Déclaration de M. Bruno Le Maire, ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique, sur le pacte de stabilité et de croissance, l'inflation et l'union des marchés de capitaux, à Bruxelles le 9 novembre 2023.

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  • Bruno Le Maire - Ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique

Circonstance : Arrivée au Conseil "Affaires économiques et financières"

Texte intégral

M. Bruno Le Maire : Bonjour à tous, je suis très heureux de vous retrouver à Bruxelles. L'enjeu principal de notre discussion aujourd'hui, c'est le pacte de stabilité et de croissance. Nous souhaitons parvenir à un accord sur les nouvelles règles du pacte de stabilité et de croissance d'ici la fin de l'année 2023. L'Union européenne a besoin de ces nouvelles règles. Les anciennes règles sont dépassées, elles sont obsolètes. Nous en avons besoin pour avancer, pour financer nos investissements, pour garantir la stabilité financière de l'Europe, de nouvelles règles et d'un nouveau pacte de stabilité et de croissance. Un accord est possible et cet accord doit intervenir avant la fin de l'année 2023 pour nous permettre ensuite de développer nos activités économiques dans les années et dans les décennies à venir.

Je tiens à saluer le travail qui a été fait par la Présidence espagnole. La Présidence espagnole a fait des propositions qui sont de bonnes propositions constructives, qui sont la base d'un accord présidence espagnole et en particulier la Ministre des Finances, Nadia Calvino a fait un travail remarquable pour rassembler les positions des 27 et essayer de trouver un point de compromis. Nous travaillons aussi très étroitement désormais avec l'Allemagne, avec mon ami Christian Lindner, pour essayer de trouver un accord franco-allemand. Christian Lindner était à Paris en début de semaine. Nous avons eu des discussions approfondies. Nos équipes techniques continuent à travailler de manière très étroite et je me rendrai à Berlin dans les jours qui viennent pour essayer de progresser vers un accord franco-allemand sur ces nouvelles règles du pacte de stabilité et de croissance et les discussions sont positives et constructives entre Christian Lindner et moi sur ces nouvelles règles du pacte de stabilité et de croissance, je crois que notre objectif final doit être de trouver le bon équilibre entre la stabilité financière, elle est indispensable pour les 27 États membres et l'investissement qui est tout aussi indispensable pour que l'Europe reste une grande puissance économique au vingt-et-unième siècle, investissement dans la décarbonisation de notre économie et investissement, évidemment, dans la défense, dans un temps où la guerre est malheureusement de retour sur le sol européen.

Un deuxième mot sur l'inflation. Nous sommes en train de sortir de la crise inflationniste. L'Europe aura réussi en un peu moins de deux ans, à maîtriser l'inflation qui pèse sur nos compatriotes, qui pèse sur les ménages, en particulier les plus modestes d'entre eux. Le succès est à portée de main et nous devons, d'ici 2024, nous rapprocher de la cible inflationniste de l'Union européenne : 2%. C'est la preuve que lorsque les États agissent ensemble de manière coordonnée, ils sont efficaces. C'est la preuve que la politique de la Banque centrale européenne a été appropriée pour maîtriser cette inflation qui, je le redis, est un drame pour des millions de nos compatriotes et c'est la preuve que l'Union européenne progresse puisque je rappelle que dans les années 70, il nous a fallu 10 ans pour maîtriser la crise inflationniste et que cette fois-ci, grâce à une meilleure coordination des politiques économiques, grâce à l'action de la Banque centrale européenne, nous devrions pouvoir en moins de deux ans sortir de cette crise inflationniste.

Enfin, un tout dernier mot sur un sujet qui me tient à cœur, l'union des marchés de capitaux. J'étais à Londres il y a quelques jours pour représenter le président de la République au sommet très utile qu'a organisé le Premier ministre britannique, Rishi Sunak sur l'intelligence artificielle. J'en suis revenu avec la conviction encore plus forte qu'il y a urgence à mettre en place l'Union des marchés de capitaux et que ça doit être l'un des enjeux majeurs de la prochaine Commission et de la prochaine législature européenne. Pourquoi ? Parce que nous faisons face à une révolution technologique majeure, l'intelligence artificielle, il faut que l'Europe ait sa propre intelligence artificielle, qu'elle ait son propre Open AI, qu'elle ait ses propres entreprises, ses propres technologies, ses propres algorithmes, ses propres supercalculateurs. Et que ça va demander des investissements qui se chiffrent en dizaines de milliards d'euros au moins. Ne pourrons faire face à ces investissements que s'il y a une union des marchés de capitaux, il n'y a pas suffisamment d'argent public et pas suffisamment d'argent dans les banques pour financer ces investissements dans les nouvelles technologies, notamment dans l'intelligence artificielle générative. Je voudrais que chacun prenne conscience que cette union des marchés de capitaux n'est pas un sujet technique. C'est un sujet éminemment politique, c'est l'indépendance technologique de l'Europe qui est en jeu. Nous avons besoin de capitaux, nous avons besoin de capitaux massifs et seule l'union des marchés de capitaux nous permettra de relever le défi.


