Texte intégral
ADRIEN GINDRE
Bonjour Stanislas GUERINI.
STANISLAS GUERINI
Bonjour.
ADRIEN GINDRE
Merci beaucoup d'avoir accepté notre invitation. On va parler de la politique française dans un instant mais d'abord, un mot tout de même de ce qui s'est passé en Russie ce week-end, la tentative de putsch avortée, on l'a vu, d'Evgueni PRIGOJINE. Vladimir POUTINE reste au pouvoir au moins pour le moment. Que faut-il souhaiter pour l'avenir du monde ? La chute ou le maintien de Vladimir POUTINE ?
STANISLAS GUERINI
Je crois qu'il faut surtout souhaiter la victoire de l'Ukraine. Ce sont des moments, on l'a vu, de grande déstabilisation, de grande incertitude. On voit encore ce qui se passe avec la centrale nucléaire de Zaporijjia. Dans ces moments-là, il faut être très cohérent, très calme et clair sur ses objectifs. Depuis le début, la France souhaite aider l'Ukraine à remporter cette victoire face à l'agression russe. C'est ça qui compte aujourd'hui.
ADRIEN GINDRE
Mais il y a quand même eu un certain embarras des Occidentaux y compris la France qui est restée plutôt discret ce week-end face aux événements en Russie.
STANISLAS GUERINI
Je crois que c'est normal de rester calme dans des moments où tout peut basculer dans tous les sens. Moi ce qui me frappe depuis le début de ce conflit, c'est que POUTINE a eu tort sur tout. Il s'est trompé sur tout depuis cette agression. Il croyait renverser l'Ukraine en quelques heures, on voit bien que les Ukrainiens héroïquement font mieux que résister et sont maintenant à la contre-offensive. Il croyait déstabiliser l'Europe, on voit bien que l'Europe s'est ressaisie d'une certaine façon face à POUTINE et à la Russie.
ADRIEN GINDRE
Et nous avons cru pouvoir dialoguer avec lui…
STANISLAS GUERINI
Il croyait mettre fin à l'OTAN, c'est tout le contraire, il l'a revitalisée. Il pensait renforcer son pouvoir intérieur, il est plus affaibli que jamais. Peut-être que la conclusion, on verra et il sera temps de les tirer, c'est que les pouvoirs autoritaires sont extrêmement faibles là où les démocraties sont extrêmement fortes dans ce conflit. C'est peut-être une des conclusions provisoires qu'on peut tirer en tout cas de cette…
ADRIEN GINDRE
Et celle que vous aimeriez voir, en effet. On va revenir donc à ce qui se passe en France avec, à partir d'aujourd'hui, un déplacement très important du président de la République : 3 jours à Marseille, c'est très conséquent. Dans les colonnes de nos confrères de La Provence, le chef de l'État fait déjà une annonce. Le paiement des amendes forfaitaires pour consommation de drogue pourra bientôt être immédiat par carte bancaire ou en liquide. Ça crée déjà l'inquiétude ou l'étonnement de certains syndicats de police qui disent : ce n'est pas le cœur de notre métier, on n'est pas là, nous, pour récupérer l'argent des amendes. Est-ce que pour ces nouvelles missions, il y aura une rémunération supplémentaire de ces agents de police ?
STANISLAS GUERINI
Ça ne fait pas partie des annonces du président de la République. Il y a, vous le savez, un investissement extrêmement fort sur les forces de police et de gendarmerie. C'est dans la loi de programmation du ministère de l'Intérieur, donc il y a des moyens qui sont complètement inédits et qui valent aussi sur la rémunération des policiers et des gendarmes.
ADRIEN GINDRE
Mais pas pour ces missions-là parce que la logique du gouvernement, c'est dire de nouvelles missions et plus de rémunération.
STANISLAS GUERINI
Cette mission, elle existe depuis un temps déjà. Elle porte porté fruits. Moi j'en discute régulièrement avec, dans ma circonscription, les commissaires du 17e, du 18e arrondissement, vous voyez, pour m'intéresser à ce qui fonctionne…
ADRIEN GINDRE
Vous êtes député de Paris.
