Texte intégral
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il est 8h35, bonjour à toutes et à tous, merci d'être avec nous, les Français veulent savoir, ce matin parlons vrai avec Prisca THEVENOT, qui est ministre déléguée chargée du Renouveau démocratique et porte-parole du Gouvernement, Prisca THEVENOT bonjour.
PRISCA THEVENOT
Bonjour Jean-Jacques BOURDIN.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Merci d'être avec nous. Nous allons partir tout de suite pour Bruxelles, Emmanuel MACRON est à Bruxelles aujourd'hui, sommet européen, rencontre avec Ursula VON DER LEYEN, c'est prévu cette rencontre ?
PRISCA THEVENOT
Oui, oui, tout à fait.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est prévu, évidemment ils vont parler tout deux du Mercosur, de ce fameux accord, enfin, il n'y a pas encore accord, entre l'Union européenne et les pays d'Amérique Latine, quatre pays qui sont concernés, je le rappelle, le Brésil, l'Argentine, l'Uruguay et le Paraguay. La France souhaite-t-elle, Prisca THEVENOT, renégocier l'accord pour lui insérer des clauses environnementales et sociales ?
PRISCA THEVENOT
La France souhaite en effet continuer, avec la voix forte et déterminée du président de la République Emmanuel MACRON, continuer à défendre l'exception agricole française, et pour cela, effectivement, nous devons être capables de dire que nous ne pouvons pas accepter des normes qui viendraient s'imposer à nous alors qu'elles ne correspondent pas à nos ambitions environnementales et sanitaires, et en l'état le traité du Mercosur, ça a été rappelé par le président de la République, ça a été rappelé par le Premier ministre, mais également, si je ne m'abuse, par mon collègue Marc FESNEAU à votre micro, ne permet pas de garantir tout cela. Donc l'enjeu c'est de continuer à travailler, et je dois le dire aussi assez simplement, c'est que jusqu'à présent on en parlait très peu, mais c'est vrai que l'un des seuls qui s'est levé, qui a exprimé sa voix, de façon extrêmement claire et déterminée, c'est le président de la République Emmanuel MACRON, et donc ça a aussi nous devons pouvoir le reconnaître. Ce n'est pas toujours évident de se lever autour d'une table et de dire "je ne suis pas d'accord avec les conditions en l'état".
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien. Il y a trois, quatre pays en Europe qui suivent la France aujourd'hui…
PRISCA THEVENOT
Tout à fait.
JEAN-JACQUES BOURDIN
L'Autriche, l'Irlande, par exemple, sont des pays, même les Pays-Bas, qui se posent des questions sur cet accord, il y a d'autres pays qui poussent cet accord, l'Allemagne, l'Espagne, qui poussent l'accord Mercosur, mais je vous repose la question, est-ce que la France pourrait renégocier l'accord pour lui insérer, accepterait de renégocier l'accord pour lui insérer des clauses environnementales et sociales ?
PRISCA THEVENOT
Exactement, les termes de renégociation, je ne les ai pas dans le détail, et je ne vais pas commencer…
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est ce qui se joue Prisca THEVENOT ?
PRISCA THEVENOT
Ce qui se joue, je pense…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Parce que la France, la France peut-elle jusqu'au bout dire "non" à tout le reste de l'Europe ?
PRISCA THEVENOT
Il ne s'agit pas de dire un "non" borné et buté, il s'agit de défendre, encore une fois, et je pense qu'il y a une belle différence, notre particularité et notre exception agricole, maintenant, soyons clairs aussi, nous ne sommes pas une île au milieu de l'océan, nous avons besoin de partenaires stratégiques, mais je dis bien de partenaires stratégiques, et donc il faut que nous soyons dans une démarche d'égal à égal et que nous ne mettions pas en danger ces femmes et ces hommes qui nous nourrissent au quotidien et qui permettent de faire vivre cette fierté française. Donc encore une fois, tout doit pouvoir être regardé, tout doit pouvoir être regardé sans renier nos ambitions environnementales et sanitaires.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui Prisca THEVENOT, mais est-ce que la France, au bout du compte, s'il n'y a pas d'évolution, est-ce que la France continuera à dire non ?
