Texte intégral
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et ce matin notre invité est François-Noël BUFFET, ministre auprès du ministre de l'Intérieur. Bonjour.
FRANÇOIS-NOËL BUFFET
Bonjour.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je rappelle que vous étiez sénateur du Rhône.
FRANÇOIS-NOËL BUFFET
Vraiment.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon François-Noël BUFFET, je vais commencer avec les dérives sectaires puisque le rapport de la Miviludes vient d'être publié aujourd'hui. Vous dites : " L'heure est grave ". Les dérives sectaires. L'heure est grave, pourquoi ?
FRANÇOIS-NOËL BUFFET
L'heure est grave, d'abord, c'est un moment important. Il y a longtemps que les rapports de la Miviludes ne sont pas rendus publics avec cette volonté véritablement d'avoir une vraie information. La situation s'est aggravée en dix ans. En dix ans simplement. Le nombre de signalement a plus que doublé. En 2015, il était de 2 160 signalements et en 2024, 4 571. On a une hausse qui s'est accélérée de plus de 50%.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Depuis le Covid. Oui.
FRANÇOIS-NOËL BUFFET
Depuis le Covid, c'est 2020. À partir de 2020, 50% d'augmentation, donc c'est très important. La deuxième particularité, si je puis dire, c'est que finalement, aujourd'hui, aucun territoire, c'est un peu comme pour les stupéfiants, le narcotrafic, n'est protégé. C'est-à-dire que c'est en ville, mais ça peut être en périurbain, ça peut être à la campagne. Il n'y a plus de différence, en réalité, au sein des territoires. Vous avez aussi tous les domaines de la vie sociale qui sont touchés. Singulièrement, la santé, le bien-être, les cultes, l'éducation, la formation professionnelle. Donc ce sont des secteurs parfaitement nouveaux, mais qui correspondent, quand on y regarde un peu plus près, aux situations qu'on a vécues pendant le Covid, tous ces sujets-là sont assez liés.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, le bien-être, la santé. Alors là, évidemment, fleurissent des charlatans de tous les côtés, des propositions pour faire croire au public qu'on peut soigner le cancer, qu'on peut guérir, je ne sais pas moi, avec des quantités de…
FRANÇOIS-NOËL BUFFET
Bien sûr.
JEAN-JACQUES BOURDIN
J'ai vu, on se soigne par les pierres. On fait des jeûnes qui permettent même de guérir le cancer. Enfin tout est proposé !
FRANÇOIS-NOËL BUFFET
Tout est possible, malheureusement.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Tout est malheureusement possible.
FRANÇOIS-NOËL BUFFET
Et la manière dont les choses peuvent être menées sont de nature, évidemment, à convaincre une partie de nos compatriotes que ce sera une alternative à tous leurs maux, alors même que la science démontre l'inverse, bien évidemment. Et ce qui est aussi remarquable, dans le mauvais sens du terme, si je puis dire, c'est que de plus en plus de jeunes sont touchés. On a quasiment 20% de jeunes qui sont pris…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Dans les signalements, 20% de jeunes ?
FRANÇOIS-NOËL BUFFET
Oui. Absolument.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est-à-dire de jeunes qui ont moins de 25 ans ?
FRANÇOIS-NOËL BUFFET
Oui, moins de 25 ans. C'est entre 16 et 24 à peu près.
JEAN-JACQUES BOURDIN
20% des jeunes qui sont…
FRANÇOIS-NOËL BUFFET
20%. C'est considérable, décidément. C'est vraiment très considérable.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors il y a évidemment les dérives sectaires dans le domaine des cultes.
FRANÇOIS-NOËL BUFFET
Oui, bien sûr.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Par exemple, les églises évangéliques. Certaines, pas toutes, mais certaines églises évangéliques.
FRANÇOIS-NOËL BUFFET
Oui, on parle de dérives, on ne parle pas d'autre chose, mais dans le domaine des cultes, les croyances, c'est un sujet, évidemment, facilement appréhensible. Donc on peut facilement l'appréhender, pardon, excusez-moi, véritablement. Mais vous savez, moi, je suis inquiet, enfin nous sommes inquiets collectivement sur tous les sujets de santé et bien-être. Où là, véritablement, on peut arriver à des situations qui amènent ceux qui se laissent emporter ou emmener dans des limites parfois vitales, il faut dire les choses telles qu'elles sont.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui. Santé, bien-être, l'aromathérapie quantique... Enfin, je ne vais pas citer toutes les dérives, mais elles sont tellement nombreuses.
