Texte intégral
JEFF WITTENBERG
Bonjour à tous. Bonjour Clément BEAUNE.
CLEMENT BEAUNE
Bonjour.
JEFF WITTENBERG
Merci d’être avec nous ce matin. On en parlait dans le journal de 7h30, une nouvelle infraction va entrer dans la loi, celle d’homicide routier, qui va remplacer l’infraction d’homicide involontaire, qui scandalisait beaucoup d’associations. Pourquoi ce changement, les pouvoirs publics ont voulu en quelque sorte adapter la loi ?
CLEMENT BEAUNE
Ça fait partie des points que l'on discutera parmi beaucoup d'autres mesures autour de la Première ministre cet après-midi, qui a voulu réunir un comité interministériel de sécurité routière, et l'idée, de manière générale, avec ce débat notamment, c'est de durcir les règles tout simplement pour celles et ceux…
JEFF WITTENBERG
Mais pas les peines, ça fera débat ?
CLEMENT BEAUNE
Ce sera un des points de discussion, parce que quand on parle de ce genre d’adaptation, ça va au Parlement ensuite, donc il y a plusieurs initiatives parlementaires qui ont déjà été prises, le contenu sera forcément précisé, mais l'idée générale, c'est bien d'être beaucoup plus clair, et plus dur sur nos règles pour celles et ceux qui prennent le volant, notamment en ayant pris de l'alcool ou des stupéfiants dont on a vu malheureusement, encore ces dernières semaines, que cela pouvait causer des drames totalement injustifiables ; il y a beaucoup d'autres mesures qui seront discutées, la Première ministre annoncera tout cela cet après-midi.
JEFF WITTENBERG
Globalement, la violence routière est en hausse, lorsque vous voyez les chiffres ?
CLEMENT BEAUNE
On voit sur longue période le nombre d'accidents routiers, heureusement, les choses ont beaucoup diminué par rapport aux années où Jacques CHIRAC avait fait prendre conscience à notre société de cette violence sur la route, et on voit qu’un certain nombre d'accidents très graves demeurent et se multiplient, et je le dis aussi au moment où il y a beaucoup de grands départs en vacances, faites extrêmement attention, bien sûr, sur la route, en cas de fortes chaleurs, ça nécessite encore plus de pauses, mais je pense notamment à nos agents des routes qui sont souvent menacés, voire percutés par les gens qui ne respectent pas les règles de sécurité, c'est tout cela, cette civilité routière qu'il faut aussi rétablir.
JEFF WITTENBERG
Clément BEAUNE, avec le week-end du 14 juillet, [a] commencé donc, vous le disiez, la vague des grands départs, alors, il y a la route, il y a aussi l'air, l'avion, les aéroports français notamment avaient connu une grande pagaille au cours de l'été 2022, et vous avez lancé un plan ce week-end pour changer ça. On part de loin, qu'est-ce que vous avez voulu améliorer en quelque sorte ?
CLEMENT BEAUNE
Oui, absolument, j'ai souhaité qu'on ait une meilleure qualité d'accueil, de services dans nos aéroports, nous sommes la première destination touristique mondiale, nos grands aéroports à Paris ou en région accueillent des milliers de…
JEFF WITTENBERG
Vous allez vous rendre à Orly tout à l’heure.