Q : Germany wants an annual average debt reduction for countries about 60% and in a paper last year they put one percentage point as a potential target. And now there is also in the new landing zone something called the safety margin and it is understood that Germany wants that to be deficits below 1%. Are these numbers suitable for France ? Would they require too much structure adjustment ?

M. Bruno Le Maire : You know, I would not be a very good politician if in the middle of a negotiation I would have a discussion with the press on the parameters of the negotiations. So we are working very hard with Christian and with the German team. We are making progress between the German and the French teams, and of course between the two ministers. So we are moving in the right direction, but I won't make any comments on the technical parameters of the negotiation.

Q : Mr Draghi yesterday said it's almost certain that we will have a recession in Europe by year's end with negative quarters one and two next year. Do you share this pessimistic view ?

M. Bruno Le Maire : No.

Q : Qu'est ce qui vous donne la confiance qu'avec ce compromis de l'Espagne un peu plus rigide sur les règles fiscales qu'on aura assez de marges de manœuvre pour investir dans la décarbonisation et dans d'autres secteurs économiques ?

M. Bruno Le Maire : Les règles du pacte de stabilité, à quoi est-ce qu'elles servent ? À garantir la stabilité financière de l'Union européenne. Nous avons besoin de règles et nous avons besoin de règles solides et en tant que ministre des finances français, je défends l'idée d'avoir des règles qui soient des règles crédibles et des règles solides en matière financière. C'est parce que vous aurez de la stabilité financière que vous pourrez investir dans de bonnes conditions, avec des taux d'intérêt qui soient des taux d'intérêt réduits, avec des possibilités d'emprunt qui soient des emprunts importants. La stabilité financière, c'est la clé de tout, y compris des investissements dans l'innovation et dans la décarbonisation qui sont absolument indispensables. Si vous créez de l'instabilité financière avec des règles qui ne marchent pas ou des règles qui ne sont pas crédibles, vous ne pouvez pas investir et vous ne pouvez pas financer la décarbonisation. Donc je considère que la Présidence espagnole a fait un travail remarquable, qu'elle travaille à rapprocher les positions des 27, que nous avançons dans la bonne direction et qu'il y a surtout une vraie prise de conscience de la nécessité absolue de parvenir à un accord d'ici fin 2023. C'est la crédibilité de toute l'Union européenne qui est en jeu. Dans un moment qui est si troublé, où il y a des difficultés économiques que chacun connaît ou des risques géopolitiques qui sont très élevés, nous devons avoir le courage d'adopter d'ici fin 2023 de nouvelles règles pour le pacte de stabilité et de croissance qui soient crédibles, solides et qui nous préservent des marges de manœuvre pour l'investissement.

Q : You said you were going to Berlin to talk with your friend Christian Lindner. Should we treat that as the deadline to get a French German deal on paper ? And then let's assume you don't have one at the end of the year there would be any EDP for a number of countries, including your country. Do you foresee a scenario where your country, the French Economy would be into EDP or is that absolutely not on the table even without a deal ?

M. Bruno Le Maire : First of all, there is no deadline. We are working, it is work in progress. We are discussing on a very regular basis with Christian Lindner and I really want to emphasize that the mood of the discussion is a very positive and constructive one between the two teams and between the two ministers. But there is no deadline, Christian has been to Paris. It has been a very constructive and friendly moment. I will go to Berlin and I'm totally convinced that it will also be a very constructive and friendly moment. If there is a need to follow up on the discussion, we will follow up on the discussions. The key point is to come to a global agreement among the 27 member States by the end of 2023, and what is at stake behind those negotiations is the whole credibility of the European Union, facing academic difficulties, geopolitical risks. There is a need to come to an agreement by the end of 2023. We cannot wait until 2024 with the perspective of the European elections, to come to an agreement. The deadline for me for an agreement on the new rules of the Stability and Growth Pact is the end of 2023".


source https://ue.delegfrance.org, le 10 novembre 2023