Interview de Mme Sophie Primas, ministre déléguée, porte-parole du Gouvernement, à LCP le 13 février 2025, sur une explosion dans un bar à Grenoble, l'adoption de la loi de financement de la sécurité sociale pour 2025, le financement des retraites, la justice des mineurs, le projet de loi sur la fin de vie, le droit du sol et l'immigration.

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Intervenant(s) : 

Média : La Dépêche - LCP Assemblée nationale

Texte intégral

ORIANE MANCINI
Bonjour Sophie PRIMAS.

SOPHIE PRIMAS
Bonjour Oriane.
Bonjour, merci beaucoup d'avoir acceptée notre invitation. Vous êtes porte-parole du Gouvernement. On est ensemble pour un petit peu plus de vingt minutes pour une interview en partenariat avec la presse régionale, représentée par Christelle BERTRAND, du groupe LA DEPECHE. Bonjour Christelle,

CHRISTELLE BERTRAND
Bonjour Oriane. Bonjour Sophie PRIMAS.

SOPHIE PRIMAS
Bonjour Christelle.

ORIANE MANCINI
Sophie PRIMAS, on a évidemment beaucoup de sujets à voir avec vous, mais d'abord un mot sur ce qui s'est passé hier du côté de Grenoble et cette explosion dans un bar, due à une grenade qui a été lancée, il y a une douzaine de blessés. Est-ce que vous avez plus d'informations ?

SOPHIE PRIMAS
Moi, à ce jour, je n'ai pas d'informations, j'ai reçu, comme tout le monde, les dépêches sur mon téléphone cette nuit. Je n'ai pas d'informations, je pense, évidemment, aux douze victimes dont deux seraient en état assez graves. Je pense aussi à tous ceux qui se sont portés au secours de ces personnes-là, mais je n'ai pas plus d'informations. Je pense que c'est un grand fait divers, parce que fait divers, c'est un peu réducteur, qui montre que la violence, une fois de plus, les armes, les trafics d'armes sont un fait dans notre pays et que c'est un des sujets que les Français souhaitent voir traités de façon ferme et déterminée et le plus rapidement possible.

ORIANE MANCINI
Le ministre de la Santé va se rendre sur place. Bruno RETAILLEAU avait prévu, lui, de se rendre sur place demain, un hasard du calendrier. Est-ce que vous savez s'il va avancer son déplacement du coup ?

SOPHIE PRIMAS
Non, je n'ai pas d'informations non plus. Je n'ai pas réussi à le joindre ce matin. C'est le hasard du calendrier, en effet, qui fait que le ministre de l'Intérieur allait parler d'autorité à Grenoble avec le maire, avec l'ensemble des élus, des forces de police et de sécurité. Plus que jamais, je pense que ce sujet, à Grenoble, mais partout en France, malheureusement, y compris, d'ailleurs, dans les zones plus rurales, on en parle de plus en plus et c'est une réalité, est un sujet de lourde préoccupation pour les Français.

ORIANE MANCINI
On va parler du budget, des budgets et des motions de censure qui ont donc échoué, y compris la dernière hier. Le budget de la Sécurité sociale est donc considéré comme adopté par l'Assemblée. Est-ce que ce matin, vous êtes une porte-parole soulagée ?

SOPHIE PRIMAS
Je suis une Française soulagée, surtout, parce qu'enfin, notre pays a un budget, deux budgets, un budget principal et le budget de la Sécurité sociale. Et nous allons pouvoir enfin reprendre une vie démocratique normale et surtout nous atteler aux grands chantiers qui sont les chantiers de préoccupation. On vient de parler de la sécurité. On vient parler des grands sujets qui préoccupent, le pouvoir d'achat. On vient parler des sujets très sectoriels, comme le logement ou comme les Outre-mer. On est au travail et je peux vous dire que le calendrier de travail est assez rempli et qu'on est enfin passé dans cette phase opérationnelle où on va pouvoir s'occuper des sujets qui sont les sujets de préoccupation.

CHRISTELLE BERTRAND
Alors, restons quand même quelques instants encore sur ces budgets qui ont occupé l'Assemblée nationale et le Sénat depuis plusieurs semaines.

ORIANE MANCINI
Et le Gouvernement.

CHRISTELLE BERTRAND
Et le Gouvernement. Celui de la Sécurité sociale qui sera présenté lundi au Sénat prévoit désormais 22 milliards de déficit contre 16 dans le budget BARNIER. Comment est-ce qu'on finance tout ça ?

