Déclaration de Mme Marie Guévenoux, ministre déléguée, chargée des outre-mer, sur la lutte contre l'immigration illégale, l'insécurité et l'habitat indigne à Mayotte, à Paris le 16 avril 2024.

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Circonstance : Lancement de l'opération Mayotte Place Nette

Texte intégral

Mesdames, Messieurs,


Nul ne peut rester indifférent face aux difficultés que vivent chaque jour nos concitoyens mahorais.

Mayotte est aujourd'hui marquée par des crises à répétition :

- Une crise démographique et migratoire,
- Une crise de la sécurité,
- Et une crise de l'eau.

Ces circonstances exceptionnelles que vivent les Mahorais appellent des réponses fortes, et font de Mayotte un territoire prioritaire pour l'État.

C'est tout le sens du cap fixé par le Président de la République et des nombreuses mesures mises en œuvre sous son impulsion depuis 2017.

En 6 ans, avec Gérald DARMANIN et tout le Gouvernement, nous avons ainsi répondu aux défis sécuritaires de Mayotte à travers des actions concrètes.

Nous avons :

- doublé les effectifs de policiers et de gendarmes ;
- pérennisé 4 unité de forces mobiles sur l'île ;
-  créé un détachement permanent du RAID à Mamoudzou, en complément des militaires du GIGN qui sont sur place.

Aucune majorité ne l'avait fait.

Pour lutter contre l'immigration illégale, nous avons mis en place un plan interministériel, " Shikandra ", dès 2019, qui a déployé des moyens maritimes et techniques supplémentaires, dont des radars, des avions de reconnaissance, des vedettes de la Gendarmerie nationale et de la Marine.

En quatre ans, cette stratégie a spécifiquement permis l'interception de 26.000 personnes en mer et de plus de 2.100 kwassas. Ce sont ainsi 110.000 étrangers en situation irrégulière qui, puisqu'ils n'avaient rien à faire à Mayotte, ont été reconduit dans leur pays d'origine.

Plus récemment, pour faire face à la crise de l'eau, l'État a aussi engagé 100 millions d'euros pour assurer l'accès à l'eau de chacun et lancer de nouveaux forages.

Au total, près de 37 millions de litres d'eau ont été distribués aux populations sur toute la période de crise.

Dans le combat de l'État pour la restauration de l'ordre républicain à Mayotte, une étape essentielle a été franchie avec l'opération Wambushu, qui avait été lancée il y a près d'un an jour pour jour. Cette opération, lancée par le ministre de l'Intérieur et des Outre-mer, Gérald DARMANIN, poursuivait 3 objectifs :

- lutter contre l'insécurité et les bandes criminelles,
- lutter contre l'immigration clandestine, et
- lutter contre l'habitat indigne et les marchands de sommeil.

Entre le 24 avril et le 31 juillet 2023, c'est ainsi plus de 510 agents du ministère de l'Intérieur et des Outre-mer qui ont été déployés en renfort à Mayotte.

Les résultats sont là. 1000 individus ont été interpellés, dont 60 chefs de bandes. L'an dernier, l'opération a également contribué à interpeller 592 passeurs, à détruire 700 bangas et à expulser 25.000 étrangers en situation irrégulière. C'est 84% de plus qu'en 2020.

Après avoir connu une hausse conséquente entre 2021 et 2022, les principaux indicateurs relevant des atteintes aux personnes ont donc connu pour la première fois une baisse à Mayotte en 2023.

En définitive, l'opération Wuambushu a eu des résultats significatifs pour les Mahorais, dont le mérite revient aux agents de l'État et au premier chef à nos policiers et gendarmes qui ont agi avec courage, détermination et exemplarité.

Aujourd'hui, un an après, forts de ces bons résultats, nous lançons l'acte Il du retour de l'ordre à Mayotte, avec l'opération Mayotte Place nette qui a débuté ce matin, dès les premières lueurs de l'aube.

Comme pour Wambushu, c'est une opération de grande envergure qui se déroulera jusqu'au mois de juin, autour du même triptyque insécurité//immigration//habitat-indigne qui verra ses moyens et objectifs renforcés.

Pour répondre aux enjeux sécuritaires, et en lien avec le Parquet, nous avons identifié 60 individus qui constituent des cibles prioritaires.

Pour augmenter les reconduites des étrangers en situation irrégulière vers les pays africains des Grands Lacs, et avec le soutien de mon collègue Sébastien LECORNU dont chacun sait l'engagement pour nos territoires ultramarins, les Mahorais pourront compter sur le soutien de nos armées :

- 6 opérations terrestres militaires, dites " Nephila ", seront menées avec la mobilisation de nos armées et une section de 30 hommes ;
- 2 vedettes côtières de la gendarmerie maritime assureront une permanence en mer ;
- Un bâtiment sera mobilisé dans le canal du Mozambique en haute mer, pour bloquer la route des Grands Lacs ;
- Le retour à l'ordre passe aussi par les airs. Un avion civil multipliera les heures de vol au-dessus de l'île et au large de nos côtes.

Les capacités de rétention sur l'Île seront aussi augmentées, avec la création d'un 4e local de rétention administrative temporaire.

Enfin, sur le volet majeur de l'habitat indigne, nous nous sommes fixés comme objectif de détruire 1.300 bangas, soit près du double de ce que Wambushu a permis d'accomplir.

En lien avec mon collègue le ministre du logement, Guillaume KASBARIAN, une enveloppe exceptionnelle de 5 millions d'euros supplémentaires est octroyée pour reloger les familles sur place.

Au total, Mayotte Place nette représente donc un engagement d'environ 1.700 femmes et hommes, policiers, gendarmes et militaires, qui seront mobilisés sur le terrain pour mener à bien ces opérations. C'est un ratio sans commune mesure avec ce qui se fait en Hexagone. Cela représente 1 gendarme pour 350 habitants à Mayotte contre 1 pour 1.000 dans l'Hexagone.

Vous le voyez, l'opération Mayotte Place nette s'inscrit dans la continuité des actions fortes conduites par l'État depuis 2017, et prolonge les ambitions de Wambushu.

C'est un pas de plus vers le retour de la paix sociale et de l'ordre républicain pour les Mahorais.

Je veux leur redire ici que l'État se tiendra toujours à leurs côtés, grâce aux efforts et au travail remarquable de tous les policiers et militaires qui méritent le soutien et la reconnaissance de la Nation.


Je vous remercie et je me tiens à votre disposition pour répondre à quelques questions.


Source https://www.outre-mer.gouv.fr, le 17 avril 2024