Texte intégral
APOLLINE DE MALHERBE
Bonjour Olivia GREGOIRE.
OLIVIA GREGOIRE
Bonjour Apolline de MALHERBE.
APOLLINE DE MALHERBE
Et merci d'être dans ce studio pour répondre à mes questions. Vous êtes la ministre des Entreprises, du Tourisme, de la Consommation. On va parler pouvoir d'achat, on va parler de TICKET RESTO, promos, origine des produits parce que cela fait partie de vos combats et je voudrais qu'on puisse commencer d'abord avec les contrôles sur l'origine des produits. On en a énormément parlé au moment de la crise des agriculteurs et puis depuis, c'est un peu tombé dans un trou. Sauf que vous, vous essayez de vérifier d'où viennent les produits. Je voudrais qu'on distingue d'abord deux choses avec vous. Quand il y a marqué " origine France " sur un produit brut, ok ; quand on achète des nuggets par exemple, on ne sait pas du tout d'où vient le poulet à l'origine. Cela va changer, ça change déjà ?
OLIVIA GREGOIRE
C'est l'objet de ce que j'ai annoncé d'ailleurs à la fin du salon de l'agriculture. Vous avez remarqué au mois de janvier février, pendant le salon, on a beaucoup parlé, notamment ici, de l'amont agricole, comment mieux rémunérer les producteurs, etc. Moi, je suis la ministre de la Consommation et je crois que le consommateur, sur l'aval agricole peut aussi jouer un rôle s'il le veut, s'il le peut, en matière de pouvoir d'achat, pour choisir des produits dont la matière première agricole serait française. Pour cela, vous l'avez dit, ça suppose qu'on ait l'information. Mon combat, soyons clairs, c'est plus d'informations au consommateur pour qu'il puisse, s'il le veut, s'il le peut, choisir peut-être des aliments, des ingrédients origine " France ". On a aujourd'hui depuis 2011 l'obligation d'indiquer l'origine des fruits et légumes ; depuis 2020, l'indication des viandes, vous le voyez des vins. Il y a eu aussi l'indication des miels depuis 2022. Moi, j'appelle depuis maintenant deux mois et on avance beaucoup. Je vous donner des informations avec les industriels et les distributeurs pour leur dire " jouons le jeu de la transparence, tous les produits, les ingrédients ne viennent pas de France. " L'objectif n'est pas forcément d'indiquer ceux qui viennent de France. L'objectif, c'est d'indiquer les ingrédients majoritaires qui composent un plat préparé. Vous avez cité les nuggets. C'est ce qu'on appelle un produit transformé et on voit et d'ailleurs les contrôles de la DGCCRF le démontrent, qu'il y a parfois des filous qui jouent le prétexte du drapeau français alors que la matière première agricole n'est pas française. Que nos agriculteurs soient en colère, c'est normal. On a annoncé avec Bruno LE MAIRE 10 000 contrôles sur l'année sur ce qu'on appelle la francisation, c'est-à-dire cette utilisation du drapeau français sur les packagings pour vérifier si c'était vrai. La réalité, c'est que ce n'est pas " tombé dans le trou ", pour reprendre votre expression, peut-être médiatiquement, mais pas du tout en termes de contrôle. On a sur les 10 000 contrôles déjà en trois mois, on en a fait 3 000. Sur les 3000 contrôles …
APOLLINE DE MALHERBE
..il y en avait très peu qui étaient faits jusqu'à présent.
OLIVIA GREGOIRE
…pas assez, sûrement pas assez et qu'on en fasse plus, c'est parfaitement légitime. Aujourd'hui, sur 10 000 contrôles, un tiers sont réalisés. Vous avez un peu plus de 500 avertissements, ce n'est pas rien et vous avez 236 procès-verbaux très concrets, un peu moins de 10% des contrôles qui ont donné lieu à des procès-verbaux. Ce sont des procès-verbaux qui peuvent aller loin. On a jusqu'à des sanctions assez engageantes de centaines de milliers d'euros, voire des sanctions pénales qui gonflent.