PRISCA THEVENOT
Jean-Jacques BOURDIN, je veux bien qu'on fasse ici du débat science-fiction…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ce n'est pas science-fiction Prisca THEVENOT, c'est parce que vous savez bien que dans l'esprit de beaucoup il y a doute…
PRISCA THEVENOT
Mais bien sûr, je l'entends.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il y a doute sur la position française. Beaucoup disent, "à la fin, au bout, le président de la République, la France cédera, et la France ratifiera le Mercosur".
PRISCA THEVENOT
Non, alors… je vais le dire vraiment très simplement, il n'y a aucun doute, aucun doute à avoir, sur la volonté, qui est celle du président de la République, de continuer à défendre l'exception agricole française, et pour prouver cela, je dois le dire, qu'aujourd'hui effectivement nous en parlons beaucoup dans les médias, mais pardon, nous avons beaucoup agi depuis 2017, effectivement dans un silence médiatique assourdissant, mais nous avons beaucoup fait sur ce sujet.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais ça fait 20 ans qu'on parle de ces accords Mercosur !
PRISCA THEVENOT
Oui, mais pardon, il y a 20 ans, voilà ! par contre, en revanche, nous on est aux responsabilités depuis 2017, et depuis 2017 nous agissons pour cette exception agricole française. Avant 2017, la loi qui prévalait, c'était la loi LME, qui donnait les pleins pouvoirs à la grande distribution, nous avons mis fin à cette concurrence absolument déloyale à l'endroit de nos agriculteurs avec les lois EGalim, nous avons aussi mis en place l'assurance récolte, qui permet de se prémunir contre les aléas climatiques, tout ça c'est du concret, c'est du réel, pour justement dire aux personnes qui nous écoutent de ne pas douter, le président de la République continuera à faire ce qu'il fait depuis 2017, c'est-à-dire défendre les intérêts des Français et donc forcément des agriculteurs.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors, les importations ukrainiennes, la Commission européenne met en place des mesures de sauvegarde en cas de perturbation importante du marché européen, c'est-à-dire qu'on va continuer à importer d'Ukraine, mais si le marché européen est perturbé par ces importations, on dit "stop", c'est ce qu'a proposé la Commission européenne, apparemment ça va bien à la France. Autre chose. Marc FESNEAU, ministre de l'Agriculture, nous disait hier matin qu'il allait se battre pour les obligations de jachères, 4 % des terres arables, ça c'est dans la PAC, la dernière PAC. Alors, la Commission européenne ne propose qu'une dérogation partielle, là encore, là encore, dérogation partielle. Vous savez ce que ça veut dire dérogation partielle ? Ça veut dire qu'on continue à avoir ces 4 % de jachères, on peut s'en passer à condition de cultiver 7 % de plantes qui fixent l'azote, c'est un peu compliqué tout ça, mais…
PRISCA THEVENOT
Non, c'est très simple en réalité. Là encore, ce que ça veut dire, c'est que, oui, nous faisons en sorte de faire évoluer un certain nombre de normes, de directives, qui soit étaient absurdes dans leur mise en forme, les unes à côté des autres, soit n'étaient pas respectueux de la capacité, la capacité, pour nos agriculteurs, à faire face aux aléas aujourd'hui, environnementaux et européens.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais ce sont des aménagements provisoires, est-ce que vous pensez que cela répond à la colère des agriculteurs, des aménagements provisoires ?
PRISCA THEVENOT
Déjà rappelons que, au-delà d'aménagements provisoires, etc., ce sont des demandes qui sont exprimées par nos agriculteurs, et vous le dites, de façon très claire, alors avec un angle qui est différent, mais, ça approche, ça avance, on y travaille, et c'est ça qui est aujourd'hui important, ce n'est simplement d'être dans la jouxte de mots, mais dans le concret, nous sommes face à des hommes, des femmes, qui travaillent au quotidien leurs terrains, auprès de leurs bêtes, et qui n'ont pas besoin qu'on vienne leur dire tel ou tel mot, qui ont besoin de savoir concrètement si demain leurs demandes seront effectivement possibles…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais, il était facile d'interdire les obligations de jachères en 2024, c'était facile.