STANISLAS GUERINI
Et en l'occurrence, le fait de pouvoir mettre des contraventions, de pouvoir punir très directement, de ne pas ouvrir une chaîne pénale qui, on le sait, avait parfois du mal à se refermer, eh bien c'est quelque chose qui fonctionne. Des policiers sont preneurs de ce dispositif sur le terrain qui permette d'agir plus directement, donc je crois que c'est une bonne chose si on peut les rendre plus effectifs. Au fond, c'est ça l'objectif. C'est que toutes les annonces, toutes les mesures, toutes les transformations qu'on prenne, c'est qu'elles s'incarnent sur le terrain. C'est ça le sens du déplacement du président de la République. C'est de tenir les mesures, de tenir les engagements pousse par pousse, de voir à quel point notre pays peut avancer mais pour ça, il faut être très exigeant sur le terrain et toujours partir de la réalité des choses. Qu'est-ce qui marche, qu'est-ce qui ne marche pas. Le président de la République a fait le constat que parfois, ces amendes elles mettaient beaucoup de temps à être recouvrées, ou parfois elles ne l'étaient pas, et donc on doit pouvoir améliorer l'effectivité des politiques publiques. Je crois que c'est ça qui doit être notre obsession parce que c'est ça qu'attendent nos concitoyens.
ADRIEN GINDRE
Sur ce qui marche et ce qui ne marche pas, Stanislas GUERINI, si on reste un instant sur l'exemple de la drogue, il y a un collectif d'associations avec entre autres Médecins du Monde, avec la Fédération Addiction, qui lance aujourd'hui une pétition qui va être mise en ligne sur la plateforme de l'Assemblée nationale et qui demande justement la suppression des sanctions pénales pour l'usage de drogues en disant : ça, c'est une politique répressive qui ne marche pas. Pour vous, la réponse là c'est non ?
STANISLAS GUERINI
Vous voyez qu'on a pris cette décision justement de pouvoir contraventionnaliser les amendes, de pouvoir agir beaucoup plus directement sur le terrain. Je pense que c'est dans un sens qui n'est pas complètement divergent avec ce que dit ce collectif. Je vais être très clair, je n'ai pas vu aujourd'hui leur pétition.
ADRIEN GINDRE
Ce sera mis en ligne aujourd'hui.
STANISLAS GUERINI
Mais ce qu'il faut, c'est que la décision soit plus proche de la mise en application. Je crois que c'est ça qui doit tous nous obséder et c'est le sens de ce qu'on fait depuis maintenant quelques années en ayant pris ces décisions de contraventionnaliser le trafic contre les vendeurs de drogue. En tout cas, il y a une grande clarté de la part de ce gouvernement, une lutte résolue, une lutte implacable contre la drogue. C'est le cas à Marseille. Un engagement très fort ministre de l'Intérieur pour lutter contre tous les points de drogue, contre tous les trafics. Parce que ce sont eux qui gangrènent les cités, ce sont eux qui pourrissent la vie de nos concitoyens, qui pourrissent aussi une partie de la jeunesse, et donc on doit lutter résolument et sans ambiguïté contre la drogue.
ADRIEN GINDRE
Le ministre de l'Intérieur que vous citez, il sera à Marseille avec le chef de l'État mais il n'est pas tout seul, il y a huit ministres au total, y compris ceux de l'éducation, de la santé dont on dit souvent qu'ils sont parmi les futurs sortants en cas de remaniement. Est-ce qu'il faut y voir un signe ? Un signe pour les conforter dans l'équipe gouvernementale ?
