Interview de Mme Olivia Grégoire, ministre déléguée, chargée des petites et moyennes entreprises, du commerce, de l’artisanat et du tourisme, à France Bleu pays de Savoie le 27 octobre 2023, sur les stations de sport d'hiver et la transition écologique.

Prononcé le

Intervenant(s) : 
  • Olivia Grégoire - Ministre déléguée, chargée des petites et moyennes entreprises, du commerce, de l’artisanat et du tourisme

Média : France Bleu

Texte intégral

BLEUETTE DUPIN
Bonjour Olivia GREGOIRE.

OLIVIA GREGOIRE, MINISTRE DELEGUEE CHARGEE DES PETITES ET MOYENNES ENTREPRISES, DU COMMERCE, DE L'ARTISANAT ET DU TOURISME
Bonjour et merci de m'inviter.

BLEUETTE DUPIN
La montagne se réchauffe deux fois plus vite que la plaine, c'est le constat scientifique. Le tout ski, c'est fini, on le sait. Il faut changer nos pratiques. La question, c'est " À quelle vitesse ? " Je voudrais d'abord qu'on entende un Auditeur, Geoffrey MESTRE, il est du collectif des jeunes de La Clusaz, lui-même moniteur de ski.

(…)

BLEUETTE DUPIN
Quand vous dites " Financer ", Olivia GREGOIRE, quand vous dites : " On va continuer à financer la transition ", ça veut dire que l'Etat va continuer à financer quoi ? Du transport ? Des logements ?

OLIVIA GREGOIRE
Je vais vous donner des exemples très concrets. Je vais vous donner des exemples très concrets. Déjà, je vais quand même rappeler, cher Geoffrey, parce que j'en parlais aussi hier soir, qu'on n'a jamais lâché, notamment pendant le Covid, les acteurs économiques du ski. Pour ce qui est, par exemple, des remontées mécaniques qui ont été arrêtées, qui ont eu des pertes d'exploitation, mesurez un peu, il faut que vos auditeurs entendent ce chiffre. Ça a été 600 millions d'Euros d'investissement de l'Etat pour les remontées mécaniques pendant les années Covid, donc on n'a pas lâché, en plus des 330 millions d'Euros sur l'avenir de la montagne. Donc c'est quasiment un milliard d'Euros ces deux dernières années qui ont été développés pour accompagner à la fois l'activité économique ski, mais aussi la transition. " Qu'est-ce qu'on met dans le financement ? ", c'est votre question. Typiquement, dans le financement, et je vais vous donner des exemples très concrets du plan Avenir Montagne en Haute Savoie. Il y a une vingtaine de projets qui ont été subventionnés pour un montant supérieur à 5 millions d'Euros, avec des réalisations très concrètes qui permettent, par exemple, effectivement d'améliorer la chaîne de transport domicile-travail au bénéfice du renforcement du transport public. On a aussi des projets qui ont été soutenus dans les villes de Cluses-Arve, de Contamines-Montjoie, du Grand Annecy, de la Vallée du Tonne. On a aussi dans les villes de Saint-Gervais-les-Bains et de La Clusaz, notamment, un appel à projets, dans tout France, sur la réhabilitation de l'immobilier de loisir. Les villes de Saint-Gervais et La Clusaz ont bénéficié, parce qu'elles ont candidaté et qu'elles ont été lauréats… lauréates, pardon. Elles ont bénéficié de 100 000 € avec un accompagnement aux projets pour pouvoir mener des études.

BLEUETTE DUPIN
Alors ça, je comprends bien. Je comprends bien, c'est de l'argent.

OLIVIA GREGOIRE
Ben oui, ça, c'est du financement très concret.

BLEUETTE DUPIN
C'est de l'argent, mais dans les actions, il y a des demandes aussi. Des habitants qui n'arrivent plus à se loger dans les stations de montagne et qui disent…

OLIVIA GREGOIRE
Oui, mais ce n'était pas votre question. Votre question, c'est " Qu'est-ce qu'on fait avec le financement ? " Moi, j'ai à coeur de dire à vos auditeurs : " On finance des infrastructures ". Alors il y a un autre sujet qui est le logement. Allons-y.

BLEUETTE DUPIN
Sur le logement, effectivement, est-ce qu'il faut un moratoire sur les résidences de tourisme des stations ? Et est-ce qu'il faut plutôt encourager la transformation de tout ce qui est habitat touristique en habitat permanent ?

OLIVIA GREGOIRE
Ecoutez. D'abord, il faut d'abord et avant tout considérer que le problème du logement n'est pas du tout le même sur l'ensemble du territoire.

BLEUETTE DUPIN
Absolument.

OLIVIA GREGOIRE
Et tout le monde le sait, je suis obligée de le dire.

BLEUETTE DUPIN
C'est très spécifique. C'est très spécifique.

OLIVIA GREGOIRE
Oui, puis il faut dire la vérité, les gens sont intelligents. Moi, je suis la ministre du Tourisme. Quand on parle d'hébergement touristique à Saint-Malo, à Biarritz, ou dans la Creuse, ou dans la Lozère, ou à la Montagne, les élus, les habitants n'ont pas du tout le même avis. Certains veulent absolument garder des logements touristiques parce que ça permet de faire venir des gens dans leurs communes qui ne sont pas touristiques ; et d'autres n'arrivent plus à loger leurs saisonniers, ce qui est un problème à la montagne, et même leurs habitants, parce qu'il y a trop de résidences secondaires et trop de logements touristiques.