PRISCA THEVENOT
Non mais, on peut toujours, je vous le dis franchement, on peut toujours s'amuser…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, c'était bien le cas l'année précédente.
PRISCA THEVENOT
Non, ne me dites pas non, ne me dites pas non… je vous dis qu'il y a une demande qui est exprimée, nous avançons, et nous avançons en conformité au regard des demandes qui nous sont exprimées, et ces demandes elles sont claires, les réponses, elles aussi le sont, et elles avancent depuis la semaine dernière, elles avancent encore cette semaine, et elles continueront à avancer, notamment aujourd'hui, puisque là il est 8h42, mais d'ici quelques minutes, effectivement, les réunions vont commencer au niveau de Bruxelles.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Pourquoi importe-t-on encore des produits qui ne seraient pas commercialisables s'ils étaient français ? Ça, c'est une question de base, simple, toute simple.
PRISCA THEVENOT
Et la réponse doit être aussi toute simple, c'est-à-dire que nous devons simplifier un certain nombre de normes. Nous commençons à le faire au niveau français, mais nous devons aussi le faire au niveau européen, et là je ne suis pas encore en train de vous apprendre quelque chose parce que je vous écoute et je crois que, mon collègue à nouveau, Marc FESNEAU, vous l'a rappelé hier au micro, nous devons continuer à aller sur cela, on doit pouvoir tout regarder, tout regarder, il ne doit pas y avoir de tabou, il ne doit pas y avoir de totem, nous devons continuer à défendre notre exception agricole française. Et c'est vrai, on doit pouvoir faire notre examen de conscience, tous ensemble, sur il y a pu y avoir trop de normes qui ont, au lieu de libérer et protéger, ont étouffé, c'est une réalité.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien, Prisca THEVENOT, 91 personnes interpellées à Rungis hier, il y a encore des gardes à vue ?
PRISCA THEVENOT
Alors je ne sais pas s'il y a encore des gardes à vue à cette heure-là, mais effectivement, hier, il y a eu 91 personnes interpellées hier soir parce qu'elles ont franchi une ligne rouge, c'est celle de rentrer dans des bâtiments privés et de procéder à des dégradations, ce n'est pas revendiquer.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Hier à l'Assemblée nationale vous disiez, à propos de la situation des agriculteurs, "non, ce n'est pas la faute de l'Europe, non, ce n'est pas la faute du Gouvernement, ni même des autres gouvernements", à qui la faute ? À qui la faute ?
PRISCA THEVENOT
Justement, pardon, je vais vous le dire. Est-ce que, aujourd'hui, face à la situation dans laquelle on est, notre enjeu est de perdre du temps à trouver des coupables ou plutôt de trouver des solutions ? Nous devons fondamentalement être dans l'action, et dans l'action ça veut dire trouver des solutions, sinon je pourrais ici m'asseoir en long, en large et en travers, et dire "c'était la faute à l'époque de la gauche", "c'était la faute à l'époque de la droite", non, ça n'intéresse personne, ça ne fait pas avancer les problématiques de ces femmes et ces hommes au quotidien. Donc moi je le dis encore ici, je le disais hier effectivement dans l'hémicycle à l'occasion de la séance de questions au Gouvernement, trouvons aujourd'hui les forces en nous pour nous réunir, avec toutes les forces en présence dans l'hémicycle, pour travailler à répondre à nos agriculteurs.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il y aura de nouvelles annonces de Gabriel ATTAL ?
PRISCA THEVENOT
Il y aura de nouvelles annonces parce qu'il y a encore…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Quand ?
PRISCA THEVENOT
Je n'ai pas de date et de calendrier précis, et loin de moi l'idée de…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il y aura de nouvelles annonces.
