Texte intégral
JEAN-JACQUES BOURDIN
8h34. Merci d'être avec nous sur l'antenne de Sud Radio, toujours plus nombreux et ça nous réjouit. Maud BREGEON est notre invitée ce matin, porte-parole du Gouvernement. Maud BREGEON, bonjour.
MAUD BREGEON
Bonjour.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Merci d'être là. La Commission des finances de l'Assemblée nationale demande officiellement de pouvoir enquêter sur le déficit des Comptes publics, la demande sera transmise à la présidente de l'Assemblée nationale, Yaël BRAUN-PIVET, puis notifiée au Gouvernement. Est-ce que le Gouvernement souhaite cette Commission d'enquête ?
MAUD BREGEON
Il est tout à fait légitime que des parlementaires veuillent comprendre ce qui s'est passé dans des Gouvernements précédents, et donc, moi, j'y suis évidemment par principe plutôt favorable.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous soutenez cette initiative ?
MAUD BREGEON
Ce que je veux dire, ce que je veux dire.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Le Gouvernement soutient cette initiative ?
MAUD BREGEON
Il y a une différence entre vouloir comprendre ce qui s'est passé et chercher des coupables, mener une chasse à l'homme contre les anciens ministres, ce n'est pas la même chose. Donc si l'objectif, c'est de regarder lucidement pour que ça ne se reproduise pas, on ne peut qu'y être favorable. Si l'objectif, c'est de pointer les uns et les autres du doigt en essayant, encore une fois, de trouver des coupables de... Encore une fois, je veux dis, faire des chasses à l'homme, ça, je…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous nous garantissez qu'il n'y a pas de culpabilité ? Qu'il n'y a pas volonté de falsification des comptes ? Qu'il n'y a pas volonté de dissimulation des comptes ?
MAUD BREGEON
Vous savez, moi, j'étais député depuis deux ans…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, oui, je sais, oui, je sais c'est pour ça, oui.
MAUD BREGEON
J'ai vu Bruno Le MAIRE répondre à l'Assemblée nationale, au Sénat, à chaque fois qu'il était auditionné, s'exprimer dans les médias, je ne peux que constater la transparence dont il a fait preuve. Et je note d'ailleurs, qui s'est exprimé favorablement suite à cette demande de commission d'enquête en disant qu'il était à la disposition du Parlement.
JEAN-JACQUES BOURDIN
De toute façon, c'est l'Élysée qui décidait, non, Maud BREGEON ?
MAUD BREGEON
Il faut regarder un petit peu dans le rétroviseur. On a traversé des années de crise : le coronavirus, l'énergie, l'inflation, on a mis des aides exceptionnelles, vos auditeurs en ont probablement bénéficié, que ce soit les particuliers ou les entreprises. Je n'ai pas souvenir Jean-Jacques BOURDIN, à l'époque, d'entendre beaucoup les oppositions nous dire qu'il ne fallait pas prendre en charge le salaire des Français durant le Covid, qu'il ne fallait pas déployer cinquante milliards d'euros au sein du bouclier tarifaire pour l'énergie, non seulement tout le monde était d'accord, mais en plus, on nous en demandait plus. Donc que chacun fasse preuve un peu de force de, je pense, modestie par rapport à la situation, on doit en faire preuve également et cette commission d'enquête doit permettre de faire mettre la lumière sur des choses qui ont peut-être mal fonctionné.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors, le budget, le Nouveau Front populaire et le Rassemblement national ne veulent pas voter votre budget. Nous verrons bien la fin des discussions. Est-ce qu'à la fin des discussions, il y aura une utilisation éventuelle du 49.3 ?
MAUD BREGEON
Ce qui est certain, Jean-Jacques BOURDIN, c'est qu'il faudra un budget pour la France, il faudra un budget.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc, par de 49.3, si c'est nécessaire ?