STANISLAS GUERINI
Il faut surtout y voir un signe d'action. Le pays avance et celui qui le fait avancer en premier lieu, c'est le président de la République. Il va à Marseille aujourd'hui pour une logique : celle des résultats, des promesses tenues et du concret. Et il va s'en rendre compte sur le terrain, avec tous ses ministres. Vous l'avez dit, il y a tous les sujets à Marseille : le logement, l'éducation, la sécurité, les transports et donc cette obsession-là de voir pousse par pousse notre pays avancer, c'est celle du président de la République et, je peux vous le dire, celle de tous les ministres du gouvernement. Donc j'entends les grandes questions qui sont parfois un peu plus peut-être à Paris qu'à Marseille d'ailleurs sur les questions de remaniement, les questions de politique…
ADRIEN GINDRE
Au sein du gouvernement et de la majorité, Stanislas GUERINI. La question, elle agite aussi l'équipe gouvernementale et la majorité de savoir si oui non il y aura remaniement. Est-ce que ce n'est pas une épée de Damoclès inutile ? Est-ce qu'il ne faudrait pas clarifier une bonne fois pour toutes' non il n'y aura pas de remaniement, oui il y en aura un, on le fait' ?
STANISLAS GUERINI
Mais nous, on avance. Le président de la. République - avec la Première ministre d'ailleurs - avait fixé le cap. On a eu pendant des mois un conflit social qui nous a opposés assez lourdement sur la question des retraites. Il faut que notre pays puisse avancer. Depuis quelques mois, on voit bien avec ces 100 jours et plus encore, que c'est d'abord un temps de reprise du dialogue social très intense. On aura à traduire à l'Assemblée nationale des accords qui sont issus du dialogue social. Je le fais évidemment avec les syndicats de la Fonction publique sur des sujets très importants : ceux du pouvoir d'achat, ceux de la protection des agents, donc notre pays avance. C'est ça qui doit rassembler le gouvernement et je crois vraiment - je le dis au nom de mes collègues aussi - que c'est ça qui occupe, et ce qui est dans nos têtes aujourd'hui c'est de produire des résultats et de pouvoir avancer.
ADRIEN GINDRE
Le chef de l'État, il a un mot sur la Première ministre dans son interview à La Provence. Il indique que dans les quinze premiers jours de juillet, il y aura à présenter la nouvelle stratégie de finances publiques, les avancées sur l'immigration, la planification écologique. Il dit : Elisabeth BORNE le fera, elle a ma confiance puisqu'elle est à la tête du gouvernement. Est-ce qu'on doit y lire le fait qu'elle est confortée qu'elle reste à Matignon ?
STANISLAS GUERINI
Oui, je crois qu'il ne faut pas aller chercher midi à 14 heures. La Première ministre, elle a le soutien, la confiance du président de la République, elle a le soutien de tous les ministres qui sont engagés derrière elle. Moi, c'est le cas depuis le premier jour. Je suis très fier de travailler derrière Elisabeth BORNE parce qu'elle a traversé des temps politiques qui n'étaient pas simples à l'Assemblée nationale dans la situation que vous connaissez. Elle avance avec beaucoup de courage pour notre pays et je crois vraiment pouvoir dire qu'elle rassemble tout le gouvernement pour produire des résultats. C'est ça cette obsession-là : celle du président de la République, celle de la Première ministre et celle de tous les membres du gouvernement. Nous avons l'obsession du résultat en partage, il n'y a que ça qui nous intéresse.
ADRIEN GINDRE
Mais vous comprenez comme nous qu'elle va rester, c'est ce que veut dire cette déclaration du chef de l'État.
STANISLAS GUERINI
Si vous me posez la question : est-ce que je le souhaite, ma réponse c'est oui.
ADRIEN GINDRE
Et est-ce que vous comprenez comme ça la phrase du chef de l'État ?
STANISLAS GUERINI
Vous savez je crois vraiment, et je vais me répéter, mais qu'il ne faut pas chercher midi à 14 heures.
ADRIEN GINDRE
Non mais c'est important de bien comprendre ce que dit le président de la République.
