Texte intégral
PATRICK ROGER
Bonjour à tous. Mon invitée ce matin, Olivia GREGOIRE, Ministre déléguée chargée des Entreprises, du Tourisme et de la Consommation. Bonjour.
OLIVIA GREGOIRE
Bonjour.
PATRICK ROGER
Merci d'être avec nous. Beaucoup de sujets avec vous qui concernent tout le monde : les prix, la fameuse loi EGalim pour les agriculteurs, qu'est-ce que ça change pour les consommateurs, les contrôles des prix, le choc de la simplification. Mais avant de commencer sur les prix, je voudrais connaître votre opinion et est-ce que vous pouvez y faire quelque chose puisque vous êtes en charge du tourisme, sur la Tour Eiffel fermée encore ce matin en pleines vacances. Est-ce que vous pouvez intervenir, vous, dans ce conflit qu'il y a entre la société d'exploitation et la Mairie de Paris ?
OLIVIA GREGOIRE
Vous m'avez demandé mon avis, Patrick ROGER, donc je ne vais pas me priver de le donner. La gestion de la ville de Paris par l'équipe municipale actuelle est calamiteuse et c'est déplorable. La réalité du conflit social, c'est l'état de notre Tour Eiffel. Ce n'était pas très compliqué en fait, c'est même les mémoires et le testament de Gustave EIFFEL qui dit en gros : tous les sept ans, il faudra la rénover et investir un peu pour qu'elle ne s'abîme pas, entre guillemets - je vais vite - qu'elle ne rouille pas. Et la réalité, c'est que Madame HIDALGO qui fait des voyages au bout du monde, qui nous raconte plein de choses, qui fait des espèces de consultations à quelques milliers de Parisiens sur le SUV, tout ça est un théâtre d'ombres. Le plus beau monument de Paris, elle le laisse s'abîmer pour ne pas dire s'effondrer. Notre Tour Eiffel est abîmée, nous avons une équipe autour de la Tour Eiffel qui constate tous les jours l'état de délabrement dans lequel est ce monument historique. Et la réalité, c'est que vous m'avez posé la question est-ce que moi j'y peux quelque chose ; j'y peux qu'en tant qu'élue de Paris, j'ai le droit de dire que je trouve ça absolument déplorable.
PATRICK ROGER
Oui, mais en tant que Ministre en charge du Tourisme parce que c'est l'image de la France.
OLIVIA GREGOIRE
Mais en tant que ministre… Oui, j'écoute Sud Radio, c'est l'image de la France mais c'est aussi, pour le coup, une raison je ne dirai pas justifiée, mais je comprends la raison pour laquelle les hommes et les femmes qui travaillent tous les jours à la Tour Eiffel se mettent aujourd'hui en grève vu l'état de délabrement dans lequel il est. Et la réalité c'est que, je ne dis pas que les touristes peuvent le comprendre, mais c'est eux qui comme d'habitude en pâtissent, au même titre que d'ailleurs l'insécurité. Vous savez, je suis assez inarrêtable sur ce sujet. Il y a quelques jours, l'adjoint au tourisme de Madame HIDALGO, vous avez vu cette déclaration sur le Champ de Mars ?
PATRICK ROGER
Oui.
OLIVIA GREGOIRE
C'est sympa, en gros, les gens qui jouent au bonneteau, les arnaqueurs, les tuk-tuk qui arnaquent les touristes, ça fait partie du charme, disait-il, un petit peu ces visites à la Tour Eiffel. Mais dans quelle capitale vivons-nous ?
PATRICK ROGER
Oui. Et là, vous ne pouvez pas grand-chose, vous, en étant Ministre en charge du tourisme par rapport à ça ?
OLIVIA GREGOIRE
Vous savez, ce n'est pas faute d'avoir essayé de faire des choses avec la mairie de Paris depuis maintenant un moment. La réalité, c'est qu'ils avancent seuls, ils décident seuls, d'ailleurs ça se voit au Conseil de Paris. Et la réalité, c'est que Madame HIDALGO n'écoute personne, mais même dans son équipe.
PATRICK ROGER
Eh bien dites donc, Olivia GREGOIRE, ça promet pour Jeux olympiques qui arrivent dans quelques mois.
