Texte intégral
AMANDINE BEGOT
Dans un tout petit instant, la ministre déléguée chargée des PME, du Commerce, de l'Artisanat et du Tourisme. Bonjour Olivia GREGOIRE.
OLIVIA GREGOIRE
Bonjour.
AMANDINE BEGOT
Et bienvenue sur RTL. On va parler prix, aussi, bien sûr avec vous, prix de l'alimentation notamment. C'est pour quand la vraie baisse ?
OLIVIA GREGOIRE
Quelle belle question ! C'est pour quand…
AMANDINE BEGOT
Un mot. On aura l'occasion d'en parler plus longuement.
OLIVIA GREGOIRE
En plus, en un mot, un challenge.
AMANDINE BEGOT
Non, mais, janvier, juin ?
OLIVIA GREGOIRE
Non, je ne suis pas Oracle, pas plus que je ne l'étais avant, malheureusement. On a déjà commencé à voir l'inflation refluer, on voit des prix qui arrêtent de monter, et certains prix qui commencent à baisser. Pas suffisamment, pour être clair, pour que les Français s'en rendent vraiment compte, je veux être très claire là-dessus, mais la montée s'est arrêtée sur un certain nombre de produits.
AMANDINE BEGOT
Et on vous retrouve dans un tout petit instant. A tout de suite.
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YVES CALVI
RTL, 07h43, excellente journée à vous tous qui nous écoutez. Amandine BEGOT, vous recevez ce matin notre ministre déléguée chargée des Petites et Moyennes Entreprises, du Commerce, de l'Artisanat et du Tourisme, Olivia GREGOIRE.
AMANDINE BEGOT
Olivia GREGOIRE, avant de parler inflation et prix de l'alimentation, je voudrais qu'on parle du « fait maison ». Vous l'avez annoncé cette semaine, vous souhaitez que les restaurants affichent clairement les plats faits maison et les plats non préparés. L'idée c'est quoi ? Que ce soit obligatoire et inscrit sur la carte ?
OLIVIA GREGOIRE
C'est très bien résumé. L'idée d'abord, c'est de plus valoriser nos restaurateurs qui jouent le jeu, et vous savez peut-être que le mot cuisinier, il vient du XIIIe siècle, il est rentré dans le dictionnaire de l'Académie en 1835, le cuisinier est celui qui transforme des produits bruts. Il y a beaucoup de nos restaurateurs qui le font, il y en a d'autres qui ne jouent pas le jeu, et ce n'est pas normal, parce que ça coûte plus cher de jouer, le jeu de transformer des produits bruts. On a de l'énergie, on a parfois des matières premières plus chères, et donc je pense que c'est important, notamment c'était aussi une demande des restaurateurs depuis un certain nombre d'années, de mieux permettre aux consommateurs, aux clients, d'être mieux informés entre ce qui est effectivement préparé à la maison, enfin sur place pardon, et en fait ce qui n'est pas préparé sur place. Donc ça va être assez simple. On va continuer à discuter, parce qu'il faut voir les modalités, mais les plats qui ne sont pas préparés sur place, ça devra être indiqué, par le biais d'un astérisque ou d'une petite étoile sur les menus, pour que les consommateurs le sachent, et c'est une mention obligatoire.
AMANDINE BEGOT
Donc, ceux qui ne sont pas préparés sur place.
OLIVIA GREGOIRE
Les plats qui ne sont pas préparés sur place devront être indiqués sur les cartes de restaurants.
AMANDINE BEGOT
Seuls 4 % aujourd'hui des 175 000 restaurants font du tout fait maison aujourd'hui. Avec Yves, on souriait en entendant ces chiffres, en disant que c'était quand même un comble au pays de la gastronomie.