PRISCA THEVENOT
Il y aura de nouvelles annonces, on doit continuer à simplifier, mais ce que je veux aussi rappeler, pardonnez-moi, ce que je dois aussi rappeler, non pas simplement pour nous deux, mais pour les gens qui nous écoutent, c'est qu'effectivement il y a un travail très fort qui est fait au niveau européen, il y a un travail très fort qui fait au niveau national, mais il y a aussi un travail très profond qui est fait sur les territoires, parce que les demandes dans l'Eure ne sont pas les mêmes que dans l'Ariège, et on doit pouvoir aussi le regarder précisément, les domaines d'activité ne sont pas les mêmes, les difficultés locales ne sont pas les mêmes, et donc il y a un travail qui est fait avec les préfets, l'ensemble des députés, des élus locaux et bien évidemment, bien évidemment, des agriculteurs.
JEAN-JACQUES BOURDIN
La grève des enseignants aujourd'hui, combien de grévistes, vous avez des chiffres déjà, non ?
PRISCA THEVENOT
Je n'ai pas les chiffres, et pour être très très honnête avec vous, j'étais aussi ce matin, moi, en train de me demander pour mes enfants, parce que j'ai deux enfants scolarisés et donc voilà. Il y a une grève aujourd'hui, qui est annoncée de longue date, soyons aussi honnêtes sur le sujet, maintenant l'enjeu…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, qui a été amplifiée ces derniers temps.
PRISCA THEVENOT
Qui a été amplifiée ces derniers temps, je pense qu'il n'est pas question de venir minimiser, mais non pas non plus d'envenimer, il faut pouvoir entendre les revendications qui sont exprimées, mais aussi regarder ce qui a été fait au cours des dernières années.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors, question, les enseignants seront-ils mieux payés ?
PRISCA THEVENOT
Les enseignants sont déjà mieux payés depuis…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ils sont déjà mieux payés, mais seront-ils encore mieux payés ?
PRISCA THEVENOT
Il faut qu'on continue à travailler, il faut qu'on continue à travailler sur différents domaines.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Seront-ils encore mieux payés ?
PRISCA THEVENOT
Déjà, je continue, parce que plutôt que de dire est-ce qu'ils seront mieux payés, ils le sont déjà, mais on doit pouvoir continuer à travailler sur cela, on doit pouvoir continuer à travailler sur l'attractivité du métier d'enseignant.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc il y aura encore des efforts du Gouvernement sur la question salariale ?
PRISCA THEVENOT
Exactement, quand et combien je ne sais pas
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais il y aura ?
PRISCA THEVENOT
Il devrait.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il devrait. La réforme de la formation des enseignants, quand ?
PRISCA THEVENOT
Je n'ai pas les dates bien précises sur ça, mais en fait, plutôt que de se dire, je pense qu'il est aussi important de rappeler…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, mais elle a été annoncée !
PRISCA THEVENOT
Non mais je le sais, mais encore une fois, pour savoir où on va il faut se rappeler d'où on vient. On vient d'un moment où effectivement nos enseignants ne gagnaient pas bien leur vie, que commencer une carrière d'enseignant c'était, en général, en début de carrière, à 1 700 € net par mois, nous avons fait évoluer cela dès la rentrée dernière. Nous avons fait aussi évoluer la qualité du travail de nos enseignants en réexpliquant que oui, l'autorité au sein d'un établissement scolaire c'était l'autorité du professeur et uniquement du professeur. Ça peut paraître simple et basique comme ça, c'est fondamental et essentiel pour de nombreux enseignants. Donc nous avons fait un certain nombre d'avancées extrêmement importante et est-ce que nous allons continuer ? Oui, nous devons continuer mais regarder aussi l'entièreté des sujets plutôt que de faire simplement de grandes annonces.
JEAN-JACQUES BOURDIN
De nombreux enseignants sont en grève aussi en réaction aux propos d'Amélie OUDEA-CASTERA. Je rappelle simplement, elle a menti en affirmant avoir mis ses enfants dans le privé à cause des absences non remplacées dans le public. Elle s'est excusée. Non-respect de Parcoursup pour l'un de ses enfants. Elle a demandé au Gouvernement – ça, c'est récent – de placer sous contrat une école privée contre l'avis de l'Education nationale. Scolarisation de ses enfants dans des classes non mixtes. Un ministre, une ministre de l'Éducation nationale peut-elle scolariser ses enfants dans des classes non mixtes ? Je vous pose franchement la question.