SOPHIE PRIMAS
C'est la question principale. Vous savez qu'un euro sur deux en France dans ce que dépense l'État est consacré à nos dépenses sociales, donc les retraites, les allocations sociales et évidemment la maladie. Et que parce que notre population vieillit, parce que les traitements notamment de santé font beaucoup de progrès, mais sont de plus en plus coûteux, parce qu'il y a des maladies chroniques qui se développent et parce que nous avons une courbe démographique qui n'est pas favorable avec de plus en plus de personnes qui arrivent à la retraite et de moins en moins d'actifs, nous avons un problème de financement.

CHRISTELLE BERTRAND
Il reste six milliards en plus, c'est énorme.

SOPHIE PRIMAS
Tout ça, c'est le résultat de ce que je vous ai indiqué tout à l'heure, c'est des dépenses de santé qui progressent beaucoup plus vite que nos recettes évidemment et que la démographie. Donc, la question qu'on a peu abordée pendant ces budgets parce que nous n'en avions pas le temps, c'est la question du financement de toutes ces dépenses sociales. Est-ce que toutes ces dépenses sociales doivent être uniquement financées par ceux qui travaillent et par le travail et par la taxation, par les charges sociales des entreprises qui créent de la valeur ? C'est la question fondamentale sur laquelle nous allons nous pencher. Il y a des conférences, aujourd'hui, le fameux conclave sur les retraites, mais il va y avoir des conférences sur les salaires. Il faut qu'on sorte de cela parce que le système comme vous l'indiquez s'emballe et le système n'est pas tenable.

CHRISTELLE BERTRAND
Vous avez des pistes de réflexion aujourd'hui ?

SOPHIE PRIMAS
Sur les retraites, il y a un conclave qui est en train de se tenir et donc, je n'irai pas sur les solutions.

CHRISTELLE BERTRAND
Mais sur les retraites, on peut faire des économies ?

SOPHIE PRIMAS
Sur les retraites, on peut financer différemment. Je pense qu'il faut qu'on trouve, aujourd'hui, la martingale, si j'ose dire, qui nous permet à la fois de maintenir un système par répartition qui est un héritage du Conseil national de la résistance, qui est vraiment quelque chose d'important pour les Français en termes de solidarité et de fraternité, et en même temps qu'on réfléchisse à comment, par un système à points, par un système par capitalisation, il ne faut pas s'empêcher de réfléchir à comment on arrive à l'équilibre de ce système.

ORIANE MANCINI
Mais vous, vous êtes favorable à l'introduction d'une forme de capitalisation ?

SOPHIE PRIMAS
Je laisse, je laisse, on laisse les partenaires sociaux. Le Premier ministre a souhaité donner cette tâche, missionner les partenaires sociaux, parce que c'est leur état, c'est leur mission à eux de faire cela, donc, il les a mis autour de la table, on discutera et puis ensuite s'il en sort quelque chose, on légiférera.

CHRISTELLE BERTRAND
Une partie des participants, en interne ou en externe, d'ailleurs Olivier FAURE a dit par exemple : "S'il n'y a pas de modification de la mesure d'âge, nous nous déposerons une motion de censure sur le texte qui sera étudié au Parlement concernant les retraites". Est-ce qu'il peut y avoir, est-ce qu'on peut toucher à la mesure d'âge tout en faisant des économies ?

SOPHIE PRIMAS
On laisse les partenaires sociaux travailler.

CHRISTELLE BERTRAND
Ça paraît contre-intuitif, quand même.

SOPHIE PRIMAS
Vous voyez, je suis sensible à vos questions d'économie. Les questions des retraites, par exemple, n'est pas forcément une question d'économie, c'est une question d'équilibre des comptes. C'est comment on fait pour que l'on finance les retraites aujourd'hui et demain, sans créer de déficit supplémentaire. Donc, c'est moins une question de recettes ou d'économies. Il faut faire des économies, par exemple, sur notre système de santé, réfléchir autrement, se dire : comment on peut organiser le monde de la santé ? Comment on peut lutter contre la fraude ? Comment on peut se reposer des questions sur des systèmes qui existent aujourd'hui ? Comment est-ce qu'on diminuerait la bureaucratie ? Sur la santé, je pense qu'il faut réfléchir à comment on peut faire beaucoup mieux avec un peu moins. Sur la santé, par exemple, je pense qu'il faut parler de déficience. Sur les retraites, les faits sont là, il y a des salariés, il y a des retraités qui vont arriver, qui arrivent en masse, il y a une courbe démographique qui ne nous est pas favorable et donc là, c'est de l'équilibre qu'il faut parler.

