Conférence de presse de Mmes Sophie Primas, ministre déléguée, porte-parole du Gouvernement, Amélie de Montchalin, ministre chargée des comptes publics, et M. Éric Lombard, ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique sur le rapport annuel d'avance sur le plan budgétaire à moyen terme pour 2025-2029 et l'exécution budgétaire 2024, les résultats de la gestion et approbation des comptes de l'année et la programmation militaire pour les années 2024 à 2030, Paris le 16 avril 2025.

Prononcé le

Intervenant(s) : 
  • Sophie Primas - Ministre déléguée, porte-parole du Gouvernement ;
  • Éric Lombard - Ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique ;
  • Amélie de Montchalin - Ministre chargée des comptes publics

Circonstance : Conférence de presse à l'issue du Conseil des ministres

Texte intégral

Sophie PRIMAS
Bonjour à toutes et à tous,

Vous le savez, hier, s'est tenu le tout premier comité d'alerte sur l'état de nos finances publiques. À cette occasion, le Premier ministre a dressé devant les Français un constat lucide et sans détours de la situation de nos comptes publics et de notre économie, en toute transparence avec les Français. Dans le prolongement de cet exercice de transparence, deux textes budgétaires ont été présentés en Conseil des ministres sur proposition du ministre de l'Économie et des Finances et de la ministre chargée des Comptes publics, que je remercie d'être à mes côtés ce matin. Et je vais leur laisser la parole dans quelques instants pour vous présenter ses conclusions et répondre, bien sûr, à l'ensemble de vos questions sur ces sujets.

Juste avant, permettez-moi d'évoquer l'autre texte qui a été présenté ce matin par le ministre des Armées. Il s'agit d'un projet de décret visant à limiter le recours à la sous-traitance dans certaines activités stratégiques pour notre défense nucléaire. C'est d'ailleurs le dernier décret que nous devions prendre sur la loi de programmation militaire. Ce décret traduit une priorité claire, sécuriser au plus haut niveau les composantes sensibles de notre dissuasion nucléaire. Et enfin, une partie de ce décret concerne le transport des matières nucléaires. Voilà.

Comme promis, je cède immédiatement la parole à mes deux collègues de Bercy sur les questions de finances publiques.


Éric LOMBARD
Bonjour à toutes et à tous. Premier collègue de Bercy. Nous avons présenté deux textes, la ministre chargée des Comptes publics, Amélie de MONTCHALIN, et moi-même. J'ai présenté ce qui s'appelle le rapport d'avancement annuel pour l'année 2025, qui est un élément qui permet le suivi de ce qu'on appelle le plan structurel à moyen terme 2025-2029, qui est notre trajectoire de finances publiques telle qu'elle est prévue dans le nouveau cadre de gouvernance économique de l'Union européenne.

L'environnement géopolitique, l'environnement économique, comme vous le savez, est extrêmement chahuté. Nous avons préparé la loi de finances pour 2025 en ajustant déjà le taux de croissance à 0,9 %, alors qu'il était prévu à 1,1 % dans le projet de loi de finances initial. Depuis, nous avons eu quelques bonnes nouvelles avec notamment une consommation qui se tient. Le fait que le budget ait pu être adopté à rassurer les entreprises qui ont continué à investir et à embaucher. Cependant, il y a des fortes incertitudes, et puis notamment les décisions sur les droits de douane qui ont été prises par l'administration américaine.

Et cela nous a conduits à présenter au Conseil des ministres un ajustement, une nouvelle prévision de taux de croissance pour cette année qui est ramenée à 0,7 % et qui, pensons-nous, tient compte de l'ensemble des éléments qui sont aujourd'hui à notre connaissance. L'élément important sur la trajectoire de finances publiques, qui est le cœur de notre engagement, en réalité, c'est ce qu'on appelle les dépenses primaires nettes. C'est-à-dire, c'est les dépenses publiques hors charges de la dette qui, comme nous le savons, varient. Et c'est cela que nous suivons dans le cadre de la trajectoire qui fait l'objet de ce dialogue, et avec le Conseil des ministres, et avec l'Union européenne.

Nous avons réitéré devant le Conseil l'engagement qui est le nôtre, l'engagement qui est celui du Gouvernement, de prendre comme objectif le fait d'être au-dessous de 3 % de déficit en 2029. Pourquoi ? Parce que c'est à 3 % de déficit que nous maintenons notre dette à un niveau stable, ce qui nous permet de retrouver des marges de manœuvre, de retrouver pleinement notre souveraineté économique. Et pour satisfaire cet engagement, nous allons donc devoir piloter nos dépenses publiques au plus près. L'engagement pour tenir le déficit de 5,6 % cette année a été confirmé et la ministre a pris des mesures de régulation dans ce – 5,4 pardon cette année – et nous avons annoncé, pour l'année prochaine, un objectif de 4,6 % de déficit. Tout cela nous mettant bien dans la trajectoire pour atteindre 3 % en 2029.

Nous avons aussi rappelé devant nos collègues et devant le président de la République la méthode que le Premier ministre a souhaité mettre en place pour construire ce budget et cette trajectoire exigeante à 4,6 % l'année prochaine, qui, comme cela a été annoncé hier, passe par le dialogue. Nous avons tenu hier matin avec un certain nombre de collègues, dont la ministre chargée des Comptes publics, une conférence d'alerte pour échanger des informations avec l'ensemble des parties prenantes : les parlementaires, naturellement, en premier lieu les présidents et rapporteurs généraux des commissions, mais aussi les représentants des salariés, des entreprises et des collectivités locales, en toute transparence. Et le Premier ministre a ouvert par cette conférence de presse un cycle de dialogue qui va nous permettre de préparer dans les semaines et les mois qui viennent le projet de loi de finances pour 2026.