APOLLINE DE MALHERBE
Qui s'adresse à qui ?
OLIVIA GREGOIRE
Aux industriels, aux agriculteurs !
APOLLINE DE MALHERBE
Je veux bien comprendre, vous faites ces contrôles, vous découvrez qu'il y a un petit drapeau français alors qu'en réalité, le poulet, il ne vient pas du tout de France. Par exemple, vous faites quoi? Vous faites une sanction ou vous faites un avertissement à ce moment-là ?
OLIVIA GREGOIRE
Ça dépend de la gravité de la filouterie. C'est à dire si on dit poulet 100% français alors que le poulet vient hors de l'Union européenne, là c'est une sanction.
APOLLINE DE MALHERBE
D'accord, parce que c'est une véritable fraude !
OLIVIA GREGOIRE
C'est un mensonge. Et on a aussi parfois des industriels ou des distributeurs qui ont le bénéfice du doute où la volonté n'était pas de tromper le consommateur. Donc les inspecteurs de la DGCCRF vérifient ça sur le terrain. Moi, je rappelle quand même qu'on a un peu plus de 200 procès-verbaux très concrets, qui aujourd'hui …
APOLLINE DE MALHERBE
… qui concernent qui, pardon mais quand on parle nuggets, tous les parents …
OLIVIA GREGOIRE
Qui concernent à la fois des industriels et des distributeurs …
APOLLINE DE MALHERBE
Des grandes marques de tous les jours ?
OLIVIA GREGOIRE
Des marques de tous les jours, des marques plus ou moins grandes, des marques régionales, des marques nationales. Ce n'est pas moi qui vais aujourd'hui donner l'intégralité des marques, ce n'est pas l'objet.
APOLLINE DE MALHERBE
On aimerait bien savoir en fait !
OLIVIA GREGOIRE
C'est pas l'objet, je n'ai pas vocation à faire ça !
APOLLINE DE MALHERBE
Commet on saura ?
OLIVIA GREGOIRE
On saura quand les sanctions auront été peut-être recouvrées. On est en train de les recouvrer. Les procès-verbaux sont tombés, vous savez, il y a toujours aussi un temps de contradictoire d'expliquer si la faute est volontaire, involontaire.
APOLLINE DE MALHERBE
Mais on saura ?
OLIVIA GREGOIRE
On saura. Si vous y tenez, je reviendrai pour en parler !
APOLLINE DE MALHERBE
Non mais ils seront d'abord obligés d'enlever ce fameux drapeau français !
OLIVIA GREGOIRE
Ah ça oui !
APOLLINE DE MALHERBE
S'il ne correspond pas à la réalité du produit.
OLIVIA GREGOIRE
Tout à fait !
APOLLINE DE MALHERBE
Est-ce qu'à un moment, parce que j'imagine qu'il y a aussi des entreprises qui vont se targuer d'être vertueuses, elles auront bien raison. Ce sera même un argument commercial. Mais est-ce qu'à l'inverse, celles qui ne jouent pas le jeu pourront être pointées du doigt ?
OLIVIA GREGOIRE
Oui, vous savez, moi je n'ai pas de problème avec la transparence, je ne sais pas si vous avez remarqué depuis que je suis là, on donne activement les noms, par exemple des entreprises, même des très grandes, qui ne respectent pas les délais de paiement. Avant, c'était un petit communiqué de presse sur un site de la DGCCRF. Aujourd'hui, la ministre que je suis fait des communiqués de presse tous les trois mois pour dire : telle entreprise, telle entreprise, telle entreprise s'est fait sanctionner. Je pense que les gens en général ont droit à cette information.
APOLLINE DE MALHERBE
Olivia GREGOIRE, vous le disiez, il y a donc ces contrôles qui ont été fait. Et puis il y a ce que vous avez appelé " Origine Info ", c'est-à-dire qui va fonctionner … Il faut bien qu'on explique que ce n'est pas encore complètement évident qui va fonctionner, un peu comme le Nutri Score.