CLEMENT BEAUNE
Je vais à Orly avec Olivia GREGOIRE, la ministre du Tourisme, juste après notre discussion, et nous avons voulu renforcer la qualité du service, c'est très concret, ça veut d'abord dire, plus d'effectifs, effectifs que le ministère de l'Intérieur mobilise pour la police aux frontières, on sait que les temps d'attente sont parfois très longs, ils sont en train d'être réduits, parce qu’il y a déjà plusieurs centaines d'effectifs supplémentaires à Orly, à Roissy notamment. On augmente aussi les effectifs de personnels qui sont l'accompagnement dans les aéroports, pour faciliter les choses, 2.000 personnes supplémentaires sont mobilisées par les AEROPORTS DE PARIS, c'est des choses très concrètes, matériellement, par exemple, quand vous prenez un bagage, il faut généralement le vider pour vérifier tout son contenu. On a des scanners aujourd'hui qui permettent de l'éviter…
JEFF WITTENBERG
Parce que l'an dernier, on le rappelle, l'été dernier, il y avait eu beaucoup de problèmes dans les aéroports parisiens notamment…
CLEMENT BEAUNE
Il y avait eu des difficultés de mouvements sociaux, des problèmes techniques, et puis, une reprise du trafic très forte qui avait causé beaucoup de pagailles en Europe, plutôt moins en France qu'ailleurs, si on est tout à fait honnête, mais on avait eu par exemple, quand j’étais arrivé au ministère des Transports, 35.000 bagages perdus, on a pris des mesures cette année, on n’est qu'à une centaine environ des difficultés sur les bagages depuis les grands départs du mois de juillet, donc on améliore énormément cette qualité de services…
JEFF WITTENBERG
Ce sont des intentions sans doute louables pour ceux qui prennent l'avion, mais votre objectif, est-ce que ce n'est pas aussi que les gens prennent de moins en moins l'avion, est-ce que ce n'est pas contre-intuitif d'améliorer les conditions du voyage aérien alors que l'idée, avec le réchauffement climatique, et les conséquences que l'on voit en ce moment, dans le Sud de l'Europe, c'est plutôt de le réduire ?
CLEMENT BEAUNE
Bien sûr, il faut des mesures de sobriété sur le transport aérien, développer les alternatives en train, c'est ce qu'on fait, on est le premier pays au monde en fermant des lignes aériennes, on commence pour favoriser les alternatives en train, quand il y a par exemple de la grande vitesse, mais ça ne veut pas dire qu'on va pénaliser les gens qui prennent l'avion dans nos aéroports, bien sûr, le trafic aérien demeure, il demeure important.
JEFF WITTENBERG
Il demeure et il augmente.
CLEMENT BEAUNE
Alors oui, il augmente au niveau mondial, il augmente beaucoup moins vite qu'avant au niveau européen, néanmoins, et puis, ça ne veut pas dire que parce que vous avez un trafic, même qu'on essaye de maîtriser, que vous allez pénaliser les gens en perdant leurs bagages ou en les faisant attendre des heures dans les aéroports, ce n’est pas comme ça, je crois, qu'on prend des mesures de sobriété aérienne. Donc les deux sont parfaitement compatibles. On verdit l'avion avec des aides pour…
JEFF WITTENBERG
Vous verdissez l’avion, ça, vous savez qu’aux oreilles des écologistes, c'est une notion, c'est une expression qui est un oxymore, qu'on ne peut pas comprendre…
CLEMENT BEAUNE
Oui, mais moi, je l’assume parfaitement…
JEFF WITTENBERG
Parce que l’avion reste un moyen de transport polluant selon eux…
CLEMENT BEAUNE
Aujourd’hui, oui, mais pour le coup, ce serait, je crois, extrêmement grave, voire criminel contre l'environnement de ne prendre aucune mesure pour que l'avion soit moins polluant dans les décennies qui viennent, et c’est possible, on investit là-dessus. Sobriété aussi, je l’ai parfaitement assumée dans le débat public, sur les jets ou d'autres sujets, et puis, qualité de services, tout ça est compatible, parce que quand on prend l'avion, on a le droit évidemment à être accueilli dignement dans un aéroport.
JEFF WITTENBERG
Alors, il y a l’avion, il y a le train que, là, vous cautionnez…
CLEMENT BEAUNE
Qu’on encourage beaucoup.
JEFF WITTENBERG
Et que vous encouragez. Votre ministère avait lancé une opération sur les trains Intercités, ce sont tous ceux qui ne sont pas des TGV, finalement, il y en a, je crois, 19 lignes en France. Vous aviez lancé des billets à 19 euros, il y avait 200.000 billets, mais ils n’ont pas tous été pris…
CLEMENT BEAUNE
Pas encore, mais alors ça a été d’abord…
JEFF WITTENBERG
Ça devait s’arrêter la semaine dernière.
CLEMENT BEAUNE
Oui, ça a été un grand succès, on a testé cette opération qui permettait aussi de remettre à l’honneur des lignes qui ont parfois été négligées, je pense à Paris-Toulouse, Paris-Clermont-Ferrand, Bordeaux- Marseille, 200.000 billets à 19 euros, il en reste aujourd'hui à la minute où on parle plus de 100.000. Et donc on continue cette opération jusqu'à la fin de l'été, jusqu’à épuisement des stocks.