Je passe la parole à ma collègue Amélie de MONTCHALIN.


Amélie de MONTCHALIN
Merci, madame la ministre chargée du Porte-parolat, cher Éric LOMBARD.

J'ai, pour ma part, présenté le projet de loi relatif aux résultats de la gestion et portant approbation des comptes de l'année 2024. C'est un texte de loi qui résume la situation de l'année 2024. Une année, vous le savez, qui a été marquée par de très nombreux aléas, par une révision du déficit et qui a été marquée par une dynamique de la dépense publique qui, à la fin, a crû de 2 % en volume au total, mais c'est - 0,7 % en volume pour l'État, + 3,1 % pour les collectivités, + 3,6 % pour la Sécurité sociale. Nous avons, comme vous le savez, eu un certain nombre de décisions au cours de l'année 2024, notamment pour tenir la dépense de l'État. Et la méthode que nous suivons pour 2025, pour tenir cet objectif de 5,4 %, c'est une méthode qui est assez inédite, parce que le budget 2025 est, lui aussi, inédit.

Hier matin, vous le savez, nous avons donc réuni ce comité d'alerte pour suivre très précisément comment l'année 2025 avait commencé, sur les dépenses, sur les recettes, avec un suivi d'un tableau de bord que nous élaborons chaque mois et que nous avons partagé de manière extrêmement ouverte et complète avec, comme le disait Éric LOMBARD, les parlementaires, les représentants des collectivités locales, les représentants des caisses de Sécurité sociale, les partenaires sociaux. Et nous allons, en 2025, plusieurs fois, à nouveau en juin et en septembre, faire cette même transparence pour que nous ayons non seulement la transparence des chiffres, mais aussi la transparence des décisions que nous prenons au vu de l'évolution de la situation des dépenses publiques, la situation de la conjoncture, et que nous puissions ainsi avoir de la réactivité dans nos décisions collectives pour que nous tenions l'objectif que le Premier ministre a fixé, je le rappelle, à l'occasion de sa déclaration de politique générale, c'est-à-dire de reprendre en main nos finances publiques, non seulement en 2025, mais également d'ici 2029 avec la trajectoire qui a été proposée.

Je tiens à dire, parce que nous avons aussi passé beaucoup de temps hier avec les parlementaires à la Commission des finances – nous y retournons d'ailleurs dans quelques minutes maintenant – que tous ces exercices de transparence, évidemment, ne se substituent pas au travail des parlementaires qui sont engagés, bien sûr, à la Commission des finances, au Sénat et à l'Assemblée, dans le contrôle et l'évaluation de nos décisions, qui sont, je le rappelle, les législateurs budgétaires, qui seront engagés également dans le cadre du printemps de l'évaluation, dans des actions qui seront très utiles au Gouvernement, dans la revue des dépenses, quelles sont les dépenses utiles, quelles sont les dépenses où il y a potentiellement des progrès à faire, et, comme l'a dit Éric LOMBARD, cette méthode de capacité à dialoguer, à écouter, à poser les bons diagnostics, puis à entendre les propositions, puis enfin à faire la synthèse de ce que le Gouvernement verra comme la manière d'avancer pour le Budget, c'est la méthode que nous souhaitons, parce que derrière, ce n'est pas qu'une question de chiffres. C'est d'abord et avant tout une question d'indépendance financière, stratégique, d'avoir une France qui peut faire des choix, qui retrouve des marges de manœuvre, qui se concentre sur les priorités de l'époque qui, on le voit, évoluent.

Et donc, cet enjeu d'indépendance à la fois financière et stratégique, c'est bien la mission dans laquelle nous sommes engagés, pour protéger les Français, pour agir pour eux, et pour que nos comptes publics soient un outil en soutien de cet engagement et que nous ayons donc ainsi, dans ce dialogue de la nation avec elle-même, une forme de réconciliation à la fois démocratique et sur le fond entre nos finances publiques et les citoyens. C'est bien cela que nous portons. Et donc, nous sommes ouverts à vos questions.


Bastien AUGEY
Bonjour Bastien AUGEY pour TF1/LCI. Deux questions qui concernent les pistes de baisse de dépenses. Vous-même, madame la ministre, ce matin, vous avez évoqué la question des niches fiscales. Est-ce que l'un et l'autre, vous pourriez nous donner un ou deux exemples peut-être de niches fiscales que vous jugeriez inutiles puisque vous avez utilisé ce terme. Et puis sur une autre piste d'économie, est-ce que vous souhaitez remettre sur la table le débat des arrêts maladie ? On se souvient notamment que l'an dernier, il y avait eu un débat sur les jours de carence. Donc, est-ce que ça fera partie des pistes qui seront étudiées ? Et si oui, de quelle manière ? Je vous remercie.