STANISLAS GUERINI
Quoi de plus normal que le président de la République donne mandat à sa Première ministre de donner de la visibilité, de rendre des comptes aussi. C'est ce que nous faisons chacun. D'une certaine façon, c'est ce que le président de la République fait à Marseille. C'était une promesse qu'il avait faite aux élus, aux citoyens, aux habitants de Marseille de revenir dans le premier semestre pour faire le point sur ce grand plan, Marseille en grand, Marseille en très grand. Ce sont des engagements tenus. Il avait promis d'apporter 5 milliards d'euros pour relever cette ville, pour relever nos services publics, c'est ce qu'il fait.
ADRIEN GINDRE
Tout n'est pas fait.
STANISLAS GUERINI
L'argent est au rendez-vous, et puis il va se rendre compte sur le terrain de ce qui marche, de ce qui ne marche pas pour continuer à avancer.
ADRIEN GINDRE
Stanislas GUERINI, vous avez souligné l'obsession des résultats. Il y a quand même une donne politique depuis un an : la majorité relative et non pas absolue à l'Assemblée nationale.
STANISLAS GUERINI
Je m'en étais rendu compte.
ADRIEN GINDRE
Voilà. Et la tentative ou la volonté même chez certains de se dire : on peut encore élargir cette majorité, y compris en travaillant en accord avec Les Républicains. Votre parti Renaissance autour de Stéphane SEJOURNE il y a quelques jours a organisé une réunion aussi pour parler de cette configuration politique particulière. Est-ce qu'il faut encore chercher l'accord avec Les Républicains ou est-ce que c'est oublié ?
STANISLAS GUERINI
Non mais moi, je crois qu'on se trompe quand on essaie de bâtir des accords partisans (…) disent avec clarté, ils ne cherchent pas de coalition, ils ne cherchent pas d'alliance. On a raison quand on cherche à bâtir des majorités autour de texte, c'est ce qu'on fait depuis un an et ça ne marche pas si mal que ça. Oui la situation à l'Assemblée nationale, et je ne vais pas faire de langue de bois, elle est beaucoup plus compliquée quand on a une majorité relative. Elle oblige à du compromis, à des consensus, à chercher texte par texte à bâtir des majorités. Ça ne marche pas si mal que ça. Depuis le début du quinquennat, c'est une soixantaine de textes - proposition de loi, projet de loi confondus – qui ont été adoptés.
ADRIEN GINDRE
"Ça ne marche pas si mal", ça veut dire "ça marche".
STANISLAS GUERINI
Parfois avec le 49.3, sur les budgets et sur les retraites, sur des moments particuliers, mais ils nous permettent d'avancer. Moi je crois que c'est ça qu'il faut qu'on cherche à faire pour la suite, à élargir pour l'intérêt général. Pas élargir pour élargir les rangs de la majorité ou chercher à bâtir des alliances partisanes différentes de ce qu'on fait aujourd'hui. Parce que la configuration n'est pas là et les uns et les autres ne le souhaitent pas. En revanche, est-ce que vous trouvez des bonnes volontés pour pouvoir voter des textes sur des sujets d'intérêt général, d'intérêt premier pour nos concitoyens ? Je crois que la réponse est oui. Et donc c'est ce qu'il faut qu'on continue à chercher et à faire. Vous voyez, moi j'étais à l'Assemblée la semaine dernière, il y a trois textes qui ont été adoptés. Un sur les secrétaires de mairie, parfois ça paraît anecdotique comme ça quand on est à Paris, c'est très important, il y en a 23 000 sur tout le territoire. Elles font tenir nos mairies.
ADRIEN GINDRE
Je ne peux pas vous dire l'inverse, on en parle très souvent dans les journaux de TF1.