MAUD BREGEON
Il faudra un budget pour payer les fonctionnaires, il faudra un budget pour financer les services publics. Notre souhait, c'est que la discussion et le débat puissent se tenir aussi longtemps que nécessaire, il a commencé hier soir en commission des finances, il sera en séance à l'Assemblée nationale la semaine prochaine. Nous, on arrive avec une, une copie, une équation qui fonctionne : deux tiers de réduction de dépenses, un tiers de contribution exceptionnelle. Si les parlementaires ont des idées et je vois qu'ils en ont beaucoup pour faire différemment et mieux en respectant ce cadre budgétaire-là, qui est un cadre qui est très difficile, on est évidemment ouvert à toutes les propositions.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors, Maud BREGEON, est-ce que le 49.3 sera éventuellement déclenché avant la fin de la discussion budgétaire ?
MAUD BREGEON
Je ne suis pas madame Irma. Ce que je dis, c'est que notre volonté, c'est de tracer des chemins de compromis et je note que…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc, pas de déclenchement du 49.3 avant la fin de la discussion budgétaire ?
MAUD BREGEON
Encore une fois, notre objectif, c'est de laisser les débats se tenir. Maintenant, à la fin, il faudra un budget, on verra bien comment se passent les débats. On verra bien comment se passent les débats.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc, c'est possible de déclencher le 49.3 au milieu des débats ?
MAUD BREGEON
Vous savez, moi, en politique, j'ai appris à ne jamais dire jamais.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon d'accord, ne jamais dire jamais, donc, c'est possible. Contribution sur les revenus, c'est la première mesure votée hier en commission. Vous l'avez vu, impôt supplémentaire donc, et ce ne sera pas limité dans le temps, contrairement à ce que voulait le Gouvernement ?
MAUD BREGEON
Notre mission, elle est simple, c'est de dire qu'on est face à une situation exceptionnelle, à une situation d'urgence, à une situation qui est grave et donc, on demande temporairement à ceux qui le peuvent le plus… On parle, pardonnez-moi, de plus de 500 000 euros par an pour un couple, ce n'est pas tout à fait la classe moyenne, de contribuer davantage sur une durée de trois ans. On estime que ça doit rester temporaire…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ce n'est pas ce qu'a dit la Commission hier.
MAUD BREGEON
Mais la Commission est tout à fait libre, je vous dis quelle est la position du Gouvernement, donc, ce délai-là doit permettre de retrouver une trajectoire plus saine et de mener des réformes structurelles.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors, Maud BREGEON, parlons du budget, puis nous passons à un autre sujet. La revalorisation des pensions de retraite sera-t-elle décalée de six mois ? Vous le confirmez ? Vous tenez bon là-dessus ?
MAUD BREGEON
On a conscience que c'est un effort qui est un effort demandé aux retraités, encore une fois, avec un engagement qui est le nôtre, c'est celui de maintenir une indexation avec quelques mois de décalage, mais de maintenir une indexation…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous dites : "Oui, nous gardons ce décalage" ?
MAUD BREGEON
Ensuite, c'est dans la proposition initiale du Gouvernement. Je voudrais préciser quand même que les minimas de retraite seront, eux, bien revalorisés en janvier, comme c'est prévu et redire quand même que les retraites ont été revalorisés les dernières années, notamment début 2024 à plus de 5 %, c'est-à-dire au-dessus de l'inflation, au-dessus inflation, donc, on fait cette proposition-là. Maintenant, on est ouvert à la discussion sur les plus petites retraites, et tout ça se fera dans le cadre du débat parlementaire.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ah, vous épargnez les petites retraites ?
MAUD BREGEON
Nous n'excluons rien, la seule condition, nous n'excluons rien, la seule condition qu'on ait…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc, ne seraient concernés que les retraités au-dessus d'un certain seuil ?
MAUD BREGEON
Mais on est ouvert à la discussion et c'est bien normal.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous n'êtes pas contre ? Vous n'êtes pas contre ça ?
MAUD BREGEON
On n'est pas contre par principe. Ça nécessitera en revanche d'avoir un équilibre global et donc, ça veut dire faire plus de réduction de dépenses ailleurs.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors, j'ai deux autres questions sur le budget, pouvez-vous me garantir ce matin, parce que ça, ça importe beaucoup, les Français sont très attachés à l'aide, au crédit d'impôt pour l'aide à domicile, est-ce que vous pouvez me garantir que ce crédit d'impôt pour l'aide à domicile sera maintenu ?