Amélie de MONTCHALIN
Merci beaucoup. Si on reprend un peu le fil sur les niches fiscales, c'est un débat qui existe depuis, je crois, des années, voire des décennies. Il se trouve qu'il y a quelques années, j'étais députée à la Commission des finances, et avec le rapporteur général de l'époque, Joël GIRAUD, nous avions entrepris un travail, je crois, de salubrité publique, et de salubrité budgétaire, d'ailleurs, qui était de supprimer les niches fiscales qui bénéficiaient à moins de 10 contribuables. Et c'est dans les archives, vous les retrouverez, récits et comptes rendus de ces débats, nous en avons supprimé des dizaines. Il se trouve qu'aujourd'hui, nous avons deux défis devant nous. On a d'abord un défi d'équité. Nous avons aujourd'hui 467 niches fiscales qui représentent dans leur ensemble 85 milliards d'euros de réduction d'impôts. Pour le seul impôt sur le revenu, c'est 18 milliards sur 80 milliards de rendements. Cet enjeu d'équité, c'est d'être capable de dire : est-ce qu'on préfère avoir des impôts élevés avec des niches qui bénéficient parfois à seulement quelques dizaines, voire quelques centaines de contribuables ? Ou est-ce que nous préférons avoir des impôts qui sont plus bas pour tout le monde, avec donc plus d'équité ? Ça, c'est le premier enjeu, un enjeu d'équité et de lisibilité. Le deuxième enjeu, c'est un enjeu, j'allais dire, budgétaire. Est-ce que dans le monde actuel, il est logique que nous ayons, au-delà de cet enjeu d'équité, des mécanismes fiscaux qui ne soient pas utiles, qui ne soient ni redistributifs, ni vraiment incitatifs, qui sont là parfois parce que l'histoire les a conduits à être efficaces un jour, mais aujourd'hui potentiellement beaucoup moins. Donc, nous sommes en train de mener une revue très systématique. Quels sont les mécanismes qui bénéficient à un très grand nombre de citoyens et qu'il est hors de question aujourd'hui de bouger ? Je pense notamment aux niches fiscales, sur les gardes d'enfants, les services à la personne. Quels sont à l'inverse les mécanismes qui ne bénéficient qu'à quelques contribuables ? On a des dizaines de niches qui bénéficient à moins de 100 contribuables, même à moins de 10 entreprises ou à moins de 10 ménages. Il faut quand même qu'on s'interroge sur la viabilité de ces mécanismes. Et le cas échéant, si on en supprime beaucoup, parce que c'est l'interrogation de beaucoup de Français, si ça fait du coup rentrer de l'argent dans les caisses de l'État, nous voulons pouvoir, si c'est beaucoup d'argent, pouvoir baisser les impôts en échange pour un certain nombre de Français, d'entreprises, pour que nous ayons un mécanisme plus juste, plus équitable, plus lisible, plus adapté au monde d'aujourd'hui. Je pense que c'est une réforme que nous voulons mener vraiment dans le dialogue. Donc on ne va pas vous annoncer ici sur l'estrade ce que nous avons déjà décidé. C'est une des illustrations de la méthode que nous voulons suivre. Sur les arrêts maladie…

Journaliste
Juste pardon pour bien comprendre sur ce point-là, déjà ça veut dire que ça ne rentre pas en compte dans les 40 milliards d'économies si je comprends bien puisque c'est pour financer une baisse d'impôt. Et par ailleurs, est-ce qu'on peut vraiment gagner beaucoup d'argent avec des niches qui, vous le dites vous-même, ne concernent que quelques centaines de personnes ?

Amélie de MONTCHALIN
Il y a plein de méthodes pour avancer. Évidemment, le but, c'est qu'on puisse aussi en faire un équilibre, un partage puisque c'est un tiers qui est gardé par l'État, deux tiers qui passent par la baisse d'impôts. Est-ce que c'est un quart et trois quarts ? Donc on va faire des choses qui ont un sens budgétaire, mais un sens économique aussi. Et deuxième élément, est-ce que ça peut rapporter beaucoup d'argent ? C'est 85 milliards d'euros quand même, les 467 niches fiscales dont je vous parle. Donc vous voyez, si on en supprime 10 %, ça fait quand même 8 milliards. Donc, on est sur des montants qui sont très significatifs. Si on en supprime 5 %, ça fera 4 milliards. Donc, on va faire les choses là aussi avec méthode. Les parlementaires sont, je crois, vraiment les acteurs les plus fondés aussi à nous faire des propositions, soit sur pression (ph) soit de diminution de volume, parce qu'ils sont ancrés dans une mission qui est vraiment la leur sur ce point.

Éric LOMBARD
Sur le travail, le Premier ministre a montré hier des graphes qui montrent que la quantité de travail que nous générons dans notre pays est moindre que celle d'autres pays, notamment de pays européens, avec plusieurs raisons à cela. D'abord, nous tardons à mettre les jeunes sur le marché du travail, alors même qu'ils le souhaitent. Et donc, ça, c'est un sujet de politique publique important. Nous avons une politique, notamment dans les entreprises vis-à-vis des seniors, qui consiste à les faire partir ou à les laisser partir trop tôt. Et ça, c'est deux grands éléments de politique publique qui sont au cœur de notre action. Et puis, depuis plusieurs années, nous avons réussi à faire baisser le chômage. Il faut continuer. Et puis, autre facteur de différenciation avec les autres pays, notamment de l'Union européenne, effectivement, un taux d'absentéisme pour des raisons maladie ou autres qui est supérieur. Une fois que le diagnostic est posé, la méthode que nous allons mettre en place dans les semaines qui viennent, c'est de trouver des solutions par le dialogue. Donc, même si ça peut être décevant pour vous, mais c'est le début d'un processus, nous allons poser ces questions, nous allons dialoguer autour de cela avec les partenaires sociaux afin de voir quelles sont les solutions qui paraissent les mieux adaptées aux besoins, aux demandes des entreprises, des salariés. Et c'est à ce moment-là que nous aurons des propositions que nous ferons, et le Premier ministre a bien précisé que ces propositions arriveront avant l'été, ce qui d'ailleurs est déjà beaucoup plus tôt que ce qui se faisait d'habitude, parce que je ne crois pas qu'on ait eu dans l'histoire de préparation d'une loi de finances qui commence dès le milieu du mois d'avril.

