Texte intégral
CÉDRIC LIETO
Bonjour Sarah EL HAIRY.
SARAH EL HAIRY
Bonjour.
CEDRIC LIETO
Vous allez rencontrer tout à l'heure des professionnels de l'aide sociale à l'enfance, l'actualité a été marquée par le suicide de Lily dans le Puy-de-Dôme, une adolescente de 15 ans qui avait été placée dans un hôtel et qui a mis fin à ses jours, le militant des droits de l'enfant, Lyes LOUFFOK, disait avoir la sensation que certaines vies valaient moins que d'autres, est-ce que les vies des enfants placés valent moins que les autres ?
SARAH EL HAIRY
Bien sûr que non, bien sûr que non, et en réalité tous les enfants nous leur devons protection, protection, accompagnement, et c'est pour ça que ce ministère est assez nouveau dans son format, puisque que ce n'est pas que le ministère que des enfants placés ou des autres, c'est le ministère de tous les enfants, et chaque adulte a une responsabilité, tous les adultes ont une responsabilité vis-à-vis des enfants.
CEDRIC LIETO
Et est-ce que l'Etat est au rendez-vous aujourd'hui ?
SARAH EL HAIRY
Vous savez, l'Etat il est aux côtés des hommes et des femmes qui font, qui accompagnent, moi je suis là aujourd'hui pour rencontrer les professionnels qui sont dévoués, je suis là pour écouter ces enfants, discuter avec bien sûr ceux qui les accompagnent, discuter aussi avec les élus, il y a les comités départementaux de la protection de l'enfance sur les départements, qui sont en expérimentation, et au niveau national aussi, avec les associations. Il ne faut pas croire que quelqu'un seul a la réponse. Ce qui est certain c'est que, pour les enfants, qu'ils soient protégés ou pas, nous avons le devoir d'être à leurs côtés, ils ont des droits, et notre devoir c'est de les protéger, et c'est pour ça que…
CEDRIC LIETO
Une tribune dans « Le Média Social » vous interpellait il y a quelques jours pour réclamer des moyens en disant que tous les dispositifs étaient en difficulté, demandait une remise à plat du secteur de l'enfance, vous leur répondez quoi aujourd'hui ?
SARAH EL HAIRY
Il ne faut pas se cacher, bien sûr qu'il y a une crise, une crise importante, parce qu'il y a une crise dans l'attractivité des métiers qui accompagnent les enfants, mais ce qui touche aussi le monde de l'animation, le monde de l'éducation populaire, c'est de plus en plus difficile en termes de rémunération, d'organisation, de conditions du travail, tout ça nous amène à, en réalité, poser une certain nombre de réponses, mais je ne crois pas à la réponse unique, et toutes les personnes qui sont de bonne volonté, et il y en a beaucoup, doivent pouvoir se réunir et trouver des réponses, qu'elles soient d'ailleurs financières, en termes d'organisation. Moi je suis là pour écouter, faire avancer, mais, vous savez, les attentes, qui sont fortes, elles sont légitimes, parce que ce qui nous oblige ce sont ces enfants, ce sont ces familles, et c'est pour ça que ce ministère est assez nouveau, au-delà d'accompagner l'ensemble des enfants, qu'ils soient protégés ou non, j'ai des moyens nouveaux, les moyens de la justice, les moyens de l'Education nationale, les moyens bien sûr de la protection de l'enfance, de la petite enfance, et c'est pour ça qu'il faut aller trouver et accompagner le chemin de chacun de ces enfants, et ne pas tomber dans, parfois, simplement cette facilité de dire je me rejette la responsabilité.
CEDRIC LIETO
Est-ce que justement il faut augmenter les salaires, revoir les grilles de tous ces professionnels, parce que les difficultés elles sont les mêmes, que ce soit pour les gens qui travaillent en crèche, pour les travailleurs sociaux pour des enfants placés, toutes ces structures peinent à trouver des professionnels ?