OLIVIA GREGOIRE
C'est un comble, et en même temps c'est le tout qui est important. Moi, il n'y a pas de jugement de valeur dans ma démarche. Je n'ai pas envie d'avoir des clichés…
AMANDINE BEGOT
Il n'y a pas les gentils et les méchants…
OLIVIA GREGOIRE
Il n'y a pas les gentils et les méchants, enfin, en vrai il y en a assez malheureusement dans le monde et vous en parlez tous les jours. Là on n'est pas sur un enjeu de gentils et de méchants. Thierry MARX, qui dirige L'UMIH, le syndicat des restaurateurs hôteliers, disait à juste titre : ce n'est pas une honte que de dire, je vais prendre ma pâte feuilletée chez un artisan à côté ou un pâté artisanal à côté, parce qu'il est mieux fait que je ne saurais le faire. Mais juste, indiquez-le. C'est juste une question de transparence vis-à-vis du client et la transparence c'est bon pour tout le monde, c'est bon pour les consommateurs, c'est bon pour les restaurateurs qui jouent le jeu.
AMANDINE BEGOT
Mais alors, pour qu'on comprenne bien, si je prends par exemple des cuisses de canard congelées, et que je fais ma sauce…
OLIVIA GREGOIRE
Oui madame.
AMANDINE BEGOT
C'est du fait maison ou pas ?
OLIVIA GREGOIRE
Oui madame.
AMANDINE BEGOT
Oui, ça c'est du fait maison ?
OLIVIA GREGOIRE
Très bonne question.
AMANDINE BEGOT
Oui ?
OLIVIA GREGOIRE
Très bonne question. Pourquoi ? Parce que le surgelé est un sujet. On est bourré de clichés sur ces sujets d'alimentation. Vous prenez par exemple des fruits de mer, c'est difficile à transporter les fruits de mer, donc c'est souvent congelé. Est-ce à dire que le produit brut est transformé parce qu'il est congelé ? Non. Si vous prenez des crevettes congelées, et que vous faites votre sauce dans votre restaurant, le plat est préparé sur place, même si le produit brut a été congelé.
AMANDINE BEGOT
Et alors, si je prends des légumes par exemple congelés, déjà épluchés, mais que je les cuisine, ça ?
OLIVIA GREGOIRE
Alors, si vous prenez, par exemple, ou une paella toute prête, déjà transformée…
AMANDINE BEGOT
Non mais la paella toute prête, ça je comprends bien qu'elle n'est pas faite maison, mais par exemple, je ne sais pas, des légumes en grosse quantité, qui sont donc congelés et par exemple déjà épluchés et coupés ?
OLIVIA GREGOIRE
Epluché, coupé, ça n'est pas assaisonné…
AMANDINE BEGOT
Ça n'est plus fait maison.
OLIVIA GREGOIRE
Si, c'est encore du produit brut, et les saisonnalités, la saison fait que parfois vous ne pouvez pas avoir des tartes aux fraises au mois de novembre, et donc il est de bon aloi d'utiliser parfois des fraises surgelées. Mais la tarte, elle est faite par le restaurateur. En revanche, un hachis parmentier, une paella, pardonnez les auditeurs à 07h46, je leur fais le menu du déjeuner…
AMANDINE BEGOT
Eh bien ça n'est pas mal.
OLIVIA GREGOIRE
Mais quand le plat est totalement transformé, il faudra l'indiquer.
AMANDINE BEGOT
Et avec des sanctions pour ceux qui ne respectent pas les règles ou pas ?
OLIVIA GREGOIRE
Oui, mais d'abord et avant tout de la valorisation. On a la sanction souvent facile et le mot encore plus, moi mon objet c'est de valoriser plus de 175 000 restaurateurs qui font un boulot incroyable, qui pour certains se décarcassent, pour apporter rapport qualité prix et des bons petits plats aux gens. Dans notre pays on a beaucoup de chance, on y mange très bien. L'objectif c'est vraiment de les valoriser, et puis c'est souvent l'occasion aussi, s'il y a des filous, de sanctionner s'il le faut. Après, on ne va pas créer des nouvelles sanctions, on a ce qu'il faut en France en sanctions, ce serait, si jamais vous proposez un plat qui n'est pas indiqué comme étant préparé sur place et donc vous mentez aux consommateurs, c'est ce qu'on appelle une pratique commerciale trompeuse, et on a déjà un arsenal législatif pour ça. Mais l'objectif un, c'est de valoriser des restaurateurs qui jouent le jeu.