Journaliste
Bonjour, messieurs les ministres. Oscar TESSONNEAU, je suis le fondateur d'un nouvel hebdomadaire qui s'appelle Rightbrain Magazine, qui s'est fixé un principe simple, c'est sortir des personnes du milieu protégé, ce qu'on appelle les entreprises adaptées, les établissements ESAT, un ensemble de personnes porteurs de handicaps mentaux pour qu'ils aient l'ensemble de leur trimestre et qu'ils puissent faire des choses assez simples, par exemple donner des préavis pour avoir un logement ordinaire, et qui feraient ensuite, donc toutes ces personnes porteuses d'autisme, l'ensemble de la maquette de l'hebdomadaire. J'ai une première question à vous poser justement sur ce sujet. Est-ce que dans l'ensemble des économies qu'on peut aujourd'hui évaluer, on a un travail qui sera fait sur les deux principaux minima sociaux en France, donc le RSA et l'allocation adultes handicapés, pour essayer de voir comment il serait possible de salarier des personnes dites peut-être plus fragiles dans l'emploi sur le long terme avec des contrats plus longue durée ? Et ma deuxième question va plutôt porter sur les actualités des collectivités locales, puisque ce matin, dans la presse quotidienne, plusieurs maires s'inquiètent des baisses de budget et de potentiels conflits qu'ils auraient avec leurs administrés dans les prochains mois, les prochaines années, puisqu'ils sont, pour reprendre leur propos, les derniers remparts de la République et les élus les plus populaires de France aussi.

Éric LOMBARD
Sur la question de l'emploi adapté des personnes qui travaillent en ESAT, sujet d'une grande importance et merci de poser cette question, on prend le point, on n'a pas la réponse tout de suite, puisque comme pour le reste, ça fait partie des sujets qui seront portés au débat, mais on prend volontiers votre point. C'est un sujet sur lequel il faut qu'on puisse progresser dans notre pays, sur lequel je pense que c'est aussi un des points sur lesquels la France est en retard par rapport à d'autres pays. Et il faut que ces actions que nous menons au bénéfice de toutes les Françaises et tous les Français, bénéficient à tous et notamment aux travailleurs dans la situation que vous décrivez.

Amélie de MONTCHALIN
Et j'ajoute sur ce point qu'on regarde en très grand détail les enjeux de différence territoriale, puisque vous le savez, sur les enjeux du handicap, non seulement dans la manière dont les dossiers sont gérés par les MDPH, mais aussi dans la valeur des prestations, il y a aujourd'hui des différences qui, pour certaines, sont vécues comme des grandes inégalités. Et donc c'est un travail que nous menons avec...

Journaliste
Est-ce que vous pouvez détailler ces différences ? Puisque, c'est un petit peu technique, mais pour intégrer ces entreprises dont Monsieur LOMBARD parlait, il y a ce qu'on appelle une reconnaissance donnée par la MDPH à 80 %, qui est la condition sine qua non pour intégrer ces structures, et vous avez vu des différences, des inégalités territoriales, pour intégrer ces structures adaptées.

Amélie de MONTCHALIN
Je ne pourrais pas faire aujourd'hui dans ce point presse le détail, mais c'est un travail qui est mené avec Catherine VAUTRIN, avec Charlotte PARMENTIER-LECOQ, avec les inspections générales de nos deux ministères, avec les départements, pour que nous trouvions à la fois des solutions de financement, mais aussi des solutions d'accompagnement qui soient moins inégalitaires, qui soient plus lisibles sur l'accompagnement du handicap dans notre pays. Sur, du coup, la deuxième question, parce que c'était là-dessus que vous m'interrogez, sur les collectivités locales. D'abord, les collectivités ne sont pas des fidèles de l'État. Les maires, les élus sont des acteurs très responsables qui gèrent de l'argent public et que nous devons donc mettre autour de la table pour que nous trouvions, comme cela a été présenté hier par François REBSAMEN et par le Premier ministre, que nous trouvions une méthode qui soit à la fois juste et prévisible pour que l'ensemble des acteurs publics contribuent à cette réduction de notre déficit pour atteindre 3 % ou moins de 3 % en 2029. Le projet que nous avons fait, c'est que le 6 mai, sous l'autorité du Premier ministre, François REBSAMEN et nous-mêmes allons réunir les acteurs des collectivités pour une conférence de financement des territoires dont l'objectif est de gagner de la prévisibilité. Il y a une chose que les collectivités très légitimement dénoncent, c'est le fait que depuis des années, au début du mois d'octobre, en général, sort un chiffre comme un peu du chapeau et qui donne l'objectif d'économie. Cette méthode, elle est assez contradictoire avec la manière dont les élus locaux gèrent leurs communes, gèrent leurs départements, gèrent leurs régions. Les prochains maires élus ou réélus au printemps 2026 partent pour des mandats de plus de... pour des mandats de 6 ans. Ce sont des mandats où ils sont amenés à se projeter et où il faudrait que nous, État, qui gérons les finances publiques avec ce qu'on appelle l'annualité, uniquement des calendriers de 12 mois, nous puissions les aider justement à avoir un cadre prévisible sur notamment les recettes, les dotations qui seront faites aux collectivités, pour que les collectivités en retour puissent aussi projeter, planifier, prévoir leurs dépenses et leurs investissements. Il y a là quelque chose qui est très mutuellement bénéfique, bénéfique pour les collectivités, pouvoir se projeter, bénéfique pour l'État, retrouver, je vais dire, une forme de sérénité dans notre échange avec les collectivités, que je veux ici remercier parce qu'elles ont notamment en 2024 terminé l'année avec un rythme de dépense qui a permis d'ailleurs d'être 600 millions d'euros sous, ce qui à un moment donné avait été anticipé sur leurs dépenses et qui du coup a contribué au fait que le déficit de l'année 2024 a terminé à 5,8 % et non pas à 6 %.