OLIVIA GREGOIRE
Tout à fait !
APOLLINE DE MALHERBE
Comment ça marche ?
OLIVIA GREGOIRE
Alors un peu comme le Nutri Score. On va partir de là, c'est une démarche volontaire. Déjà, on démarre depuis maintenant un mois, j'ai convié l'ensemble des distributeurs, l'ensemble des industriels début avril à Bercy, pour discuter avec eux, avec les associations de consommateurs, de quelque chose qui pourrait ressembler au Nutri Score et qui permettrait d'un coup d'oeil aux consommateurs de savoir quelle est la provenance des ingrédients majoritaires du produit transformé qu'il achète.
APOLLINE DE MALHERBE
Vous avez des couleurs ?
OLIVIA GREGOIRE
On n'en est pas là.
APOLLINE DE MALHERBE
Mais j'aimerais comprendre. Ça veut dire quoi ? Si c'est français, c'est vert et si ça vient de Chine, c'est rouge ?
OLIVIA GREGOIRE
Non. Déjà, ça ne s'appelle pas l'Origine Score.
APOLLINE DE MALHERBE
D'accord, ça s'appelle comment ?
OLIVIA GREGOIRE
Origine Info. Pourquoi? Parce qu'on n'est pas dans une dynamique de scoring. Le Nutri Score, tu as des bienfaits nutritionnels ou tu n'as pas de bienfaits nutritionnels. C'est bon pour la santé ou c'est pas très bon pour la santé. L'origine, c'est pas la même chose.
APOLLINE DE MALHERBE
Ce n'est pas parce le poulet vient d'ailleurs qu'il est moins bon.
OLIVIA GREGOIRE
Ce n'est pas parce que le poulet est français qu'il est forcément absolument meilleur et l'autre chose, c'est que nous avons aussi des groupes qui sont des très grands groupes. Je pense aux grands distributeurs qui exportent aussi. Donc qu'on mette l'Origine France …
APOLLINE DE MALHERBE
Mais quelle est la différence entre l'Origine France et le made in France ou le …
OLIVIA GREGOIRE
Il va être plus précis. Le made in France promeut ce qu'il y a de français dans la conception du produit. Ce que j'appelle de mes voeux, c'est que par exemple, sur une mayonnaise, il y a de l'huile, des oeufs, de la moutarde. Bon, on a aujourd'hui des distributeurs qui vous mettent des gros drapeaux français sur le fait que les oeufs soient français, les oeufs ne sont pas majoritaires dans le produit mayonnaise. Donc la question du consommateur légitime, c'est : d'où vient l'huile, d'où vient la moutarde? Quand aujourd'hui les distributeurs ou les industriels ne le mettent pas et ont plutôt tendance à pousser ce qui est français. Moi, ce que je dis, c'est qu'on ne peut pas pousser quand c'est français et pas dire d'où vient le reste.. J'appelle donc par exemple sur le produit mayonnaise à regarder si les oeufs sont français mais à indiquer d'où vient l'huile, d'où vient la moutarde pour avoir une information plus complète. Je ne veux pas que l'affichage français soit un prétexte et aujourd'hui on a quand même des marques qui pour certaines mettent très en avant par exemple le " fabriqué en France " ou " assemblé en France ", c'est bien …
APOLLINE DE MALHERBE
On sent en général quand même que c'est louche, quand c'est très assemblé en France.
