Conférence de presse de Mme Prisca Thevenot, ministre déléguée, chargée du Renouveau démocratique, porte-parole du Gouvernement, sur l'entrée de Missak et Mélinée Manouchian au Panthéon, l'annulation de 10 milliards d'euros de dépenses publiques, les feuilles de route ministérielles et les politiques prioritaires du Gouvernement, Paris le 21 février 2024.

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Intervenant(s) : 
  • Prisca Thevenot - Ministre déléguée, chargée du Renouveau démocratique, porte-parole du Gouvernement

Circonstance : Conférence de presse à l'issue du Conseil des ministres

Texte intégral

Bonjour à toutes et à tous,

Dans quelques heures, Missak et Melinée Manouchian vont entrer au Panthéon. Ce ne sont pas seulement deux Résistants arméniens communistes qui entrent dans ce lieu pour l'éternité, mais bien l'ensemble des étrangers engagés dans toute la France pour la liberté et pour la défense de ses valeurs.

Je voudrais prendre un instant pour partager avec vous une pensée que cet événement historique peut inspirer en chacune et en chacun de nous. Missak Manouchian était un réfugié qui s'est battu pour un pays dont il n'avait pas la nationalité. C'était un poète, qui s'est dressé contre l'ignorance et la haine, dans ce qu'elle ont de plus brutal. C'était un homme épris de liberté et de justice, qui s'est levé face à la barbarie. Le courage de Missak Manouchian nous éclaire aujourd'hui plus que jamais sur les valeurs universelles de la République, sur leur sens et sur leur force.

Dans un contexte international très tendu, l'économie mondiale connaît ces derniers mois une période de ralentissement généralisé de la croissance qui touche de nombreux pays comme la Chine, le Royaume-Uni ou encore l'Allemagne. En 2023, ces deux derniers pays sont même entrés en récession. Dans ce contexte difficile, la France résiste mieux que ses voisins. Mais bien évidemment, les perturbations de l'économie mondiale ne sont pas sans effet sur notre économie et le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, a dû revoir la prévision de croissance pour 2024 à la baisse, passant de 1,4 à 1 %. Quand on doit gérer un budget, tout le monde le sait : moins d'argent qui rentre impose de réduire ses dépenses en conséquence. Dans le cas de la France, il s'agit de réaliser 10 milliards d'économie. Face à cette réalité, il y a deux options. L'État pouvait augmenter les impôts ou "se serrer la ceinture". Il était hors de question, pour nous, d'augmenter les impôts. Car depuis 2017, avec le président de la République, nous avons même baissé cette pression fiscale de 50 milliards d'euros. Reste donc la 2e option, celle de "se serrer la ceinture" pour l'État, en faisant donc cet effort annoncé par le ministre de l'Économie. Cela se traduira de deux manières. Une première tranche de 5 milliards d'euros d'économie sur les dépenses quotidiennes des ministères. On parle ici de choses très concrètes, comme la réduction des dépenses liées aux déplacements professionnels des agents. L'ensemble des ministères est mis à contribution.

Pour autant, les engagements qui ont été pris seront tenus. Par exemple, le recrutement de 1 300 enseignants supplémentaires à l'Éducation nationale, pour la création de groupes de niveaux annoncés par Gabriel Attal et qui ont été rappelés par la ministre de l'Éducation nationale.

La deuxième tranche d'économies de 5 milliards d'euros, nous la ferons en réduisant le montant investi dans un certain nombre de programmes et d'opérateurs de l'État : MaPrim'Rénov, dont le budget global, même après cet effort, augmentera de plus de 600 millions d'euros par rapport à l'an dernier, signe d'une volonté du Gouvernement de renforcer ce dispositif précieux pour la transition écologique et le porte-monnaie des Français. Un autre effort sera fourni au niveau de l'aide publique au développement. Cette année, le budget qui y est consacré s'établira un peu au-dessus de celui de 2022. Depuis 2017, en effet, le budget a d'ailleurs connu une augmentation de 50 % au total. Enfin, d'autres subventions, à d'autres opérateurs de l'État comme Business France ou France compétences, seront réduites.

Cette démarche de sobriété, c'est celle que les Français attendent de nous, car cet argent, c'est bien évidemment leur argent. Le Gouvernement réalise donc des économies ciblées qui permettent de conserver la maîtrise de notre budget et donc de continuer à investir dans les chantiers prioritaires. L'un de ces chantiers, vous le savez, c'est la protection de notre modèle agricole français. Alors que le Salon international de l'agriculture ouvrira ses portes dans quelques jours, c'est l'occasion de regarder dans le détail où nous en somme des promesses faites au monde agricole. Je ne citerai que quelques-uns de ces engagements qui ont d'ores-et-déjà porté leur fruit.