JEFF WITTENBERG
Jusqu‘à la fin de l’été…
CLEMENT BEAUNE
Jusqu’au 31 août, pour les billets disponibles, chacun peut se connecter sur le site de la SNCF, et encore aujourd'hui, il y a plus de 100.000 billets à 19 euros qui sont disponibles pour les lignes Intercités, trains de jour et trains de nuit pour les vacances d'été.
JEFF WITTENBERG
C’est-à-dire, ça, c’est une nouveauté que vous nous annoncez ce matin…
CLEMENT BEAUNE
Absolument…
JEFF WITTENBERG
Ces billets devaient… cette opération devait s’arrêter…
CLEMENT BEAUNE
Cette opération devait s’arrêter ce week-end, et comme elle a bien marché, qu’il reste des billets, eh bien, on continue cette opération, et toutes celles et ceux qui veulent se connecter à la minute où on parle, et dans les jours qui viennent, auront encore des billets disponibles à 19 euros sur Intercités.
JEFF WITTENBERG
Ces billets à 19 euros, c'est quand même une toute autre mesure et un tout autre tarif que les billets du TGV, je regardais encore ce matin ou plutôt hier soir, combien coûte par exemple un Paris-Marseille si on n'a pas de réduction particulière en seconde classe, c’est 125 euros, on est loin des 19 euros du train Intercités, le train, le TGV reste un moyen de transport inabordable pour de très nombreux Français.
CLEMENT BEAUNE
Le TGV, c’est coûteux parce que la grande vitesse, c'est aussi un investissement, un service qui est très différent.
JEFF WITTENBERG
Mais qu’est-ce que vous voulez faire pour changer ça ?
CLEMENT BEAUNE
On veut d’abord développer les tarifications plus sociales, je pense au Ouigo par exemple, qui est une offre grande vitesse, beaucoup plus accessible, c’est un billet sur quatre aujourd’hui en TGV qui est vendu en Ouigo. Et le Ouigo, c’est autour de 25 euros pour les billets les plus attractifs, et il en reste aujourd’hui pour cet été et des offres supplémentaires seront faites par la SNCF…
JEFF WITTENBERG
Vous êtes conscient que pour la plupart des billets, ça paraît trop cher.
CLEMENT BEAUNE
Bien sûr, et je vais être très clair, comment on fait baisser les prix, on fait baisser les prix par ce genre d’offres, on fait baisser les prix en commandant plus de trains pour qu'il y ait plus de place et plus que des trains en circulation, c'est ce qu’est en train de faire la SNCF avec le soutien de l'Etat, pour les étés qui viennent, et puis, la concurrence sur certaines grandes lignes, il faut l'assumer, quand vous avez un opérateur italien, un opérateur espagnol, on fait d'ailleurs la même chose chez eux, qui arrivent sur le marché, on a des offres qui ont commencé ces derniers jours à 9, 19 euros sur Paris-Lyon…
JEFF WITTENBERG
La concurrence pour faire baisser les prix…
CLEMENT BEAUNE
Ou par exemple entre Lyon et Barcelone, donc on a des offres aussi qui se développent par l'augmentation du nombre de trains qui circulent en France.
JEFF WITTENBERG
Clément BEAUNE, on change de sujet, et on en vient au bilan des émeutes qui ont eu lieu dans de très nombreuses villes de France, du 27 juin au 5 juillet dernier. En termes de transports, on a vu de nombreux tramways, des bus incendiés, est-ce que vous avez un bilan chiffré de ce que ça a représenté en termes de dégâts ?
CLEMENT BEAUNE
On doit encore l’affiner, parce que ça représente beaucoup de lieux en France, de villes qui ont été touchées, malheureusement, d'abord, en région parisienne, en région parisienne, on sait que c’est 40 bus qui ont été incendiés, deux tramway qui ont été pris pour cible, au total, en France, c’est 200 abribus qui ont été détruits ou vandalisés, tout ça est évidemment inacceptable, parce que ce sont des services publics que prennent les papas, les mamans, les grands-parents les gamins tous les jours pour aller au boulot, à l'école etc. Donc c'est totalement injustifiable, et c'est sans doute aujourd'hui plusieurs dizaines de millions d'euros de dégâts rien que pour le secteur des transports publics qu’on doit déplorer dans notre pays.
