Texte intégral
SONIA MABROUK
Bonjour Sophie PRIMAS.
SOPHIE PRIMAS
Bonjour Sonia MABROUK.
SONIA MABROUK
Et bienvenue à la grande interview sur CNews et Europe 1. Vous êtes la porte-parole du Gouvernement. Il y a beaucoup de sujets, ce matin, à traiter avec vous. Et on démarre évidemment cet entretien par l'information de la nuit. Donald TRUMP pense avoir un accord avec Vladimir POUTINE. Le Président Américain, Sophie PRIMAS, qui met la pression sur ZELENSKY, affirmant que c'est le Président Ukrainien qui bloque les pourparlers et qui ne veut donc pas en finir avec cette guerre, alors que des missiles ont touché Kiev cette nuit. Que sait la France de cet accord, semble-t-il, entre les USA et la Russie ?
SOPHIE PRIMAS
Alors, ce matin, je n'en sais pas plus que vous, puisque des pourparlers et des discussions ont eu lieu hier à Londres, entre conseillers. Donc, j'imagine que ce corpus de propositions a été évoqué, mais dans le silence médiatique et politique. Ce que je regrette, une fois de plus, c'est que le Président ZELENSKY qui tend la main depuis maintenant plusieurs semaines, en disant : "Je suis prêt à une trêve de 30 jours pour discuter les conditions de la paix avec Vladimir POUTINE, avec les Européens et avec les Américains", aujourd'hui, se retrouve une nouvelle fois, après une nuit de bombardement mortel après les attaques qu'il y a eu pendant Pâques. Nous sommes très, très, loin de la trêve et nous sommes très, très, loin, aujourd'hui, des conditions d'une paix qui soit acceptable pour les Ukrainiens et qui soit une paix acceptable aussi pour les Européens dans la condition d'une durabilité de la paix. Donc, il y a beaucoup d'annonces, souvent, régulièrement, de la part du Président TRUMP, de la part du Président POUTINE, mais la paix ne peut être acquise qu'avec l'Ukraine et avec l'accord de l'Ukraine.
SONIA MABROUK
Et vous avez parlé des actes de conditions acceptables. Le vice-président Américain J.D VANCE a suggéré de "geler les lignes territoriales à un niveau proche de ce qu'elles sont aujourd'hui, de procéder, dit-il, à des échanges territoriaux entre l'Ukraine et la Russie." On a bien compris qu'il fallait abandonner la Crimée et tout cela. Là encore, si je vous entends bien, la France, l'Europe, diraient non ? Et encore, elles seraient…
SOPHIE PRIMAS
Mais c'est l'Ukraine qui doit décider des conditions. Je le redis, l'Ukraine est au centre, l'Ukraine est le pays agressé. L'Ukraine est le pays qui, dans ces conditions-là, laisserait une partie de son territoire. Elle doit donc être au cœur de cet accord. Et c'est l'Ukraine qui doit décider quelles sont les conditions. Évidemment, pour sa propre protection dans le temps, de façon durable, et aussi, pour la protection de l'Europe. Et nous devons être aussi au cœur des négociations.
SONIA MABROUK
J'en reviens, Sophie PRIMAS, à l'actualité en France. Elle est très chargée. Tout d'abord, une actualité judiciaire qui provoque des remous autour du lycée musulman AVROS à Lille, qui a obtenu, je le rappelle, gain de cause, puisque la justice, et je le précise à nos auditeurs et téléspectateurs, rétablit son contrat avec l'État. Le tribunal administratif vient d'annuler la décision prise en 2023 par le Préfet de l'époque, de suspendre les subventions du lycée, établissement accusé d'entrisme islamiste. La justice administrative estime qu'il y a des vices de forme et des preuves insuffisantes. Est-ce que l'État peut ne pas faire appel de cette décision ?
SOPHIE PRIMAS
D'abord, je voudrais dire que moi, je salue le fait qu'un Préfet fasse des contrôles, regarde ce qui se passe dans les établissements sous contrat, quels qu'ils soient d'ailleurs, et quelle que soit la religion qui soit portée derrière. Je suis plutôt satisfaite de voir que l'État regarde ce qui se passe dans ces établissements sous contrat. Le Préfet avait un jugement qui indiquait qu'il y avait des faits qui étaient reprochés à cet établissement. Il a rompu le contrat. Il y a aujourd'hui une décision du tribunal administratif. Évidemment, ça ne me revient pas de commenter cette décision. Néanmoins, le dossier est aujourd'hui sur la table d'Elisabeth BORNE, qui prend le temps de le regarder, parce qu'il y avait une question sur la profondeur et la solidité des preuves qui étaient apportées par le Préfet. Et donc, elle décidera avec le Premier ministre s'il y a un appel ou s'il n'y a pas d'appel.