STANISLAS GUERINI
C'est tout à fait vrai et on l'a adopté à l'unanimité au Sénat. Un sur l'égalité salariale dans la Fonction publique pour faire progresser notre dispositif de nominations aux postes d'encadrement. Instaurer un index d'égalité salariale dans la Fonction publique : unanimité moins les voix du Rassemblement national à l'Assemblée nationale. Et puis un troisième texte pour supprimer le jour de carence qui pesait sur les femmes qui subissent des fausses couches. Ce sont trois sujets d'intérêt premier à chaque fois adoptés à l'unanimité ou à l'unanimité républicaine. Voyez, on fait avancer, et ça a été fait avec les voix de la gauche, de la Nupes y compris. Moi, je crois que c'est possible de continuer à avancer comme ça. Ça veut dire qu'il faut mettre vraiment l'intérêt général au cœur, répondre aux grandes questions que les Français nous ont posées dans les élections, présidentielle, législatives, le travail, la protection de nos concitoyens, les services publics, la planification écologique, évidemment. Et si on s'en tient très proche de ce noyau dur de l'intérêt général, alors, on pourra avancer.
ADRIEN GINDRE
Juste, vous venez de dire : ça ne marche pas si mal, on peut continuer à avancer, ça veut dire que rien n'a changé, qu'on peut continuer comme ça sur toute la mandature, vous disiez : il n'y a pas d'accord à trouver avec LR, on peut faire texte par texte, donc, ce qui est fait depuis un an peut être reproduit à l'identique sur les 4 années qui viennent ?
STANISLAS GUERINI
Disons évidemment qu'on peut toujours faire mieux…
ADRIEN GINDRE
Mais qu'est-ce que vous pouvez faire mieux ?
STANISLAS GUERINI
Il y a des moments…
ADRIEN GINDRE
Vous venez de dire : ça marche…
STANISLAS GUERINI
Non, mais je dis qu'on peut faire adopter des textes, et que c'est ce qui doit continuer à nous guider dans la suite de ce quinquennat. On peut toujours mieux concerter en avant, mieux prendre en compte justement ce que portent les oppositions, qui, eux, font le choix de soutenir un certain nombre de textes sur des sujets très importants, mais elles ont leurs conditions texte par texte, elles ont leur ligne rouge parfois. Eh bien, concertons, bâtissons du consensus, bâtissons les solutions, ça, on peut toujours mieux le faire. Et je pense que c'est ce qui doit nous guider pour la suite. Mais oui, je pense qu'on peut continuer dans une logique de projet, au fond, dans une logique d'intérêt général. Ce sont ce que les Français nous ont demandé de faire, ce sont eux qui ont fait le choix de donner au président de la République une majorité relative, au fond, ils ont introduit la proportionnelle à l'Assemblée nationale, ça change la donne, ça change le fonctionnement. Donc on doit tous s'y habituer, depuis un an, c'est ce que nous faisons, on peut encore le faire mieux, je crois, mais, ma conviction, c'est que ça ne passera pas par des logiques d'appareil, des logiques partisanes, ne serait-ce que parce que les uns et les autres l'expriment avec clarté…
ADRIEN GINDRE
Et n'en veulent pas. Ça a donné aussi cette nouvelle configuration politique une présidence de la Commission des Finances à un Insoumis, Eric COQUEREL, on voit bien qu'il y a des velléités dans la majorité de dire : ce serait bien de trouver un moyen qui ne soit pas renouvelé, puisqu'il y a une reconduction généralement tacite par année, est-ce que vous, considérez qu'il est à sa place, le président de la Commission des Finances ?
STANISLAS GUERINI
Voyez, je crois que ce n'est vraiment pas à un membre du gouvernement de dire ce qui, à l'Assemblée nationale, doit être fait, pour présider une Commission aussi importante que soit-elle sur le président de la Commission des Finances. Je pense que nous devons respecter cette séparation des pouvoirs, je le demande de façon symétrique, et donc, c'est important de s'en tenir à cette ligne, mais tout à l'heure, je disais que dans des situations de grande confusion, sur un tout autre sujet, il faut garder son calme et de la cohérence. Je pense que dans ce moment démocratique de notre pays, c'est important de respecter les règles, les règles constitutionnelles, tout simplement, nos règles collectives, je vois qu'elles sont parfois remises en cause, je vois qu'elles sont parfois dévoyées, ça a été le cas…
ADRIEN GINDRE
Eric COQUEREL…
STANISLAS GUERINI
Ce sentiment-là…
ADRIEN GINDRE
Liot sur l'abrogation des retraites…
STANISLAS GUERINI
Oui, sur le retour d'un amendement qui était clairement anticonstitutionnel, je pense que, effectivement, dans ces moments, on doit avoir l'attention de respecter les règles, je pense que c'est ça l'attention qu'exprime le groupe majoritaire, qu'exprime la présidente de l'Assemblée nationale, et je les soutiens en ce sens.