JEFF WITTENBERG
On parle donc des conséquences de ces émeutes, quel est votre regard sur les causes de ces explosions de violences dans de très nombreux quartiers, vous êtes classé à gauche parmi les représentants, les alliés d'Emmanuel MACRON, on entend plutôt un discours sécuritaire aujourd'hui porté par Gérald DARMANIN, en particulier, est-ce que vous vous êtes à l'aise avec la réponse sécuritaire du gouvernement ?
CLEMENT BEAUNE
L'autorité de l'Etat et celle de la République, ce n'est pas, je crois, une notion qui appartiendrait à droite, moi, je suis très attaché, vous savez, j'ai grandi avec Lionel JOSPIN qui disait : il ne faut pas confondre le droit et la sociologie, il y a des règles, on les respecte, et ce qui s'est passé, ça a été du vandalisme et du pillage qu'on doit condamner sans débat et sans nuance…
JEFF WITTENBERG
Mais est-ce qu’il faut s'attaquer aux causes, parce qu’on entend moins ce discours…
CLEMENT BEAUNE
Bien sûr, ça ne veut pas dire que dans les quartiers difficiles, en particulier, qui n'ont pas été les seuls touchés d'ailleurs, il n’y a pas du travail supplémentaire encore à faire sur la lutte contre les discriminations, sur le rapport entre les jeunes et la police, sur le rapport des jeunes au service public, sur la présence de ces services publics, même si beaucoup a été fait notamment sur la rénovation urbaine des quartiers, toute cette politique, ce n'est pas lié à ce qu'on vient de voir malheureusement, qui n'est pas justifiable, elle doit se poursuivre, s'amplifier, et on doit aussi donner ce signal, le président – j'étais juste avant la mort du jeune Nahel à Marseille avec lui – avait lancé, notamment sur la question de la lutte contre les discriminations, la rénovation des quartiers, la rénovation des écoles, beaucoup de choses adaptées à chaque territoire, Marseille par exemple, qu’on doit amplifier et poursuivre, bien sûr…
JEFF WITTENBERG
Le président, le président MACRON, vous venez d’en parler, n’a pas sacrifié la traditionnelle interview du 14 juillet, on dit qu'il va parler avant la fin du mois, qu'est-ce qu'on attend de son discours, est-ce qu'on attend, vous êtes ministre, un remaniement tout simplement, c'est la question…
CLEMENT BEAUNE
Mais ça, je…
JEFF WITTENBERG
Est-ce que vous, vous le souhaitez ?
CLEMENT BEAUNE
Ce n’est pas à moi de souhaiter, vous savez, des changements de casting, c’est une prérogative qui – je pense qu'il faut respecter les institutions dans ces périodes chahutées – appartient au président…
JEFF WITTENBERG
Les 100 jours qui devaient aboutir à l’apaisement, de fait, n’ont pas eu de résultats.
CLEMENT BEAUNE
Mais qu’a dit le Président, il a tracé un certain nombre de réformes et de perspectives pour ses 100 jours, mi-avril à peu près, il a dit qu'on voterait un certain nombre de textes, la loi de programmation militaire, qu’on avancerait sur un certain nombre de chantiers…
JEFF WITTENBERG
Pour revenir à l’apaisement…
CLEMENT BEAUNE
Oui, d’accord, la société française est traversée par des moments difficiles, on a tourné la page néanmoins d’un conflit social lourd qui était celui des retraites, même si je ne suis pas naïf, les choses ne sont pas oubliées, et on a avancé sur beaucoup de sujets, l'industrie verte, sur la loi travail qui est en préparation, sur les sujets régaliens comme le budget de nos armées, et tout ça a été fait dans ses 100 jours. Le président n’a pas dit que les choses s’arrêtaient au bout de 100 jours. Il a dit que c’était un moment pour relancer l’action…
JEFF WITTENBERG
Donc elles ne s’arrêtent pas. Mais notre émission, elle, s’arrête. Merci beaucoup.
CLEMENT BEAUNE
Merci à vous.
JEFF WITTENBERG
Clément BEAUNE, ministre délégué chargé des Transports. C'est la suite de " Télématin ".
CLEMENT BEAUNE
Merci.
JEFF WITTENBERG
Merci à vous.
Source : Service d’information du Gouvernement, le 18 juillet 2023