Interview de M. Frédéric Valletoux, ministre délégué chargé de la santé et de la prévention à TF1 le 16 février 2024, sur la situation sanitaire (épidémie de choléra) à Mayotte.

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Média : TF1

Texte intégral

BRUCE TOUSSAINT
Il est temps de retrouver Marie CHANTRAIT et son invité, le ministre de la Santé et de la Prévention, Frédéric VALLETOUX ; pour évoquer notamment la réponse à apporter à la situation sanitaire qui se dégrade à Mayotte.

MARIE CHANTRAIT
Frédéric VALLETOUX, bonjour.

FREDERIC VALLETOUX
Bonjour.

MARIE CHANTRAIT
La situation à Mayotte, justement, est cette épidémie de choléra. Vous y étiez sur place. Vous vous êtes rendu là-bas en fin de semaine dernière. Vous avez parlé d'une situation sous contrôle. Le nombre de cas d'abord, parlons-en. Ils étaient recensés au nombre de 65, un enfant décédé. Est-ce que vous avez un nouveau recensement et des chiffres qui ont évolué ?

FREDERIC VALLETOUX
Alors, sous contrôle, parce que pour l'instant, elle est plutôt circonscrite dans un quartier et on a réussi en vaccinant effectivement la population - il y a 4 500 personnes qui ont été vaccinées - à faire en sorte que les chiffres augmentent parce qu'on le savait, mais n'explosent pas. Et donc aujourd'hui, on a un bilan de 67 personnes.

MARIE CHANTRAIT
Deux de plus donc.

FREDERIC VALLETOUX
67, c'est effectivement plus. Et un enfant qui est effectivement décédé la semaine dernière, qui était déjà décidé quand je suis allé jeudi et vendredi dernier.

MARIE CHANTRAIT
Pourquoi ne pas vacciner massivement la population comme l'appellent certains élus sur place ? Ce n'est pas la solution pour vous ?

FREDERIC VALLETOUX
Alors pour le choléra, ce n'est pas la solution. Et d'ailleurs, la stratégie retenue qui est effectivement d'intervenir fortement dès qu'une personne est malade auprès de son entourage, sa famille, les gens qu'il a fréquentés dans les heures qui ont précédé sa maladie. Eh bien, c'est validé par la Haute Autorité de Santé, le Haut Conseil de la Santé publique plutôt qui, effectivement, nous a dit - et c'est une autorité scientifique que nous suivons - qui nous a dit que pour le choléra, il fallait agir de cette manière. Vacciner la population n'a pas de sens, surtout que là, pour l'instant, je vous le dis, le choléra est circonscrit à un quartier, même si hier, je dois le dire, nous avons trouvé une personne dans un autre quartier qui est touché par le choléra…

MARIE CHANTRAIT
Très rapidement, juste le risque d'une épidémie en France Métropolitaine est nul ?

FREDERIC VALLETOUX
Non, non, non, non, non. Je crois qu'aujourd'hui on peut se faire peur, mais il ne s'agit pas de se faire peur. Et puis, il faut rappeler que le choléra, quand il est traité - c'est-à-dire avec un traitement antibiotique, quand il est pris en charge – a un taux de mortalité qui est très faible, aux alentours de 1,5%. Donc, on est vraiment sur une maladie qui, quand elle est prise en charge, permet effectivement de se sortir au bout de quelques jours.

MARIE CHANTRAIT
Une situation maîtrisée donc. Parlons de bonnes nouvelles, Frédéric VALLETOUX ; record d'investissements étrangers annoncé hier à hauteur de 15 milliards d'euros et des gros investissements dans le monde de la santé, avec notamment des laboratoires américains, britanniques - PFIZER, AstraZeneca - à hauteur d'un milliard d'euros ; des investissements pour la recherche contre le cancer notamment. Je vais me faire un peu chauvine ce matin ; on ne peut pas faire sans aujourd'hui, ces investissements étrangers ?

FREDERIC VALLETOUX
Ils sont nécessaires et c'est plutôt, d'abord, le signe de la vitalité de notre économie et surtout de l'attractivité de notre pays. Pour la cinquième année consécutive, la France est le pays qui, en Europe, attire le plus d'investissements étrangers. Et ça, c'est une fierté qu'il faut reconnaître. Tous secteurs et effectivement, plus particulièrement dans le domaine de la santé. La santé, c'est un domaine dans lequel il y a énormément besoin de recherches : recherche médicale, recherche pour les vaccins, les traitements. Et c'est plutôt un bon signe…

MARIE CHANTRAIT
Mais ça, c'est le verre à moitié plein, Frédéric VALLETOUX.

FREDERIC VALLETOUX
Non, il faut savoir…

MARIE CHANTRAIT
Aux téléspectateurs qui nous regardent, qui vont à la pharmacie par exemple, et qui se retrouvent confrontés à des pénuries de médicaments. A court terme, ces investissements ne vont pas résoudre cela.