OLIVIA GREGOIRE
Vous savez, notre ministre des Sports, elle a été très claire il y a quelques mois : avec ou sans l'aide de Madame HIDALGO, on y arrivera, on y arrivera.
PATRICK ROGER
Mais vous avez l'impression que vous n'avez pas l'aide de Madame HIDALGO pour tout bien préparer, et notamment les inquiétudes…
OLIVIA GREGOIRE
Nous faire entendre à quatre-cinq mois des JO que c'est sympathique, folklorique et pittoresque d'avoir une Tour Eiffel délabrée, que ce n'est pas très grave et que ce climat d'insécurité qui peut régner malgré tous les efforts du gouvernement - parce que moi, je suis allée avec Gérald DARMANIN…
PATRICK ROGER
Oui, parce qu'après c'est une mission aussi de Gérald DARMANIN.
OLIVIA GREGOIRE
Mais j'y suis allée plusieurs fois avec une députée qui est ma suppléante que vous connaissez qui vient souvent ici, Fanta BERETE. Nous sommes allées plusieurs fois annoncer de nouvelles brigades, un renforcement des brigades de gendarmerie, des contrôles. Nous, on fait tout ce qu'on peut faire du côté du gouvernement. Madame HIDALGO et son équipe ne font pas le reste.
PATRICK ROGER
Il y a un laxisme de Madame HIDALGO ?
OLIVIA GREGOIRE
Mais évidemment ! Il suffit de vivre à Paris pour le voir. Laxisme général et laxisme en particulier sur ce monument. Ce n'est pas tant les Jeux olympiques. On va y arriver, les Jeux olympiques. Tony ESTANGUET fait un travail extraordinaire justement de lien pour que ça se passe le moins mal possible entre la mairie de Paris et l'engagement du gouvernement. La seule date qu'il faut retenir, c'est 2026 et il faudra que Madame HIDALGO et ses équipes arrêtent de gérer la mairie de Paris. Regardez ne serait-ce que la mairie de Paris. J'y suis passée hier encore, regardez l'état de délabrement du bâtiment de la mairie de Paris. Il est d'une saleté incommensurable. On rénove des dizaines de bâtiments dans Paris, on a mis des millions d'euros du côté du gouvernement.
PATRICK ROGER
On vous répondra que justement, c'est parce qu'on fait des travaux et qu'on essaie d'améliorer que pendant cette période, il y a des chantiers.
OLIVIA GREGOIRE
Oui. On a toujours une mauvaise réponse. En attendant, regardez juste, et les Parisiens et les touristes le voient, l'état du symbole de Madame HIDALGO de la mairie de Paris. L'état, la saleté, la couche grise qu'il y a sur ce bâtiment. C'est assez à l'image et assez symbolique de sa gestion.
PATRICK ROGER
De la gestion de Madame HIDALGO. Ce matin, vous l'avez bien rhabillée si je puis dire.
OLIVIA GREGOIRE
Non mais je ne vais pas la rhabiller.
PATRICK ROGER
Si. Si, si, au passage quand même.
OLIVIA GREGOIRE
Non, non, parce que vous savez, il s'avère que c'est la maire de Paris et que c'est elle qui gère. Moi, ce ne sont pas des attaques à l'endroit de la femme ad hominem. Après sept ans d'engagement, je suis élue depuis 2017, c'est juste un constat dramatique et je ne suis pas la seule. J'écoutais un comédien connu, LELLOUCHE, il y a quelques jours : tout le monde se désespère de l'état de délabrement de Paris, de sa saleté. Enfin, on ne va pas y revenir. Côté insécurité, encore une fois, on a pris notre part. Gérald DARMANIN il y a encore quelques mois, avec les équipes dont moi, est allé annoncer la mise en place de renforts de sécurité. La réalité, c'est que pour le reste, pour ce qui est de la propreté etc, ça n'est pas la priorité de Madame HIDALGO. Le pire, c'est de trouver ça folklorique.
PATRICK ROGER
Ça vous inquiète quand même parce que vous êtes, je le rappelle, ministre du Tourisme.
OLIVIA GREGOIRE
Ça me désole, c'est pire.