ORIANE MANCINI
Christelle, parler des motions de censure, il y en aura une, a priori, la semaine prochaine, déposée par le PS, suite notamment aux propos de François BAYROU sur le sentiment de subversion migratoire. Est-ce que celle-là, elle vous inquiète ?

SOPHIE PRIMAS
Moi, je prends toujours les motions de censure très au sérieux parce qu'elles expriment une volonté politique. Je crois comprendre que la volonté politique d'Olivier FAURE et du groupe socialiste à l'Assemblée nationale est de montrer sa préoccupation sur ces questions d'immigration, préoccupation d'ailleurs qui est partagée, là aussi, par l'ensemble des Français, de positionner son groupe politique par rapport à cette question et de montrer aussi qu'il est dans l'opposition, que malgré le fait qu'il n'ait pas voté la censure, il se trouve dans l'opposition, donc, tout cela est respectable. J'attire juste l'attention sur le fait que les Français ont besoin de stabilité et qu'après avoir voté le budget, faire tomber un Gouvernement pour un mot qui est partagé là aussi par l'ensemble des Français, je pense que chacun aura le sens des responsabilités.

CHRISTELLE BERTRAND
C'est-à-dire quoi ? Vous lui demandez de retirer cette motion de censure ?

SOPHIE PRIMAS
Non, je ne lui demande pas de retirer cette motion de censure. C'est sa liberté, c'est son choix. Je ne me permettrais pas de faire ça. Simplement, je dis : "Attention, les Français ont besoin de stabilité". Le parti socialiste n'a pas voté la censure pour le budget pour permettre à la France de progresser. Restons sur cet élan. Je comprends sa motion de censure dans l'acte politique et symbolique qu'il veut faire. Je dis : "Attention non plus de ne pas utiliser la motion de censure tous les deux matins comme un amendement ou comme une résolution. Il y a d'autres outils parlementaires pour exprimer son opposition".

ORIANE MANCINI
Un dernier mot sur les finances, puisqu'on recevait, hier, le rapporteur général du budget à l'Assemblée, Charles de COURSON, qui dit ne pas croire que l'objectif de 5,4 % fixé par le Gouvernement sera tenu. Est-ce que vous maintenez cet objectif ?

SOPHIE PRIMAS
Bien sûr, on maintient cet objectif. Éric LOMBARD a indiqué la suite du budget qu'un pilotage, un groupe de pilotage de nos comptes serait formé à Bercy pour regarder, j'allais dire, pratiquement, semaine après semaine, tous les éléments contextuels, économiques qui font le budget et qui sont dans le budget, la croissance en particulier, les dépenses, le niveau de dépense, l'évolution de ces dépenses. Et donc, si nous devions apporter des modifications au cours de l'année, nous le ferions, dans un sens ou dans l'autre, d'ailleurs. On ne peut pas exclure…

ORIANE MANCINI
Donc, il y aura un budget rectificatif ?

SOPHIE PRIMAS
Je pense que s'il y a effectivement, notamment, des éléments à resserrer au cours de l'année, sûrement que le budget rectificatif, qui est un élément politique aussi compliqué, parce que probablement, qu'il régénérerait lui-même des censures, donc c'est un peu sensible. Mais si, effectivement, on a besoin d'un pilotage, il y aura soit une redistribution des budgets à l'intérieur du budget général, soit peut-être un PLFR en fonction des éléments.

ORIANE MANCINI
Un dernier mot, puisqu'il y a une commission d'enquête à l'Assemblée sur le dérapage des finances publiques. Alexis COLLARD, le secrétaire général de l'Elysée, refuse de s'y rendre. C'est un problème ?

SOPHIE PRIMAS
Écoutez, je n'étais pas au courant de cet élément. Je pense que chacun est responsable devant le Parlement, quelle que soit sa mission et sa fonction.

CHRISTELLE BERTRAND
La commission d'enquête imagine saisir la justice pour le contraindre à venir. Vous le comprenez ?

SOPHIE PRIMAS
Le Parlement est souverain, il représente le peuple, il doit faire sa mission de contrôle. Je pense que les choses vont s'apaiser.

