Texte intégral
La ministre de la Transition écologique, de l'Énergie, du Climat et de la Prévention des risques a présenté une communication sur le Plan national d'adaptation au changement climatique (PNACC).
Inondations à répétition, sécheresses extrêmes, vagues de chaleur plus fréquentes et intenses, hausse du niveau de la mer, extension des zones touchées par les feux de forêt, intensification des cyclones en outre-mer, effondrement de la biodiversité : les conséquences du changement climatique sont déjà visibles dans le quotidien des Français et continueront de s'aggraver dans les prochaines décennies.
Ce projet PNACC prévoit des méthodes claires de diagnostics et de cartographies pour qualifier les dangers et traduire les risques physiques afin de les anticiper, de les maîtriser et de prioriser les infrastructures et activités à protéger.
Il se traduit par des actions permettant de mieux protéger notre société des manifestations déjà réelles du dérèglement climatique ainsi qu'une vision à plus long terme pour préparer notre cadre de vie, notre économie, nos infrastructures, en intégrant l'adaptation dans l'ensemble de nos décisions politiques et des politiques publiques.
Réparties en cinq axes, les cinquante et une mesures du plan constituent les grandes priorités de notre politique d'adaptation :
- Renforcer la protection de la population face aux effets déjà perceptibles du changement climatique. Le fonds Barnier sera abondé de 75 millions d'euros pour atteindre 300 millions d'euros en 2025 afin de multiplier et accélérer les projets de prévention. Des actions sont prévues pour maintenir l'accès de tous au système assurantiel, dans tous les territoires, limiter les risques liés à l'évolution du cycle de l'eau (inondations, sécheresses), à l'accroissement progressif de la fréquence et de l'amplitude des catastrophes naturelles et aux effets des fortes chaleurs, que ce soit dans les logements, au travail ou en ville, et cartographier les impacts du changement climatique sur la santé. Le déploiement des solutions fondées sur la nature permettra de réduire la vulnérabilité des territoires aux impacts du changement climatique (végétalisation des centres urbains pour lutter contre les îlots de chaleur, agroécologie pour garantir une meilleure résilience des sols, reconstitution de zones humides, etc.). Des mesures spécifiques sont prévues pour les populations les plus vulnérables, en particulier les personnes précaires, en accompagnant la rénovation du bâti d'hébergement et des accueils de jour en tenant compte du confort d'été. Un approfondissement spécifique est également prévu pour les territoires ultramarins.
- Territorialiser l'adaptation au changement climatique, en sensibilisant les élus locaux, et en leur apportant les outils, le réseau d'expertise et les financements nécessaires pour agir. Cet axe prévoit de construire des stratégies d'adaptation propres à chaque collectivité territoriale et des mesures visant à intégrer les enjeux de l'adaptation dans toute l'action publique dans les territoires, tant en matière de financement de projets et d'ingénierie territoriale que de stratégie de planification publique. A ce titre, le fonds Vert sera mobilisé pour ces mesures d'adaptation au sein des collectivités. Ce deuxième axe porte aussi une attention particulière à l'adaptation des grands réseaux d'infrastructures et au maintien de l'accès aux services essentiels que sont l'eau, l'éducation, la santé, les transports, l'énergie et les télécommunications.
- Assurer la résilience de l'économie et la souveraineté alimentaire et énergétique française. Un ensemble de mesures est prévu pour construire et fournir les outils pour intégrer la question du climat futur dans les décisions structurantes des différents secteurs économiques comme l'agriculture et industrie agroalimentaire, la pêche, le tourisme et l'industrie du bois.
- Protéger notre patrimoine naturel et culturel. En complémentarité avec les stratégies et plans d'actions déjà existants, en particulier la Stratégie Nationale Biodiversité (SNB) et le Plan d'action pour une gestion résiliente et concertée de l'eau (« Plan Eau »), le quatrième axe permettra de préserver les services écosystémiques rendus par les milieux naturels. Il s'agit d'actions de connaissances et d'évolution progressive des actions de conservation. Cet axe prévoit des actions immédiates pour protéger les sites naturels et culturels classés les plus vulnérables.
- Mobiliser toutes les parties prenantes pour réussir le défi de l'adaptation au changement climatique. Ce dernier axe se traduira par le renforcement des dispositifs de gouvernance, par la mobilisation d'une expertise interdisciplinaire de la part de la communauté scientifique, par la formation et l'éducation, et la mobilisation des jeunes en services civiques.
L'ensemble du Gouvernement est invité à se mobiliser pour assurer une déclinaison sectorielle des mesures du PNACC. La communication a été l'occasion, pour trois ministres, de présenter leurs mesures.
La ministre du Partenariat avec les territoires et de la Décentralisation a présenté les outils de sensibilisation pour les élus et de formation pour les agents publics des collectivités pour leur adaptation au changement climatique (Mesure 22). Une offre commune en expertise et ingénierie sera déployée par les opérateurs de l'Etat pour accompagner les collectivités désireuses de s'engager dans une démarche d‘adaptation. Cette mission accompagnera 100 territoires dès 2025 (Mesure 25).
La ministre de la Santé et de l'Accès aux soins a insisté sur le renforcement de la surveillance et les connaissances des impacts du changement climatique sur la santé (mesure 17) ainsi que sur l'accompagnement des conséquences du changement climatique sur notre système de santé avec le lancement d'une étude prospective sur les moyens et recommandations pour l'adapter et assurer la continuité de l'offre de soin sur l'ensemble du territoire (mesure 29).
La ministre du travail et de l'emploi se mobilisera sur l'adaptation des conditions de travail au changement climatique en renforçant les obligations de prévention des employeurs, en développant les équipements de protection individuelle contre les risques liés aux effets de la canicule, et en adaptant le régime du BTP-Intempéries afin de prendre en charge de manière pérenne les conséquences économiques des arrêts de travail liés aux vagues de canicule au sein des entreprises du bâtiment et des travaux publics (mesure 11).
Ce plan national d'adaptation au changement climatique a officiellement été présenté le vendredi 25 octobre par le Premier ministre lors de son déplacement à Givors, aux côtés de la ministre de la Transition écologique, de l'Énergie, du Climat et de la Prévention des risques et de la ministre déléguée auprès du Premier ministre, chargée de la Coordination gouvernementale.
Il est maintenant soumis à consultation, pour deux mois, jusqu'au 28 décembre 2024, sur le site internet dédié "La France s'adapte - Vivre à +4°C – Consultation grand public".
Parallèlement à cette consultation, des consultations sectorielles seront menées auprès des représentants des secteurs particulièrement concernés par le PNACC, avec l'ensemble des ministères concernés.