PATRICK ROGER
Olivia GREGOIRE, venons-en aussi à l'inquiétude agricole. Gabriel ATTAL a dévoilé des mesures hier, notamment sur les négociations commerciales, la fameuse loi EGalim, pour garantir des prix aux agriculteurs dans le cadre des négociations entre supermarchés et agro-industriels. Ça va être la cinquième loi EGalim, si je ne me trompe pas. Qu'est-ce qui est prévu, pour que l'on comprenne bien, et quand ?
OLIVIA GREGOIRE
Alors déjà, je vais vous dire une chose qui peut paraître kafkaïen comme on dit, mais c'est comme ça et si ça ne plaît pas - je vous écoutais et j'écoutais notamment Éric REVEL un peu plus tôt - si ça ne plaît pas, il faut changer la Constitution. Dans notre pays pour améliorer une loi, il faut une loi, donc on peut prendre le sujet dans tous les sens. J'entends que les gens se disent…
PATRICK ROGER
Oui, parce que loi n°1, loi n°2…
OLIVIA GREGOIRE
J'entends qu'on puisse se dire : c'est quand même incroyable que pour améliorer, simplifier une loi qu'on a déjà essayé d'améliorer trois ou quatre fois, il faille une nouvelle loi. Mais la réalité, c'est que ça se passe comme ça et que notre Constitution est ainsi faite. On ne peut pas changer une loi comme ça, d'un coup de baguette magique, ce n'est pas anormal non plus. Donc il faut une loi pour trois choses, Patrick ROGER. 1/ Pour simplifier, tous les agriculteurs mais aussi les PME de l'agroalimentaire dont on parle assez peu. Vous avez 280 000 Français qui travaillent tous les jours dans des milliers de PME françaises agroalimentaires. On a aujourd'hui une complexité dans la négociation, dans les clauses de révision des contrats qui sont signés entre les agriculteurs, la grande distribution, les industriels, c'est trop compliqué. Pour simplifier, il faut effectivement reprendre le travail législatif. Il y a un autre sujet qui est au coeur des débats : une loi ne vaut que si elle est exécutée, que si elle se déploie dans la vraie vie des gens. La réalité, les agriculteurs sont très nombreux à le dire, c'est que EGalim, cette loi, dans le fond elle est juste, elle garantit leur revenu. On y reviendra. Mais cette loi, elle doit être appliquée.
PATRICK ROGER
Il faut qu'il y ait des contrôles, quoi.
OLIVIA GREGOIRE
La réalité, c'est qu'elle n'est pas correctement appliquée. On le voit, on va y revenir. On fait des milliers de contrôles qui vont continuer. Il y a aujourd'hui trop d'anomalies. Pour améliorer l'exécution de cette loi, on doit reprendre le travail, on doit mieux contrôler et c'est pour ça qu'il y aura effectivement un travail législatif.
PATRICK ROGER
Alors quand est-ce qu'il va avoir lieu ? Quel est le calendrier justement pour cette loi EGalim ?
OLIVIA GREGOIRE
Deux temps et c'est pareil, de la cohérence de grâce. On ne peut pas avoir des oppositions qui, d'un côté, disent qu'on n'écoute pas assez le Parlement et cramer, griller le travail des députés. Le Premier ministre a annoncé hier que deux députés, Alexis IZARD et Anne-Laure BABAULT, vont travailler pendant à peu près trois mois pour faire le tour de la question avec, bien sûr, les parlementaires mais aussi les agriculteurs, les organisations syndicales et faire des propositions. Donc vous voyez, on arrive au printemps et le Premier ministre a dit qu'à la suite de cette mission parlementaire, on doit écouter ce que vont dire les députés. Nous porterons un texte à l'été, c'est à peu près le calendrier qu'a fixé le Premier ministre pour porter des améliorations à cette loi.
PATRICK ROGER
Il y a un patron dans la distribution, Michel BIERO pour ne pas le citer, le patron de LIDL, qui dit qu'il faudrait revoir aussi la loi de modernisation de l'économie. Il dit parce qu'on a beau faire toutes les lois EGalim que l'on veut, il y a cette loi qui ne permet pas, en fait, aujourd'hui d'avoir suffisamment de transparence entre guillemets, dans l'opacité du monde agro-industriel. Est-ce que vous êtes d'accord avec lui ?
