance entre la Chine et les États-Unis.
Deuxième remarque : nous avons une base de travail qui est une très bonne base de travail, et je tiens à remercier la Commission européenne qui a fait preuve d'inventivité et je crois de solidité dans la présentation de cette proposition, avec de nouveaux principes qui sont de bons principes. D'abord la différenciation. Nous partons tous de situations de finances publiques différentes. C'est bien de reconnaître ce principe de différenciation. Le deuxième principe qui est l'appropriation. C'est très important que les États s'approprient leur trajectoire de finances publiques et qu'elles ne leur soient pas imposées de l'extérieur. Enfin, le troisième principe, c'est reconnaître l'importance des réformes et des investissements. Sinon c'est totalement décourageant pour les États qui font des réformes. Nous avons sous l'autorité du Président de la République engagé deux réformes très difficiles et très courageuses : la réforme du marché du travail et la réforme des retraites. Nous souhaitons évidemment qu'il en soit tenu compte dans le pacte de stabilité et de croissance.
Troisième remarque : je considère qu'aujourd'hui, les positions des 27 sont proches et qu'il ne faut pas surestimer les désaccords qui peuvent exister entre les uns et les autres. Il y a un point de désaccord. Le vrai point de désaccord est : faut-il oui ou non des règles automatiques et uniformes dans le pacte de stabilité et de croissance ? Notre réponse est clairement non, car nous estimons que ce serait une faute économique et une faute politique. Nous avons déjà essayé dans le passé d'avoir des règles automatiques et des règles uniformes, ça a conduit à la récession. Ça a conduit à des difficultés économiques. Ça a conduit à une perte de production et de croissance en Europe. C'est l'inverse que nous voulons : plus de croissance, plus de prospérité et plus d'emplois. Et ce serait une faute politique car je pense que ce serait méconnaître la nécessité de respecter la souveraineté des États. Enfin tout dernier point pour qu'il n'y ait pas d'incompréhension sur la position française. Nous sommes attachés aux règles. Nous voulons des règles fermes et nous voulons des règles respectées. Mais nous voulons tout simplement des règles qui soient intelligentes, simples et qui nous permettent de bâtir la prospérité européenne du 21ème siècle.
Q - Vous avez parlé de positions assez proches mais en fait hier 11 pays on dit qu'ils veulent ces quantitative benchmark dont vous avez parlé. Vous avez dit clairement non, donc là il y a un clivage. Est-ce que vous vous attendez de pouvoir atteindre une position commune au sein du Conseil cette année ?
M. Bruno Le Maire : Nous souhaitons parvenir à un accord d'ici la fin 2023 sur les nouvelles règles du pacte de stabilité et de croissance. Nous allons maintenant entrer dans le vif du sujet, dans le vif de la discussion, mais nous souhaitons parvenir sous Présidence espagnole à un accord sur le pacte de stabilité et de croissance. Ensuite sur la question que vous posez, moi je préfère toujours voir ce qui nous rassemble entre européens plutôt que ce qui nous divise. Il y a beaucoup de choses qui nous rassemblent. Je pense que les grands principes qui ont été posés par la Commission rassemblent aujourd'hui une très large majorité d'États européens. Et il y a un point qui nous sépare encore. Donc il faut discuter de ce point qui nous sépare. Des règles automatiques et uniformes sont-elles souhaitables ? Notre réponse est très clairement non pour des raisons qui sont des raisons qui tiennent à notre expérience du passé. Quand on a essayé, ça n'a pas marché et ça a conduit à des effets désastreux pour l'Union européenne et qui tiennent aussi à des questions politiques qui sont le respect de la souveraineté des États. Je rappelle que l'Union européenne reste bâtie sur la souveraineté des nations et des États".
Source https://ue.delegfrance.org, le 19 juin 2023