PRISCA THEVENOT
Vous me posez franchement la question et en fait, la question que vous me posez, c'est celle non pas à la porte-parole que je suis, mais peut-être à la maman que je suis.
JEAN-JACQUES BOURDIN
À la maman. Est-ce que vous le feriez ?
PRISCA THEVENOT
Parce que là en fait, les choix dont vous me parlez, dont vous faites état, ce sont des choix non pas de la ministre de l'Education nationale mais de la mère de famille.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais elle est aussi ministre.
PRISCA THEVENOT
Oui mais vous savez, on est aussi ministre mais on est aussi mère de famille. Donc je ne suis pas en train de venir expliquer, excuser, je suis aussi en train de rappeler qu'effectivement elle a fait du choix en tant que mère de famille. Je ne suis pas là pour juger ses choix.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais vous le feriez ?
PRISCA THEVENOT
Non, je ne le fais puisque mes enfants sont scolarisés dans le public, dans des classes donc mixtes et que j'ai fait toute ma scolarité moi-même dans des classes mixtes. Moi le sujet que j'ai, c'est pour interroger ses choix en tant que maman, le mieux ce n'est pas de demander au porte-parole du Gouvernement…
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est de lui demander.
PRISCA THEVENOT
Mais c'est de lui demander, parce que ce sont ses choix en tant que maman. Pour le reste…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui mais en tant que ministre, quand même Prisca THEVENOT, vous ne pouvez pas éluder la question.
PRISCA THEVENOT
Mais je n'élude pas.
JEAN-JACQUES BOURDIN
En tant que ministre, sera-t-elle crédible – crédible, je répète le mot – crédible sur le remplacement des enseignants, sur l'égalité filles-garçons, sur la mixité ? Franchement.
PRISCA THEVENOT
Mais l'enjeu, c'est peut-être aussi de l'interroger sur ces sujets-là. Moi ce que j'entends aussi beaucoup, c'est qu'on l'interroge sur ses choix en tant que maman qui peuvent être bien évidemment questionnés. Je n'ai pas d'enjeu dessus mais je dis, il serait peut-être temps de parler des sujets de l'Education Nationale, et ensuite chacun pourra se faire son avis. Mais pour le moment, depuis dix jours, on parle de ses choix personnels. Je pense que l'enjeu, c'est de parler aussi de sa capacité à faire avancer et bouger les choses.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous savez bien que l'action du Premier ministre, qui était ministre de l'Education nationale, est plombée par ce qui s'est passé depuis plusieurs semaines, vous le savez bien. D'ailleurs, est-il vrai qu'il a demandé sa démission ? Est-il vrai qu'il voulait s'en séparer ? Vrai ou faux ?
PRISCA THEVENOT
Alors, je n'ai pas cette information et je ne vais pas commencer à inventer ici. Donc je n'ai pas cette information. Ce qui est vrai en revanche, c'est que non, l'action – moi, je le dis – non, l'action de Gabriel ATTAL en tant que ministre de l'Education nationale n'est pas plombée puisque toutes les avancées qu'il a permises dès l'instant où il a été nommé au ministère de l'Education nationale, qui s'inscrivent dans la durée et dans la continuité de ce qui avait été fait par ses prédécesseurs avant lui aussi, sont des réalités de terrain aujourd'hui. Quand on parle de la revalorisation des salaires, quand on parle du choc des savoirs, pardon mais ça se poursuit, ça continue et c'est effectif.
JEAN-JACQUES BOURDIN
À propos, quand est-ce que nous connaîtrons la fin de la composition du Gouvernement, Prisca THEVENOT ?
PRISCA THEVENOT
Je vais vous faire la même réponse qu'à tous : bientôt !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, non, arrêtez !
PRISCA THEVENOT
Oh, mais on a le droit de rigoler. Il est 8 heures 50 !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Rigolez mais soyez sérieuse, juste un moment.
PRISCA THEVENOT
Non mais je n'ai pas la maîtrise de… Blague à part, je n'ai pas la maîtrise de cette information.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Pas de ministre de la Santé, pas de ministre des Transports, pas de ministre du Logement.