MAUD BREGEON
Aujourd'hui, tel qu'est la proposition du Gouvernement est formulée, l'objectif n'est pas de revenir dessus maintenant, je ne peux pas préempter les débats. Je ne veux pas préempter les débats.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui. Le Gouvernement restera ferme sur cette position ?
MAUD BREGEON
Je ne veux pas préempter les débats et je vous renvoie, là, pour le coup, vers mon collègue Laurent SAINT-MARTIN. Je sais que c'est quelque chose qui est important pour les gens.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ce ne sera pas raboté ?
MAUD BREGEON
Je sais que c'est quelque chose qui est important pour les gens, qui apportent beaucoup, beaucoup de familles l'utilisent, mais on verra comment ça se passe durant les débats, on a bien conscience de l'importance en tout cas de la mesure pour les Français.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que l'augmentation des taxes sur l'électricité est maintenue ?
MAUD BREGEON
Notre objectif, c'est que les factures des Français sur l'électricité baissent et que les factures sur le gaz, parce qu'on a beaucoup parlé ces derniers jours, n'augmentent pas.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Notamment dans votre Gouvernement ?
MAUD BREGEON
Donc, on s'engage, on s'engage d'une part à ce qu'il n'y ait pas de hausses, en tout cas, c'est notre position, le Parlement est souverain, mais notre position, c'est qu'une hausse des taxes sur le gaz. Il y a douze millions de Français, douze millions de Français qui se chauffent au gaz et qui n'ont pas à payer de plein fouet une augmentation des taxes décidée, je pense, au Parlement. Et ensuite, on s'engage à ce que l'électricité baisse d'environ 10 % pour 80 % des Français qui aujourd'hui sont aux tarifs réglementés et pour les 20 % restants, leurs factures ont déjà baissé parce que les prix du marché ont déjà baissé.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ce qui veut dire que la facture baissera, mais moins que prévu. La facture baissera moins que prévu ? Moins que prévu ?
MAUD BREGEON
Elle baissera de 10 %, un peu moins que prévu, mais après…
JEAN-JACQUES BOURDIN
De 10 % quand ?
MAUD BREGEON
En février.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Février, moins de 10 % ?
MAUD BREGEON
C'est le temps de la mise à jour des tarifs réglementés en début d'année. Je rappelle que nous avons mis cinquante milliards d'euros dans le bouclier tarifaire. On ne s'en rendait pas compte au quotidien, mais l'État est allé jusqu'à prendre en charge près de la moitié des factures d'électricité des Français, précisément en baissant les taxes. Et donc là, l'objectif est de revenir à un niveau normal qui est celui d'avant crise. Je crois que chacun comprend qu'après une période exceptionnelle, croyez-moi, on a beaucoup aidé et ça nous est d'ailleurs reproché par certains aujourd'hui, il faut qu'on retrouve un équilibre dans les comptes de l'État, comme on le ferait dans les comptes des particuliers.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que les gels des crédits consacrés à l'AME sera… est-ce que les crédits consacrés à l'AME seront gelés, simplement ?
MAUD BREGEON
Alors, dans les lettres plafonds, dans les objectifs de dépenses des Ministères qui ont été transmis à chacun des ministères à l'été, il y avait une hausse d'environ, je crois, cent millions d'euros de l'aide médicale d'État.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Cent millions d'euros ?
MAUD BREGEON
Notre position et ce que nous nous proposons, c'est de geler les dépenses de l'AME par rapport à ce que c'était en 2024, donc d'accepter un amendement qui proposerait que ces dépenses n'augmentent pas. En parallèle, pour contenir ces dépenses à long terme, il n'y a pas uniquement les amendements, enfin, on va se dire les choses. Si vous voulez freiner les dépenses de l'AME, commencez par freiner l'immigration clandestine. J'ai l'impression d'ouvrir, enfin, de parler de…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Justement, c'est ma transition, Maud BREGEON.
MAUD BREGEON
Non, mais le bon sens, c'est quand même ça et ensuite, nous regarderons si des mesures supplémentaires…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Une réforme de l'AME ?
MAUD BREGEON
Pour contenir l'AME, pour contenir l'AME si des mesures sont nécessaires, nous n'y sommes pas fermés.
