Déclaration de M. Laurent Marcangeli, ministre de l'action publique, de la Fonction publique et de la simplification, sur la politique du gouvernement en matière de Fonction publique et de service public, à Paris le 8 janvier 2025.

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  • Laurent Marcangeli - Ministre de l'action publique, de la fonction publique et de la simplification

Circonstance : Voeux du Conseil supérieur de la fonction publique territoriale

Texte intégral

Mesdames et Messieurs les ministres, chère Catherine, cher François,
Mesdames et Messieurs les parlementaires,
Monsieur le Président du Conseil supérieur de la fonction publique territoriale, cher Philippe Laurent,
Mesdames et Messieurs, chers agents, chers collègues, chers amis,


En avril 1941, alors qu'il vient de nommer le général Catroux délégué général de la France libre au Moyen-Orient, et après ses premiers succès militaires sur le continent africain, le Général de Gaulle fait route vers Le Caire avec pour projet d'implanter la France libre au Levant. " Vers l'Orient compliqué, je volais avec des idées simples " écrit-il à ce propos dans le premier tome de ses Mémoires de guerre, avec cette finesse et cette richesse qui caractérisent toujours ses aphorismes.

C'était il y a plus de 83 ans. Et même si je n'ai évidemment pas la prétention de me mettre à sa hauteur je dois dire que moi aussi, à ma manière, j'arrive dans un contexte compliqué avec des idées simples. C'est la première chose que je tenais à vous dire aujourd'hui. De la simplicité, de l'humilité, du respect et de l'écoute : c'est ce dont nous avons besoin par-dessus tout pour affronter les crises que traverse la fonction publique ; et plus généralement que traverse notre pays.

J'y reviendrai dans quelques minutes. Mais avant cela, je ne veux manquer à aucune politesse. Permettez-moi donc de vous souhaiter mes meilleurs voeux pour l'année 2025 et de vous dire combien je suis honoré d'être présent à vos côtés aujourd'hui comme ministre de l'Action publique, de la Fonction publique et de la Simplification.

Il faut se le dire avec honnêteté : nous entamons une année qui n'est pas tout à fait comme les autres. Les turbulences institutionnelles actuelles sont particulièrement fortes. Elles impactent la vie de tous les Français et le quotidien de chaque agent. J'ai conscience qu'il y a dans la fonction publique une véritable crispation et des sujets qui peuvent être difficiles. Je le comprends, je l'entends, je le partage. C'est d'ailleurs précisément pour cela que dès mon premier jour j'ai insisté pour que nous puissions travailler en toute sérénité.

C'est également dans cet esprit que j'ai lancé à mon arrivée un cycle de rencontres avec l'ensemble des organisations syndicales. À l'heure où je vous parle je ne les ai pas encore toutes rencontrées, mais ce n'est qu'une question d'heures. De la même manière, je continuerai ces concertations avec l'intégralité des employeurs territoriaux. D'ailleurs, je crois que ce n'est pas un secret pour certains d'entre vous, je connais bien Philippe Laurent. N'en doutez donc absolument pas : notre travail commun sera fluide, respectueux et efficace.

La deuxième chose que je voulais vous dire ce matin, c'est que j'arrive dans ce poste avec humilité. C'est une vertu qui a guidé tout mon parcours jusqu'à présent, et qui ne s'arrêtera certainement pas maintenant. Je crois que lorsqu'on est un responsable politique, pour être digne des fonctions qu'on occupe il faut avant tout être humble. C'est vrai à plus forte raison lorsqu'on regarde les défis qui se dressent devant nous. La tâche qui nous attend va être rude. En être conscient ce n'est pas faire aveu de faiblesse, c'est dire humblement qu'on fera de son mieux. C'est le moins qu'on puisse donner à tous les agents qui sont au quotidien au service des Français.

Lors du discours de passation, j'ai pu dire aux fonctionnaires : " je vous aime et je crois en vous ". Je le redis une nouvelle fois. Je suis le ministre des 5,7 millions d'agents publics. Je suis le ministre qui veut les protéger et leur simplifier la vie. Je suis le ministre qui veut leur rappeler à quel point ils doivent être fiers de ce qu'ils font.

Vos préoccupations, vos contraintes quotidiennes, vos problèmes, je les connais parce que, comme une partie d'entre vous dans cette salle, j'ai été un employeur territorial. J'ai exercé pendant 12 ans de nombreuses fonctions locales, et notamment l'une des plus belles d'entre elles : maire. C'est à ce titre qu'à Ajaccio j'ai été président du conseil de surveillance du centre hospitalier. Et s'il y a une chose que j'ai constatée dans mon parcours d'élu, c'est que nos institutions ne peuvent ni tenir, ni fonctionner sans les femmes et les hommes qui les font vivre. Nos agents accompagnent les Français tout au long de leur vie, du berceau au décès. Lorsqu'un drame ou qu'une crise survient, ce sont aussi eux qui sont en première ligne pour les secourir et les protéger. S'il y a bien une conviction commune que nous partageons sûrement, c'est que travailler pour le service public, c'est une fierté, un honneur, mais c'est aussi un engagement.