OLIVIA GREGOIRE
C'est très bien. Pour moi, je suis des producteurs agricoles. Ce que je veux savoir, et ça me semble être important, c'est d'où vient... Et ça fait partie des sujets qu'on discute. Ça paraît simple, vous savez, Apolline De MALHERBE, mais dès que vous touchez à quelque chose qui concerne plus de 60 millions de consommateurs, il faut faire attention à ce qu'on fait. Un exemple concret : le chocolat, c'est un ingrédient. La matière première agricole qui fait le chocolat, c'est le cacao. Est-ce qu'on doit savoir d'où vient le chocolat ? Où est-ce qu'il a été transformé ? Est-ce qu'on a vocation à savoir d'où vient le cacao ? Moi, ce qui m'intéresse vis-à-vis de nos agriculteurs, c'est plutôt le cacao. C'est plutôt la matière première agricole qui m'intéresse. Dans la farine, il y a du blé. Moi, je veux savoir d'où vient le blé, par exemple. C'est ça qu'on est en train de discuter avec les distributeurs. Combien d'ingrédients il faut indiquer ? Il ne faut pas perdre le consommateur, non plus. C'est un des arguments…
APOLLINE DE MALHERBE
Quand vous avez dix ingrédients qui sont nécessaires à la fabrication...
OLIVIA GREGOIRE
On ne peut pas tout noter. Donc l'idée, c'est de mettre les deux-trois principaux et peut-être de permettre au consommateur qui le veut par un QR code, comme certains le font déjà, d'avoir plus d'informations s'il le souhaite. On est en pleine discussion.
APOLLINE DE MALHERBE
Quelles sont les marques qui s'engagent à faire cette Origine-score ?
OLIVIA GREGOIRE
Au moment où je vous parle (et c'est une bonne nouvelle), on a plus d'une quarantaine de marques très connues du quotidien des Français industriels qui s'engagent derrière nous. Je peux vous dire que…
APOLLINE DE MALHERBE
Allez-y.
OLIVIA GREGOIRE
FLEURY MICHON, BONDUELLE, DAUSSY, YOPLAIT par exemple, ont contacté le cabinet, ont contacté Bercy pour dire " Nous, on veut en être. On est prêts à expérimenter, dès cet été, de façon volontaire. " Je veux aussi dire que tous les distributeurs, tous les distributeurs sont partie prenante de la démarche. Certains l'avaient enclenchée d'ailleurs en 2018-2019, notamment INTERMARCHE et LECLERC. Il faut dire les choses, je n'ai rien inventé. Le Covid avait cassé la dynamique. Le collectif, en vérité, porte ce combat depuis des années. Tous les distributeurs sont autour de la table pour être partie prenante.
APOLLINE DE MALHERBE
Très concrètement, le yaourt. Vous parliez de YOPLAIT. Cela veut dire que sur un yaourt YOPLAIT - yaourt aux fruits par exemple – on va savoir d'où vient le lait, on va savoir d'où viennent les fruits ? On aura tout ça qui sera indiqué sur le packaging du yaourt ?
OLIVIA GREGOIRE
On est en train de discuter, sur la fin de votre phrase. Après, autre question par exemple, où le note-t-on ? Il y a beaucoup d'indications déjà sur les produits.
APOLLINE DE MALHERBE
Et comment…
OLIVIA GREGOIRE
Certains sont prêts. Parmi les distributeurs notamment, je pense à Dominique SCHELCHER qui est très engagé sur la démarche.
APOLLINE DE MALHERBE
SYSTEME U.
OLIVIA GREGOIRE
SYSTEME U, qui est ici souvent et qui le dit. Lui, il est prêt à le mettre, ce qu'on appelle " on pack " c'est-à-dire sur le packaging. D'autres sont un peu plus réticents et préféreraient peut-être mettre un morceau de l'information sur le packaging et l'autre sur les prospectus ou en ligne sur le drive. Il faut un peu de souplesse dans la démarche. Je veux aussi le dire clairement.
APOLLINE DE MALHERBE
Oui, mais en même temps, si vous mettez... Le principe du Nutri-Score c'est le même quel que soit le produit.