Mais la première chose, pardonnez-moi, encore une fois, pour contenir le budget de l'AME, c'est de contenir l'immigration clandestine. C'est du bon sens.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je vais y venir, Maud BREGEON, mais la réforme de l'AME sera-t-elle inscrite dans la loi immigration ? Cette fameuse loi qui est prévue pour quand, d'ailleurs, cette loi ?
MAUD BREGEON
Début 2025.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Janvier ? les premiers mois ?
MAUD BREGEON
Les premiers mois de l'année 2025. Vous savez qu'il y a un certain nombre de lois qui devraient être discutées en début 2025. Il y a une loi sur la simplification, il y a la loi sur la fin de vie, il y a la loi sur la fin de vie, il y a la loi sur l'immigration…
JEAN-JACQUES BOURDIN
La loi sur la fin de vie, début 2025 aussi ?
MAUD BREGEON
En tout cas, c'est l'objectif.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous reprendrez le texte ?
MAUD BREGEON
Il y aura des discussions d'abord avec les parlementaires, avec les différentes parties prenantes. Mais c'est, je crois, plutôt l'objectif du Premier ministre et il l'a formulé en ce sens. Il faut le faire, encore une fois, sans polémique, sans idéologie. Donc tout ça pour vous dire qu'on a un certain nombre de projets pour le début d'année 2025 et qu'on verra comment est-ce qu'on les cale dans le calendrier parlementaire.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors, la réforme de l'AME sera-t-elle inscrite dans la loi immigration ?
MAUD BREGEON
La réforme de l'AME, c'est soit du réglementaire, soit du législatif, donc ça dépend un petit peu de ce qu'on veut faire dessus. De façon plus générale, sur cette réforme de l'immigration que j'ai moi-même annoncée chez vos confrères il y a une petite semaine de ça ; j'entends les crispations que ça peut susciter ici ou là. Mais enfin, Jean-Jacques BOURDIN, qui peut aujourd'hui prétendre que l'immigration est suffisamment contrôlée en France ? Qui peut aller devant les électeurs, devant les Français, en disant qu'il n'y a aucun problème, qu'en fait tout va bien, que l'immigration irrégulière, telle qu'elle est aujourd'hui, ne pose pas de problème, que ça ne génère aucun problème d'insécurité ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est une chance pour la France ?
MAUD BREGEON
…Que les dispositifs d'insertion fonctionnent bien.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est une chance pour la France, l'immigration, ou pas ?
MAUD BREGEON
Moi, je ne réponds pas de façon aussi manichéenne. Je vais vous dire…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous ne dites pas oui et vous ne dites pas non.
MAUD BREGEON
Je vous dis que quand l'immigration est irrégulière, qu'elle est incontrôlée, qu'elle génère de l'insécurité, qu'elle n'est pas adossée à des dispositifs d'insertion qui fonctionnent ; non, ce n'est pas une chance pour la France. Quand l'immigration, encore une fois, est contrôlée et choisie avec des gens qui travaillent, qui respectent nos lois, qui apportent dans les secteurs de l'agriculture, dans l'industrie, dans la restauration ; oui, elle apporte à la France. Mais donc, il nous faut une immigration contrôlée et choisie. C'est du bon sens.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien. Des quotas ? Vous êtes favorable à des quotas immigratoires ?
MAUD BREGEON
Du quota sur quoi ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
Des quotas professionnels sur une immigration choisie, Immigration contrôlée…
MAUD BREGEON
Parce que des quotas, par exemple sur le droit d'asile…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Comme par exemple le fait l'Italie, ou comme le fait la Hongrie. Monsieur ORBAN qui nous dit qu'il n'y a pas d'immigration ; ce qui est faux. Il y a une immigration de travail en Hongrie.
MAUD BREGEON
Il nous faut définir les secteurs et on a commencé à le faire, dans lesquels on a besoin de main-d'œuvre. On ne va pas non plus se mentir.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc régularisation ?
