Texte intégral
SONIA DEVILLERS
Au surlendemain d'une attaque au cours de laquelle a été tué un touriste allemand et blessés deux autres promeneurs, samedi soir le terrorisme a frappé en plein périmètre sécurisé des Jeux olympiques, sur les quais de Seine, là où se déroulera la cérémonie d'ouverture, et tout près du Champ-de-Mars où auront lieu plusieurs épreuves. Bonjour Amélie OUDEA-CASTERA.
AMELIE OUDEA-CASTERA
Bonjour.
SONIA DEVILLERS
Cette attaque vient raviver les pires craintes, le retour de la menace à Paris, alors que des millions de personnes s'apprêtent à être accueillies dans la capitale, êtes-vous inquiète Madame la ministre ?
AMELIE OUDEA-CASTERA
Ecoutez, la menace terroriste, et notamment la menace islamiste radicale, elle existe, elle est là, elle n'est pas nouvelle, et elle est ni spécifique à la France, ni spécifique aux Jeux, et puis elle est surtout suivie de très près, à la fois par l'ensemble des forces du ministère de l'Intérieur, et même autour du président de la République, comme on l'a fait très récemment en Conseil de Défense, donc on est aujourd'hui lucide sur cette menace et nous mettons tout en ordre pour la réduire au maximum, avec un état de vigilance le plus absolu.
SONIA DEVILLERS
Alors, cette menace n'est pas spécifique, vous avez raison, ni à la France, ni aux Jeux olympiques, mais Frédéric PECHENARD, ancien directeur général de la Police nationale et vice-président de la région Ile-de-France l'a fait remarquer, et dans « Le Figaro », et à France Info, ce qui est spécifique là c'est que la France va accueillir les Jeux olympiques, ça veut dire des millions de visiteurs qui vont traverser Paris et une cérémonie d'ouverture sur les quais de Seine, avec des centaines de milliers de personnes à contrôler et des milliers d'appartements à contrôler.
AMELIE OUDEA-CASTERA
Oui, mais il y a aussi des dispositifs de sécurité qui vont être très rehaussés pendant les Jeux olympiques et paralympiques. Typiquement, l'endroit où s'est passé cet attentat horrible correspond à un périmètre SILT, Sécurité Intérieure et Loi Terrorisme, dans lequel on a la possibilité d'avoir des contrôles extrêmement poussés, des fouilles, des contrôles d'identité, donc ce sont des périmètres qui sont hautement sécurisés. Donc on a, sur la cérémonie d'ouverture, incontestablement un défi sécuritaire tout particulier, extrêmement élevé, on le sait depuis le premier jour, c'est incorporé dans notre préparation qui est sous la houlette du ministre de l'Intérieur, du Préfet de police de Paris, d'une minutie extrême, nous avons toute une série de moyens qui sont prévus, jusqu'à des démineurs, des équipes cynophiles, pour la lutte anti-drones, la lutte antiterroriste, nous sommes équipés sur tout cela, et il y a aussi tout le dispositif autour des périmètres de sécurité que le Préfet de police a évoqué, notamment ce périmètre SILT, mais aussi des périmètres dits rouge et bleu qui vont permettre de sécuriser en profondeur la zone, en même temps qu'on s'est doté, dans la loi olympique de mai dernier, d'outils nouveaux, en matière de vidéosurveillance, en matière de criblage, donc on a la capacité à sécuriser cet événement. Ça ne veut pas dire qu'on n'est pas extrêmement attentif, jour après jour, à l'évolution de la menace et qu'on n'a pas la capacité à avoir un certain nombre de variables d'ajustement.
SONIA DEVILLERS
Est-ce que vous avez un plan B, c'est la question qui monte depuis plusieurs jours, est-ce que vous vous vous réservez la possibilité d'étudier un plan B pour cette cérémonie d'ouverture qui traversera la Seine, et donc qui traversera la capitale ?