ORIANE MANCINI
Le Premier ministre, il a été interpellé hier lors des questions d'actualité au Gouvernement sur le scandale de Bétharram, cet établissement privé Bernais sur lequel le Parquet de Pau enquête pour des faits présumés d'agressions sexuelles et de viols. Alors lui, il assure n'avoir jamais été informé de tels agissements. Mediapart affirme le contraire. Est-ce que vous pouvez nous assurer que le Premier ministre ne ment pas ?

SOPHIE PRIMAS
Sur cette affaire, je voudrais d'abord penser aux victimes, ou en tout cas aux personnes qui ont témoigné ou qui vont témoigner, puisqu'il semble qu'il y ait une volonté de faire témoigner beaucoup de personnes, plus de 100. Donc je pense d'abord à elles et à ce qu'elles ont probablement subies, qui est toujours un traumatisme important, notamment, enfin partout, mais dans un établissement scolaire encore plus. Je pense aux parents aussi, qui doivent être dans des situations un peu délicates et confuses. Le Premier ministre s'est exprimé, il s'est exprimé deux fois à l'Assemblée nationale, il s'est exprimé au Sénat. Vous comprendrez que je n'irai pas plus loin que ses déclarations.

ORIANE MANCINI
Vous comprenez que le PS demande que toute la lumière soit faite, y compris sur ce que savait le Premier ministre ?

SOPHIE PRIMAS
Je n'irai pas plus loin que les déclarations du Premier ministre.

ORIANE MANCINI
L'Assemblée nationale, elle examine le texte de Gabriel ATTAL sur la justice des mineurs. Ce matin, dans le Parisien, Gérald DARMANIN, le garde des Sceaux, il propose d'introduire de nouvelles mesures. Lors de l'arrivée du texte au Sénat, ce sera fin mars, il propose notamment de renforcer l'utilisation du bracelet électronique pour les 16-18 ans ou d'introduire une forme de jury populaire. Est-ce que le Gouvernement soutient ces mesures ou est-ce qu'il part dans son nom propre ?

SOPHIE PRIMAS
Non, Gérald DARMANIN est très déterminé à avancer sur cette question de délinquance des mineurs. Personne ne peut nier qu'un jeune homme de 17 ans aujourd'hui, en 2025, est assez différent de celui d'il y a vingt ans ou trente ans. Que la responsabilité, que la violence a progressé et surtout ce qui est très frappant auprès de la jeunesse délinquante, c'est qu'il y a un écart et c'est ça qu'on veut combler surtout et que Gabriel ATTAL a mis dans sa proposition de loi, c'est qu'au moment où vous faites un délit, un crime, un délit, un acte de violence, il faut que vous puissiez comparaître et ensuite que la justice passe et ensuite que la sanction soit appliquée. Il peut se passer parfois deux ans, trois ans. Ce n'est pas comme ça qu'on doit faire avec notre jeunesse. Il faut qu'à chaque acte répréhensible, la sanction vienne immédiatement après et rapidement. Donc je pense que le grand avantage de cette proposition de loi de Gabriel ATTAL qui était attendue, c'est de raccourcir, c'est la comparution immédiate, c'est de raccourcir le temps entre le délit et la sanction. Ça c'est très important parce que même structurellement dans l'esprit de très jeunes, parfois de 16 ans, de 17 ans, etc. Vous savez, il y a un film qui disait action-réaction, ce n'était pas très sympa à l'intérieur de ce film, mais je pense que c'est très important qu'un jeune puisse comprendre que quand il fait un délit.

CHRISTELLE BERTRAND
Il faut compléter ce texte comme le suggère Gérald DARMANIN ?

SOPHIE PRIMAS
Je pense qu'il faut le compléter. Je pense que ce qu'il a proposé, en grande partie, ce sont des mesures de bon sens qui vont dans le même esprit que la proposition de Gabriel ATTAL et je ne pense pas que Gérald DARMANIN ne soit pas déterminé.

CHRISTELLE BERTRAND
Ça a été concerté avec Matignon ? Vous avez pu en débattre entre vous avant que Gérald DARMANIN…

SOPHIE PRIMAS
Alors moi, je n'étais pas dans ces discussions, donc je ne veux pas m'avancer sur les discussions entre le Premier ministre et Gérald DARMANIN.

ORIANE MANCINI
En tout cas, vous souhaitez que le Sénat vote les propositions de Gérald DARMANIN.

SOPHIE PRIMAS
Le Sénat est souverain comme l'Assemblée nationale et donc il y aura des discussions sur ces sujets. Il y aura une Commission mixte paritaire. Donc, on a encore du temps parlementaire pour discuter de cela.