MAUD BREGEON
On sait bien qu'il y a des secteurs, aujourd'hui, en tension qui ne tournent pas sans une main-d'œuvre issue de l'immigration. Et d'ailleurs, on fait déjà appel à une main-d'œuvre issue de l'immigration. Est-ce qu'aller vers les quotas, tel que cela a été le cas avant, permettrait de gérer les problèmes ? Je n'en suis pas certaine. Je crois qu'il y a trois échelles qui doivent être utilisées et qui sont pertinentes : c'est l'échelle internationale ; il faut qu'on ait des bras de fer avec les pays d'origine pour qu'ils reprennent leurs ressortissants. L'échelle européenne où il faut qu'on contrôle davantage les frontières à l'échelle de l'Union européenne. Et l'échelle nationale où on doit faire preuve d'une grande fermeté avec celles et ceux qui ne respectent pas nos lois. Gérald DARMANIN – et moi, je veux saluer son action – a commencé à le faire avec la loi immigration, qui avait déjà fait couler beaucoup d'encre. Mais on ne va pas s'interdire de proposer au Parlement des mesures supplémentaires…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais à quoi sert une nouvelle loi – c'est ce que dit Gabriel ATTAL – alors que les décrets d'application ne sont pas tous sortis alors que la loi immigration n'est pas encore appliquée, la récente, la dernière ?
MAUD BREGEON
Elle est déjà… Elle est en partie…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais c'est ce que dit Gabriel ATTAL, ce n'est pas moi, Maud BREGEON.
MAUD BREGEON
Elle est en partie oubliée. La question se pose : est-ce qu'on estime que l'état actuel de la situation est satisfaisant ? Moi, je ne crois pas. Et je vais vous dire, vous allez sur n'importe quel marché de France, les gens vous en parlent, les gens vous demandent d'agir. Qu'est-ce qu'on a proposé dans cette loi, par exemple ? Enfin, on a dit aujourd'hui, les migrants en situation irrégulière qui présentent des profils dangereux, on veut pouvoir les maintenir en centre de rétention administratifs plus longtemps…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc ce sera 210 jours ?
MAUD BREGEON
De 90 à 210 jours ; le temps notamment d'obtenir les laissez-passer consulaires des pays d'origine pour les renvoyer dans leur pays d'origine. En fait, c'est du bon sens. Qui peut s'opposer à ça ? Je ne sais pas, moi. Enfin, la question derrière, c'est que – pardonnez-moi – c'est celle de la sécurité des Français aussi.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors, Maud BREGEON, Michel BARNIER et Bruno RETAILLEAU rencontreront demain les ministres italiens des Affaires étrangères et de l'Intérieur. L'Italie a conclu un accord avec l'Albanie qui permet à l'Italie d'envoyer des migrants dans ce pays. Est-ce que la France pourrait signer des accords semblables ?
MAUD BREGEON
En tout cas, c'est une volonté qui est portée par le ministre de l'Intérieur, Bruno RETAILLEAU.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Des accords semblables ?
MAUD BREGEON
En tout cas, c'est à l'étude au ministère de l'Intérieur. Ça prend beaucoup de temps.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui. Mais ça, j'imagine.
MAUD BREGEON
La diplomatie, c'est des échanges…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc, la France pourrait signer des accords avec des pays tiers. On est bien d'accord.
MAUD BREGEON
On ne se l'interdit pas.
JEAN-JACQUES BOURDIN
On ne se l'interdit pas, pour accueillir des migrants.
MAUD BREGEON
Voilà. On ne se l'interdit pas.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Avec l'Albanie aussi ?
MAUD BREGEON
On ne se l'interdit pas. Je ne rentrerai pas dans le détail des pays, mais je note que mon collègue Bruno RETAILLEAU, qui est extrêmement déterminé sur la question, a dit…
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est un modèle à suivre ?
MAUD BREGEON
L'Italie ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui.
MAUD BREGEON
En tout cas, cette solution-là doit être étudiée. Mais Bruno RETAILLEAU l'a dit ; il a dit qu'il allait lancer des discussions avec différents pays pour voir ce qu'il était possible de faire. Ça prend beaucoup de temps.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais c'est un modèle à suivre ?
MAUD BREGEON
Pourquoi pas ? En tout cas, regardons si ça fonctionne.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je change de sujet, Maud BREGEON.
