Texte intégral
LAURE CLOSIER
7h46 sur BFM Business et sur RMC Découverte. Notre invitée aujourd'hui avec Raphaël LEGENDRE, c'est Valérie LÉTARD. Bonjour. Vous êtes ministre chargée du Logement.
VALÉRIE LÉTARD, MINISTRE CHARGÉE DU LOGEMENT
Bonjour.
LAURE CLOSIER
Vous êtes avec nous en direct depuis le MIPIM, 33e édition du marché international des professionnels de l'immobilier, avec, il faut le dire, un climat beaucoup plus positif que les deux dernières années. On a même eu la Fédération française du bâtiment qui a annoncé hier revoir ses perspectives à la hausse. Est-ce qu'il y a un sentiment à Cannes cette année, un sentiment de fin de crise sur le secteur de l'immobilier ?
VALÉRIE LÉTARD
En tout cas, nous sentons évidemment des frémissements. Et lorsque l'on circule dans les allées du MIPIM, on sent une forte attente des acteurs de l'immobilier très mobilisés et des élus très présents aussi avec de beaux projets qui sont aujourd'hui bien évidemment mis en valeur. Ça a été le cas hier. De nombreuses présentations ont été faites sur les grandes ambitions, en tout cas de territoires comme le Grand Paris et bien d'autres grandes agglomérations qui sont mobilisées et qui ont présenté leurs attentes au monde de l'immobilier. En tout cas, une vraie volonté d'avancer tous ensemble. Et un Gouvernement qui est venu, au travers de ma présence, réaffirmer sa volonté d'accompagner la relance, soutenir l'offre, soutenir la demande et toute une série d'annonces que j'ai commencées à égrener hier.
RAPHAËL LEGENDRE
On pourra revenir sur les élus locaux, Valérie LÉTARD, mais est-ce que ça veut dire qu'on est sur une reprise durable du secteur du bâtiment ?
VALÉRIE LÉTARD
En tout cas, nous essayons de créer les conditions pour que ce soit le cas. On sent qu'après une longue période où structurellement et conjoncturellement, les éléments n'étaient pas réunis, que ce soit l'impact du conflit russo-ukrainien sur les coûts de la construction, le coût de l'énergie, l'augmentation du coût des matériaux, un foncier qui est compliqué à obtenir avec un renchérissement de ce coût du foncier, beaucoup de dispositions sont aujourd'hui posées sur la table. Des taux d'intérêt qui sont quand même un peu moins complexes à atteindre, en tout cas à mobiliser, qu'ils ne l'ont été. On sent vraiment aujourd'hui un frémissement et en tout cas des conditions qui sont réunies plus qu'elles ne l'étaient et évidemment une mobilisation forte.
LAURE CLOSIER
Le foncier, on va en reparler, mais juste sur les conditions de financement, notamment des particuliers. Ce PTZ avec ce décret qui a été très attendu par la profession, ça y est, il est en place, étendu à l'immobilier neuf. Il y a des questions sur la quotité. Combien on va pouvoir faire de PTZ dans un emprunt total ?
VALÉRIE LÉTARD
Alors ça, les décrets sont, vous l'avez dit, en quasi-finalisation puisque c'est au 1er avril que tout sera définitivement mis en application. Vous dire exactement combien, ce que je peux vous dire, c'est que ça va augmenter au moins de 50% le volume de prêts à taux zéro qui pourront être mobilisés. Surtout, ils seront accessibles dans le neuf, individuels comme collectifs, sur tout le territoire national. Et dans les zones détendues, vous pourrez aussi mobiliser le PTZ comme c'était déjà le cas dans l'ancien. Cela va évidemment donner une véritable respiration, permettre aux ménages modestes, bien sûr, d'accéder plus facilement à un prêt, d'être soutenus. Et vous le savez, je me suis mobilisée avec le soutien du Gouvernement pour que les primo-accédants ne soient pas impactés par les augmentations des DMTO, des frais de notaire. Il était important de ne pas annuler l'effet du prêt à taux zéro par une augmentation pour ces primo-accédants des frais de notaire qui neutralisaient un peu, en tout cas qui réduisaient l'impact de ce PTZ. Et vous le savez, le deuxième volet sur lequel nous nous sommes mobilisés aussi pour accompagner cette relance de la demande, ce sont les donations. Les donations pour les ménages moyens, moyens supérieurs, qui veulent transmettre plus rapidement à leurs enfants ou à leurs petits-enfants, c'est 100 000 euros par enfant exempt de donation et jusqu'à 300 000 par bénéficiaire, puisque des parents ou des grands-parents peuvent donner aux mêmes enfants ou petits-enfants jusqu'à 300 000 euros. Cela aussi, c'est de nature à relancer très rapidement, très conjoncturellement, une capacité à signer effectivement de nouvelles ventes, de nouveaux achats et soutenir aussi tous nos ménages des classes moyennes et moyennes sup qui pourront plus facilement accéder à la propriété dans le neuf.