ORIANE MANCINI
Alors, il y a un autre texte qui devrait arriver, c'est le texte sur la fin de vie et Catherine VAUTRIN, la ministre, qui est pour un seul texte sur la fin de vie, donc pas ce que dit François BAYROU, qui lui est pour deux textes et elle affirme même que l'Élysée est sur cette ligne. Quand est-il ?

SOPHIE PRIMAS
La position du Premier ministre est très claire. Il y aura deux textes.

ORIANE MANCINI
Donc Catherine VAUTRIN, c'est quoi ? C'est la cacophonie ?

SOPHIE PRIMAS
C'est lui qui tranche. C'est lui le Premier ministre. C'est lui qui tranche et sur ce point, il y aura deux textes. Il sera très attentif à ce que les discussions sur les deux textes se fassent en même temps, parce qu'effectivement, il y a un continuum. Mais il y aura deux textes, c'est la position très ferme, je dois vous le dire, du Premier ministre.

ORIANE MANCINI
Et c'est celle d'Emmanuel MACRON aussi ?

SOPHIE PRIMAS
Je ne sais pas.

ORIANE MANCINI
Mais en tout cas, il y aura deux textes. Est-ce que le scinder en deux ce texte, ce n'est pas rendre difficile l'adoption de l'aide active à mourir ?

SOPHIE PRIMAS
Ce sont deux sujets qui sont dans un continuum, évidemment, mais qui sont assez différents. Le premier, qui concerne les soins palliatifs, c'est un texte qui a pour objectif de rendre accessible à tous les Français, ce qui est très loin d'être le cas aujourd'hui, l'accès aux soins palliatifs. Aujourd'hui, je crois qu'il y a une vingtaine de départements dans lesquels il n'y a pas de services publics de soins palliatifs et c'est quand même un sujet d'égalité, un sujet d'aménagement du territoire, mais d'égalité, surtout des Français devant quelque chose qui nous dit tous qu'il y a une autre fin de vie. Ça, c'est la priorité et il faut le faire et c'est la suite de la loi Claeys-Léonetti, c'est l'application, en fait, de cette loi qui, aujourd'hui, n'est pas encore totalement faite. Le deuxième sujet est un sujet plus compliqué, le sujet de la mort assistée, du suicide assisté est un sujet extrêmement compliqué qui n'est pas que technique, qui pose des questions éthiques, qui pose des questions morales, qui pose des questions sur lesquelles un grand nombre de parlementaires ont beaucoup travaillé. En travaillant beaucoup ce sujet, en ne se contentant pas de l'écume de la première idée, on se pose beaucoup de questions. Et donc il est légitime que l'expression de chaque parlementaire soit libre. Si vous faites un package des deux, vous voyez, c'est très compliqué. Sur les soins palliatifs, je pense qu'à peu près tout le monde est d'accord sur cette question-là. Sur la question de la fin de vie, je pense qu'il y a des réserves, qu'il y a des réflexions plus importantes.

ORIANE MANCINI
Est-ce que François BAYROU souhaite vraiment que l'aide active à mourir soit adoptée ?

SOPHIE PRIMAS
Mais François BAYROU a porté ce sujet parce que c'est un sujet de société là aussi auquel les Français sont très attachés. Vous connaissez ses convictions personnelles, mais c'est le Parlement qui va décider et donc le Parlement va décider, mais il souhaite que le Parlement décide librement sur cette question très épineuse.

CHRISTELLE BERTRAND
Pour qu'on comprenne bien, parce qu'il y avait déjà un texte qui était dans un cheminement parlementaire, celui d'Olivier FALORNI, ça veut dire que là, on repart de zéro. Il y aura deux nouveaux projets de loi qui seront présentés en Conseil des ministres ?

SOPHIE PRIMAS
On ne repart pas de zéro. Je n'ai pas encore les modalités exactes. Il y a un calendrier. Ça sera au mois de mai, probablement, à peu près mai. Je n'ai pas encore les modalités.

ORIANE MANCINI
Mai, c'est en Conseil des ministres ou mai, c'est retour au parlement ?

SOPHIE PRIMAS
Au parlement.

CHRISTELLE BERTRAND
Vous pensez qu'il n'est pas nécessaire de recommencer toute la procédure parlementaire ?

SOPHIE PRIMAS
On est, aujourd'hui, dans la détermination des modalités. Pour savoir si, effectivement, on repart du texte de Monsieur FALORNI, ce qui, je pense, n'est pas tout à fait possible et ou si on scinde, effectivement, un texte en prenant l'essence, évidemment, sur le texte de Monsieur FALORNI.