SARAH EL HAIRY
Oui, vous avez raison, vous avez raison, il y a une grande crise des métiers du lien social, mais, vous savez, ça touche, j'étais en charge de la Jeunesse, j'étais ministre en charge de la Jeunesse juste avant, et j'ai vu à quel point les métiers de l'animation sont aussi en crise, c'est pour ça que j'ai créé un comité d'animation. Je suis à Nancy aussi pour rencontrer et voir à nouveau Isabelle LAITIER, qui est la présidente du comité Petite enfance, tous ces métiers ont un point commun, ils ont entre les mains ce qu'on a de plus cher et ce qu'il y a de plus précieux, nos enfants, qu'ils soient d'ailleurs en difficulté ou pas, mais il y a des difficultés parce que les situations sont de plus en plus complexes, humainement, je veux dire, il y a des troubles parfois psychologiques, il y a des violences, il y a des difficultés sociales. Il y a aussi, d'une certaine manière, des problèmes de rémunération, d'organisation du travail, de perspectives aussi, et on retrouve ces difficultés aussi, vous savez, chez les personnes les plus âgées, quand on parle des auxiliaires de vie, quand on parle effectivement de la petite enfance, et donc autour de ces métiers du lien il faut trouver un certain nombre de réponses, et ces réponses elles passent par la rémunération, évidemment, pas que, pas exclusivement, il y a aussi la question de la formation, et c'est aussi la mission que je porte avec Catherine VAUTRIN, la ministre en charge du Travail, de la Santé et des Solidarités, pour aller, d'une certaine manière, créer des vocations chez les plus jeunes, mais en leur garantissant des parcours de plus en plus rémunérateurs, protégés, avec aussi du soutien, et c'est pour ça que je veux être aux côtés des professionnels aujourd'hui.
CEDRIC LIETO
Dernière chose, il y a une vraie difficulté pour les enfants confiés à l'aide sociale à l'enfance, c'est la majorité, avec parfois un accompagnement qui s'arrête, il y a des contrats jeunes majeurs qui permettent aux conseils départementaux de continuer à suivre les jeunes après leur majorité, mais curieusement ce n'est toujours pas appliqué partout ou de manière très inégale, comment on fait pour qu'un enfant de Meurthe-et-Moselle ou un jeune majeur dans le Var, ou en Gironde, aient les mêmes moyens ?
SARAH EL HAIRY
Vous levez aujourd'hui la question de l'égalité, voire de l'équité sur l'ensemble du territoire. Aujourd'hui on a créé, avec un certain nombre de structures, ce qu'on appelle un groupement d'intérêt public, c'est France Enfance Protégée, l'objectif c'est de permettre à chacun de ces enfants d'avoir des réponses, c'est la loi qui leur permet d'avoir ce contrat. Moi, vous savez, je suis très pragmatique, je veux voir là où il y a des difficultés, voir pourquoi ce n'est pas proposé ou comment c'est proposé, leur faciliter parfois la vie, mais surtout, surtout, et c'est le coeur de notre mission, agir. Moi je crois à la simplification et à l'action, je ne crois pas à la superposition, je ne crois pas, parfois, vous savez, à des « y qu'à, faut qu'on », mais ce qu'on a aujourd'hui à accompagner, ce sont des enfants, donc qu'ils aient 10 ans, 15 ans, ou même 18 ans, quand ils arrivent à leur majorité, nous avons le devoir d'être à leurs côtés, et c'est pour ça que j'ai la conviction qu'en réunissant toutes les personnes qui font, au quotidien, on trouvera des réponses grâce à déjà des travaux, puisqu'avant moi il y avait le ministre TAQUET et puis la ministre CAUBEL qui ont travaillé, un certain nombre de décrets sont sortis hier, et c'est dans cet élan. Je vous remercie et surtout peut-être…
CEDRIC LIETO
Merci beaucoup Madame EL HAIRY, ministre déléguée chargée de l'Enfance, de la Jeunesse et des Familles. Bonne journée à vous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 20 février 2024