SONIA MABROUK
J'entends, mais imaginons que l'État ne fasse pas appel, alors qu'en même temps, le ministre de l'Intérieur va déclassifier un dossier, dit-il, choc, sur les frères musulmans. Quel message est-ce que vous envoyez aujourd'hui, dans ce cas-là ?
SOPHIE PRIMAS
Le message qu'on envoie, c'est, un, il y a des contrôles, deux, il faut qu'il y ait des preuves. S'il y a des preuves, je pense qu'on ne faiblira pas dans la volonté de fermer ces établissements.
SONIA MABROUK
Donc, si j'ai bien compris, l'appel n'est pas du tout exclu, au contraire…
SOPHIE PRIMAS
L'appel n'est pas exclu, il n'est pas décidé. Voilà. En fonction de la solidité des preuves, l'appréciation de la ministre de l'Éducation, ministre d'État, Elisabeth BORNE, sera là.
SONIA MABROUK
J'entends même, s'il faut respecter les décisions de justice, quand même, elles peuvent interroger, est-ce que telle décision peut marquer aussi un recul de la République face à l'islamisme ?
SOPHIE PRIMAS
Il faut savoir si ces preuves sont avérées ou pas. Si elles sont avérées, il faut continuer le combat juridique et fermer, car il est insupportable pour nous, évidemment, que dans des établissements, il y ait de l'entrisme, qu'il soit de quelque religion que ce soit, d'ailleurs. Mais là, en l'occurrence, des fréristes, donc, ça, c'est absolument impossible. Mais il faut que ces preuves soient avérées.
SONIA MABROUK
On voit la difficulté, quand même, justement, d'avoir des preuves objectives. Marine LE PEN propose une autre solution "plus radicale". Elle dit : "Il faut interdire, comme le font d'ailleurs de nombreux pays arabes, les frères musulmans." Elle l'a exprimé hier sur le réseau social X. Ça veut dire, interdire aussi les vecteurs, les proxys, évidemment, de cette idéologie. Pourquoi vous ne le faites pas ?
SOPHIE PRIMAS
Je crois que nous sommes dans un pays particulier où la liberté est le culte, la liberté de penser doit être respectée. Vous savez, la phrase d'Aristide BRIAND, elle commence par "La loi doit protéger la foi, même si la foi ne doit pas dicter la loi."
SONIA MABROUK
Je ne parle pas de foi, je parle de radicalisme.
SOPHIE PRIMAS
Donc, il faut que nous soyons en capacité d'accueillir cela. Maintenant, le radicalisme doit être combattu sous toutes ses formes. Et donc, s'il faut avoir une pensée, une réflexion, autour de ce qu'il faut interdire, pourquoi pas ? Mais en tout cas, on est dans cette configuration où nous devons lutter. Les propositions de loi qui ont été adoptées au Sénat, par exemple, sur le sport, sur l'interdiction des prières dans les salles de sport, etc. Tout ça fait partie de cette lutte contre l'entrisme, le frérisme, en l'occurrence, qui n'est pas compatible avec les données de la République.
SONIA MABROUK
Un entrisme, Sophie PRIMAS, qui, parfois, se confond avec la géopolitique et le contexte international. C'est ce qui s'est passé à Lyon 2. Et la présidente de Lyon 2 qui est au cœur des critiques, cette présidente, je le rappelle, qui avait dénoncé la prise de position du professeur Fabrice BALLANGE dont le cours avait été interrompu. On voit de nouveau ces images, et je les décris à nos auditeurs d'Europe 1, quand même violentes, où on voit des militants encagoulés venir interrompre le cours d'un professeur. Et ce matin, dans le Figaro, le ministre de l'Enseignement supérieur, Philippe BAPTISTE, dit attendre des présidents d'universités, une protection sans ambiguïté des enseignants. Ce matin, je vous pose une question directe : au-delà des injonctions, que faites-vous ? De quels moyens d'action vous disposez pour, enfin, protéger nos professeurs ?
SOPHIE PRIMAS
Mais il faut... Évidemment, on connaît ce sujet depuis Samuel PATY, évidemment.
SONIA MABROUK
Malheureusement.
SOPHIE PRIMAS
Malheureusement. On le voit ici, à l'université, qui, on en parlait un petit peu tout à l'heure, en off, est le temple de la réflexion, le temple de la concertation, le temple de la confrontation des idées, où chacun doit se respecter.
SONIA MABROUK
C'était avant, non ? C'est encore le cas ?