OLIVIA GREGOIRE
Oui, mais là, soyons clairs ; dès le mois de mai... Je vous passe les détails, mais là on travaille sur un cahier des charges. On aura un logo au mois de mai qui sera le même pour tous. Vous n'aurez pas autant de logos qu'il y aura de distributeurs ou de produits. Mais certains distributeurs le mettront sur le packaging, d'autres sur le drive en ligne ou sur leur prospectus. C'est important de laisser un peu de liberté. Vous parliez du Nutri-Score, Apolline De MALHERBE. Il a fallu deux ans pour les sortir de terre. C'est une démarche volontaire ; il n'a pas fallu de loi. Plus de 90% des consommateurs le reconnaissent, plus 60% des marques l'ont mis en place. Il y a des chemins dans ce pays pour faire des choses avec aussi des acteurs volontaires. C'est ma conviction. C'est ce qu'on fait avec Origine-Info. Vous le verrez dès cet été.
APOLLINE DE MALHERBE
Dès cet été, dans les rayons. Olivia GREGOIRE, le ticket restaurant, le plafond à 25 euros et l'utilisation possible partout pour faire ses courses ; ça va continuer ? Officiellement, c'est une sorte de dérogation jusqu'en décembre. Est-ce que cela va devenir pérenne ?
OLIVIA GREGOIRE
Alors, ça, c'est pareil. Un ticket resto prend... pardon, c'est payé moitié par l'employé, moitié par l'employeur. Ce système de tickets restaurant est géré par une commission nationale des tickets restaurant. Il y a quatre acteurs dedans : les employés et les employeurs (normal, ils paient) les restaurateurs, ils en bénéficient, et les émetteurs, ceux qui font les tickets resto. Donc déjà, ce n'est pas la ministre toute seule dans son bureau, ni les parlementaires tous seuls au parlement, qui doivent décider. Donc moi, je conserve depuis plusieurs mois, je les ai reçus cette semaine, je les recevrai à nouveau pour un dernier tour de table le 18 avril prochain, jeudi prochain. Et ensuite, nous présenterons un texte de loi, là, à la rentrée, dès septembre, je pense, dès la rentrée, pour voir si on peut pérenniser effectivement le ticket restaurant. Il y a déjà une chose sur laquelle c'est important que vous le sachiez, tout le monde est d'accord : dématérialiser. Vous avez encore 30% de tickets restaurants qui sont en papier. On a tous l'histoire…
APOLLINE DE MALHERBE
Petits chéquiers de tickets restaurant.
OLIVIA GREGOIRE
Mais le petit chéquier qu'on a eu toutes et tous... Je m'en rappelle bien. Souvent, on l'oublie dans son sac, on le laisse dans un manteau, on le met dans la machine à laver. Savez-vous combien de millions d'euros de pouvoir d'achat sont perdus par les gens ?
APOLLINE DE MALHERBE
Je crois que c'est 40 millions.
OLIVIA GREGOIRE
Mais vous êtes calée. Bravo, 40 millions d'euros. Non mais tout le monde n'a pas ce chiffre. C'est quand même assez flagrant.
APOLLINE DE MALHERBE
Donc qui ont été perdus ?
OLIVIA GREGOIRE
Qui ont été perdus en pouvoir d'achat.
APOLLINE DE MALHERBE
Ok, donc ça…
OLIVIA GREGOIRE
Dématérialisation…
APOLLINE DE MALHERBE
D'accord, dématérialisation. Mais est-ce qu'on pourra l'utiliser pour faire ses courses ?