FREDERIC VALLETOUX
Bien sûr, les pénuries de médicaments sont liées à des tensions qui sont mondiales, à un marché qui effectivement, aujourd'hui est, pour tous les pays du monde, est extrêmement tendu. Et on fait tout pour effectivement les diminuer et en tout cas, les ramener au minimum. Donc, de ce point de vue-là, on travaille et il y a eu des annonces qui avaient été faites pour travailler avec les grossistes répartiteurs pour mieux répartir les stocks, de manière à éviter autant que possible les pénuries. Mais sur ces investissements que vous évoquez, c'est quand même 335 emplois, 1,2 milliard. Il faut rajouter 1,1 milliard annoncé par SANOFI, entreprise française…

MARIE CHANTRAIT
Absolument.

FREDERIC VALLETOUX
... qui va investir dans une unité totalement moderne à Vitry-sur-Seine et avec plus de 500 emplois à la clé…

MARIE CHANTRAIT
Et ça, ce sont des bonnes nouvelles à saluer.

FREDERIC VALLETOUX
Oui, ce sont des bonnes nouvelles parce que ce sont des bonnes nouvelles pour l'emploi, pour la recherche médicale, pour la recherche de nouveaux traitements. Et effectivement, je le disais, notamment sur des sujets comme le cancer, les traitements coûtent de plus en plus cher et nécessitent effectivement que les firmes privées s'emparent, s'engagent et investissent pour la recherche.

MARIE CHANTRAIT
On en parlait dans nos journaux ; sept ans après le lancement du mouvement MeToo, cent personnalités, dont de nombreuses actrices appellent dans une tribune publiée dans Le Monde ce mardi, à une loi intégrale contre les violences sexuelles, des violences sexuelles et sexistes ; une réalité aussi dans le monde de la santé. La parole se libère. Vous avez reçu, il y a une semaine, les ordres des médecins et des infirmiers. Qu'est-ce qu'il peut ressortir de ce type de consultation ? Est-ce qu'une commission d'enquête pourrait être lancée ?

FREDERIC VALLETOUX
Alors, j'ai reçu les ordres, effectivement, il y a quelques jours. J'avais reçu, il y a une quinzaine de jours, les employeurs, les fédérations. J'avais reçu aussi les fédérations d'étudiants, les internes et tous les étudiants dans toutes les filières de santé, pour effectivement faire en sorte que la santé ne soit pas un secteur dans lequel on ait l'impression qu'il y ait une ou une vraie tradition carabine qui permettrait effectivement des usages et des comportements qu'on ne veut plus voir, donc zéro tolérance.

MARIE CHANTRAIT
Mais concrètement, que fait-on ?

FREDERIC VALLETOUX
Eh bien, je vais annoncer dans une quinzaine de jours des mesures que j'aurai travaillées avec à la fois les étudiants, à la fois avec les professionnels, les responsables hospitaliers, les communautés médicales, les ordres aussi, de manière à être…

MARIE CHANTRAIT
De quelle nature pourraient être ces mesures ?

FREDERIC VALLETOUX
De manière à faciliter les repérages, à aider les victimes qui effectivement mettent à jour et font valoir un certain nombre des faits…

MARIE CHANTRAIT
Pour libérer cette parole encore.

FREDERIC VALLETOUX
Libérer ces paroles et assurer les victimes de notre soutien et puis surtout, mieux sanctionner et être plus efficace dans la réponse et la sanction ; avoir des outils qui permettent de répondre plus vite et plus fort à des faits qui sont aujourd'hui inacceptables. Il y aura zéro tolérance en matière de... dans le domaine de la santé.

MARIE CHANTRAIT
Frédéric VALLETOUX, une dernière question ; la Cour des comptes, aujourd'hui, dans un rapport qu'elle publie, alors que les médecins peinent souvent à décrocher... les Français, pardonnez-moi, peinent souvent à décrocher des rendez-vous chez les médecins ; elle suggère finalement de permettre aux salariés qui le désirent, d'autodéclarer leur arrêt de travail de très courte durée, je précise. Est-ce que c'est une bonne idée ? Est-ce que vous pourriez aller dans ce sens en pleine période d'économies ?

FREDERIC VALLETOUX
Oui, mais moi, c'est un sujet que je veux ouvrir avec les employeurs parce que c'est avec eux qu'il faut discuter. Il ne faut tordre le bras à personne dans cette affaire. Et donc, il faut, avec les réseaux patronaux, discuter de la faisabilité de cette mesure qui permettrait de libérer du temps médical. Ça, c'est l'avantage. La question, c'est effectivement de voir son encadrement et veiller à ce que ça ne soit pas évidemment une nouvelle filière d'abus. Et donc c'est un équilibre à trouver, mais en tout cas, la mesure mérite d'être discutée avec les employeurs.

MARIE CHANTRAIT
Et le Gouvernement va donc la regarder de près ?

FREDERIC VALLETOUX
On va la regarder de près, parce que c'est une mesure, je le redis, qui permet de libérer du temps médical. Et tout ce qui permet de libérer du temps médical, de libérer les médecins de charges, j'allais dire, qui sont des charges immédiates et qui sont des charges qui leur permettent de se concentrer sur la prise en charge de choses plus lourdes, eh bien, est bon pour notre système.

MARIE CHANTRAIT
Frédéric VALLETOUX, merci beaucoup.

FREDERIC VALLETOUX
Merci beaucoup.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 15 mai 2024