ADRIEN GINDRE
Il y a aussi des réflexions sur la manière dont on peut revivifier notre démocratie, la président de l'Assemblée que vous venez de citer elle-même en a fait une hier, elle évoque la création d'une journée annuelle dédiée à la consultation des Français. Elle dit par exemple on pourrait faire ça le premier dimanche d'octobre afin d'impulser un nouveau souffle démocratique. Vous en dites quoi cette idée d'avoir une sorte de référendum récurrent tous les ans ?
STANISLAS GUERINI
Moi, je dis, pourquoi pas, c'est une idée intéressante et surtout je suis extrêmement favorable à ce qu'on puisse travailler dans un esprit transpartisan, mettre des idées sur la table, mettre des propositions sur la table. Et je pense que la présidente de l'Assemblée elle est pleinement dans son rôle quand elle le fait pour qu'on puisse ensuite collectivement faire émerger ce qui pourra « un bougé de ligne » peut être important sur des questions constitutionnelles, c'est ça la méthode qu'a voulu le président de la République. Au fond c'est un sujet très particulier dans l'élection présidentielle, c'est un des seuls sujets sur lequel le président avait donné des avis personnel, mais il avait surtout pris un engagement de méthode, de faire en sorte qu'on puisse construire une commission transpartisane, créer du consensus parce que si on doit ensuite avoir des bougés constitutionnels, il faudra le faire évidemment en travaillant avec les deux chambres, c'est ce que, soyons très clairs, on n'avait pas réussi à faire dans le premier quinquennat pour réformer la Constitution. Et donc je pense que c'est la bonne méthode, donc respectons les propositions des uns et des autres, invitons les différentes forces politiques à le faire, je vois que certaines sont réticentes à participer à cet exercice, sincèrement je trouve ça dommage parce qu'on est dans un temps où on peut là justement bâtir du consensus, bâtir du compromis pour ensuite, ce n'est pas le plus urgent mais l'adopter collectivement. C'est l'engagement du président de la République, moi je pense que c'est très intéressant le fait que la présidente de l'Assemblée fasse ce type de proposition.
ADRIEN GINDRE
Dans les hypothèses de modification de la Constitution, il y a aussi la limitation qui a été introduite sur le mandat présidentiel à 2 mandats consécutifs maximum, l'ancien président de l'Assemblée Richard FERRAND a été très commenté, très critiqué même pour avoir évoqué l'idée de mettre fin à tout ce qui bride, je le cite, la libre expression de la souveraineté populaire, certains y voyaient un appel à une 3e candidature d'Emmanuel MACRON à la fin de ce mandat-là.
STANISLAS GUERINI
Il a lui-même clarifié les choses.
ADRIEN GINDRE
Il a clarifié les choses. Une autre ancienne ministre Roselyne BACHELOT, vous avez peut-être vu hier aussi, dit tout le monde est d'accord pour une 3e candidature d'Emmanuel MACRON, à la fois ceux qui veulent le réélire et ceux qui veulent le battre, est-ce que vous vous souhaiteriez un 3e mandat d'Emmanuel MACRON ?
STANISLAS GUERINI
Arrêtons de mettre des faux sujets de cette manière-là dans l'atmosphère, je pense que personne n'imagine changer la Constitution dans ce quinquennat pour que le président de la République puisse se représenter une 3e fois, personne n'imagine cela. Je pense que… et l'intention….
ADRIEN GINDRE
Pourquoi, pourquoi ne peut-on pas l'imaginer ?