Clélie MATHIAS
Bonjour Monsieur le ministre et bonjour Madame la ministre. Clélie MATHIAS CNews. Le Premier ministre a insisté hier sur le fait que les Français devraient travailler plus à terme. Par exemple, il y a le 1er mai qui arrive et il y a un certain nombre de secteurs dont les boulangers qui ne peuvent pas travailler. Est-ce que là, c'est un exemple, mais est-ce que c'est une piste de réflexion sur ce secteur-là et sur ce cas précis des boulangers et il y en a d'autres ?

Amélie de MONTCHALIN
Alors, je pense que dans notre pays, toute personne qui veut travailler ne doit pas être empêchée. Et je crois que Catherine VAUTRIN a eu, sur ce point précis encore ce matin, des déclarations visant à ce que nous clarifions cette situation qui est un peu absurde. Le boulanger peut travailler, mais pas ses salariés. Je pense qu'il faut qu'on ait sur ce point beaucoup de cohérence dans ce que nous disons et ce que nous portons. Vous savez, notre boussole, et je crois que le Premier ministre l'a dit : on ne veut pas augmenter les impôts parce qu'on a déjà le record d'impôts, on ne veut pas augmenter le déficit parce que la dette, c'est se priver demain d'outils, de marge de manœuvre, de souveraineté. Et donc on veut revoir nos dépenses. Et dans le cas de nos dépenses, nous voulons faire des choses avec méthode et dialogue. À la fin, ce qu'il faut, c'est que dans notre pays, le travail toujours paie, qu'à la fin du mois, quand on travaille plus, ça rapporte dans le niveau de vie, dans la vie quotidienne. Et donc, ce "travailler plus", c'est aussi surtout que le "travail toujours" paie plus que les aides sociales, qu'on perd parfois et certains nous disent : "si je suis augmenté, je vais perdre des aides sociales". Il faut qu'on mette fin à cela, parce que sinon, on n'est pas cohérents nous-mêmes dans notre approche.

Clélie MATHIAS
Merci.

Thierry CURTET
Bonjour, Thierry CURTET à France 2. Vous annoncez une réduction de la croissance pour cette année. On était parti sur un budget à 1,1. On est à 0,7. Ça représente combien de milliards en moins ? Et est-ce que, du coup, pour le budget 2025, vous pourrez vous passer d'un collectif budgétaire en juin ou en septembre ?

Éric LOMBARD
Alors, je commence par la croissance et la ministre... non nécessité collectif budgétaire. cette évolution de 0,7 en fait, elle était couverte dans nos projections de deux façons. D'abord, quand on a établi un budget sur la base d'une croissance de 0,9 %, nous avons mis des marges de prudence comme nous faisons à chaque fois pour aléas et ces aléas, ça peut être des évolutions X ou Y. Et en l'occurrence une baisse de croissance. Et par ailleurs, la ministre vient de décider d'un ajustement qui précisément garantit que nous soyons bien en ligne. Donc ça, c'est pour l'effet du taux de croissance. Et sur les raisons pour lesquelles nous n'avons pas besoin de loi de finance rectificative, la ministre pourra commenter.

Amélie de MONTCHALIN
Effectivement, on a eu un budget inédit qui a été promulgué, vous savez, le 14 février pour le budget de l'État, le 28 février pour la Sécurité sociale. Et dans un monde très instable, avec beaucoup d'aléas, on le voit, que ce soit les décisions commerciales, les droits de douane aux États-Unis, que ce soit les enjeux de défense, les incertitudes que ça génère, nous avons effectivement, avec tous les ministres du Gouvernement, construit la mise en œuvre de ces budgets de telle manière à ce que non pas l'intégralité des dépenses soit activée dès le début, mais que nous mettions une partie, 8,7 milliards d'euros, de côté. Ces 8,7 milliards d'euros étant des euros que nous n'activerons, que nous ne dépenserons que si les temps, la conjoncture, le permettent. Et donc, dans ces 8,7 milliards, aujourd'hui, nous allons annuler 3 milliards. Ce sont des dépenses que nous ne ferons pas cette année. Certaines seront faites plus tard, d'autres seront peut-être juste pas faites du tout. Et ce sont des dépenses que nous avons préparées, mises de côté, et que nous avons, dès le début, considérées que nous les activerions que si la conjoncture le permettait. Et donc au total, ces 3 milliards d'annulations, on va aussi prendre 2 milliards de plus de mesures de précaution. Donc c'est de l'argent qu'on ne va pas engager dès maintenant. Potentiellement, si la conjoncture ralentit encore, on les annulera à ce moment-là. Mais vous voyez, ce que je vous décris, c'est vraiment la méthode que nous voulons suivre. Hier, nous avons fait transparence sur la croissance, transparence sur les chiffres, transparence sur les décisions, et donc comment ces 5 milliards d'euros de réduction de dépenses vont être pilotés pour que nous tenions à la fin nos objectifs. Objectifs qui sont essentiels, pas parce que c'est à nouveau un diktat comptable, mais parce que si nous ne reprenons pas en main nos finances publiques, si nous laissons le déficit accroître encore davantage notre dette que ce que nous avions prévu, je le redis, c'est l'incapacité à court et moyen terme de la France de faire des choix, de se donner des marges de manœuvre, de financer nos priorités, de protéger les Français et de financer l'essentiel. Donc notre méthode, transparence, ajustement quand les risques sont là, confiance dans nos objectifs, pour qu'on ait aussi, avec les Français, qui, je le rappelle, payent les impôts, alimentent les services publics, un dialogue où on leur montre qu'on gère bien leur argent et qu'on gère avec des objectifs qui sont tenus. C'est ce que nous demande le président de la République, évidemment, mais c'est tout ce que nous demande le Premier ministre, qui, hier, en a fait, devant tous les Français, je crois, un engagement très ferme de l'action qui est la nôtre.