Tout d'abord, le mois de la simplification qui a été lancé dans tous les territoires, avec les préfets et les agriculteurs pour identifier tout ce qui peut être simplifié. Plus de 300 réunions se sont tenues partout en France et plus de 60 arrêtés préfectoraux ont déjà été pris. Le fond d'urgence a quant à lui été mis en place pour faire face à la maladie du MHE qui a été débloqué, et les premières indemnisations ont été versées. Le fond d'urgence pour les exploitants agricoles qui ont été touchés par les inondations dans le Nord a également été ouvert et plus de 250 exploitations en ont déjà bénéficié. La dérogation sur les jachères a également été publiée ce lundi, avec une possible application directe. Nous avons également débloqué des aides supplémentaires pour l'agriculture bio.

Le travail se poursuit et le dialogue est constant entre les représentants du monde agricole et le Gouvernement. Le président de la République a reçu les syndicats du monde agricole hier après-midi et ce matin le Premier ministre, le ministre de l'Économie et le ministre de l'Agriculture ainsi que le ministre de la Transition écologique ont présenté le projet de loi pour l'agriculture. Ce texte, particulièrement attendu, va permettre l'émergence d'une nouvelle génération d'agriculteurs et il repose sur 3 principaux piliers.

Tout d'abord, le renforcement de l'attractivité des métiers, parfois méconnus, notamment auprès des jeunes avec des journées de découverte à l'école primaire, et avec des offres de stages immersifs au collège et au lycée. L'enseignement agricole sera aussi renforcé pour une meilleure réponse aux futurs besoins, aussi bien en emplois qu'en compétences. Sera notamment créé un "bachelor agro", diplôme de bac + 3, pour permettre à nos futurs professionnels des secteurs agricoles et agro-alimentaires d'accroître leurs compétences face à la complexité et l'exigence croissante des métiers agricoles.

Un second pilier, c'est le renforcement de l'innovation et du développement agricole. En 3 ans, nous formerons 50 000 professionnels de l'enseignement, de l'administration et du conseil aux enjeux de la transition agroécologique, afin de susciter un choc de compétences de ces secteurs agricoles et agro-alimentaires. Des plans prioritaires pluriannuels de transition et de souveraineté seront également lancés, visant à faire émerger des démarches collectives entre les acteurs de la recherche, de l'innovation et du développement.

Un troisième pilier – et c'était une forte attente du monde agricole – c'est le renouvellement des générations. Avec ce projet de loi, nous faciliterons l'installation des agriculteurs et la transmission de leurs exploitations. Nous créerons le réseau France services agriculture, qui sera un point d'entrée pour toutes celles et tous ceux qui auront un projet d'installation, de salariat ou de transmission dans le secteur agricole, et leur offrira un accompagnement personnalisé pour que la complexité des démarches ne soit plus un frein. France services agriculture accompagnera aussi les agriculteurs cédant leurs exploitations avec un parcours spécifique de conseil et d'accompagnement de la transmission. Il s'agit de favoriser les reprises plutôt que les agrandissements. Un répertoire départemental sera d'ailleurs créé pour faciliter notamment les mises en relation entre les cédants et les repreneurs.

Par ailleurs, le président de la République et le Premier ministre poursuivront leurs échanges au salon de l'agriculture dès son ouverture.

En conseil des ministres de ce matin, le Premier ministre a également présenté des décrets présentant les attributions des membres du Gouvernement. Ces décrets définissent les compétences de chaque ministre, et précisent les services placés sous leur autorité. Le Premier ministre a également adressé une communication concernant des feuilles de route ministérielles et des politiques prioritaires du Gouvernement, appelées PPG. Il adressera à chaque ministre de plein exercice une feuille de route claire déclinant les attendus pour l'année 2024, dans la perspective de 2027. Ces objectifs restent catégorisés autour de quatre grand axes : porter de nouvelles réformes pour atteindre le plein emploi, poursuivre le réarmement économique de notre pays, "désmicardiser", débureaucratiser et déverrouiller ; continuer également à renforcer nos services publics, notamment l'école et la santé, et donner plus de marge de manœuvre au local. Troisième axe : poursuivre le déploiement de la planification écologique selon le modèle de l'écologie à la française, en accompagnant ceux qui sont le plus touchés et en ne laissant pas sans solution alternative, pour veiller à la souveraineté française et européenne. Dernier axe : renforcer l'ordre civique républicain et encourager l'engagement.

Chaque ministre délégué recevra également dans les prochains jours une feuille de route déclinant, dans son périmètre, les objectifs et les chantier à mener dans l'année, auprès de ses administrations. Afin de partager des objectifs clairs portés tant nationalement par les ministre que sur le terrain par les représentants de l'État, chaque feuille de route ministérielle sera complétée par des politiques prioritaires du Gouvernement.

Cette méthode, lancée en 2018 sous l'impulsion du président de la République, vise à mieux rendre compte aux Français des résultats obtenus. La liste des politiques prioritaires, mais aussi ses résultats dans chaque département et région est déjà accessible sur le site du baromètre de l'action publique, et je vous invite d'ailleurs à la consulter.

Enfin, le ministre de l'Économie et des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique a présenté un projet de loi ratifiant une ordonnance de transposition d'une directive européenne. Celle-ci a pour but de modifier différentes dispositions concernant l'assurance de la responsabilité civile pour les véhicules.


Je me tiens maintenant à votre disposition.


Source https://www.gouvernement.fr, le 22 février 2024