AMELIE OUDEA-CASTERA
On n'a pas un plan B, on a un plan A dans lequel il y a plusieurs plans bis, je dirais, c'est-à-dire qu'on a un certain nombre de variables d'ajustement, c'est le cas sur l'artistique, qui ne sera finalisé qu'au printemps, avec des capacité à moduler, à réduire certains pans de cette programmation artistique, on a également en matière de jauge, là aussi, des variables d'ajustement, la jauge sera arrêtée au printemps, on peut la moduler, on a une variable d'ajustement liée au nombre de points de festivité qui seront autorisés autour de la zone et dans Paris, et puis on a, sur la gestion des périmètres de sécurité, là aussi, la possibilité de moduler des choses.
SONIA DEVILLERS
Mais il n'y a pas dans le plan bis…
AMELIE OUDEA-CASTERA
Il y a un périmètre SILT, le Préfet de police a dit qu'il serait ouvert plusieurs jours avant, il peut moduler combien de jours avant, c'est un périmètre SILT qui va inclure l'ensemble des immeubles, c'est très important de le souligner, et le jour J ces périmètres, SILT rouge et bleu, seront ajustés, avec là aussi la capacité de moduler les choses, donc vous voyez qu'on a un certain nombre de leviers.
SONIA DEVILLERS
Donc dans le plan bis, il n'y a pas de…
AMELIE OUDEA-CASTERA
Dans des plans bis, dans des variables…
SONIA DEVILLERS
Dans des plans bis, il n'y a pas de plan qui permettrait de délocaliser cette cérémonie d'ouverture et de la…
AMELIE OUDEA-CASTERA
Ce n'est pas l'hypothèse sur laquelle on travaille.
SONIA DEVILLERS
Ce n'est pas l'hypothèse. Paris sera-t-il en état d'urgence ?
AMELIE OUDEA-CASTERA
Non, Paris ne sera pas en état d'urgence. Le dispositif sur les périmètres de sécurité et de circulation, qui a été décrit par le Préfet de police, c'est un dispositif qui est nécessaire, qui repose sur une base parfaitement légale et qui est proportionné, ça n'a rien à voir avec l'état d'urgence où on reste à domicile avec des contraintes pénales, où c'est appliqué à l'ensemble du pays, là c'est zoné, c'est un dispositif, je le rappelle, qui n'implique un QR code que pour la circulation motorisée dans les seuls périmètres rouges, donc il faut garder raison sur tout ça, raison gardée.
SONIA DEVILLERS
Amélie OUDEA-CASTERA, question sur les transports. Passe d'armes avec Anne HIDALGO, maire de Paris, celle-ci déclare chez « Quotidien » que les transports parisiens ne seraient pas prêts à temps, vous avez répondu sur RTL « s'il faut, eh bien on livrera les Jeux sans elle », moi je vous pose la question, pour les JO de Paris est-ce qu'on peut faire sans la maire de Paris ?
AMELIE OUDEA-CASTERA
Non, moi j'ai toujours dit qu'on était plus fort avec une ville de Paris engagée et à la tâche, etc. On travaille très bien avec les équipes de la ville de Paris et je soulignais simplement, par cette remarque-là, qu'il ne faut pas jouer contre son camp, si certains malheureusement, le font, il faut être plus fort que ça. Mais, aujourd'hui, le sujet c'est de travailler en équipe, que chacun puisse apporter toute son expérience, son expertise à l'équation, et qu'on ait une formidable complémentarité des rôles et des responsabilités de chacun. Sur le sujet des transports, on sera prêt. On a un travail très important à mener pour finaliser les infrastructures, pour boucler les derniers éléments des plans de transport, mais pour le reste il n'y a pas d'alerte et on a surtout des grands patrons dans nos opérateurs de transports, toute une série d'équipes, par milliers, qui sont mobilisées pour être prêts le jour J.
SONIA DEVILLERS
Amélie OUDEA-CASTERA, peut-être une bonne nouvelle, il en faut quand même, la France semble très très bien partie pour organiser les Jeux olympiques d'hiver de 2030. Vous vous réjouissez de ce probable doublé pour la France ?