PRISCA THEVENOT
Alors attendez. Déjà, on ne peut pas dire qu'il y a des sujets… Non mais là pour le coup, deux secondes, il n'y a pas de sujet en souffrance. Il n'y a pas de sujet en souffrance. Tous les sujets sont effectivement mis sous des gros ministères, mais ça ne veut pas dire que les sujets n'avancent pas. Vous me parlez là, juste à l'instant du logement.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui.
PRISCA THEVENOT
Le logement, sauf erreur de ma part, la semaine dernière l'Assemblée nationale s'est mobilisée pour travailler et faire voter une loi sur la fin des passoires thermiques, sur la capacité d'effectivement travailler sur les copropriétés dégradées, pour permettre aux élus locaux qui sont ces acteurs du quotidien de pouvoir avancer sur ces sujets-là.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais vous ne m'avez pas répondu : quand la composition ?
PRISCA THEVENOT
Mais si, je vous réponds. Non mais je vous réponds sur un sujet qui préoccupe sûrement, et à très juste titre, ceux qui nous écoutent. Oui, les sujets sont travaillés et ils le sont. Je vous donnais l'exemple, par exemple, sur le logement. Pour le reste, oui, d'autres collègues vont nous rejoindre. Ils vont nous rejoindre très prochainement.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Quand ?
PRISCA THEVENOT
Je n'ai pas cette date parce que ça n'a échappé à personne que je ne suis ni présidente de la République, ni Première ministre.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Prisca THEVENOT, vous savez bien qu'il y a une limite.
PRISCA THEVENOT
Oui, et on en parlait juste avant.
JEAN-JACQUES BOURDIN
La limite, c'est le 11 février.
PRISCA THEVENOT
Il y a une limite aussi parce qu'effectivement, il y a des députés, il y a des suppléants…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc, ce sera la semaine prochaine.
PRISCA THEVENOT
Ça sera bientôt.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non mais…
PRISCA THEVENOT
Ça ne sera pas aujourd'hui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça ne sera pas aujourd'hui mais ça sera la semaine prochaine. Bon, mais je ne vais pas m'attarder…
PRISCA THEVENOT
Je ne vais pas inventer une date. On pourrait parler pendant cinq minutes, je ne vais pas inventer une date.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, je ne vais pas m'attarder. J'écoutais le discours de Gabriel ATTAL à l'Assemblée nationale mardi. Alors j'ai compris que les fonctionnaires seraient payés en partie au mérite, c'est ce que j'ai compris. Vous aussi, j'imagine. Et deuxième question, est-il vrai que le Gouvernement prépare la fin des catégories de fonctionnaires ?
PRISCA THEVENOT
Alors, il y a une réforme de la Fonction publique qui est portée et qui est travaillée par Stanislas GUERINI…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, avec la fin des catégories ?
PRISCA THEVENOT
Alors, je n'ai pas le sujet précis de la fin des catégories mais il y a une grosse réforme.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Prisca THEVENOT, avec la fin des catégories ?
PRISCA THEVENOT
Oui Jean-Jacques BOURDIN, je vous le dis. Je n'ai pas le détail sur ce principe-là. Je m'engage à regarder et à revenir vers vous pour que vous puissiez effectivement communiquer sur cette information très rapidement.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Très rapidement. Vous parliez de logements, la loi SRU, les logements intermédiaires dans les 25 % obligatoires de logements sociaux ?
PRISCA THEVENOT
Vous savez, sur toutes les annonces qui ont été faites par le Premier ministre lors de son discours de politique générale sur le logement, ce sont des mesures de bon sens et des mesures qui ont été énormément, énormément remontées par les élus locaux qui gèrent ces sujets au quotidien.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc logements intermédiaires dans les 25 % de logements sociaux.
PRISCA THEVENOT
On doit faire évoluer ce sujet, on doit aussi permettre de donner plus de marge de manœuvre aux maires qui, effectivement, sont souvent à la peine sur ces sujets, alors que ce sont les premières personnes qu'on va voir quand on a un problème de logement. Et donc, nous devons donner de la souplesse et de la facilité sur ces sujets-là, mais également permettre de la mobilité au sein du parc social.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Les patients qui n'honoreront pas leur rendez-vous chez le médecin paieront donc combien ?