SOPHIE PRIMAS
Écoutez. On peut se poser la question, effectivement, quand on voit des actions comme celles-ci, qui sont absolument insupportables. Donc, vous me demandez quels sont les moyens que nous devons mettre en place. Nous devons redire au corps professoral que nous les protégerons, dans leur diversité intellectuelle, de pensée, et cetera, que nous devons les soutenir. Nous devons redire aux présidents d'université, Philippe BAPTISTE a été très clair là-dessus, qu'il y a un devoir de protection de ces présidents d'université. Elle-même, d'ailleurs, maintenant, fait l'objet de menaces, et on est obligé de la protéger.
SONIA MABROUK
Ce qui est aussi inacceptable.
SOPHIE PRIMAS
Ce qui était aussi inacceptable.
SONIA MABROUK
Malgré tout, elle est sortie de son droit de réserve en critiquant un professeur.
SOPHIE PRIMAS
Écoutez, elle a probablement été trop loin et trop vite, mais en l'occurrence, on ne peut pas injurier et on ne peut pas menacer un président d'université de la sorte. Donc, il faut aussi la protéger. Il faut surtout revenir au calme, se reposer des questions sur qu'est-ce que c'est que l'université, et puis poursuivre les personnes qui sont, évidemment, coupables de ces actes.
SONIA MABROUK
Bien sûr, qu'est-ce que c'est que l'université ? Que dire de l'islamo-gauchisme que le professeur lui-même, Fabrice BALLANGE, dénonce à Lyon 2, c'est une réalité ?
SOPHIE PRIMAS
Écoutez, je pense qu'il y a des mouvements dans l'université qui sont toujours des mouvements très, très, forts. L'université est le lieu de la confrontation intellectuelle, de la confrontation des idées. Donc, il y a toujours eu l'extrême gauche, l'extrême droite. L'université est un lieu où les convictions…
SONIA MABROUK
Là, ce sont plutôt des militants en bleu-teal.
SOPHIE PRIMAS
Vous savez, moi je suis d'une génération, pratiquement mai 68, j'étais toute petite. Donc, il y a des mouvements…
SONIA MABROUK
Mais vous parlez d'un temps que les moins de vingt ans ne connaissent plus. Les moins de vingt ans viennent aujourd'hui encagoulés pour certains…
SOPHIE PRIMAS
Mais c'est insupportable. Et donc, il faut redonner les guides de l'université. Ce sont des lieux de confrontation politique, intellectuelle, de la pensée. Et nous devons protéger. Par exemple, punir. Punir, vraiment, punir.
SONIA MABROUK
L'État en appelle à des chercheurs et des professeurs à l'étranger. Mais quand ils vont venir ici, ils vont dire, mais où est la liberté intellectuelle ? Où est la liberté d'enseigner ?
SOPHIE PRIMAS
Alors, il ne faut pas non plus généraliser ce que nous voyons à Lyon 2, ce que nous voyons là. Il y a beaucoup d'universités dans lesquelles les conditions d'enseignement, les conditions de débat, les conditions de recherche sont tout à fait magnifiques, sont tout à fait préservées. Il faut donc les prendre pour exemple. Il faut donc les mettre en avant et ne pas s'attarder juste à des phénomènes comme nous voyons là, à Lyon 2.
SONIA MABROUK
Vous ne voulez pas reprendre le mot d'islamo-gauchisme ? Il a l'air de brûler la bouche du ministre de l'Enseignement.
SOPHIE PRIMAS
Non, il ne brûle pas la bouche. Vous savez bien que j'ai une parole assez libre. Je ne veux pas mettre de l'huile sur le feu. On est dans une période où tous les mots sont exacerbés.
SONIA MABROUK
Qui met de l'huile sur le feu dans notre pays aujourd'hui ?
SOPHIE PRIMAS
Oui, tous ceux qui aujourd'hui ont des actes violents, considèrent que la violence est un moyen d'expression contre des politiques et tous ceux qui pensent qu'il y a ce qu'ils pensent et puis il y a le mal. Donc, je pense qu'il faut revenir à une société des Lumières en fait, où on peut partager des idées sans en arriver à la violence.
SONIA MABROUK
Nous l'espérons, nous en sommes loin quand on voit certains cas. Et est-ce que la justice est également un rempart, en tous les cas, vient en soutien de ce combat ? La justice et notamment ce qui s'est passé autour de ce mineur, Sophie PRIMAS, qui a été condamné pour avoir agressé, l'affaire avait fait grand bruit, un rabbin. Alors, il est condamné à seize mois de prison. Les parties civiles, effectivement, se contentent ou se réjouissent d'une telle décision, même si elles estiment qu'elle est insuffisante. Vous estimez que la justice, là, est aussi un garde-fou par rapport à la lutte contre l'antisémitisme ?