OLIVIA GREGOIRE
Moi, j'ai un avis assez tempéré sur le sujet. D'abord, là où Michel BIERO n'a pas tort mais c'est valable sur plein de sujets, c'est qu'on peut peut-être se poser des questions par rapport à cette loi de modernisation économique - ça veut dire ça LME - qui a été voté en 2008. Ce n'est pas absurde de se dire quinze ans après, on peut peut-être retravailler le sujet. Donc en ça, je pense que Michel BIERO pointe un sujet parce que la LME comme on dit ne traite pas que du sujet agricole. Peut-être faut-il regarder à nouveau cette loi. Mais la réalité, c'est que ce que demandent aujourd'hui les agriculteurs, c'est assez clair. Vous savez, je siège depuis des mois dans les négociations commerciales. Je n'en parle pas tous les jours mais je vois bien ce qui s'y dit. J'y étais encore mardi avec Bruno LE MAIRE et Marc FESNEAU et Agnès PANNIER-RUNACHER. Ils disent une chose, les Jeunes agriculteurs, la FNSEA. Ils disent : il faut nous garantir le prix juste sur ce qu'on appelle la MPA. Il faut que les auditeurs sachent, c'est la matière première agricole. Mais cette matière première agricole, ça peut être le blé, ça peut être le lait, elle coûte plus cher à produire à cause notamment de l'inflation, des coûts de l'électricité et tout ce qu'ont dû subir les agriculteurs et les industriels, les distributeurs depuis maintenant deux ans. Donc il faut aussi intégrer des coûts de production. C'est ça, le débat. Le débat, c'est le juste prix, la juste rémunération et c'est EGalim, ce n'est pas LME. C'est EGalim. Donc ne nous dispersons pas. Je ne dis pas que LME, c'est idiot d'y penser, mais si on veut aller vite et bien, il faut s'attaquer à Egalim.
PATRICK ROGER
Oui. Et si on se dit les choses, est-ce que, Olivia GREGOIRE…
OLIVIA GREGOIRE
On se les dit depuis le début.
PATRICK ROGER
Oui, oui, absolument. On se dit les choses. Mais est-ce qu'aussi les agriculteurs français sont compétitifs aujourd'hui vis-à-vis des autres agriculteurs européens ? Bien souvent on parle du Mercosur, mais même à l'intérieur des frontières européennes, il y a des produits qui sont moins chers à l'autre bout de l'Europe et évidemment qui interviennent aussi dans l'agro-industrie, dans la transformation. Dans ces conditions, qu'est-ce qu'on peut faire ? Parce qu'on ne peut pas fermer les frontières en fait aujourd'hui.
OLIVIA GREGOIRE
Non, il n'est pas question de fermer les frontières et nous avons rappelé, même si les oppositions jouent avec ce sujet, que typiquement le libre-échange, autant il faut être clair quand ce n'est pas clair, exemple le Mercosur. Gabriel ATTAL, le Premier ministre, a été très clair. Hier. Autant il ne faut pas non plus oublier que l'agriculture française exporte.
PATRICK ROGER
Oui, bien sûr.
OLIVIA GREGOIRE
C'est bien joli d'aller sur des plateaux faire des claquettes en disant « il faut fermer les frontières », mais la réalité, c'est qu'est-ce qu'on fait de nos quasiment 300 000 salariés dans des PME ? On leur dit : on ne va plus exporter dans tel pays d'Europe et donc on va faire un plan social. Donc la réalité c'est que oui, pour répondre à votre question, notre agriculture est encore compétitive et nous sommes un grand pays agricole, il faut quand même le rappeler, la France est un grand pays agricole. La réalité, c'est que l'agriculture française elle ne se distingue pas qu'en Europe, dans le monde entier, vous le voyez quand vous voyagez, par la qualité des produits qu'elle fournit. Et donc notre compétitivité est une compétitivité pas uniquement centrée sur le prix, c'est une compétitivité liée à la qualité de nos productions. Et je crois que ça, c'est un joyau qu'il faut préserver. Ça coûte, et c'est ça le coeur du débat, ça coûte de produire des aliments de qualité.