STANISLAS GUERINI
Mais l'intention du président de la République, c'est de pouvoir justement à l'issue de deux mandats où il a été réélu pouvoir apporter des modifications à notre Constitution, à nos règles du jeu démocratique pour renforcer notre démocratie, bâtir du consensus, je pense qu'on le fait toujours de façon extrêmement sereine, extrêmement saine quand on le fait et qu'on n'est pas concerné soi-même. Moi j'avais eu par le passé, j'étais chef du parti présidentiel à ce moment-là des réserves pour modifier les règles du jeu dans l'année qui précédait les élections législatives en l'occurrence, ça avait été un débat au sein de la majorité. Moi je crois que on gagne toujours à avancer dans la clarté et on avance bien dans la clarté quand on ne fait pas les choses pour soi-même, mais qu'on les fait pour le pays et pour l'avenir.
ADRIEN GINDRE
Alors pour l'avenir est-ce que vous trouvez que c'est une bonne règle ces deux mandats consécutifs maximum pour le président de la République ?
STANISLAS GUERINI
Moi je pense, vraiment sincèrement je vais vous dire, et n'introduire aucune ambiguïté sur cette question-là, à chaque fois qu'on met ces questions-là en jeu, on peut être soupçonné de le faire pour soi-même. Donc ça n'est pas le moment pour ça, ça n'est pas l'intention, personne n'a cette intention-là, donc là aussi ne nous créons pas des débats annexes, il y a suffisamment de sujets, de vrais sujets, on parlait d'éducation, de sécurité, de logement parce qu'il y a….
ADRIEN GINDRE
Alors parlons…
STANISLAS GUERINI
Je pense que ça ce sont les vrais débats aujourd'hui.
ADRIEN GINDRE
Il y a un sujet aujourd'hui, l'Assemblée qui est saisie à partir d'aujourd'hui du projet de loi sur le partage de la valeur au sein des entreprises, c'est la transposition d'un accord entre partenaires sociaux dont vous parliez tout à l'heure. Il y a peut-être un manque dans ce texte qui n'est pas lié directement à l'accord, c'était une promesse du président de la République le 22 mars sur TF1 et France 2, le chef de l'État il a évoqué l'idée de pouvoir viser les entreprises qui consacrent des revenus exceptionnels au rachat d'actions et au contraire que cet argent puisse aussi servir à mieux rémunérer les salariés, à faire profiter les travailleurs, c'était la formule qu'il avait employée. Cette promesse, elle est écartée, elle est oubliée ?
STANISLAS GUERINI
Non. Moi je suis extrêmement favorable à cette promesse-là, cet engagement du président de la République. C'est très important, les entreprises font aujourd'hui des profits très importants. On a taxé les surprofits dans la période d'inflation sur l'énergie et donc c'est une promesse qui est important pour mieux partager la valeur. Mais vous le voyez, je vous disais il y a quelques instants que ce temps-là, c'était le temps de la reprise du dialogue social, c'est le temps où on doit respecter le dialogue social et ce qui sort du dialogue social en l'occurrence un accord sur le partage de la valeur entre les salariés et les entreprises qui est très important avec des avancées très importantes de la part du patronat et des syndicats. Et donc respectez ce dialogue social, c'est transcrire, c'est ça l'engagement que nous avions pris, transcrire in extenso à l'identique sans modifier l'accord sur lequel se sont mis d'accord les entreprises…
ADRIEN GINDRE
Mais vous comprenez que quand… le chef de l'État fait une annonce….
STANISLAS GUERINI
Et les syndicats.
ADRIEN GINDRE
On peut être…. On attend cette concrétisation.
STANISLAS GUERINI
Et donc on aura l'occasion d'avancer sur ces questions-là, il faudra peut-être trouver le bon véhicule législatif, mais moi je crois que c'était extrêmement important de pas dévoyer le fruit du dialogue social, c'est une question de confiance d'une certaine façon avec nos partenaires, je le disais, on ne va pas faire semblant, pas faire de langue de bois, il y a eu un conflit social qui était très important sur la question des retraites et donc respectons ce dialogue social, ça a de la valeur, moi je m'y attache en tout cas tous les jours en tant que ministre de la Fonction publique.