ORIANE MANCINI
Donc c'est mai au parlement et on est toujours sur une adoption avant l'été. C'est ce que souhaite François BAYROU ?

SOPHIE PRIMAS
Écoutez, c'est le plus rapidement possible pour régler et trancher ce sujet, encore une fois, qui est un sujet de préoccupation des Français.

ORIANE MANCINI
Christelle.

CHRISTELLE BERTRAND
On parlait de Gérald DARMANIN. Il a lancé un autre débat la semaine dernière autour du droit du sol, et pas uniquement à Mayotte. Lui aimerait qu'un débat se tienne sur le droit du sol sur l'ensemble du territoire français. François BAYROU a dit qu'il n'y était pas opposé, mais dans une forme un peu différente. Est-ce qu'aujourd'hui, vous pouvez nous en dire plus sur ce que pourrait être ce débat ? Quel pourrait être le sujet ? Quand est-ce qu'il pourrait avoir lieu ? Sous quelle forme ?

SOPHIE PRIMAS
Alors, premièrement, je voudrais dire que répondre aux questions qui préoccupent les Français et qui sont liées à l'immigration, en répondant uniquement sur le droit du sol, c'est se tromper complètement de sujet. Le droit du sol est un sujet, on sait que ça occupe beaucoup les discussions, mais je voudrais dire, ici, sur votre plateau, et profiter de votre audience, pour dire que si on ne traite que le droit du sol, on ne traite pas l'essence du problème.

CHRISTELLE BERTRAND
Il faut l'élargir ?

SOPHIE PRIMAS
Il faut l'élargir à l'ensemble des sujets qui concernent l'immigration. Sauf erreur de ma part, Gérald DARMANIN a dit que probablement, c'était un sujet d'élection présidentielle. Je pense en effet que ce sujet de droit du sol, sur des modalités qui doivent être des modalités compréhensibles par les Français et compréhensibles par les étrangers qui souhaitent venir en France, doit être un sujet présidentiel. Donc, je pense que nous ne sommes pas dans une configuration politique suffisamment apaisée qui permette un débat apaisé sur ce sujet du droit du sol.

CHRISTELLE BERTRAND
Donc il n'y aura pas de grand débat national sur le droit du sol, ni même sur l'immigration ?

SOPHIE PRIMAS
Je ne dis pas ça, je dis qu'il y aura des discussions, le Premier ministre a indiqué qu'il souhaitait faire des débats sur cette question-là.

ORIANE MANCINI
Mais quelle forme ? Ce sera des conventions citoyennes ?

SOPHIE PRIMAS
Je n'ai pas les formes non plus, je n'ai pas…

ORIANE MANCINI
Est-ce qu'il envisage des conventions citoyennes ?

SOPHIE PRIMAS
Je n'ai pas, aujourd'hui, non plus les modalités.

CHRISTELLE BERTRAND
Et ce serait des débats avec des Français, des élus, est-ce que ça au moins vous avez une indication là-dessus ?

SOPHIE PRIMAS
Non, je n'ai pas d'indication sur les modalités. Vraiment, je veux le redire, le droit du sol n'est qu'une toute petite partie des problèmes liés à l'immigration et des opportunités aussi liées à l'immigration, et se limiter et mettre dans le débat, aujourd'hui, maintenant, juste la question du droit du sol, je pense que c'est inutile.

CHRISTELLE BERTRAND
Donc ce ne sera pas un débat sur le droit du sol ?

SOPHIE PRIMAS
Ça n'est pas efficient en réalité.

CHRISTELLE BERTRAND
Vous fermez la porte à un débat sur le droit du sol ?

SOPHIE PRIMAS
Je ne ferme la porte, aucune porte…

CHRISTELLE BERTRAND
Uniquement sur le droit du sol ?

SOPHIE PRIMAS
Et surtout pas celles qui ont ouvertes par le Premier ministre, vous comprendrez…

CHRISTELLE BERTRAND
Non, non, mais si c'est l'unique sujet, le droit du sol, enfin, ce ne sera pas le cas en tout cas ?

SOPHIE PRIMAS
Je pense que le droit du sol ne sera pas le cas, le Premier ministre a dit ce que c'est que d'être français, donc, on voit bien qu'il y a un débat qui est élargi autour des principes de vie, autour des principes de la République, autour de la parité.

CHRISTELLE BERTRAND
C'est Matignon qui est chargé d'y réfléchir aujourd'hui à ce futur débat ? Comment ça se prépare ?