FRANÇOIS-NOËL BUFFET
Non. Malheureusement. Mais l'important, c'est que ce rapport qui est ici, que j'ai là, est à disposition, il est sur le site de la Miviludes, il ne faut pas hésiter, évidemment, à le lire. Je crois que c'est important pour tout le monde. Mais il ne faut pas hésiter non plus, lorsque l'on a un doute, à appeler la Miviludes, qui est en capacité de vous donner une réponse et de vous conseiller. Ça, c'est un sujet qui ne doit pas être oublié.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais alors, on peut appeler, effectivement, mais pourquoi, par exemple, est-ce qu'on n'interdit pas l'église de Scientologie ?
FRANÇOIS-NOËL BUFFET
Parce que nous sommes, dans le rapport qui est le nôtre, uniquement sur la notion de dérive. On ne vise pas telle ou telle. Et que ça nécessite, quel que soit d'ailleurs l'organisme, d'avoir des procédures qui sont longues, qui sont souvent difficiles…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui. D'accord. Mais enfin, ça fait longtemps qu'on sait que l'église de Scientologie convainc des adeptes et même les exploite à tout propos. On le sait depuis longtemps.
FRANÇOIS-NOËL BUFFET
En toute hypothèse, je crois que pour nous, l'objectif ça va être de renforcer la prévention, de renforcer l'accompagnement des victimes, et de conseiller sur le plan également juridique. Mais le projet, parce qu'en fait, ce rapport nous inscrit dans une suite, évidemment, pour l'année 2025, dont l'objectif premier est de développer la Miviludes dans les territoires. Il faut à tout prix que, compte tenu des dangers que représentent ces différentes dérives, nous puissions aller au plus proche de nos concitoyens. Donc 2025, c'est ça.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que l'islamisme, c'est une dérive sectaire ?
FRANÇOIS-NOËL BUFFET
C'est une... Non. Enfin, je ne crois pas. Pas au sens où on peut l'entendre en premier. C'est un combat politique. L'islamisme politique et la radicalisation…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Radicalisation. Ce n'est pas sectaire ?
FRANÇOIS-NOËL BUFFET
Non, ce n'est pas de cette nature-là, je ne crois pas.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon. La pédocriminalité ? Non plus.
FRANÇOIS-NOËL BUFFET
Non plus.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon. En revanche, le business de la longévité, oui. Je vous dis ça parce que là aussi, ça marche fort. Des technologies extraterrestres qui permettent de vivre éternellement, des machines qui sont vendues à plus de 10 000 euros. Enfin bon, on a tout un catalogue absolument invraisemblable de dérives.
FRANÇOIS-NOËL BUFFET
Les inventions sont incroyables…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ah ! Sont incroyables.
FRANÇOIS-NOËL BUFFET
Pour tromper nos compatriotes.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors vous êtes ministre auprès du ministre de l'Intérieur, le terrorisme, trois hommes ont été mis en examen dimanche. Ils sont soupçonnés d'avoir voulu commettre un attentat à Dunkerque. Le plus jeune à 19 ans. C'est bien ça ? 19 ans. Allégeance à Daesh, auto-radicalisé sur Internet ?
FRANÇOIS-NOËL BUFFET
Oui, c'est la majorité... enfin c'est une grande partie de ceux qui aujourd'hui passent à l'acte. Vous savez que la menace, elle était exogène. Elle est devenue endogène et puis elle évolue à nouveau, à la fois un peu sur les deux, mais surtout sur l'auto-proclamation en réalité. Une personne en quelques mois, en quelques semaines, un jeune en trois mois peut se retrouver totalement radicalisé et passer à l'acte. C'est manifestement le cas d'hier. Ils sont de plus en plus nombreux comme ceci.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous avez de plus en plus d'alertes. Est-ce qu'aujourd'hui, est-ce que vous avez de plus en plus, est-ce que vous déjouez de plus en plus d'attentats terroristes ou de pré-attentats terroristes ?
FRANÇOIS-NOËL BUFFET
Oui. Ça, les services déjouent régulièrement des attentats terroristes et on ne le dit jamais, pour des raisons de discrétion.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui. J'ai compris.
FRANÇOIS-NOËL BUFFET
Ça, ça paraît logique, mais aussi…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais combien ?