AMELIE OUDEA-CASTERA
Oui, je pense que c'est une formidable nouvelle pour le sport français, c'est une formidable nouvelle aussi pour nous pousser à penser l'avenir de la montagne, la durabilité des sports d'hiver, leur mise en accessibilité…
SONIA DEVILLERS
Alors c'est toute la question quand même !
AMELIE OUDEA-CASTERA
Et c'est aussi une nouvelle importante pour le rayonnement de la France.
SONIA DEVILLERS
Alors c'est toute la question quand même, la durabilité de la montagne, c'est-à-dire que, organiser des Jeux olympiques d'hiver pile au moment, en plein réchauffement climatique, pile au moment où la montagne cherche à sortir de la dépendance aux sports d'hiver, est-ce qu'il n'y a pas là quelque chose de contradictoire ?
AMELIE OUDEA-CASTERA
Non, elle cherche à sortir de la dépendance aux sports d'hiver ; oui, dans une logique de diversification touristique, qu'on a d'ailleurs encouragée avec le plan montagne de 2021, etc., mais ça ne veut pas dire se priver des sports d'hiver, au contraire, les sports d'hiver on doit repenser leur avenir, aujourd'hui on est face à un changement climatique extraordinairement pressant, on est là aussi lucide sur ce plan-là, ce n'est pas les Jeux qui vont les aggraver, les Jeux peuvent nous aider à innover et à penser, bâtir aussi des coalitions européennes, internationales, pour mieux traiter ces enjeux à l'avenir.
SONIA DEVILLERS
Madame la ministre, samedi soir, autre drame en France, autre homicide avant le match FC Nantes-OGC Nice. A Nantes les supporteurs de Nice étaient transportés par des chauffeurs VTC, ils ont été pris à partie par des ultras nantais, la séquence a été d'une violence absolument effarante, apparemment 300 hommes cagoulés, une horde, c'est finalement l'un d'entre eux, un Nantais, qui sera poignardé à mort. Qu'est-ce que vous en tirez comme conséquences ?
AMELIE OUDEA-CASTERA
Ecoutez, moi je, enfin je vais vous répondre avec à la fois prudence et sincérité. Prudence, parce qu'il faut maintenant que le procureur établisse les faits jusqu'au bout et qu'on comprenne exactement ce qui s'est passé, et je vais vous répondre avec sincérité, avec même inquiétude, je pense qu'on ne peut pas continuer comme ça dans le foot. J'ai échangé longuement avec Vincent LABRUNE, le patron de la Ligue de foot, hier, il partage mon désarroi. Alors, en même temps, il faut être lucide, là aussi, sur le fait que ce n'est pas spécifique à la France, on a vu il y a dix jours ce qui s'est passé à Francfort, par exemple, avec 50 policiers qui ont été blessés, il y a des problèmes régulièrement…
SONIA DEVILLERS
Mais c'est tous les week-ends.
AMELIE OUDEA-CASTERA
Mais c'est juste pas possible de continuer comme ça. Donc il faut une initiative globale, une réponse globale, et à situation radicale, mesures radicales.
SONIA DEVILLERS
Comme quoi, par exemple, cesser d'acheminer des supporters du camp adverse dans la ville où a lieu le match ?
AMELIE OUDEA-CASTERA
Oui, je pense que là, oui, je pense que quand le match, en tout cas quand il présente un risque, oui, je pense qu'il faut… là, pour l'instant, s'arrêter sur les déplacements de supporters, je pense que c'est incontournable d'avoir un temps de retour à une situation de moindre violence, c'est juste pas possible qu'on ait des forces de l'ordre qui soient à ce point sursollicitées, des biens détruits, des bus caillassés, des personnes blessées, maintenant à mort, basta, ça suffit, ça suffit. Donc on va prendre l'initiative, avec le ministre de l'Intérieur, avec le garde des Sceaux, avec la Ligue de foot professionnel, avec la Fédération, avec l'ensemble des clubs, il faut une réponse globale et extraordinairement déterminée.
SONIA DEVILLERS
Merci Amélie OUDEA-CASTERA.
AMELIE OUDEA-CASTERA
Merci à vous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 5 décembre 2023