PATRICK ROGER
Alors, pour connaître aussi l'origine des produits, je sais qu'il y a les fausses origines donc vous menez des contrôles. Quelles sanctions il y aura ? Et puis vous voulez travailler sur un label en quelque sorte, comme il existe le Nutri-Score que les auditeurs maintenant les consommateurs connaissent bien, sur Origine score. Comment il va pouvoir voir le jour ?
OLIVIA GREGOIRE
Alors vous me posez deux questions en une mais elles sont liées.
PATRICK ROGER
D'abord su les fausses origines.
OLIVIA GREGOIRE
Nous avons des centaines d'agents de la Direction de la consommation et de la concurrence qui, au moment où on se parle et depuis maintenant des semaines mais des mois voire des années, contrôlent le prix mais pas uniquement, contrôlent le respect de la loi EGalim, le respect des délais de négociation, contrôlent aussi, vous le savez, les modalités d'achat avec le contrôle sur les centrales d'achat européennes. Les centrales d'achat européennes, c'est un sujet important. Pour le dire simplement aux gens, dès lors qu'un produit alimentaire est vendu en France, la loi française doit s'appliquer. La réalité, c'est que parmi tous les contrôles qui ont été annoncés par le Premier ministre et Bruno LE MAIRE début janvier et que nous continuons - je veux être claire : 10 000 contrôles en cours - il y a des choses qui ne vont pas. Vous avez des contrats qui n'ont pas respecté les délais qui ont été fixés de signatures. Donc là, vous avez à peu près 150 procédures auprès d'acteurs de l'agroalimentaire au moment où je vous parle, pour qu'ils justifient pourquoi ils n'ont pas signé dans les délais. Vous avez le sujet des centrales européennes. Il y a là aussi, il faut être très clair et très précis, deux procédures en cours avec des risques majeurs pour les entreprises qui sont concernées, avec des millions d'euros possiblement d'amendes à la clé pour ces agences. Et vous avez, troisième sujet qui nous amène à l'origine, 1 000 établissements ces dernières semaines qui ont été contrôlés par rapport aux produits qui mettent ‘Origine France' ou ‘Fabriqué en France' ou ‘Produit français'. Et là, sur 1 000 établissements contrôlés, 372 anomalies. C'est beaucoup, ça fait un peu plus de 30%.
PATRICK ROGER
Oui.
OLIVIA GREGOIRE
372 anomalies, après il faut être clair, plus ou moins graves. En réalité, vous avez 70 anomalies constatées qui sont graves et qui s'apparentent à ce qu'on appelle - les gens connaissent ce mot - des pratiques commerciales trompeuses.
PATRICK ROGER
C'est-à-dire ?
OLIVIA GREGOIRE
Je prends un exemple. Je sais qu'on est tous des consommateurs donc tout le monde a déjà eu ce réflexe. Vous allez dans un supermarché ou dans un commerce et vous prenez, par exemple, une sauce et sur cette sauce, vous avez un beau drapeau français avec écrit par exemple que les oeufs qui ont servi à faire cette sauce sont 100% français, avec un gros drapeau sur le packaging. Sauf que cette sauce, vous n'êtes pas idiot, vous savez qu'il n'y a pas que des oeufs, il y a de l'huile, il y a de la moutarde, il y a du sel. Et en l'occurrence dans cette sauce, vous avez 80% d'huile. Vous retournez le paquet, vous cherchez, vous cherchez, on vous a mis un gros drapeau français sur les oeufs, on ne vous dit pas d'où vient l'huile. Alors moi je vais être très simple, pour revenir à ce qu'on disait juste avant, parce que tout ça a un lien sur EGalim, mon combat c'est quoi ? Mon combat c'est : il faut de la transparence sur le prix pour les agriculteurs. C'est le combat que nous menons avec Marc FESNEAU et Agnès PANNIER-RUNACHER. Mais je suis aussi la ministre de la Consommation et les consommateurs ont leur rôle s'ils le veulent. Il faut plus de transparence sur les produits qu'on dit transformés, parce qu'il y a déjà de la transparence, vous savez. Fruits et légumes depuis 2011, vous savez d'où ça vient.