FRANÇOIS-NOËL BUFFET
Depuis 2015, je ne voudrais pas dire de bêtises, le chiffre exact c'est un peu plus d'une trentaine qui ont été déjoués.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Depuis 2015, une trentaine ?
FRANÇOIS-NOËL BUFFET
Oui. Une trentaine qui ont été déjoués.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et ces derniers mois, plus qu'avant ?
FRANÇOIS-NOËL BUFFET
Non, pas forcément plus qu'avant. La difficulté qu'on peut avoir, elle est assez simple, c'est celui qui n'est pas connu des services, qui n'a pas d'activité particulière, qui n'est pas fiché, en tous les cas, qui n'est pas identifié, qui n'est pas sur les réseaux dans un premier temps et qui se radicalise en trois semaines, trois mois. Ce n'est pas simple. Ceux-là, ce n'est pas très simple de les attraper. Alors, comment on fait ? Comment fait-on ? Pardon. Eh bien, il y a un contrôle des réseaux bien évidemment. Tout ce qui se passe sur les réseaux est surveillé, les habitudes ou les personnes qui ne bougeaient plus et qui se mettent à être sur les réseaux on les surveille. Par ailleurs, il peut y avoir des signalements. C'est tout le rôle excessivement important à la fois du contrôle de la technologie qui nous permet de contrôler, mais aussi du renseignement territorial, de la proximité dans les quartiers, qui permet d'identifier des personnes qui sont sur le point de se radicaliser. En fait, fut une époque où on considérait que l'information venait beaucoup par les réseaux, par le numérique, que la technologie nous apportait la solution unique. La réponse est nécessaire, mais elle n'est pas unique. Nous avons besoin pour ce type de profil d'avoir un renseignement territorial et une proximité la plus grande possible pour détecter ce qu'on appelle les signaux faibles, les changements de comportement de tel ou tel, qui permet d'anticiper. Et c'est ce qui s'est passé hier. Et ça, c'est un sujet extrêmement important.
JEAN-JACQUES BOURDIN
François-Noël BUFFET, un homme de 19 ans a été tué par balle à Vaulx-en-Velin, trafic de stupéfiants. Vous confirmez ?
FRANÇOIS-NOËL BUFFET
Oui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Trafic de stupéfiants.
FRANÇOIS-NOËL BUFFET
En tous les cas, les conditions dans lesquelles c'est arrivé laissent entendre que ce sera ça. L'enquête le confirmera. J'imagine bien. Mais on est dans cette logique-là.
JEAN-JACQUES BOURDIN
19 ans, il n'est pas mineur, mais il y a des mineurs, et beaucoup de mineurs qui sont malheureusement impliqués dans ces trafics de stupéfiants. Le texte sur la justice des mineurs a été voté au Sénat. La proposition de loi sera bientôt à l'Assemblée ?
FRANÇOIS-NOËL BUFFET
Oui, elle sera bientôt inscrite à l'Assemblée vraisemblablement…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous avez les dates là ?
FRANÇOIS-NOËL BUFFET
Non, je n'ai pas les dates.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous n'avez pas les dates.
FRANÇOIS-NOËL BUFFET
Mais ça vient d'être voté au Sénat il y a quelques semaines. Donc ça va revenir. En revanche, sur ce point particulier que vous soulevez, il est fondamental. C'est-à-dire que dans les trafics de stupéfiants, dans le narcotrafic au sens large du terme, le haut du spectre et le bas du spectre, ce sont de plus en plus de jeunes mineurs qui participent, qui sont engagés là-dedans.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien sûr.
FRANÇOIS-NOËL BUFFET
L'idée de départ, c'est évidemment de profiter de l'excuse de minorité pour qu'ils échappent potentiellement aux poursuites judiciaires L'idée du texte, c'est de renforcer la répression sur ce point-là. Il faudrait peut-être franchir une étape supplémentaire. Mais nous avons dans les stups des personnes de plus en plus jeunes qui participent. Et les règlements de comptes, comme on a vu hier, il faut imaginer que ce soit ça, sont malheureusement de plus en plus nombreux, et les risques pris par ces jeunes sont considérables.
JEAN-JACQUES BOURDIN
François Noël Buffet, dans certains pays d'Europe, il existe la prison immédiate, les courtes peines, ce qu'on appelle les courtes peines. C'est-à-dire que quelqu'un qui commet un délit se retrouve en prison pour 10 jours, 15 jours. Est-ce que c'est applicable en France ? Est-ce que c'est une volonté d'appliquer la même chose en France ?