MAUD BREGEON
Faites.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Parlons de SANOFI à Compiègne et Lisieux. Les salariés d'OPELLA, la filiale de SANOFI, se mettent en grève. Alors, ils s'inquiètent pour leur avenir et s'inquiètent pour leurs emplois. Est-ce que vous bloquerez la vente de cette division de SANOFI ? Est-ce que le Gouvernement peut et veut bloquer cette vente ?
MAUD BREGEON
Deux choses : d'abord, notre objectif, c'est d'obtenir les exigences nécessaires afin de ne pas avoir à prendre cette décision – c'est une évidence – sur les emplois, sur la production, sur l'approvisionnement du pays. Ensuite…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Si vous n'obtenez pas ces exigences ?
MAUD BREGEON
Si nous n'obtenons pas ces exigences, nous pourrons bloquer cette vente, oui. Parce que derrière, c'est une question de souveraineté française. D'ailleurs, je pense que, vous savez, au-delà des salariés – et que je comprends évidemment – c'est une affaire qui parle à tous les Français. Parce que le Doliprane, c'est le médicament du quotidien. Non mais c'est vrai, c'est ce qu'on prend quand on a mal à la tête…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, mais c'est du paracétamol. Il y a des multiples… Paracétamol. Pardon, c'est une vieille molécule qui date de je ne sais trop quand, plus de 100 ans maintenant. Oui, mais, Maud BREGEON…
MAUD BREGEON
À l'heure où quelques années après le Covid…
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est une priorité industrielle, le Doliprane ?
MAUD BREGEON
En tout cas, c'est une priorité industrielle d'avoir, sur notre sol, les sites de production, de préserver les emplois, de préserver le siège social. Et c'est ce que pousse le ministre de l'Economie et des Finances. Donc, on demande des exigences extrêmement claires. Notre objectif n'est pas de bloquer la vente, c'est d'arriver, par le dialogue, à obtenir des engagements écrits. Et si on n'arrive pas à obtenir les engagements écrits, on ne s'interdit pas d'utiliser tous les autres leviers. Mais on souhaite évidemment que cela se passe bien pour les salariés, pour l'entreprise, pour les Français et les territoires concernés.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Maud BREGEON, "monsieur NETANYAHOU ne doit pas oublier que son pays a été créé par une décision de l'ONU. Par conséquent, il ne devrait pas s'affranchir des décisions de l'ONU" ; c'est ce qu'a déclaré Emmanuel MACRON en Conseil des ministres. Vous étiez en Conseil des ministres ?
MAUD BREGEON
J'étais en Conseil des ministres.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce qu'il a déclaré ça ? Est-ce qu'il a dit cela, tout simplement ?
MAUD BREGEON
Ce propos – et je ne confirme pas la phrase exacte – s'inscrivait dans un cadre global…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais donc il a dit cela parce que ça n'a pas été démenti par les… donc il l'a dit.
MAUD BREGEON
…sur la nécessité des différents pays du Moyen-Orient de respecter les règles internationales. Moi, je vais vous dire, je ne laisserai pas dire que le Président de la République n'a pas été aux côtés d'Israël et du peuple israélien depuis un an et depuis ces attentats terroristes du 7 octobre. C'est faux.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais s'est-il livré… Pardon, Maud BREGEON, je vous coupe. S'est-il livré à une affligeante distorsion de l'histoire ? Comme le dit Benyamin NETANYAHOU ; ce n'est pas moi.
MAUD BREGEON
Il a rappelé les uns et les autres la nécessité qu'ont les uns et les autres de respecter les règles internationales.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Israël ne les respecte pas ?
MAUD BREGEON
Pardonnez-moi.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Israël ne respecte pas les règles internationales ?
MAUD BREGEON
Il l'a dit dans un cadre global. La position de la France est simple. La position de la France, c'est celle de la désescalade qui doit passer par la diplomatie.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors est-ce qu'Israël respecte les règles internationales, Maud BREGEON ?