Mesdames et Messieurs. J'ai parlé de ma méthode pour ces premiers jours : le dialogue et la concertation. J'ai parlé de mon état d'esprit : l'humilité et le respect. Maintenant je souhaite en venir à mon troisième message du jour : les chantiers qui nous attendent dans les prochains mois.

Le premier d'entre eux sera de travailler sur l'attractivité du service public. Attractivité à l'entrée d'abord, en étudiant par exemple la question de l'accessibilité des concours. Ils ont vocation, il me semble, à s'adapter davantage à la pratique professionnelle - sans pour autant délaisser totalement la théorie. Fidélisation durant la carrière, ensuite, en remettant sur la table la question de la progression de carrière des fonctionnaires territoriaux.

Dans cette période de forte contrainte budgétaire, je veux pouvoir distinguer avec vous et les partenaires sociaux deux horizons temporels. Le court terme qui va me conduire à proposer au Premier ministre des arbitrages tout en restant dans une épure budgétaire dont vous connaissez les limites. Et un plan de travail à moyen et long termes, inscrit dans un agenda social, et qui doit nous permettre d'ouvrir des sujets de fond comme l'évolution des métiers et des carrières, avec la refonte des grilles indiciaires, par exemple. Parmi les sujets les plus immédiats, il y a la mise en place de la protection sociale complémentaire. Je suis bien décidé à avancer avec vous pour concrétiser l'accord signé en juillet 2023 entre les employeurs territoriaux et les organisations syndicales, et à assurer avec les administrations concernées et vous le travail de transposition correspondant. Je rencontrerai bientôt Gérard Larcher pour voir avec lui les options permettant d'introduire une proposition de loi transposant cet accord dans une niche parlementaire à venir.

Je commençais en disant tout à l'heure que 2025 serait une année pas tout à fait comme les autres. Et ce sera vrai au premier plan pour l'adoption du budget. Actuellement, nous sommes dans un contexte à la fois extrêmement contraint et évolutif. C'est pour cela que je veux vous le dire avec sincérité : je ne serai pas celui qui vous fera des promesses irréalisables. D'abord par respect pour les discussions que nous aurons collectivement dans les prochaines semaines. Ensuite par honnêteté et pragmatisme. Oui, nous aborderons des sujets qui peuvent diviser. Oui, les discussions seront parfois âpres. Mais pour autant, ce n'est qu'en nous concertant, qu'en dialoguant et qu'en nous respectant mutuellement que nous parviendrons à adopter un budget.

Au ministère de la fonction publique, je suis le quatrième élu corse à avoir l'honneur d'occuper le poste. Et si nous avons quelque chose en commun, chez nous en Corse, c'est qu'avant de parler et de décider respectueusement nous mûrissons bien ce que nous allons dire. Je ne ferai donc aucune annonce et ne lancerai aucun ballon d'essai tant que les arbitrages n'auront pas été rendus et tant que je n'aurai pas terminé de tous vous rencontrer.

Je souhaite conclure avec le troisième chantier qui nous attend : la simplification. Ce défi est essentiel pour tous les acteurs : agents publics, employeurs mais aussi administrés.

Pour les agents et les employeurs, j'aurai à coeur de simplifier le contenu de leurs tâches quotidiennes pour qu'ils puissent consacrer moins de temps à la gestion et plus de temps aux missions à valeur ajoutée. L'idée est simple : moins d'administratif et plus de service public. En allégeant les procédures trop lourdes et inutilement chronophages, nous proposerons ainsi une relation plus fluide avec les administrés et nous améliorerons la qualité du service aux usagers. J'aborde le chantier de la simplification avec pragmatisme. Aux grands plans cataloguant des centaines de mesures, je préfère une approche concentrée sur un plus petit nombre de sujets avec une attention portée à leur réelle concrétisation, dans les délais les plus courts.


Mesdames et Messieurs.

Je ne serai pas plus long aujourd'hui. Je tenais seulement à vous dresser un panorama général de ce qui nous attend et de mon état d'esprit. Je suis évidemment extrêmement enthousiaste à l'idée de la mission qui m'attend et j'ai hâte de mes futurs échanges avec vous.

Merci à tous et à très bientôt.


Source https://www.transformation.gouv.fr, le 10 janvier 2025