AMANDINE BEGOT
Alors, venons-en au prix et à l'inflation des produits alimentaires. Vous me disiez, juste avant la pub : " les prix n'augmentent plus ". Je me suis " amusée ", entre guillemets, parce que ce n'est pas drôle, à comparer mes tickets de caisse. J'ai pris mes courses du 15 août et celles du 15 octobre. Effectivement, il y a beaucoup de produits dont le prix ne bouge plus, mais il y en a quand même un certain nombre qui augmentent. Je vous donne deux exemples : le pack de 6 bouteilles de lait, complètement basique, + 8,5 %. Les croquettes pour chiens, + 28% en 2 mois.
OLIVIA GREGOIRE
Alors là, je ne vais pas vous faire l'impertinence de vous demander, ça n'est pas ma mission, où vous faites vos courses…
AMANDINE BEGOT
Mais c'est dans le même magasin.
OLIVIA GREGOIRE
J'ai un énorme problème sur vos croquettes pour chiens.
AMANDINE BEGOT
Parce que ?
OLIVIA GREGOIRE
Parce que la composition même des croquettes, maïs, blé, betterave et riz. Sur ces quatre matières premières, vous en avez trois qui baissent, dont deux qui baissent massivement. Le blé tendre baisse de 33%, le tournesol de 44%, le maïs de 40 %. Donc…
AMANDINE BEGOT
Donc mes croquettes, elles ne devraient pas augmenter de 28% en 2 mois.
OLIVIA GREGOIRE
Eh bien non, et ce que je vous propose, et si vous l'acceptez, c'est qu'on se revoit, parce que c'est l'objet aussi de ces renégociations commerciales que je vais porter au Sénat tout à l'heure, on cherche à avancer les baisses de prix, à l'aune des matières premières qui baissent, je viens de vous le dire, et les croquettes pour chiens sont en exemple assez symbolique de prix qui vont devoir baisser très fortement. Donc le + 28 n'est pas normal.
AMANDINE BEGOT
Mais, les dernières renégociations, Olivia GREGOIRE, elles datent du mois de mars, on est d'accord…
OLIVIA GREGOIRE
Tout à fait.
AMANDINE BEGOT
Pourquoi mes prix ils augmentent entre août et octobre ?
OLIVIA GREGOIRE
Parce qu'il y a eu des fluctuations de matières, très certainement, sur le lait ou sur une partie de l'emballage, du plastique possiblement, mais ce qu'il y a de certain, c'est que sur les croquettes pour chiens, c'est une certitude, et je prends le pari et vous me réinvitez quand vous voulez, les prix vont baisser, et + 28% ça n'est pas entendable.
AMANDINE BEGOT
Les prix vont baisser, mais tous les des acteurs, que ce soit les industriels ou la grande distribution, nous disent : non, même si on avance les négociations, là ça ne va pas baisser, tout ce qu'on nous propose ce sont des hausses.
OLIVIA GREGOIRE
Alors, déjà je veux donner quelques chiffres aux auditeurs, parce que nous on parle de ça, comme si c'était connu, mais plein de gens ne savent pas. Les négociations commerciales dans notre pays, depuis 10 ans, et François LENGLET l'a dit, ça a été beaucoup repris en termes de loi, elles se déroulent du 1e décembre au 1e mars. Et donc, ce que nous cherchons à faire, c'est avancer l'atterrissage des renégociations commerciales, pour l'amener au 15 janvier et non pas au 1e mars. Gagner ainsi 6 semaines. 6 semaines pour aller chercher, je reprends l'expression des distributeurs, Amandine BEGOT, chercher des baisses de prix. On a des prix de matières premières agricoles, le blé, le tournesol, le maïs, mais aussi le gaz ou l'électricité, qui ne sont pas au même niveau que l'an passé et qui pour certains ont chuté sur les matières premières agricoles. En moyenne, je vous donne ce chiffre, les prix à la production agricole ont baissé de 7% en un an. Donc on a beaucoup de matières premières, pas toutes, attention, j'ai un discours nuancé, le sucre augmente le cacao augmente, pas le blé, pas le tournesol, pas le soja.