BLEUETTE DUPIN
Donc ça veut dire du cas par cas ? On ne peut pas avoir une politique nationale ?

OLIVIA GREGOIRE
Ça veut dire créer un cadre… Si, on peut. C'est d'ailleurs ce qui est porté notamment par les députés. Il y a un cadre national, qui est posé et qui est discuté pendant le projet de loi de finances, qui consiste déjà à diminuer l'avantage fiscal sur les locations meublées touristiques qui était… L'avantage fiscal, quand même, allait jusqu'à 71 % de défiscalisation quand vous mettiez un appartement à louer sur AIRBNB. Les députés s'en sont préoccupés, ça fait des mois, et les députés de tous les territoires, je veux le dire ; notamment les députés d'ici, je pense à Xavier ROSEREN qui était dans ce groupe de travail depuis un an. Donc il a été décidé de diminuer un peu l'avantage fiscal pour le ramener à 50% pour que ce soit moins attractif de mettre systématiquement ces logements en location. On va voir comment ça se déploie sur le territoire dans les mois qui viennent. On va voir si cette, entre guillemets, expérimentation de diminution de l'avantage fiscal permet de remettre des locations un peu de longue durée sur le marché immobilier à destination des habitants et des saisonniers. Et si jamais ça fonctionne, on continuera. Si ça ne fonctionne pas, on reprendra le crayon au projet de loi de finances dans les mois qui viennent pour pouvoir trouver une meilleure solution. Mais à cette heure, on a trouvé un cadre, une solution, un équilibre qui n'a pas été facile à trouver, et qui crée des insatisfactions, j'en suis bien consciente, mais on garde quand même un avantage fiscal sur une location meublée qui est du 50% qui est donc existant, bel et bien, mais on le diminue pour aussi faire en sorte qu'on remette des logements en location. J'ajoute que l'Etat accompagne aussi, et je ne veux pas être trop longue, mais l'Etat accompagne aussi les communes dans des rénovations, dans des acquisitions d'anciens immeubles, d'anciennes maisons, acquisitions d'immobiliers pour les réhabiliter, pour les transformer aussi en logements de longue durée et en logements pour accueillir des saisonniers. Donc on est en train de s'attaquer au problème. Je ne dis pas qu'il y a forcément une solution parfaite pour tout le territoire, mais on s'y attaque, et on s'y attaque avec les députés. On va voir comment ça se déroule dans les mois qui viennent.

JOURNALISTE
7 h 54. La ministre du Tourisme est à Chamonix, Olivia GREGOIRE. Vous l'avez entendue. Faut-il arrêter de construire des nouvelles résidences et miser uniquement sur la rénovation des bâtiments existants, les lits froids ? À vous de nous le dire aussi. Vous nous appelez au 08 06 00 10 10.

BLEUETTE DUPIN
Il y a une question de Jean-Luc BOCH hier, le président de l'Association nationale des maires de stations de montagne, concernant les trains de nuit. Alors je sais bien que ce n'est pas votre compétence, vous êtes ministre du Tourisme, mais est-ce que vous travaillez avec le ministre des Transports pour la remise en place des trains de nuit Paris-Saint-Gervais, Paris-Bourg-Saint-Maurice ?

OLIVIA GREGOIRE
Je travaille évidemment avec le ministre des Transports. Pourquoi ? Parce que (et c'est ce que disait Jean-Luc BOCH hier soir, et il a raison) : parler tourisme, sans parler des transports, c'est un peu une hérésie. Donc évidemment, on échange. Et pas plus tard qu'hier, pour tout vous dire, (LE MAIRE le sait), j'ai appelé Clément BEAUNE pour savoir où nous en étions du calendrier avec SNCF Réseau, pour être précis sur le train de la Vallée de l'Arve. Donc évidemment, on travaille ensemble. Pour ce qui est du train de nuit Saint-Gervais qui a été arrêté, je crois, en 2016 ; effectivement, ça fait partie de mes préoccupations et des sujets que je pousse auprès de Clément BEAUNE qui est conscient du sujet. Je ne vous cache pas que le Président de la République aussi, parce qu'il connaît cette région et qu'il l'apprécie. Et je pense que la volonté politique est réelle et qu'on va accélérer, je l'espère, le retour du train de nuit Paris - Saint-Gervais – Paris parce que c'est indispensable bien sûr, de travailler sur peut-être la taxation de l'aérien, comme le fait Clément BEAUNE, la taxation des autoroutes, comme on le fait pendant ce projet de loi de finances. Mais aussi, il ne suffit pas de taxer les transports qui utilisent des énergies fossiles, il faut aussi plus développer et promouvoir le ferroviaire. Et comptez sur moi pour le dire et le redire à Clément BEAUNE, mais je ne vous cache pas qu'il en est parfaitement conscient. Il faut mesurer aussi l'investissement que fait ce Gouvernement dans le ferroviaire. Le ferroviaire, ça coûte très cher. Ce n'est pas pour rien que vous avez des acteurs publics et pas que des acteurs privés. Et je vous rappelle que la Première ministre, avec Clément BEAUNE, a annoncé 100 milliards d'investissements sur la décennie pour le ferroviaire. On ne peut pas imaginer que sur cet investissement massif, le Paris-Saint-Gervais ne revienne pas dans les montagnes.

BLEUETTE DUPIN
La ministre déléguée en charge des PME, de l'Artisanat et du Tourisme, Olivia GREGOIRE, invitée ce matin sur France Bleu Pays de Savoie. Merci à vous. Belle journée.

OLIVIA GREGOIRE
Merci à vous et très belle journée.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 8 novembre 2023