PATRICK ROGER
Oui. On le voit bien sûr.
OLIVIA GREGOIRE
Merci l'Europe, comme quoi l'Europe peut être utile. Depuis 2020, merci la majorité, les viandes, les vins ; depuis 22, le miel, vous savez d'où ça vient. Moi je dis quand vous achetez une conserve, quand vous achetez un produit déjà préparé, déjà transformé, on ne peut pas vous donner l'information que quand ça arrange le producteur. Quand il y a 5% d'aliment français, on vous met un gros drapeau français. Il faut donner toute l'information au consommateur : d'où viennent le reste des produits majoritaires, d'où viennent-ils ? Une information à moitié donnée, ce n'est pas une information valable. On doit mieux informer les consommateurs.
PATRICK ROGER
Donc pour revenir sur Origine Score, ce sera quoi alors ?
OLIVIA GREGOIRE
Alors déjà, je lance ce constat. L'origine, vous savez, au même titre que le prix, c'est l'élément majeur qui fait qu'on décide d'acheter ou pas à plus de 80% chez les Français.
PATRICK ROGER
L'origine ou le prix ?
OLIVIA GREGOIRE
Les deux : le prix, l'origine.
PATRICK ROGER
Oui, oui. Le prix d'origine, j'ai l'impression, oui.
OLIVIA GREGOIRE
C'est vraiment quelque chose d'important quand vous décidez d'acheter. Parfois, vous décidez d'acheter un tout petit peu plus cher parce que c'est français. Dans la décision d'achat, c'est hyper important. Donc 1/ en toute modestie, moi je n'ai rien inventé, en 2019 il y avait déjà des débats intéressants, même avant. Il y a eu en 2020 des initiatives, 2019, déjà prises par des producteurs mais aussi par des distributeurs pour améliorer la transparence sur d'où viennent les produits que nous vendons. Et je lance un appel ce matin à très court terme, je veux vous dire qu'au même titre que le nutri-score que vous avez rappelé, qui est une très belle réussite, le nutri-score, on parlait de l'oie au début, ce n'est pas passé par la loi. Le nutri-score, c'est une démarche volontaire. Le nutritionniste…
PATRICK ROGER
Les citoyen, les entreprises.
OLIVIA GREGOIRE
Et les politiques, Olivier VERAN l'a imaginait quand même à l'époque, mais ça n'est pas passé par la loi. On a proposé aux producteurs, aux distributeurs, aux industriels de le faire. Et bien figurez-vous qu'on a 60% des produits qui le font et 93% des consommateurs reconnaissent le nutri-score. Donc moi je dis, je propose aux acteurs de l'agroalimentaire, les industriels mais aussi les distributeurs qui ont toutes leurs marques distributeurs de travailler ensemble. Là, dans les semaines qui viennent, je vais les recevoir. Je leur propose de venir avec moi à Bercy sur ce sujet majeur de la transparence, un : Peut-on imaginer améliorer dans les mois qui viennent la transparence sur les produits qui sont vendus et autour de ce qui pourrait être une sorte d'origine Score comme vous l'avez mentionné, je veux vous dire qu'au nom du gouvernement français, je suis disposée à porter l'an prochain à l'Europe, en 2025 il y a une commission qui s'appelle Information aux consommateurs, le fait que la France porte ce sujet de l'origine Score en Europe et que nous puissions déployer cette origine Score plus largement en Europe.
PATRICK ROGER
Donc on ne va pas voir ça cette année mais 2025 origine Score dans toute l'Europe, c'est ce que vous voulez ?
OLIVIA GREGOIRE
C'est ce que je souhaite, c'est ce que nous visons. Et je crois qu'il y a un enjeu qui est très important et qui est très simple, il faut dire la vérité, il faut dire la vérité pour que le consommateur soit plus éclairé, qu'il ait des informations plus claires. Et après, soyons très clairs le consommateur fait ses choix, s'il le veut, s'il le peut. Ça n'est pas moi qui fait les choix du consommateur mais ils manquent d'informations.