MAUD BREGEON
Pour la sécurité des peuples sur place et notamment du peuple israélien, la France se tient aux côtés d'Israël. La France a toujours soutenu Israël dans sa légitimité à se défendre, comme elle soutient aujourd'hui le Liban. Parce que derrière, derrière, on parle de population civile, on parle de femmes, on parle d'enfants. Et donc le rôle de la France aujourd'hui, c'est de travailler à un dialogue diplomatique qui doit aller dans le sens de la désescalade. Parce que si l'embrasement continue, il n'y aura aucun avenir dans cette région, aucun avenir.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Maud BREGEON, est-ce qu'Israël respecte les règles internationales ?
MAUD BREGEON
En tout cas, Israël doit les respecter.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce qu'Israël, au Sud-Liban, les respecte ?
MAUD BREGEON
Israël doit les respecter. C'est ce qu'a rappelé le Président de la République. C'est ma réponse.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien. Phrase prononcée donc – vous confirmez – par Emmanuel MACRON.
MAUD BREGEON
Je ne confirme pas le mot à mot mais…
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'était l'esprit.
MAUD BREGEON
Et c'était une phrase dans un contexte.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'était une phrase dans un contexte, mais elle a été prononcée. Vous connaissez RONAVAL ? Oui, vous avez entendu parler. C'est le Salon mondial de défense qui n'accueillera ni stands ni matériels israéliens. Vous confirmez ?
MAUD BREGEON
Je ne le confirme pas ce matin. Pour le coup, je vous renvoie vers mon collègue des Armées.
JEAN-JACQUES BOURDIN
De la Défense, j'imagine.
MAUD BREGEON
J'entends bien les discussions qu'on peut avoir sur ces sujets et ce sont des discussions qui sont importantes. Moi, ce que je veux redire, c'est encore une fois la position qui est celle de la France, qui est une position qui prend en compte les populations civiles, qui prend en compte l'histoire, qui prend en compte les complexités d'une situation au Proche et au Moyen-Orient, loin des positions très tranchées qu'on peut entendre en France. Ce n'est pas tout noir ou tout blanc. Et la diplomatie, c'est exigeant, ça ne marche pas toujours. Quand on réclame des cessez-le-feu, on ne les obtient pas nécessairement et pourtant, c'est la seule voie de sortie possible. Je pense que beaucoup de Français le comprennent.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, oui. Et d'ailleurs le Président de la République a parlé de conférence à propos du Liban.
MAUD BREGEON
Oui, le 24 octobre, elle se tiendra en France.
JEAN-JACQUES BOURDIN
En France, avec qui ?
MAUD BREGEON
Ça, ce sera précisé par l'Elysée, encore une fois.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Israël sera invité ?
MAUD BREGEON
Ce sera l'occasion… Je vous renvoie vers l'Élysée. Ce sera l'occasion, encore une fois, de réaffirmer le rôle central qui est aussi celui de la France aujourd'hui, dans la région. Cette capacité qu'a le Chef de l'État et qu'a historiquement notre pays à dialoguer avec les uns et les autres, ce qui nous confère quand même – et c'est important – sur le plan diplomatique, une place qui a une place pivot. Et donc on doit mettre en avant ce rôle-là. Parce que c'est un rôle que peu de pays aujourd'hui peuvent avoir. Quand les États-Unis appellent à un cessez-le-feu au Liban il y a quelques semaines de ça, avec qui le font-ils ? Ils le font avec la France ; ce n'est pas rien. Et ça veut dire quelque chose.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Maud BREGEON, j'ai une dernière question. Paul WATSON, vous savez, le fondateur de Sea Shepherd… Paul WATSON demande l'asile politique à la France. Est-ce que nous allons le lui accorder ?
MAUD BREGEON
Je pense que ce n'est pas tranché aujourd'hui. J'aimerais vous répondre…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ce n'est pas décidé. Bon, d'accord.
MAUD BREGEON
Ce que je peux vous dire c'est que j'ai un profond respect et beaucoup d'admiration pour la cause qu'il a portée.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Merci Maud BREGEON…
MAUD BREGEON
Merci à vous.
JEAN-JACQUES BOURDIN
…d'être venue nous voir ce matin sur l'antenne de Sud Radio. Maud BREGEON, porte-parole du Gouvernement.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 18 octobre 2024