Journaliste
Mais il y aura un collectif budgétaire ?

Amélie de MONTCHALIN
Pourquoi il n'y a pas besoin de collectif budgétaire ? Parce que ces mesures sont permises par notre loi organique, de pouvoir mettre de côté de l'argent, 8,7 milliards, de pouvoir annuler une partie des dépenses et d'en repousser certains projets, mettre d'autres dépenses un peu sur une forme de refroidissement de notre dépense. Ce sont des mesures que nous pouvons tout à fait prendre à partir du moment où nous les rendons transparentes et qu'elles sont dans une marge assez limitée par rapport au budget total.

Mathieu COACHE
Bonjour, monsieur le ministre. Bonjour, madame la ministre. Mathieu COACHE, BFMTV. Madame de MONTCHALIN, vous venez de dire que le travail doit payer plus que les aides sociales. Donc est-ce que vous dites aujourd'hui que les aides sociales payent plus que le travail ? J'avais l'impression que c'est un concept, un mythe qui avait été démonté par à peu près tous les économistes sérieux de ce pays. Donc, est-ce que vous pouvez préciser, puisque c'est quelque chose qui revient souvent, qui est dit comme ça, sans vraiment de fait à l'appui ?

Amélie de MONTCHALIN
Alors, vous avez des travaux de l'INSEE, vous avez des travaux nombreux et vous avez aussi ce que vivent les Français. Aujourd'hui, le travail paye plus que les aides sociales. Mais vous avez des Français avec certains niveaux de revenus, ou quand ils ont une augmentation, d'ailleurs ils le craignent, ils disent "si je suis augmenté, alors je vais perdre des aides". C'est une réalité aujourd'hui qu'on observe, notamment parce que notre solidarité à la source, notre capacité à avoir une lisibilité de toutes les aides sociales, n'est pas complète aujourd'hui. On a déjà fait beaucoup de progrès. On a maintenant des aides sociales qui sont versées en temps réel, qui s'ajustent à notre situation. Nous devons nous assurer que ce système jamais ne décourage les Français d'être augmentés, de gagner plus par leur travail, parce qu'à la fin du mois, dans certaines situations, ce n'est pas le cas. Et ce modèle social, il est à la fois très protecteur, très légitime. Je ne suis pas en train de vous dire qu'on va mettre fin au modèle social. Mais en revanche, dans certains cas particuliers, qu'il nous faut traiter avec méthode, nous devons nous assurer que quand on est augmenté, que quand on travaille plus, à la fin du mois, on en a des fruits concrets et tangibles sur son compte en banque.

Mathieu COACHE
Mais juste pour bien remettre, ce n'est pas du tout ce que vous avez dit, ça veut dire que le travail continue de payer plus que les aides sociales, puisque quand on est augmenté et qu'on perd une aide sociale, on gagne toujours plus d'argent qu'avant.

Amélie de MONTCHALIN
Ce n'est pas tout à fait le cas. Il y a aujourd'hui, et je pourrais vous le détailler, des travaux très précis qui sont faits, des travaux qui sont connus, si vous regardez les travaux d'Antoine BOZIO et Éric VASSMER sur, notamment le gain de pouvoir d'achat, les travaux notamment d'économistes tout à fait indépendants, nous avons ce qu'on appelle la "smicardisation" du pays, qui est en partie le fruit d'un système social, d'un système d'aide sociale, qui, pour certains Français, les amène à ne pas chercher, ou à ne pas vouloir parfois même être augmenté par leurs employeurs, parce qu'avec les gains du salaire, mais les pertes d'aide qui sont liées en face, vu comment le système fonctionne, ils n'ont pas d'intérêt financier à la fin du mois à travailler plus ou à être augmenté. C'est un frein qui aujourd'hui dans nos entreprises, et les chefs d'entreprise nous demandent, si on veut augmenter notre production, tous ces freins-là doivent être rendus plus clairs pour les Français, plus lisibles, parce qu'à la fin ce qu'on veut, c'est que notre pays, on l'a dit, produise plus, et puisse surtout faire gagner leur vie aux Français qui travaillent.

Éric LOMBARD
Merci à toutes et à tous.

Sophie PRIMAS
Merci beaucoup à tous les deux. Merci. Je vous sais pressés d'aller au Compte-rendu, donc je suis à votre disposition pour le reste de l'actualité si vous avez des questions.

Julien NÉNY
Oui, bonjour Madame la ministre, Julien NÉNY pour France Inter. Sur le dossier très sensible algérien, est-ce que vous diriez qu'il y a un problème Bruno RETAILLEAU ? Quand on lit les communiqués des autorités algériennes, il semble clairement que la réponse soit oui. J'ai évidemment lu le communiqué de l'Élysée hier soir, cette réplique symétrique décidée par le chef de l'État. Est-ce que le ministre de l'Intérieur devient un problème sur ce sujet ?

Sophie PRIMAS
Alors, vous avez raison de dire que nous avons été surpris par le communiqué de presse de l'Algérie considérant cette affaire. Sur cette affaire, il est très clair que nous avons deux affaires totalement différentes, des relations qui étaient rentrées dans des relations plus apaisées et plus constructives avec l'Algérie à la suite à la fois de la porte ouverte par le président TEBBOUNE et du voyage de Jean-Noël BARROT en Algérie. Nous avions repris un certain nombre de coopérations. Puis il y a eu une décision totalement indépendante, évidemment du Gouvernement, du parquet national antiterroriste qui a effectivement mis en garde à vue, puis un peu plus trois ressortissants algériens, dont une personne issue du monde consulaire algérien. Ces deux affaires n'ont rien à voir. Bruno RETAILLEAU est totalement indépendant de cette décision. Il n'y a donc pas d'affaire RETAILLEAU. Il y a une affaire d'escalade que nous regrettons dans les tensions entre l'Algérie et la France. C'est bien regrettable car nous étions partis sur une relation un peu plus apaisée, un peu plus constructive et j'appelle de mes vœux que cette relation redevienne constructive.