SOPHIE PRIMAS
Je pense que c'est un acte fort que vient de faire la justice. Vous savez qu'Aurore BERGÉ, qui est ministre contre les discriminations, qui travaille sur ces questions d'antisémitisme, et qui d'ailleurs va présenter un rapport et des actions dès lundi, se bat beaucoup pour qu'à la fois, on ait un volet d'éducation renforcé sur ces questions-là, mais aussi un volet de sanctions lorsqu'il y a des dérives. Donc, là, la justice a parfaitement fait son rôle. Elle a accompagné cette lutte que nous devons mener sans relâche.
SONIA MABROUK
Les défis, Sophie PRIMAS, sont nombreux. On poursuit notre entretien sur CNEWS et Europe 1 avec un énorme coup dur pour l'acier français. La direction d'ARCELORMITTAL a donc annoncé envisager la suppression de 600 emplois en France. Une décision due, selon elle, cette direction, à un manque de compétitivité de l'acier en Europe. Autrement dit, pour résumer, à des injonctions trop contraignantes sur la décarbonation de la part de l'Union européenne. ARCELORMITTAL va donc délocaliser son activité en Inde, très clairement. Que peut encore faire, s'il peut encore faire quelque chose, l'État français ?
SOPHIE PRIMAS
Alors, d'abord, je voudrais penser aux salariés, qui aujourd'hui sont dans l'incertitude, qui sont assez nombreux. Et je sais que le président de région, Xavier BERTRAND, met toute son énergie justement à la réindustrialisation de cette région. Et donc ça, c'est vraiment une mauvaise nouvelle, qui est due, vous avez raison, à la non-compétitivité de la sidérurgie européenne dans son ensemble. Il faut suivre le rapport DRAGHI sur la compétitivité. Donc, nous sommes dans l'urgence de cette prise de décision européenne sur les facteurs de compétitivité, mais nous avons un deuxième problème. Et le deuxième problème, c'est la surproduction chinoise, notamment en acier, qui vient complètement bousculer les marchés de l'acier et qui fait que nous sommes décrochés. Donc, la France et huit autres pays européens demandent des mesures de protection contre l'acier chinois. On a pris des premières mesures, notamment sur des questions de quotas et d'entrée de quotas d'acier chinois, mais nous devons aller plus loin et la France est en première ligne.
SONIA MABROUK
En attendant, moi, je voudrais juste rappeler d'abord les promesses des politiques, dont celle d'Emmanuel MACRON pour accélérer la réindustrialisation, pour une souveraineté industrielle. Bon, fracasse quand même sur le mur de la réalité. ARCELORMITTAL, c'est au moins 390 millions d'euros de fonds publics, 190 millions de crédits d'impôts, des millions pour alléger la facture d'électricité et au final un désastre social et industriel.
SOPHIE PRIMAS
Oui, bien sûr.
SONIA MABROUK
Qu'est-ce qu'on peut dire ? Merci ARCELORMITTAL ?
SOPHIE PRIMAS
Non, pas merci ARCELORMITTAL. ARCELORMITTAL est sur un marché qui est un marché mondial, qui a des règles qui répondent aux règles mondiales et donc il faut regarder, et c'est tout le travail de Madame VON DER LEYEN, sur la volonté de décarbonation.
SONIA MABROUK
Trop rapide, trop contraignante. Nous en payons les conséquences.
SOPHIE PRIMAS
Nous en payons aujourd'hui en partie les conséquences. Il faut travailler à la décarbonation, mais sans jamais oublier la compétitivité parce que quand on oublie la compétitivité, il y a des catastrophes.
SONIA MABROUK
Est-ce que vous dites ce matin à la direction d'ARCELORMITTAL : "Il faut se réunir, il faut que tous les élus concernés soient autour de la table pour trouver des solutions" ?
SOPHIE PRIMAS
Bien sûr, Marc FERRACCI d'ailleurs est à la manœuvre, le ministre de l'Industrie rencontre ARCELORMITTAL. Nous allons voir quelle est l'ampleur, en fait, de ce plan social. Est-ce qu'ARCELORMITTAL renonce ou pas à son développement à Dunkerque, justement d'aciérie décarbonée ? Dans quelles mesures on peut protéger l'emploi au maximum ? Et puis surtout, il faut accélérer les procédures au niveau européen, de protection de notre marché européen, parce que l'acier, ça fait les canons César, au passage.
SOPHIE PRIMAS
Vous dites ce matin, un tel plan est inacceptable pour l'État français.