FRANÇOIS-NOËL BUFFET
La réponse pénale, dès qu'elle peut intervenir naturellement doit être la plus rapide possible et la plus immédiate possible quand bien même on puisse décider de placer à un moment un jeune mineur en détention pour quelques jours ou quelques semaines.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous y êtes favorable ?
FRANÇOIS-NOËL BUFFET
Moi, j'y suis favorable parce que ça permet de mettre immédiatement un coup d'arrêt au chemin du crime, si je puis dire …
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc un délit, la prison, même 10 jours ?
FRANÇOIS-NOËL BUFFET
Même 10 jours, même 5 jours, même peut-être… Evidemment le juge l'adapte à la circonstance, mais pour montrer le coup d'arrêt qui est absolument nécessaire.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que le Gouvernement prépare un texte dans ce sens ?
FRANÇOIS-NOËL BUFFET
L'enjeu en matière pénale notamment, c'est d'abord l'exécution des peines et la rapidité de l'exécution de la peine.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que le Gouvernement prépare un texte qui va dans ce sens ? Ou une proposition de loi par un sénateur ?
FRANÇOIS-NOËL BUFFET
Oui, par un sénateur, rien d'autre. Le ministre DARMANIN réfléchit à cette idée-là, je pense qu'il faut qu'on progresse sur ce point-là.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Dites-moi, pour lutter contre la délinquance aussi, le trafic de stupéfiants, le rôle des polices municipales est extrêmement important. On est bien d'accord, François-Noël BUFFET. Est-ce que les policiers municipaux auront des pouvoirs renforcés d'ici quelques semaines ?
FRANÇOIS-NOËL BUFFET
Dans le cadre du Beauvau de la police municipale que nous terminons en réalité, qui avait été engagé et qu'on a terminé assez rapidement maintenant ; on est en train de préparer les derniers éléments juridiques et les dernières idées. Oui, l'idée c'est de donner, aux policiers municipaux, une capacité à agir supplémentaire.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est-à-dire ? Concrètement ?
FRANÇOIS-NOËL BUFFET
Qu'est-ce que ça veut dire concrètement ? Ça veut dire la possibilité de contrôler l'identité par exemple.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Les policiers municipaux pourront contrôler l'identité ?
FRANÇOIS-NOËL BUFFET
On va proposer cela, on va proposer l'idée qu'ils puissent accéder à un certain nombre de fichiers qui, pour l'instant, ne leur sont pas ouverts. En dehors, il faut être précis, des fichiers dits de renseignement. Ça, bien évidemment, pas d'accès possible, sujet extrêmement sensible. Mais c'est la possibilité aussi peut-être d'avoir la capacité de délivrer des AFD, des amendes forfaitaires délictuelles, notamment pour les sujets de stupéfiants. Ça, c'est une hypothèse sur laquelle nous travaillons.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc le policier municipal pourra dresser des amendes ?
FRANÇOIS-NOËL BUFFET
Absolument. C'est une des capacités supplémentaires qu'on veut leur donner. Après, le maire, qui a la responsabilité de la police municipale, décidera s'il veut utiliser le moyen ou pas, il fera comme il veut. Mais au moins, ils auront cette capacité-là.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Important. Obliger toutes les polices municipales à être armées ?
FRANÇOIS-NOËL BUFFET
On ne peut pas les obliger. C'est permis, elles ont le droit de le faire, mais on ne peut pas les obliger. Il appartient au maire, parce que c'est la police du maire, de le faire. Pourquoi je vous dis ça ? Parce que l'enjeu est de ne pas confondre non plus les rôles entre la police nationale et la police municipale. Elles sont complémentaires, mais en aucun cas, l'une ne peut se substituer à l'autre. En tous les cas, la police municipale n'est pas là pour se substituer à la police nationale. En revanche, elle est là pour accompagner la politique du quotidien du maire et potentiellement, par moment, aider la police nationale dans son action. Il faut qu'on soit très prudent là-dessus. Je rappelle que, sans faire trop de juridisme, le Conseil constitutionnel ne nous avait pas permis de mettre à disposition nos policiers municipaux pour mener des actions de police judiciaire.
JEAN-JACQUES BOURDIN
François-Noël BUFFET, le délit d'homicide routier, c'est pour quand ?
FRANÇOIS-NOËL BUFFET
En séance le 6 mai à l'Assemblée nationale, ou le 5. En tous les cas, c'est dans cette date-là.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc, il y aura un texte ?