OLIVIA GREGOIRE
C'est très difficile de dire à plus de 96% des Français qui appellent de leurs voeux qu'on continue à les utiliser, de dire " non, vous êtes gentil, vous payez la moitié, mais en termes d'usage, on s'en occupe et vous n'aurez plus le droit de l'utiliser. " Donc c'est vrai qu'on a aujourd'hui une conscience assez forte, notamment au coeur de la Commission nationale Titres-Restaurant, du fait qu'il faut consolider le dispositif, le moderniser, pas le fragiliser. Mais il faut aussi tenir compte des usages. Imaginez-vous, six Français sur dix aujourd'hui font leurs courses avec les tickets... enfin, les tickets restaurant ou pas, et préparent leur tupperwares, leur gamelle pour déjeuner le midi. Ce n'est pas anodin, c'est plus d'une majorité, c'est 6% des salariés. On a 5 millions de salariés qui utilisent les tickets restaurant. 96% d'entre eux appellent à continuer l'utilisation. Donc, on prend plutôt ce chemin…
APOLLINE DE MALHERBE
J'ai bien entendu, Olivia GREGOIRE, vous êtes favorable au fait qu'on pérennise ce système ?
OLIVIA GREGOIRE
Il faut aussi faire attention. Il y a des propositions qui sont sur la table. Est-ce qu'il faut 25 euros en restaurants et 25 euros en grandes et moyennes surfaces ? Il y a des idées de " double plafond " qui sont en ce moment même en train d'être discutées.
APOLLINE DE MALHERBE
Franchement, vous allez arriver à faire ça ?
OLIVIA GREGOIRE
Eh bien, moi, j'ai envie de vous dire, sans torpiller la négociation. Parce qu'on ne peut pas demander l'avis et donner la fin du match en même temps. Mais je pense que tout ce qui relève de l'usine à gaz, en matière de pouvoir d'achat des Français, est un peu une hérésie aujourd'hui.
APOLLINE DE MALHERBE
Si aujourd'hui ça fonctionne…
OLIVIA GREGOIRE
Oui. Mais il faut aussi entendre les inquiétudes des uns et des autres. J'entends les restaurateurs qui disent " Nous, on a perdu des tickets restaurant depuis qu'on a étendu aux grandes et moyennes surfaces. " Mais je sais que les restaurateurs sont aussi des gens audacieux et inventifs. On peut trouver, en matière de menus, des solutions pour dire qu'avec le ticket restaurant, si on paie avec, on a peut-être accès à des promotions ou un dessert ou le café gratuit. Je sais qu'ils sont inventifs et qu'ils trouveront des voies et moyens.
APOLLINE DE MALHERBE
Et précisément, puisqu'on parle des restaurants ; le non fait maison. Vous vouliez aller sur ce terrain-là, c'est-à-dire distinguer ceux qui cuisinent vraiment, qui découpent les légumes et ceux qui achètent un plat tout fait chez Metro ou ailleurs. Finalement, il semble que vous ayez reculé là-dessus. Il y a un des députés de votre majorité, Richard RAMOS, qui veut remettre cette proposition de loi sur la table. C'est-à-dire distinguer et même dire quand un restaurant ne fait pas maison, c'est-à-dire le non fait maison. Est-ce que vous allez le soutenir ?
OLIVIA GREGOIRE
Alors, un, il y a quand même une ligne rouge dans ce que je fais, un combat : l'information aux consommateurs. Que l'on soit en grande et moyenne surface, origine info, qu'on soit au restaurant. Ok ? La transparence ce n'est pas les jours pairs uniquement pour certains acteurs. Donc effectivement, j'ai appelé et il y a eu une proposition de loi déposée à l'époque par un grand député qui s'appelait Guillaume KASBARIAN, qui est désormais ministre, pour faire en sorte qu'on indique mieux et de façon obligatoire quand c'est fait maison et pas fait à la maison.
APOLLINE DE MALHERBE
Mais ce texte avait été rejeté.
OLIVIA GREGOIRE
Non, non, ce texte n'a pas été discuté. Ce texte a été ensuite géré par un…
APOLLINE DE MALHERBE
C'est pire.
OLIVIA GREGOIRE
... autre député, et effectivement, ne trouvant pas de solution idéale…
APOLLINE DE MALHERBE
Il est resté dans un tiroir.