SOPHIE PRIMAS
Encore une fois, je ne connais pas les modalités comme je vous l'ai dit tout à l'heure.

ORIANE MANCINI
Ce qu'on n'a pas très bien compris non plus de la part de François BAYROU, c'est est-ce que lui, il est pour remettre en cause l'automaticité de la nationalité française, comme Gérald DARMANIN ?

SOPHIE PRIMAS
L'automaticité de la loi française, je vous le dis, est un sujet qu'il regarde.

ORIANE MANCINI
Mais il n'a pas tranché ?

SOPHIE PRIMAS
Il n'a pas tranché.

ORIANE MANCINI
Un mot sur un autre sujet, puisqu'Emmanuel MACRON a choisi de nommer Richard FERRAND pour succéder à Laurent FABIUS au Conseil constitutionnel. Alors, le Parlement doit valider ce choix, les Républicains ne sont pas très enclins à voter en faveur de Richard FERRAND, notamment ici au Sénat. Est-ce que vous voteriez pour Richard FERRAND si vous étiez encore sénatrice vous ?

SOPHIE PRIMAS
Alors, je ne suis plus sénatrice, et Richard FERRAND a une proposition du président de la République, je respecte le parcours politique de Richard FERRAND.

ORIANE MANCINI
Vous comprenez le LR ?

SOPHIE PRIMAS
Je laisse la politique passer.

CHRISTELLE BERTRAND
Est-ce que vous considériez que ce serait grave si finalement Richard FERRAND n'obtenait pas le nombre de voix nécessaire pour être président du Conseil constitutionnel ?

SOPHIE PRIMAS
Mais ce qui pourrait arriver, le Parlement est souverain, il est arrivé qu'on appelle ça des nominations article 13, donc ces propositions du président de la République et vote des commissions dans chaque assemblée, c'est le Parlement qui a le dernier mot, c'est déjà arrivé, on a déjà des exemples de propositions du président de la République qui n'ont pas été suivies par le Parlement, il y a une jurisprudence, donc c'est tout à fait possible que Monsieur FERRAND soit adoubé ou pas, c'est la décision du Parlement.

ORIANE MANCINI
Vous comprenez la position des LR qui ne sont pas favorables à Richard FERRAND ?

SOPHIE PRIMAS
Je suis, aujourd'hui, au Gouvernement.

ORIANE MANCINI
Est-ce qu'Emmanuel MACRON a un second choix si jamais le Parlement ne valide pas Richard FERRAND ?

SOPHIE PRIMAS
J'imagine, mais je ne le connais pas.

ORIANE MANCINI
Allez, on va parler des…

SOPHIE PRIMAS
Je ne veux pas présumer des prérogatives du Parlement.

ORIANE MANCINI
On va parler des LR justement, vous quittez quelques instants votre casquette de porte-parole du Gouvernement. Christelle ?

CHRISTELLE BERTRAND
Oui, Bruno RETAILLEAU a déclaré sa candidature pour prendre la présidence du parti, est-ce qu'il a eu raison de le faire, de le faire maintenant, est-ce que c'est un bon candidat ?

SOPHIE PRIMAS
Est-ce que Bruno RETAILLEAU est un bon candidat ? Bien sûr, bien sûr, c'est un bon candidat et je crois que le fait que nous ayons aujourd'hui pris la décision de participer à ce Gouvernement de façon active, en ayant des ministres au Gouvernement, montre aussi à la vertu de montrer aux Français que le parti Les Républicains recèle des personnalités dont les talents sont utiles à la France. Bruno RETAILLEAU en fait partie évidemment, aujourd'hui notre parti Les Républicains a besoin d'un projet, a besoin d'un élan, a besoin de dire quelque chose aux Français, de proposer quelque chose aux Français et c'est l'enjeu que nous avons devant nous dans les prochaines semaines.

CHRISTELLE BERTRAND
Est-ce qu'on peut être ministre à un poste aussi important que ministre de l'Intérieur tout en étant candidat en campagne pour son propre parti politique ?

SOPHIE PRIMAS
On peut être Premier ministre et être président d'un parti politique.

CHRISTELLE BERTRAND
Mais pas en campagne ?

SOPHIE PRIMAS
On peut être Premier ministre, oui en campagne ou pas en campagne, mais on peut être Premier ministre et président d'un parti politique.