PATRICK ROGER
Dernière question sur la consommation, il y en a beaucoup, évidemment ça intéresse tout le monde, il y a la fin des grosses promos dans les supermarchés le 1er mars, est-ce que ce n'est pas un mauvais coup porté à la guerre des prix d'interdire ces grosses promos en fait dans les hypermarchés ?
OLIVIA GREGOIRE
Alors c'est un sujet, on appelle ça techniquement le DPH. C'est un sujet compliqué. Je vous la fais assez courte et en transparence. Le gouvernement n'était pas très favorable à cette mesure qui a été portée par des parlementaires engagés sur ces sujets. La loi est passée. Donc effectivement on bloque les promotions sur les produits d'hygiène pour aller court à pas plus de 34%.
PATRICK ROGER
C'était souvent des produits d'appel.
OLIVIA GREGOIRE
Oui mais ce qui se passe, c'est toujours difficile de faire court sur ces sujets compliqués et je ne veux pas être simpliste. C'est que, comme un certain nombre de promotions grâce à la loi Egalim, avaient été interdites sur les produits alimentaires. On en revient au début pour que nos agriculteurs vivent de leur production. Vous aviez un certain nombre d'industriels qui se rattrapaient entre guillemets sur des promos incroyables sur les produits d'hygiène, ce qui n'était pas forcément très sain et c'est pour ça que les parlementaires s'en sont saisis. Cette loi a été votée. Le gouvernement, à l'époque, n'y était pas favorable, je peux le dire en transparence, j'étais déjà ministre parce qu'on était déjà dans une période d'inflation. Et moi, je suis une maman, donc je connais le prix des couches et je sais que ça coûte cher dans un panier. Donc, ça fait partie des sujets entre nous qui seront abordés aussi dans la révision de cette loi EGalim. Faut-il maintenir ce point ou pas ?
PATRICK ROGER
Bon, très bien, ça va rassurer peut-être les gens.
OLIVIA GREGOIRE
Non mais faut être clair et expliquer aux gens pourquoi.
PATRICK ROGER
Oui, parce qu'ils ne comprennent pas pourquoi on va supprimer ces grosses promos.
OLIVIA GREGOIRE
Parce qu'on entend beaucoup d'âneries, notamment du Rassemblement national sur le sujet.
PATRICK ROGER
Un mot sur la simplification. Gabriel ATTAL veut simplifier, Bruno LE MAIRE également pour les entreprises, pour l'ensemble des TPE, il va y avoir un rapport parlementaire.
OLIVIA GREGOIRE
Il est déjà sorti, et rendu, on me l'a rendu cette semaine.
PATRICK ROGER
Voilà c'est ça. Et quand les mesures en fait derrière ?
OLIVIA GREGOIRE
Alors, déjà, ça fait des mois qu'on y travaille et les Français ont donné leur avis. On dit souvent que les gens n'aiment plus la politique, etc, vous avez à peu près 500 000 contributions qui ont été envoyées d'entrepreneurs, d'indépendants, d'artisans pour dire le formulaire B12, la formalité machin, ça nous rend dingue. Donc on a tout un paquet de mesures qui viennent des gens. Grand deux : On a ce rapport parlementaire en main avec une quinzaine de propositions. Grand trois : On travaille aussi à Bercy avec d'autres administrations. On continue d'écouter. Le projet de loi, il arrivera autour de l'été et il a deux objectifs. D'abord, évidemment simplifier, mais de deux façons, un, il y a un certain nombre d'obligations, de formalités, de lourdeur, de complexité qui rendent dingues les entrepreneurs. Et vous savez, Patrick ROGER, j'ai été une petite entrepreneuse.
PATRICK ROGER
Oui vois avez été chef d'entreprise.