OLIVIA GREGOIRE
Il l'a retiré. Mais ce sont aussi des sujets importants. On touche à 60 millions de consommateurs potentiels. Moi, ce que je dis, c'est que, ce qui me gênait dans l'approche qui avait été porté, et c'est pour ça aussi en partie que je suis navrée que le texte ait été retiré, mais que c'est difficile de dire à ceux qui font déjà bien le boulot, c'est-à-dire ceux qui font déjà maison et qui se décarcassent et à qui ça coûte plus cher, il faut le dire, d'être les seuls à porter l'obligation. Parce que c'est peu ou prou, je ne rentre pas dans les détails, ce qu'entraînait cette proposition de loi. Faire porter une obligation d'affichage à ceux qui font déjà maison, et laisser ceux qui ne font pas maison, ce qui n'est pas grave, encore une fois, je n'ai pas de morale dans mon point de vue, il y a du fait maison qui n'est pas bon, il y a du non fait maison qui est très bon, qui peut venir de chez un artisan, qui peut venir aussi dans d'endroits. Donc je n'ai pas de jugement moral.
APOLLINE DE MALHERBE
La question, c'est savoir.
OLIVIA GREGOIRE
Mais moi je trouve qu'il y avait une logique à être équitable, à demander à ceux qui font maison d'afficher, et à demander à ceux qui ne font pas maison, d'afficher…
APOLLINE DE MALHERBE
Je vous repose la question : est-ce que la proposition de loi de Richard RAMOS, qui obligera ceux qui ne font pas maison, à mettre " non fait maison ", est ce qu'elle aura votre soutien ?
OLIVIA GREGOIRE
Est ce qu'elle sera réinscrite ? Déjà, c'est le premier sujet, et moi j'ai un point commun avec Richard RAMOS…
APOLLINE DE MALHERBE
Vous pousserez à ce qu'elle soit réinscrite ?
OLIVIA GREGOIRE
J'ai un point commun, c'est que je ne lâche pas ses combats, et je connais la pugnacité du député RAMOS. Vous savez, on ne peut pas recevoir sur ce plateau des représentants des restaurateurs, qui disent : " Il y a de la concurrence déloyale avec des gars qui sont en cuisine, qui font juste 30 secondes de micro-ondes alors que moi, je me décarcasse à aller faire mon marché, alors que moi, ça m'a coûté cher mes factures d'électricité. Parce que mon gigot de 7 heures, je le fais vraiment dans mon four pendant 7 heures ". Il y a effectivement un enjeu qui est aussi de sauver les artisans, les artisans restaurateurs, ceux qui font bien le boulot. Je ne suis pas du genre à changer d'avis comme de chemise. Je suis favorable à ce que porte Richard RAMOS et je ne doute pas qu'on trouvera un chemin. Mais ça ne peut pas être la transparence uniquement pour ceux qui jouent le jeu. Ceux qui aujourd'hui ne font pas maison...
APOLLINE DE MALHERBE
Donc vous obligerez ceux qui ne font pas maison, à dire qu'ils ne font pas maison.
OLIVIA GREGOIRE
Je ne présage pas de l'atterrissage. Ce texte ensuite doit vivre au parlement et on verra comment ça se passe.
APOLLINE DE MALHERBE
Mais il doit au minimum être discuté.
OLIVIA GREGOIRE
Exactement.
APOLLINE DE MALHERBE
Olivia GREGOIRE, la " shrinkflation ", c'est-à-dire le fait d'avoir, le fait de mettre un peu moins de produits dans un paquet un peu plus gros et donc de tromper le consommateur, vous aviez dit que vous alliez répondre aux demandes des consommateurs d'être mieux informés et d'afficher donc ces produits-là. On en est où ?
OLIVIA GREGOIRE
Vous aurez, pas plus tard que la semaine prochaine, une mesure prise, que je prendrai. Je ne veux pas la déflorer maintenant, je suis en train de la finaliser, mais je suis du genre à tenir ma parole et ce sera une information, toujours un objectif, l'information du consommateur, quand il y en a moins dans le même paquet, ce sera une information…
APOLLINE DE MALHERBE
Il y aura un autocollant, une étiquette.