CHRISTELLE BERTRAND
Est-ce que Bruno RETAILLEAU a pris le risque de relancer la garde des chefs ? Cette candidature, elle ne plaît pas beaucoup à Laurent WAUQUIEZ.

SOPHIE PRIMAS
Vous savez, je le redis, notre parti a besoin d'un projet, donc question de timing, ce sont des enfantillages. Bruno RETAILLEAU, aujourd'hui, a un projet ; il veut porter une espérance pour la droite. Il en a la légitimité maintenant devant les Français. Laurent WAUQUIEZ a été un super président de région. Il est patron du groupe à l'Assemblée nationale, il a la légitimité politique. Donc que nous ayons des talents, c'est une bonne nouvelle.

ORIANE MANCINI
Vous, vous votez pour Bruno RETAILLEAU ?

SOPHIE PRIMAS
Écoutez, on va laisser les choses se faire. Il y a, je crois, un comité stratégique aujourd'hui ; il y a un comité politique lundi qui, je l'espère, déterminera les modalités de désignation d'un nouveau président ou d'une nouvelle présidente, voilà. D'ici les prochaines semaines.

ORIANE MANCINI
Elle doit avoir lieu quand, pour vous ?

SOPHIE PRIMAS
D'ici les prochaines semaines.

ORIANE MANCINI
Vous souhaitez qu'il y ait d'autres candidats ?

SOPHIE PRIMAS
Mais il y en aura d'autres, parce qu'il y a d'autres talents dans notre parti, donc je laisse les candidats ou les candidates se présenter. Et puis je donnerai mon point de vue quand ce sera le moment. Pour l'instant, ce n'est pas le moment, mais je me réjouis qu'il y ait de l'effervescence et de l'enthousiasme.

ORIANE MANCINI
Est-ce que Laurent WAUQUIEZ doit se présenter, selon vous ?

SOPHIE PRIMAS
Mais tous les talents sont bienvenus. Et vous savez, ici au Sénat, il y a un exemple, moi, qui m'avait beaucoup manquée, pour la présidence du Sénat en 2014, qui était… On avait deux candidats à l'intérieur du groupe Les Républicains, Gérard LARCHER naturellement et Jean-Pierre RAFFARIN. Ça n'avait pas été facile, deux hommes avec une surface politique très importante, la même empathie, une légitimité partagée sur ce poste, il y a eu un vote à l'intérieur de notre groupe, et immédiatement les choses se sont ressoudées et sont reparties dans une logique de conquête. Donc je trouve que c'est un beau modèle que je suggère.

ORIANE MANCINI
Un dernier mot ?

CHRISTELLE BERTRAND
Oui, derrière ces candidatures à la présidence des LR, se profile d'ores et déjà l'élection présidentielle de 2027. Gérald DARMANIN, encore lui, l'a évoqué récemment en disant que lui souhaiterait qu'une primaire soit organisée, et sans doute une primaire de la droite et du centre. Est-ce que vous y êtes favorable ?

ORIANE MANCINI
Juste lui, il souhaite qu'un candidat se dégage, mais il dit que si ce n'est pas le cas, il faudra passer par une primaire.

SOPHIE PRIMAS
Je suis strictement sur la même ligne que Gérald DARMANIN. Je pense que face à la recomposition politique de notre pays, qui est issu en même temps de cet état politique, nous n'avons pas d'autre choix que de ne présenter qu'un seul candidat ou une seule candidate.

ORIANE MANCINI
Même s'il n'est pas LR ?

SOPHIE PRIMAS
Sur cet arc-là… Et donc une confédération de partis, etc., tout ça il faut y réfléchir et il faut travailler à l'union, parce que nous n'avons besoin que d'un seul candidat ou d'une seule candidate. Et pour cela, il faudra, à un moment, choisir ce candidat. Soit il s'impose, et très bien, soit il faudra un système de départage. Moi, vous savez, je ne suis pas contre les primaires ouvertes, parce que j'en ai vécu en 2017 ; ça s'est mal fini pour les raisons qu'on connaît tous. Sauf que ça avait créé une envie de droite, ça avait créé un débat, ça avait créé un élan dans le pays jusqu'à pratiquement l'hiver 2017, qui était extrêmement intéressant, qui était fabuleux et qui était positif. On avait un projet positif à proposer aux Français, et ça, ça donnait la pêche et ça donnait envie aux Français d'y participer.

ORIANE MANCINI
Merci Sophie PRIMAS. Merci beaucoup d'avoir été notre invitée.

SOPHIE PRIMAS
Merci à vous.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 14 février 2025