RAPHAËL LEGENDRE
Valérie LÉTARDD, parmi les freins à la construction, il y a aussi le ZAN, zéro artificialisation nette, une bombe sociale à retardement, a dit le sénateur Jean-Baptiste BLANC, avec qui vous aviez co-rédigé une proposition de loi en 2003 pour assouplir les ZAN. Une nouvelle proposition de loi va être examinée au Sénat. Quelle sera la position du Gouvernement ?
VALÉRIE LÉTARD
Alors vous l'avez dit, je me suis mobilisée dans un premier temps avec Jean-Baptiste BLANC parce qu'on sentait bien que la pression était trop forte sur les territoires à un moment où on a besoin de foncier. Être plus sobre foncièrement, c'est-à-dire mieux consommer le foncier, c'est une évidence. Mais pour accompagner les grandes ambitions économiques de notre territoire et répondre aux besoins de logement, il faut de la respiration tout en maintenant les ambitions de la loi climat, il fallait lâcher un peu de mou, sans tout remettre en question. François REBSAMEN sera au banc des ministres, mon collègue qui est en charge de l'Aménagement du territoire. L'idée, c'est quand même, par exemple, de regarder avec attention l'évolution des bornes. Vous savez, aujourd'hui, la période de référence, de calcul de la réduction de la consommation foncière, c'était la période 2021-2031. Je pense que François REBSAMEN a échangé et le Gouvernement sont prêts à regarder, à décaler à 2024-2034 cette période. Ce qui revient très concrètement et très pratiquement à rendre une capacité foncière plus importante, à décaler l'effort à mener, et ce qui permettra peut-être de mobiliser jusqu'à 37 000 hectares supplémentaires répartis. L'effort sera à continuer, mais il sera lissé dans le temps. Cela va donner la respiration, y compris aux acteurs du logement, à tous ceux qui vont devoir aménager et construire. C'est plutôt une piste, on va dire, qui est encourageante, il me semble, et pour les territoires et pour les collectivités, et pour les acteurs de l'immobilier et du logement.
LAURE CLOSIER
Les acteurs de l'immobilier, Valérie LÉTARD, ils attendent aussi le nouveau statut fiscal du propriétaire bailleur. Est-ce qu'on a le contour de ce statut fiscal ? Cela va permettre aussi de dynamiser l'offre de logement.
VALÉRIE LÉTARD
Alors, vous le savez, en travaillant avec tout le secteur, ce que j'ai proposé, c'est que, dans un premier temps, en choisissant effectivement la voie de passage, il fallait une solution de court terme. Cela a été la donation qui permet, en tout cas, de tenir le monde de la promotion immobilière dans le court-moyen terme. Et derrière cela, je m'étais engagée à ce que nous puissions lancer une mission parlementaire. C'est chose faite depuis hier, puisque Mickaël COSSON et Marc-Philippe DAUBRESSE, un député et un sénateur, ont bénéficié d'une lettre de mission, co-signée avec mon collègue Éric LOMBARD et Amélie DE MONTCHALIN et moi-même, donc les ministères de Bercy et le ministère du Logement. Nous leur demandons de nous rendre, pour fin juin, donc le moment où on doit préparer le projet de loi de finances pour 2026, les contours de ce qu'attendent les acteurs du monde du logement, de l'immobilier, pour justement rendre de la perspective, de la visibilité et de l'attractivité à un statut du bailleur privé. En clair, comment favoriser, accompagner mieux le locatif abordable, comment investir dans la pierre locative. C'est ça le sujet. La recette, je ne peux pas vous la donner aujourd'hui, puisque ce qu'on veut, c'est construire la solution avec les acteurs. Et bien évidemment, ensuite, il faudra trancher avec Bercy, dans un contexte budgétaire qui n'est pas simple, mais où malgré tout, si nous avons signé cette lettre de mission, c'est parce qu'on a bien conscience qu'il faut aussi donner de la visibilité au secteur. Sinon, on n'arrivera pas durablement à soutenir l'effort de l'investissement privé. Il faut être aussi au rendez-vous du logement social. Vous le savez, c'est chose faite, puisque nous avons signé une ambition importante avec les bailleurs de l'Union sociale de l'habitat, avec Emma COSSE et toutes les fédérations, puisque avec l'effort que nous avons consenti sur la restitution d'une partie des fonds propres avec la RLS, nous allons pouvoir avoir des ambitions fortes de construction de logements sociaux, mais aussi de rénovation. Les conditions sont quand même réunies pour rassurer le secteur.
LAURE CLOSIER
Merci beaucoup Valérie LETARD d'avoir été avec nous.
RAPHAËL LEGENDRE
Merci Valérie LETARD.
LAURE CLOSIER
Ministre chargée du Logement en direct depuis le MIPIM qui continue, bien sûr, le marché international des professionnels de l'immobilier.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 17 mars 2025