OLIVIA GREGOIRE
Ce sera une unité qui devra être affichée.
APOLLINE DE MALHERBE
Par les industriels ou par les distributeurs ?
OLIVIA GREGOIRE
Vous êtes douée, puisque vous essayez de me faire déflorer l'annonce que…
APOLLINE DE MALHERBE
Eh bien j'aimerais bien quand même, qu'on comprenne.
OLIVIA GREGOIRE
Oui, mais comme c'est l'annonce de la semaine prochaine et que j'en ai un certain nombre pour ici, je ne la déflorerai pas. On a un enjeu aussi qui est le droit européen. Il y a des choses qu'on ne peut pas faire. J'expliquerai tout ça la semaine prochaine. On ne peut pas forcer certains acteurs à inscrire sur le packaging ce type d'informations. Mais on peut espérer puisque dès l'année prochaine, vous le savez sûrement, il y a une grosse réforme européenne pour le droit de la consommation…
APOLLINE DE MALHERBE
Mais les Français sauront, c'est-à-dire les Français qui poussent le caddy, ça sera suffisamment visible. On comprendra qu'il y a un peu moins de chips et que le paquet est un peu plus gros.
OLIVIA GREGOIRE
Engagement pris, c'est scandaleux, et ce sera tenu.
APOLLINE DE MALHERBE
Ok. Olivia GREGOIRE, vous êtes…
OLIVIA GREGOIRE
Et c'est un mensonge aussi...
APOLLINE DE MALHERBE
.. aussi vous êtes aussi la ministre du Tourisme. Je voudrais un mot sur les JO. On en est où des réservations pour cet été ?
OLIVIA GREGOIRE
Alors, on est sur une bonne pente, contrairement à ce que j'ai entendu ce matin avec beaucoup d'humour dans le…
APOLLINE DE MALHERBE
Chez Arnaud DEMANCHE, effectivement, sur RMC.
OLIVIA GREGOIRE
Chez Arnaud DEMANCHE, juste avant de venir. Alors, pour le dire avec humour, on est vendredi, non, il ne faut pas être maso pour venir aux J.O de Paris. D'ailleurs, plus de 40% de réservations, chiffre du 19 mars, soyons précis, sur les réservations d'hôtel. D'ailleurs + 6% dans les six prochains mois, sur les arrivées aériennes du monde entier. Donc nous avons des perspectives qui sont bonnes. Nous avons, il faut quand même le dire aux gens, parce qu'on ne le dit pas assez, jamais dans l'histoire des Jeux olympiques, une ouverture depuis 2 000 ans, quand même, n'a été faite sur un fleuve. La plupart du temps, les Jeux olympiques, pensez Londres par exemple, sont des Jeux olympiques d'une ville. Ce n'est pas les Jeux olympiques de Paris, ce sont les Jeux olympiques de la France, à Bordeaux, à Lyon, à Lille, dans plus de 65 départements, vous allez avoir des épreuves. Ce sont les Jeux olympiques de la France, pas uniquement de Paris. Je trouve qu'on est très Parisiens, j'adore Paris, mais il n'y a pas que Paris. Il y en a dans les DOM-TOM, il y en a partout. Ça va être une immense fête. Je repensais ce matin avant de venir. 98, la Coupe du monde, 2018, la Coupe du monde de rugby. Enfin je veux dire, on sait organiser de grands événements, on y arrivera…
APOLLINE DE MALHERBE
Et donc les Français sont au rendez-vous pour l'instant, en tout cas dans les réservations.
OLIVIA GREGOIRE
Mais oui, et pas que les Français, les clients internationaux aussi.
APOLLINE DE MALHERBE
Merci Olivia GREGOIRE d'être venue donc dans ce studio ce matin. Ministre déléguée en charge des Entreprises, du Tourisme et de la Consommation.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 15 avril 2024