PRISCA THEVENOT
Ça, il faut le voir. Mais alors, les annonces ont été faites. Maintenant, il faut pouvoir travailler effectivement à la mise en place de ces annonces et les modalités d'exécution de ces annonces. Mais encore une fois, là, c'est du bon sens. C'est du bon sens.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais oui, mais combien ?
PRISCA THEVENOT
Mais je n'ai pas…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Le prix de la consultation ?
PRISCA THEVENOT
C'est ce que je viens de vous dire. Je viens de vous dire, le cap est donné, les modalités de maintenant doivent être travaillées.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon, sur les fonctionnaires, vous ne savez pas…
PRISCA THEVENOT
Eh bien, arrêtez, je viens de vous répondre. Je viens de vous répondre, vous savez, je pense qu'il y a quelque chose…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous ne savez pas, à la fin des catégories, vous ne savez pas…
PRISCA THEVENOT
Je viens de vous répondre, attendez, qu'on soit clair, qu'on soit clair, quand je préfère vous dire que je reviens vers vous sur ce sujet bien précis plutôt que d'être sur une approximation qui ne sert à rien, à part nous faire plaisir nous deux à nous répondre à des questions.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, ce n'est pas nous faire plaisir…
PRISCA THEVENOT
Donc oui, je…
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est faire plaisir à celles et ceux qui écoutent…
PRISCA THEVENOT
Et ils ont besoin…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ils ont besoin de savoir…
PRISCA THEVENOT
Encore plus aujourd'hui…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ils ont besoin de savoir combien ils vont payer chez le médecin, combien ils vont payer s'ils n'honorent pas leur…
PRISCA THEVENOT
Attendez, vous me parlez des fonctionnaires, après, vous me parlez des médecins, Jean-Jacques BOURDIN…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, mais les deux, le fonctionnaire a besoin de savoir si les catégories sont supprimées…
PRISCA THEVENOT
Et vous avez raison, et ils ont d'autant plus besoin de savoir dans quelle…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Surtout que c'est… vous savez très bien que c'est…
PRISCA THEVENOT
Je vais finir ma phrase…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous savez très bien que c'est en cours, vous savez très bien que la suppression, vous savez très bien que c'est en cours.
PRISCA THEVENOT
Eh bien, ne me posez pas de questions si vous pensez avoir les réponses, mais…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais parce que j'ai envie d'avoir la confirmation…
PRISCA THEVENOT
Je vous le dis, d'autant plus, non, mais je vous le dis d'autant plus que, oui, les personnes qui nous écoutent ont besoin de savoir, mais ont besoin d'avoir une information précise et exacte, d'autant plus à l'endroit où nous avons en ce moment énormément de fake-news, de mauvaises informations qui circulent et qui nuisent, et qui nuisent à la capacité de pouvoir se faire un avis éclairé.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors j'ai une dernière question…
PRISCA THEVENOT
Je vous écoute…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Plusieurs familles de victimes des massacres du Hamas le 7 octobre ont demandé au président de la République d'interdire aux représentants de LFI, La France Insoumise, de prendre part à l'hommage national du mercredi 7 février, mercredi prochain, seront-ils interdits ?
PRISCA THEVENOT
La question, c'est : est-ce que, eux vont-ils avoir l'audace de venir ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais s'ils viennent ?
PRISCA THEVENOT
Ce sont des élus, ce sont des représentants, ce sont des élus et des représentants. Ils peuvent venir. Mais encore une fois, je pense que la question est plutôt dans l'autre sens. Je pense que chacun, vous savez, quand on est des responsables politiques, avant d'être des politiques, on est des responsables, sont-ils en responsabilité ? Sont-ils…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous ne comprendriez pas qu'ils viennent ?
PRISCA THEVENOT
Moi, je ne comprendrais pas. Je ne comprendrais pas qu'ils aient l'audace de venir, je le dis franchement. Après, peuvent-ils expliquer pourquoi ils ont envie de venir, mais je ne comprendrais pas.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien. Merci Prisca THEVENOT, d'être venue nous voir ce matin.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 6 février 2024