Déclaration de M. Emmanuel Macron, président de la République, sur l'adoption du Traité pandémies, à Genève le 20 mai 2025.

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Texte intégral

Mesdames et Messieurs les chefs d'État et de gouvernement,
Monsieur le directeur général de l'Organisation mondiale de la santé,
Cher Tedros,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Chers amis,

Il y a cinq ans, l'humanité a traversé l'une des plus grandes épreuves sanitaires de notre siècle. Face à la pandémie de Covid-19, ensemble, nous avons tenu bon. Ensemble, nous avons inventé et partagé des solutions, notamment des vaccins. Et ensemble, nous avons inventé de nouvelles règles, que ce soit sur le partage de la propriété intellectuelle ou pour accélérer les processus industriels. Nous avons ainsi démontré que le multilatéralisme, loin d'être un concept vain, était la méthode la plus efficace pour protéger nos populations.

Aujourd'hui encore, cette unité nous guide face aux menaces sanitaires nouvelles. Je pense au Mpox, au choléra, à toutes les guerres et conflits, à toutes les victimes et à ceux qui luttent chaque jour pour les soigner, et je veux dire ici notre solidarité, notre reconnaissance pour l'ensemble des soignants, des humanitaires qui sont mobilisés dans ces combats.

La présentation aujourd'hui de l'Accord international sur les pandémies marque une avancée historique. Négocié en trois ans, cet accord est une victoire pour l'avenir, c'est une victoire pour nos populations qui seront désormais mieux protégées contre les pandémies.

La France s'est mobilisée sans relâche afin de porter une vision qui est aujourd'hui ancrée dans ce traité : celle d'une réponse plus efficace, plus équitable, qui traite tout le monde à la même enseigne, car on ne peut éradiquer une pandémie si on laisse un foyer actif ; et en face des responsabilités plus claires et mieux partagées, afin aussi que les pays contribuent à prévenir les prochaines pandémies.

Et au fond, ce qu'il y a derrière cet accord, c'est cette volonté d'avoir des mécanismes d'alerte, partagés, transparents, plus efficaces que ce que nous avons connus lors du Covid, et c'est de réconcilier les concepts d'efficacité et d'équité. Il faut aller le plus vite possible, innover le plus vite possible, mais il faut tout de suite diffuser le plus largement possible ces innovations, car les deux sont inséparables.

L'accord pandémie consacre également la nécessité de mieux partager les informations scientifiques pour répondre aux pandémies et développer les traitements, les vaccins, les tests, ce qui est une exigence fondamentale pour notre sécurité collective.

Mes chers amis, il est essentiel de le redire ici, alors que certains pensent pouvoir se passer de la science et voudraient, en quelque sorte, réduire au silence la recherche. Non seulement cela nuirait à notre santé à tous, mais c'est en premier la population de ceux qui font, en quelque sorte, ce retrait, ce recul, qui sera en danger face à l'émergence de nouveaux pathogènes qu'ils ne verraient ainsi pas revenir. Heureusement, nous avons la force de la sécurité que nous offre l'Organisation mondiale de la santé, son travail normatif, le nouvel appui de cet accord, ce bouclier mondial contre les pandémies qui vient d'être créé et que vous avez souhaité - et le monde vous en remercie. A tous les chercheurs qui souhaitent poursuivre librement leurs travaux, je veux ici le redire, comme nous l'avons affirmé avec la présidente de la Commission européenne : l'Europe est prête à vous accueillir. Parce que nous pensons que c'est bon pour vous, pour l'Europe, mais aussi pour la recherche à l'échelle mondiale.

Parce que la question n'est pas “si”, mais “quand” arrivera la prochaine pandémie, nous avons ancré avec cet accord, pour la première fois dans le droit international, l'approche “Une seule santé” que nous défendons depuis maintenant plus de 4 ans. C'est l'idée selon laquelle la santé humaine, la santé animale, l'environnement sont indissociables. A ce sujet, je veux ici que nous continuions à travailler de manière très concrète sur des questions qui touchent nos populations au quotidien : je pense aux épidémies de chikungunya ou de dengue, qui touchent en particulier nombre de territoires français ; je pense aux pollutions de l'air, du sol, de l'eau, notamment par des microplastiques. C'est pourquoi je souhaite que nous nous retrouvions à Lyon, le 3 novembre prochain, à l'occasion de la Journée mondiale “Une seule santé”, pour un One Health Summit, qui nous permettra d'avancer sur ces questions de manière déterminée avec l'ensemble des acteurs, publics et privés, de bonne volonté.

La pandémie de Covid-19 nous a rappelé une valeur essentielle : rien ne serait possible sans celles et ceux qui soignent et l'Accord reconnaît l'importance de cet enjeu : investir dans la formation, garantir des conditions de travail décentes, préserver la sécurité ou la santé mentale de nos soignants, atténuer les distorsions créées par l'émigration des personnels de santé qualifiés, et j'en passe. L'inauguration de l'Académie de l'OMS à Lyon, en décembre dernier, nous offre un instrument de premier plan, au service du renforcement massif et durable des personnels de santé, et ce tout au long de leur carrière, et partout dans le monde.

Enfin, je souhaite ici souligner à propos de cet accord un dernier point majeur : il permet de renforcer la production mondiale, c'est-à-dire, sur tous les continents, des produits nécessaires pour sauver les vies humaines en période de pandémie. C'est un sujet sur lequel la France s'est engagée de longue date, à vos côtés, cher Tedros, comme dans le hub de production de vaccins ARN messagers en Afrique du Sud, qui essaime désormais dans des dizaines de pays. C'est aussi cet Accélérateur de production de vaccins en Afrique, doté de 1 milliard de dollars, que nous avons lancé en juin dernier à Paris avec Gavi.

Ce combat, nous ne devons pas l'arrêter.

Chers amis, cet accord marque la victoire du multilatéralisme sur des logiques de repli, la victoire de la coopération sur l'indifférence. C'est aussi la confirmation que la vie humaine, la santé, doivent toujours l'emporter sur les intérêts particuliers. Je veux ici remercier très sincèrement tous ceux qui se sont mobilisés pour ce texte, notamment les co-présidentes de l'Organe international de négociation, Mme Precious Matsoso pour l'Afrique du Sud et notre Ambassadrice pour la santé, Anne-Claire Amprou.

En adoptant cet accord, nous portons une conviction forte : protéger la santé des populations, c'est assurer la paix, la sécurité, la stabilité et donc l'avenir de nos sociétés. Chers amis, cher Tedros, vous pouvez compter sur le soutien déterminé de la France dans cette période complexe de réforme de nos organisations de la santé mondiale, afin que celle-ci en sorte plus forte est prête à affronter les défis de demain. Plein soutien donc à cet accord, avec ma gratitude pour tout le travail fait et surtout l'ambition renouvelée pour la suite.

Je vous souhaite une très bonne Assemblée mondiale pour la santé.

Merci à toutes et tous.


Source https://onu-geneve.delegfrance.org, le 21 mai 2025