Mathieu COACHE
Et alors, une deuxième question sur ce sujet à propos de Boualem SANSAL. Vous avez lu comme moi hier la lettre ouverte de ses deux filles dans le Figaro envoyée au Président pour demander évidemment la libération de leur père. On avait senti une forme d'optimisme, un vent d'optimisme qui soufflait depuis quelques semaines sur une éventuelle issue favorable à ce dossier SANSAL. Ce qui s'est passé depuis trois jours entre la France et l'Algérie, est-ce que ça compromet gravement cette issue favorable ou pas ?

Sophie PRIMAS
Nous continuons les discussions sur ce cas particulier de Boualem SANSAL. Vous avez raison de dire que c'est pour nous très important et évidemment, nous sommes très sensibles à l'appel qui a été publié de sa famille. Nous continuons nos négociations pour la libération de Boualem SANSAL naturellement et nous restons dans une optique, vraiment, de libération le plus vite possible comme étant un geste humanitaire vis-à-vis de cet écrivain français.

Mathieu COACHE
Mais la France reste optimiste ou pas ? Ou depuis hier, tout a changé ?

Sophie PRIMAS
Nous restons déterminés.

Mathieu COACHE
Ça n'a rien changé hier ?

Sophie PRIMAS
Nous restons déterminés.

Ania NUSSBAUM
Bonjour, Ania NUSSBAUM de Bloomberg. Est-ce que vous pouvez nous confirmer la venue prochaine de l'envoyé de Donald TRUMP, Steve WITKOFF, et de Monsieur RUBIO à Paris ? Et qu'en attendre de ces rendez-vous ?

Sophie PRIMAS
Écoutez, je confirme, puisque ça a été évoqué ce matin, cette visite à la fois de Marco RUBIO et de Steve WITKOFF en France pour discuter. Évidemment, tous les sujets du Moyen-Orient seront sur la table. C'est un moment qui est un moment préparatoire à la volonté commune de tous les États d'aller vers une situation de paix durable au Moyen-Orient, évidemment.

Ania NUSSBAUM
Quand est-ce que c'est prévu ?

Sophie PRIMAS
Je n'ai pas la date exacte.

Mathieu COACHE
Oui, peut-être. Bonjour. Mathieu COACHE, BFMTV. Une question sur les attaques qui ont eu lieu dans plusieurs prisons de France. Est-ce que le président de la République a eu un mot là-dessus précisément en Conseil des ministres. Et par ailleurs, quelle est la suite à donner à ces attaques dans les heures et dans les jours qui viennent ?

Sophie PRIMAS
Alors, ces attaques sont évidemment tout à fait intolérables. Je veux penser au personnel pénitentiaire qui a été intimidé, voire attaqué dans leur bien, naturellement. Nous avons évidemment plusieurs lectures possibles de ces attaques qui semblent coordonnées. C'est la raison pour laquelle le parquet antiterroriste est saisi de l'affaire, que les enquêtes sont en cours. Nous avons évidemment plusieurs pistes. Une des pistes est probablement, comme l'a évoqué Gérald DARMANIN, une réaction, on va dire, du "milieu" sur les décisions très courageuses à la fois que Bruno RETAILLEAU et Gérald DARMANIN ont pris sur la lutte contre le narcotrafic. Mais nous n'avons aucune certitude aujourd'hui. Donc, les enquêtes sont en cours et des mesures de protection à la fois des agents pénitentiaires et des établissements pénitentiaires est à l'étude au ministère de l'Intérieur. Nous ne voulons pas nous laisser faire. Nous voyons bien que nous avons appuyé là où ça fait mal, très probablement, et donc nous sommes prêts à mener une lutte jusqu'au bout contre ce narcotrafic.

Journaliste
Juste, le Président en a parlé, (inaudible).

Sophie PRIMAS
Non, le Président n'en a pas parlé. Il s'est restreint à une parole sur évidemment les relations internationales et puis aussi sur les déclarations du Premier ministre hier en conférence de presse sur les finances publiques, où il a apporté son soutien naturellement.

Journaliste
(inaudible) si vous avez quelques mots.

Sophie PRIMAS
Non mais simplement, il a apporté son soutien dans la vision et la méthode qui étaient celles qui ont été abordées par le Premier ministre et par les différents ministres qui ont pris la parole hier. Je vous ai tous vus, vous y étiez, donc vous connaissez bien cette conférence de presse. Il a apporté son soutien pour que justement la France retrouve sa souveraineté en matière financière, que nos objectifs d'investissement soient tenus. Et donc il a apporté son plein soutien au Premier ministre dans la méthode et dans l'objectif.

Journaliste
Bonjour Madame PRIMAS. Donc sur ce même sujet, plusieurs médias rapportent ce matin qu'on voit qu'il y a une méthode qui a été mise en place par les personnes qui ont effectué les actes. Est-ce que la loi de narcotrafic votée il y a quelques jours et l'ensemble des dispositions mises en place par l'État français permettront de mieux contrôler les échanges cryptés qu'il y a pu avoir, agen ou parmi les autres personnes qui ont commis les actes en tout cas ?