ADRIEN GINDRE
Vous ouvriez tout à l'heure la porte à l'idée de dire, ça avance, ça fonctionne, mais il y a des choses qu'on peut faire mieux. Vous rappelez que vous êtes en charge de la fonction publique, il y a quelques jours vous avez été critiqué pour cette annonce qui est a priori une bonne nouvelle, une hausse du point d'indice plus 1, 5 % au 1er juillet, d'une part par ceux qui disent, c'est les organisations syndicales, ce n'est pas assez et puis d'autre part par en partie des collectivités locales qu'on a entendu sur nos plateaux qui disent, on est mis devant le fait accompli pour les fonctionnaires territoriaux. Est-ce que vous si c'était à refaire vous referiez tout à l'identique sur cette question de la hausse du point d'indice ?
STANISLAS GUERINI
D'abord j'ai entendu des agents publics qui voyaient avec satisfaction qu'on répondait à une situation d'inflation, pardon je veux bien qu'on ait tous les débats possible, mais il s'avère que malgré nos efforts, on a l'inflation la plus faible en Europe. Il y a une inflation qui reste importante, elle est en train de décélérer, elle reste très importante sur les produits alimentaires.
ADRIEN GINDRE
Bruno LE MAIRE disait ce matin qu'il ne reviendra pas à son niveau d'avant crise.
STANISLAS GUERINI
Ma responsabilité à moi, c'est de protéger les agents publics, c'est d'investir pour que nos agents publics, les fonctionnaires, ceux qui font avancer notre pays puissent avoir des réponses à cette question de l'inflation. Donc cette décision je l'assume parfaitement, elle est très importante. On a pris la décision avec la Première ministre, avec le président de la République de consacrer la même enveloppe que l'année dernière qui était déjà une année de hausse très importante de la rémunération pour pouvoir justement apporter des réponses, avec un parti pris que j'assume là tout autant, qui est de concentrer nos efforts sur les plus bas salaires dans la fonction publique parce que ce sont eux qui ont pris de plein fouet l'inflation. Et donc c'est 6 milliards d'euros en année pleine qu'on investit pour le pouvoir d'achat de nos agents publics, on va les concentrer principalement sur les bas salaires, ça veut dire que quelqu'un qui est au tout début des salaires, au tout début des grilles de la fonction publique il verra son pouvoir d'achat augmenter de 7 % entre janvier 2023 et janvier 2024, ce sont des hausses très importantes. Après est-ce qu'on peut toujours faire mieux, je le disais à l'instant.
ADRIEN GINDRE
Et mieux intégrer les collectivités par exemple.
STANISLAS GUERINI
… à l'instant notamment avec les collectivités territoriales, mais là aussi la réponse est oui. Loi j'ai fait la proposition aux collectivités de se revoir dans les semaines qui viennent avant la coupure de l'été pour pouvoir discuter avec elles de la façon dont on peut bâtir une politique salariale, au fond des formes de négociations annuelles obligatoires comme le font les grandes entreprises pour pouvoir mieux anticiper les choses, avoir tous les acteurs autour de la table, les employeurs territoriaux, hospitaliers, les ministères, les syndicats et prendre notre décision en transparence et en responsabilité. Je pense que c'est comme ça qu'on peut avancer, je note que les syndicats veulent aussi qu'on puisse négocier sur la construction d'une politique salariale, moi j'y suis prêt et vous voyez c'est le sens à la fois de l'humidité et de la volonté d'avancer efficacement pour notre pays et pour nos fonctionnaires.
ADRIEN GINDRE
… pour continuer et faire un petit peu mieux au passage, merci beaucoup Stanislas GUERINI d'avoir été sur LCI ce matin.
STANISLAS GUERINI
Merci à vous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 27 juin 2023