SONIA MABROUK
En tout cas, un tel plan a des conséquences fortes sur notre souveraineté, sur l'emploi, bien sûr, et je pense encore une fois à ses salariés, a vraiment des conséquences dans la durabilité de notre industrie. Donc, je pense qu'il faut se mettre autour de la table, discuter d'un plan avec l'Europe, avec la France, avec ARCELORMITTAL et l'ensemble de la sidérurgie française.
SONIA MABROUK
Et dans le même temps, Sophie PRIMAS, le Gouvernement qui cherche des économies partout, vous dites que rien n'est tabou, rien n'est exclu. Que répondez-vous à David LISNARD ? Il était notre invité, hier, à cette même place.
SOPHIE PRIMAS
Je l'aime beaucoup, vous le savez.
SONIA MABROUK
À bon entendeur, tout à fait, c'est votre famille politique aussi. Alors il n'est pas d'accord avec vous en tous les cas sur…
SOPHIE PRIMAS
Oui. Ça arrive.
SONIA MABROUK
Bien sûr, sur la suppression de l'abattement de 10 % sur les retraites. Et d'ailleurs, ce qu'il dit est assez logique. Il dit : "Supprimer une niche fiscale, c'est augmenter les impôts". CQFD.
SOPHIE PRIMAS
Oui, alors c'est la raison pour laquelle je redis, qu'ici, rien n'est arbitré aujourd'hui. Tout est ouvert, on regarde tout. Et Amélie DE MONTCHALIN, qui est la ministre des Comptes publics, regarde chacune de ces niches. C'est 87 milliards de niches fiscales. Donc, on a le droit de s'interroger.
SONIA MABROUK
On regarde aussi les agences d'État.
SOPHIE PRIMAS
On regarde bien sûr les agences d'État. Il y a une classification, aujourd'hui, des agences qui est en train d'être opérée entre celles qu'il faut garder en améliorant l'efficience de son efficacité, celles qu'il faut fusionner, celles qu'il faut peut-être abandonner. Nous sommes dans ce travail de classification avec les travaux du Sénat également.
SONIA MABROUK
Et avec une épée de Damoclès de la censure sur la tête.
SOPHIE PRIMAS
Avec une épée de Damoclès de censure. Mais c'est la caractéristique de ce gouvernement et malheureusement de la situation politique dont nous avons hérité après la dissolution.
SONIA MABROUK
Je voudrais conclure, Sophie PRIMAS, par une question sur le Premier ministre qui fait face aux révélations de sa fille au sujet des violences à Bétharrarm commises contre elle dans un camp d'été il y a de nombreuses années. La fille de François BAYROU qui témoigne dans un livre à paraître, aujourd'hui, des violences subies. En tant que père de famille, dit François BAYROU, ça me poignarde le cœur même si c'est une affaire très ancienne. En somme, le père de famille est meurtri, mais le responsable politique n'a rien vu ?
SOPHIE PRIMAS
D'abord, je voudrais dire que c'est une histoire qui est générale, qui est malheureuse. Et là aussi, je veux penser aux nombreuses voire très nombreuses victimes de cet établissement et des méthodes de cet établissement, dont la fille de François BAYROU. C'est aussi une histoire personnelle qui est extrêmement blessante, je pense pour lui, difficile. On a tous des enfants et s'imaginer que pendant des années, ces enfants n'ont pas, par culpabilité, n'ont pas osé exprimer ce qu'ils avaient vécu, ça doit être extrêmement difficile à titre personnel. Je pense que ça n'exonère pas le Premier ministre, mais ça n'exonère personne en réalité parce que pendant toutes ces années, il y a un épi, il y a un écosystème, il y a beaucoup d'élus, beaucoup de personnes autour de cet établissement, beaucoup d'élèves qui ont participé à cette vie. Le Premier ministre n'est pas au centre de tout comme sa fille n'est pas au centre de tout, a-t-il dit hier. Il y a beaucoup de victimes, effectivement.
SONIA MABROUK
Oui, et pourtant il y a beaucoup de victimes.
SOPHIE PRIMAS
Il ne faut pas focaliser que sur elle, bien sûr, il y a beaucoup de victimes. Donc c'est une histoire terrible, il faut aller au bout de cette histoire-là, il faut regarder les responsabilités et prendre les dispositions rapidement possibles. C'est pour ça que je vous disais au début que je suis contente qu'il y ait des contrôles dans les écoles.
SONIA MABROUK
Et on pense effectivement à toutes ces victimes, toutes ces années. Merci Sophie PRIMAS, c'était votre grande interview. Je vous souhaite une bonne journée et je vous dis à bientôt.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 25 avril 2025