AMANDINE BEGOT
Mais ils disent : les salaires ont augmenté, le prix de de l'emballage a augmenté…
OLIVIA GREGOIRE
Non mais attendez, j'entends ce qu'ils disent, mais ce n'est pas inintéressant d'écouter ce que dit aussi la ministre là-dessus. Moi, je ne suis pas partie prenante, je suis ministre, je ne suis pas là, là non plus, pour dire il y a des gentils, il y a des méchants. Moi je vois quoi ? Des baisses de cours de matières premières. Je vois quoi, depuis 10 ans, quand les prix de production agricole baissent, les prix en rayons baissent. Les faits sont têtus. Ce sont des études que je tiens à disposition. J'entends aussi…
AMANDINE BEGOT
Donc si les prix ne baissent pas, ça veut dire que certains ne jouent pas le jeu.
OLIVIA GREGOIRE
J'entends, mais…
AMANDINE BEGOT
Non mais pour être assez clair.
OLIVIA GREGOIRE
Mais, ça veut dire qu'ils ne transforment pas l'essai et que le jeu n'est pas joué. Moi je veux être très clair aussi et je ne vais pas prendre trop de temps. Je tiens à la disposition de tous ceux qui le souhaitent, une notice bibliographique extrêmement détaillée, des déclarations de tous les distributeurs de ce pays, au mois de septembre, au mois d'octobre, même cet été, demandant au gouvernement et aux députés et aux sénateurs, de grâce, de les laisser renégocier, parce qu'ils étaient capables, avec ses mots mêmes, d'aller chercher des baisses de prix, ça n'est pas moi qui ai inventé les déclarations de Michel-Edouard LECLERC, de Thierry COTILLARD, de Dominique SCHELCHER, même de la fédération qui regroupe. Donc on a entendu avec Bruno LE MAIRE, et dès la fin août on les a reçus, on en a discuté.
AMANDINE BEGOT
Donc vous leur dites quoi ? " Faites votre job " ? Là en fait, c'est ça.
OLIVIA GREGOIRE
Non, non. On leur dit : attendez, un peu de cohérence et beaucoup de responsabilités. Nous faisons, en avançant les renégociations, strictement ce que vous nous avez demandé. Et nous savons que vous êtes des acteurs responsables et que vous allez aller chercher des baisses de prix. J'indique aussi qu'on est au début en réalité des négociations, les tarifs viennent d'arriver. On a maintenant deux mois et demi pour les négociations. En entrée de négociations, on démarre rarement avec des baisses, il y a toujours un jeu de la négociation. Ce qui compte, ce n'est pas la ligne de départ, c'est la ligne d'arrivée. C'est comme un 110 mètres haies, donc laissons la négociation se faire. Nous avons des faits étayés, nous avons des prix de matières premières agricoles en baisses. Je ne dis pas que tous les prix vont baisser, je dis que certains vont baisser, que les distributeurs - tous unanimement - nous ont demandé " laissez-nous renégocier, vous nous en empêchez avec la loi ". Et imaginez une seule seconde, Amandine BEGOT, ce qu'on aurait dit du gouvernement si nous n'avions rien entendu de la demande des distributeurs, si nous avions passé notre chemin avec Bruno LE MAIRE, on aurait dit quoi ? Qu'on est hors sol, qu'on n'écoute pas les acteurs ? On a entendu, on crée cette possibilité, on leur donne un nouveau cadre ; qu'ils jouent le jeu et qu'ils transforment l'essai.
AMANDINE BEGOT
Si les prix ne baissent pas en janvier-février, ce sera à cause de la grande distribution ?
OLIVIA GREGOIRE
Il y aura des prix qui baissent. Je ne suis pas juge, je suis ministre. Nous avons des acteurs qui sont responsables, nous avons tout sur la table pour aller chercher des baisses de prix. C'est la mission des distributeurs, la mission des industriels, et vous savez, pour terminer, ils ont aussi leurs soucis et j'en suis fort consciente. Quand vous avez moins 4% en volume dans vos ventes dans la grande distribution, qui est un modèle économique fondé sur le volume, ça vous crée aussi un sacré problème. Donc ils vont aller chercher des baisses, j'ai confiance en eux et, de grâce, de la cohérence. Nous faisons strictement ce qui a été demandé par les acteurs pour leur donner de la souplesse.
AMANDINE BEGOT
Merci beaucoup Madame la Ministre.
OLIVIA GREGOIRE
Merci à vous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 26 octobre 2023