Sophie PRIMAS
Hélas, vous savez que sur les échanges cryptés, nous n'avons pas pu faire voter cette disposition par le Parlement. L'ensemble des autres dispositions et dispositifs mis en place par Bruno RETAILLEAU et Gérald DARMANIN, proposés par une proposition de loi du Sénat, je le rappelle, ont été votés. Reste cette question de la messagerie cryptée, où il y a effectivement des sujets de liberté, de cryptage des différents opérateurs. Néanmoins, ça n'empêche pas un travail de fond qui va être entamé avec beaucoup de détermination. Mais vous voyez que ça fait probablement mal.

Journaliste
Donc pour le moment, aucune hypothèse n'a été mise sur l'organisation contre ces réseaux très organisés, puisque ce qui ressort, c'est une organisation très claire de personnes qui ont connu l'essai dont on parle.

Sophie PRIMAS
Écoutez, pour l'instant, l'enquête est en cours, donc je ne veux pas être affirmative sur est-ce qu'il s'agit véritablement du narcotrafic ? On se dit qu'il y a quand même des probabilités importantes. Ou est-ce qu'il s'agit d'un autre type de mouvement ? Pour l'instant, les enquêtes sont en cours et je ne vais pas préempter le résultat de ces enquêtes naturellement.

Journaliste
Je vous remercie.

Arnaud DELAPORTE
Bonjour Madame la Ministre. Arnaud DELAPORTE d'Europe 1.

Sophie PRIMAS
Bonjour.

Arnaud DELAPORTE
Question sur le déplacement de Giorgia MELONI à Washington. Elle rencontrera demain le président Trump dans le contexte de négociations commerciales avec l'Union européenne. Est-ce que ce déplacement est bienvenu. Comment vous le percevez ? Est-ce que c'est un moyen pour Giorgia MELONI de porter la voie européenne ou, à contrario, est-ce que c'est un premier pas vers une rupture de l'unité européenne, appelée de ses vœux, sur ce dossier commercial par le président Macron ?

Sophie PRIMAS
Alors comme il m'a déjà été l'occasion de le dire, évidemment toute négociation avec les États-Unis, par quelques interlocuteurs que ce soit, est bienvenue. Toutes les voies de la discussion, toutes les voies de la négociation, y compris la voie de Madame MELONI naturellement, qui est un grand pays européen, qui porte un grand pays européen est la bienvenue. L'important dans la riposte au droit de douane américain est effectivement une Union européenne qui est unitaire, qui est rassemblée autour de ses intérêts propres. Je pense que madame MELONI, comme les autres chefs d'État européens, en est persuadée et donc c'est une voie de négociation, une voie de plus de négociation. D'ailleurs des ministres vont se rendre aux États-Unis et également dans d'autres pays, y compris la France, sur d'autres sujets. Et donc, ces voies de négociation et de partage sont les bienvenues. Très bien, je vois que tout le monde a faim, donc... Ah, pardon, j'allais encore oublier, voilà, mes deux petites questions du Conseil des ministres participatifs qui m'ont été posées sur les réseaux. La première question est la question de Théo, qui me demande "pourquoi le chômage remonte ?". Alors, je voudrais répondre à Théo qu'effectivement les incertitudes à la fois liées au contexte international qu'on vient de mentionner et à l'instabilité également politique des derniers mois, comme l'a rappelé tout à l'heure Amélie de MONTCHALIN, le budget de la France n'a été voté que le 14 février dernier. Tout cela se pèse sur à la fois la confiance et les perspectives économiques et en particulier dans certains secteurs qui sont très sensibles comme l'automobile ou comme la chimie ou l'acier. Néanmoins, je crois qu'il faut redire à l'ensemble des Français que les chiffres de l'INSEE montrent plutôt à date une stabilisation du marché du travail, avec un taux de chômage aux alentours de 7 %, ce qui reste un des plus bas depuis 40 ans. Nous devons néanmoins regarder la réalité en face et se mobiliser pour éviter une trop forte remontée du chômage, c'est ce que nous faisons en essayant de redonner à la France une stabilité politique, de la visibilité aussi pour les entreprises. Vous avez, là aussi, entendu Amélie de MONTCHALIN tout à l'heure et Éric LOMBARD, en poursuivant la politique de l'offre et de la compétitivité et en essayant de rapprocher du monde du travail ceux qui en sont le plus éloigné. C'était, par exemple, l'objet de la réforme du RSA qui a été déployée en janvier 2025. La deuxième question m'a été posée par Arnaud. "Quand est-ce que vous allez commencer à taper dans l'épargne des Français ?" me demande Arnaud, "pour que je retire tout avant ?" Alors, merci Arnaud pour cette question, qui me permet de rectifier ou de redonner quelques perspectives. Il n'est évidemment pas question que l'État vienne saisir l'épargne des Français. Vous faites certainement Arnaud référence à la proposition du Gouvernement de créer un fonds pour financer les entreprises de défense. Alors, juste quelques précisions. D'abord, il ne s'agit pas d'un outil d'épargne classique, mais il s'agit d'un fonds qui sera piloté par Bpifrance et qui servira à financer les entreprises de défense française et européenne. Deuxièmement, ce fond sera ouvert uniquement aux Français qui le souhaitent ou qui le peuvent naturellement. Il ne s'agit en aucun cas d'une contrainte, mais d'une possibilité donnée à ceux qui le souhaitent de devenir actionnaire de notre sécurité avec un minimum d'investissement qui sera à 500 euros. Et notre objectif, c'est bien sûr de donner à chaque épargnant la possibilité de choisir là où il veut investir son épargne et son argent. Voilà pour ces précisions utiles, me semble-t-il. Merci à tous, bon appétit et à très bientôt.


Source https://www.info.gouv.fr, le 22 avril 2025