FRANÇOIS-NOËL BUFFET
Oui, il y aura un texte. Je rappelle qu'il a été voté une première fois à l'Assemblée. Il est passé au Sénat à l'époque où je présidais la Commission des lois, mais ça c'est l'histoire. On l'a un peu modifié. Il revient à l'Assemblée nationale début mai.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc, il sera présenté en séance à l'Assemblée nationale et soumis au vote ?
FRANÇOIS-NOËL BUFFET
Et soumis au vote, bien sûr. Ensuite, il repartira au Sénat et enfin, le vote définitif interviendra. C'est très important.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est important d'avoir la date parce que ça fait longtemps que c'est une demande de nombreuses associations. Les ZFE, faut-il les supprimer ? Franchement ? Je sais que vous êtes contre les ZFE, vous-même.
FRANÇOIS-NOËL BUFFET
Je suis contre l'écologie punitive, de façon générale. Et lorsqu'on met en place une ZFE comme je peux le vivre sur mon territoire, on ne se rend pas compte à quel point on place en difficulté un grand nombre de nos compatriotes qui n'ont pas les moyens de pouvoir changer de voiture.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors il faut les supprimer !
FRANÇOIS-NOËL BUFFET
Je suis favorable à leur suppression en tant que tel. C'est l'objet d'un texte qui sera à l'Assemblée nationale. J'ai lu, en revanche, que certaines zones pourraient être mises à l'écart. Je pense que soit on est traités, tous, de la même façon, soit on ne l'est pas. Mais il faut une uniformité. En revanche, qu'on accompagne les agglomérations à des changements structurels, notamment en matière de véhicules, pourquoi pas ? Mais qu'on s'adapte aux capacités des uns et des autres de pouvoir faire.
JEAN-JACQUES BOURDIN
L'année prochaine, élection municipale, dans les communes de moins de 1000 habitants, il y aura des listes paritaires. Vous aimez cela ou vous êtes favorable ou pas ? Parce que je ne suis pas certain que vous soyez très.
FRANÇOIS-NOËL BUFFET
Quel est le sujet premier ? C'est qu'en réalité, souvent les maires qui étaient candidats une deuxième fois étaient moins bien élus que d'autres personnes qui arrivaient sur leur liste et que c'était un peu embêtant, pour eux, naturellement. Mais ça n'empêchait pas qu'ils soient maires. La question de la parité sur le principe, oui, très bien. La question de pouvoir le faire, être en capacité de le faire dans des petites communes, beaucoup de maires nous alertent en disant : " Mais vous ne vous rendez pas compte, c'est extrêmement difficile. On a du mal à trouver, des femmes en particulier. On a beaucoup de difficultés là-dessus. "
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc pour installer la parité dans une commune…
FRANÇOIS-NOËL BUFFET
Donc on risque d'avoir potentiellement des difficultés pour un certain nombre de maires de pouvoir remplir cette obligation. Le principe reste le bon, mais le côté pratique est peut-être à discuter.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça a été voté à l'Assemblée nationale hier.
FRANÇOIS-NOËL BUFFET
Ça a été voté. Oui, oui, c'est fait.
JEAN-JACQUES BOURDIN
François-Noël BUFFET, municipal, Jean-Michel AULAS sera candidat à Lyon ?
FRANÇOIS-NOËL BUFFET
Ecoutez, je ne sais pas. Ce que je comprends pour l'instant, c'est qu'il se prépare. Il consulte beaucoup.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous y êtes favorable ? Vous le soutiendrez ?
FRANÇOIS-NOËL BUFFET
Oui, oui, bien sûr. C'est un homme qui bénéficie d'une très, très bonne image, d'une histoire lyonnaise que tout le monde connaît, économique à la fois de réussite de son entreprise, mais également footballistique avec l'Olympique de Lyonnais. C'est un homme qui discute avec tout le monde, qui est capable de rassembler et qui pourra être effectivement un très bon candidat pour la ville de Lyon.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je termine avec les rapports entre la France et l'Algérie. Retour à la normale des relations franco-algériennes. Mais Boualem SANSAL est toujours détenu. Les OQTF concernant les Algériens ne sont pas exécutées. Où en est la liste ? Bruno RETAILLEAU avait donné une liste aux autorités algériennes.