PATRICK ROGER
Oui d'une toute petite entreprise. On n'est pas égaux devant la complexité administrative. Entre une toute petite entreprise de trois artisans, une PME de 40 salariés et une grande entreprise, on n'est pas égaux devant les formalités administratives. Donc moi, j'en fais un sujet d'égalité économique. Cette loi, elle va dégager un certain nombre de trucs qui rendent dingues les entrepreneurs sur des formalités. Mais elle doit aussi, et c'est mon obsession, permettre de mettre en place un dispositif qui permette, dans les années qui viennent, à chaque fois qu'un projet de loi sera déposé ou qu'un texte de loi sera porté par le gouvernement de voir l'impact qu'il pourrait avoir sur les petites entreprises. Ça, c'est ce qu'on appelle le test PME. C'est quelque chose auquel je travaille ardemment en ce moment pour faire en sorte que, quand le gouvernement ou le Parlement va porter une loi et que ça a un impact sur les petits entrepreneurs, on considère combien ça va leur coûter, combien de temps ça va leur prendre. Et si c'est absurde, que cette loi ne soit possiblement pas déposée. C'est ça l'objectif aussi, ce n'est pas que de dégager des normes, c'est aussi de poser un processus qui, dans les années à venir, arrête de créer des normes…
PATRICK ROGER
Olivia GREGOIRE deux questions, il nous reste deux minutes. Une question sur le statut des élus, vous connaissez ça aussi. La maire de Poitiers est en arrêt pour maternité, elle n'est pas indemnisée. Est ce qu'il faut revoir les choses ?
OLIVIA GREGOIRE
Oui monsieur.
PATRICK ROGER
Oui, là il faut revoir….
OLIVIA GREGOIRE
Vous parlez à une ministre qui a fait un bébé, donc on peut en parler.
PATRICK ROGER
Non eh bien voilà.
OLIVIA GREGOIRE
Mais, je crois, enfin, je suis même sûre qu'il y a un texte sur les élus locaux qui arrive très bientôt, porté en partie par la députée SPILLEBOUT, je ne doute pas, et enfin, je veux croire qu'on sera tous d'accord pour changer ça, changer cette absurdité. J'en profite pour soutenir ardemment et chaleureusement la maire que vous avez citée. On a peu de femmes maires. Ce n'est pas une raison pour les traiter ainsi. Et puis, dit autrement, si vous voulez que les femmes continuent à faire de la politique, il va falloir s'atteler à ce sujet sérieusement.
PATRICK ROGER
A propos de politique, au détour d'une phrase, tout à l'heure, vous avez tapé sur le Rassemblement national. Est-ce que vous, vous discutez à l'Assemblée nationale avec des députés du Rassemblement national, il faut discuter ou pas, c'est la question en fait un peu de la semaine ?
OLIVIA GREGOIRE
Oui, oui, bien sûr. Oh, c'est une question pérenne. Moi, j'ai une vision assez simple des choses. 1°) : les députés du Rassemblement national, il faut être très clair, ont été élus, ok. La souveraineté du peuple, elle est absolue, voilà. Il n'y a pas de discussion, il n'y a pas de négociation là-dessus, vous avez 88 députés élus comme les députés de la majorité. Donc c'est un peu comme si on vivait dans le même immeuble. L'Hémicycle, c'est une sorte de copropriété. On vit dans le même immeuble…
PATRICK ROGER
Y compris aussi avec LFI…
OLIVIA GREGOIRE
C'est une copropriété. Ils ont été élus. Je ne suis pas juge moralisateur. Je suis une députée à la base, élue comme les autres. Les Français ont voté pour eux. Je n'ai pas à qualifier ça. Est-ce que parce que vous vivez dans le même immeuble, Patrick ROGER, vous faites des projets d'avenir avec vos voisins ? Est-ce que parce que vous vivez dans le même immeuble, vous dînez tous les jours avec votre voisin du dessus et vous faites des projets ? Non. Moi, je n'ai pas envie de construire avec eux. Je ne partage rien de leurs idéaux, et notamment de ceux qui cachent. Je ne partage rien de leur identité. Je respecte la volonté du peuple. Nous sommes dans le même hémicycle. Je n'ai pas à construire avec eux. Mais quand, à la ministre que je suis, ils posent des questions, quand ils m'écrivent ou qu'ils me questionnent, je dois leur répondre. Je suis ministre de la République.
PATRICK ROGER
Merci Olivia GREGOIRE, ministre déléguée en charge des Entreprises, du Tourisme et de la Consommation, d'avoir été notre invitée. Vous pouvez réagir justement à tout ce qui a été dit. Il y a beaucoup de sujets. Nous verrons ça ensemble, évidemment juste après le flash de 9 heures.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 23 février 2024