FRANÇOIS-NOËL BUFFET
Les discussions avec l'Algérie sont en cours. Jean-Noël BARROT, dimanche dernier, a repris un premier contact. Les services du ministère travaillent avec leurs homologues algériens pour faire avancer les dossiers. Donc, on va voir effectivement si le fait que ce dialogue se renoue entre la France et l'Algérie et est positif nous permet d'avancer sur les OQTF, nous permet d'avancer également sur la situation de Boualem SANSAL. C'est à l'épreuve des faits que l'on vérifie, que l'on va pouvoir apprécier. Pour l'instant, le fait d'avoir armé le rapport de force - si je puis dire les choses comme ça - a permis sans doute de fixer les objectifs de la France. La France savait qu'on ne pouvait pas continuer à fonctionner de cette manière-là. Maintenant, la France dit aussi qu'elle veut bien rediscuter avec l'Algérie à ces conditions. Le dialogue par le Gouvernement algérien a été rouvert. Attendons le résultat. Et c'est à l'aune de ce résultat que l'on verra si on a bien fait de faire. Je pense, pour ma part, qu'il faut être à la fois très ferme, mais en même temps ouvert à la discussion. Mais c'est au résultat qu'on verra si tout ça a fonctionné.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, c'est au résultat. Hier matin, Laurent WAUQUIEZ était à votre place. Et que disait Laurent WAUQUIEZ ? Je le cite. « C'est une honte, une humiliation. La France a accepté de capituler. »
FRANÇOIS-NOËL BUFFET
Mais personne n'a capitulé pour l'instant. Si jamais on n'obtenait rien…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous êtes humilié ? Bruno RETAILLEAU a été humilié ? Que dit Dominique De VILLEPIN ? « Impuissance publique. »
FRANÇOIS-NOËL BUFFET
Mais je dis très clairement, et depuis longtemps d'ailleurs, que dans les relations bilatérales que nous avons avec les pays pour lesquels nous avons des problématiques de laissez-passer consulaires pour dire les choses très clairement, il y a un moment où il faut savoir rétablir un rapport de force pour pouvoir négocier des conventions qui soient acceptables. Ça, c'est un principe qui est majeur. Si vous ne l'avez pas, vous ne pouvez pas fonctionner. La situation avec l'Algérie nécessitait la mise en oeuvre de ce rapport de force. Il a été engagé très clairement par Bruno RETAILLEAU et par le Gouvernement d'ailleurs puisque j'étais présent au… Mais maintenant, on va voir si effectivement dans cette période où la discussion se rouvre, on obtient des résultats. Si on les obtient, c'est donc qu'on a ramené la bonne procédure. Si on ne les obtient pas, on continuera de dénoncer les différents accords tels qu'ils existent. Ça, c'est quelque chose qui a été affiché clairement.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais quel est le délai ? Vous avez un délai parce que c'est bien beau. Vous fournissez des listes, vous renouez le dialogue. SANSAL est toujours emprisonné et les OQTF ne sont toujours pas expulsés.
FRANÇOIS-NOËL BUFFET
Je crois qu'en la matière, il faut savoir allier à la fois la fermeté et l'ouverture. On ne peut pas dire que ça ne peut pas durer éternellement. Ça, c'est bien clair. Il faut que les choses prospèrent dans les semaines qui viennent. Mais je ne peux pas vous donner de délai, parce que d'abord, parce que d'abord je ne suis pas dans la discussion directe. Mais au-delà de ça, il ne faut pas non plus à un moment… Il faut laisser faire la diplomatie pour l'instant.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais c'est un désaveu pour RETAILLEAU dit WAUQUIEZ.
FRANÇOIS-NOËL BUFFET
Non, ce n'est pas un désaveu.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais c'est ce que dit Laurent WAUQUIEZ, ce n'est pas moi.
FRANÇOIS-NOËL BUFFET
Ce que dit Laurent WAUQUIEZ est une chose ; ce que je vis aux côtés de Bruno RETAILLEAU dans la mission qui est la nôtre, ce n'est pas un désaveu. C'est parce qu'on a remis au clair la position de la France et notre propre volonté que la discussion a été rouverte. Sinon, elle n'aurait pas été réouverte. C'était une condition substantielle. Et sinon, cette discussion n'aurait pas été rouverte. Maintenant qu'elle est rouverte, il faut obtenir un résultat. Et si on obtient un résultat, on aura eu raison. Si on n'obtient pas de résultat, à ce moment-là, on continuera d'avancer et on dénoncera les différents accords qui existent.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Merci beaucoup François-Noël BUFFET d'être venu nous voir ce matin sur l'antenne de Sud Radio.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 9 avril 2025