Conférence de presse de Mmes Sophie Primas, ministre déléguée, porte-parole du Gouvernement, et Juliette Méadel, ministre déléguée chargée de la ville, sur la politique de la ville, les organismes de placement collectif, la coopération dans le domaine de la défense entre le Gouvernement de la République française et le gouvernement de la République de Macédoine du Nord et la suppression des ZFE, Paris le 4 juin 2025.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Conférence de presse à l'issue du Conseil des ministres

Texte intégral

Sophie PRIMAS
(...) Vendredi à Montpellier, sous la présidence du Premier ministre, permettez-moi de revenir rapidement sur deux autres textes qui étaient à l'ordre du jour du Conseil des ministres. Le premier a été présenté par le ministre Éric LOMBARD. Il s'inscrit dans une logique de simplification, donc d'itération des textes qui vont aller vers la simplification. Il s'agit d'un projet de loi ratifiant une ordonnance que j'avais déjà eu l'occasion de vous présenter en mars dernier, et celle-ci vise à simplifier le droit applicable aux organismes de placement collectif et devra ainsi nous permettre d'attirer davantage de financement sur notre sol. Ensuite, le ministre Jean-Noël BARROT a présenté un projet de loi autorisant l'approbation de l'accord de coopération dans le domaine de la défense entre le Gouvernement de la République française et le gouvernement de la République de Macédoine du Nord. Signé le 14 octobre 2022, ce texte remplace l'arrangement bilatéral de 1996 et s'inscrit dans la continuité de l'entrée de la Macédoine du Nord dans l'OTAN en 2020. Il prévoit une coopération renforcée dans les domaines opérationnels de la formation, de l'armement, mais aussi pour le maintien de la paix, traduisant la volonté de nos deux pays d'œuvrer politiquement et militairement pour la stabilité du flanc Est de l'Europe, notamment, vous l'imaginez bien, face à la Russie. Voilà pour ce qui est de l'ordre du jour du Conseil des ministres, et je cède la parole tout de suite à la ministre déléguée et chargée de la ville. Chère Juliette, à toi.

Juliette MÉADEL
Merci, chère Sophie. Bonjour à tous. Madame la ministre, chère Sophie, Mesdames et Messieurs les journalistes, depuis 5 mois, avec le ministre de l'Aménagement du territoire, François REBSAMEN, nous avons placé la politique de la ville au cœur de la lutte contre les fractures territoriales et sociales, en concentrant nos efforts sur trois priorités majeures : soutenir l'enfance et la jeunesse, améliorer le cadre de vie et la tranquillité publique et dynamiser le développement économique. Ces trois priorités sur lesquelles nous avons réalisé, et nous allons réaliser des annonces à Montpellier vendredi. La première, je vais donc les détailler, la première, c'est "L'enfant au cœur de la ville". C'est une priorité essentielle qui repose sur un choix politique et économique fondé sur l'investissement dans l'épanouissement de l'enfant, parce que les premières années de vie sont déterminantes pour son avenir. Le bien-être et la bonne santé psychique de l'enfant et de l'adolescent reposent sur la qualité de leur environnement social et éducatif. C'est une loi qui a été démontrée par un prix Nobel d'économie, James HACKMAN, qui a montré aux États-Unis, dans les années 80, que les programmes d'intervention précoce, c'est-à-dire l'éducation préscolaire, l'accompagnement familial et les soins de santé, génèrent un rendement social annuel de plus de 10 % et produisent des effets vertueux tels qu'une meilleure réussite scolaire, moins de délinquance, une meilleure insertion professionnelle, plus de satisfaction individuelle et collective, plus d'épanouissement et, in fine, moins de dépenses publiques dans les secteurs de la justice, de la santé et du chômage. Afin donc de soutenir les enfants et les jeunes dans les quartiers prioritaires de la ville, le Gouvernement annoncera ce 6 juin à Montpellier lors du Comité interministériel des villes plusieurs mesures concrètes pour investir dans l'enfance et la jeunesse et prévenir ainsi la souffrance psychique, la déscolarisation, voire la délinquance des mineurs. Un certain nombre de ces mesures, éducatives, scolaires, sanitaires et extrascolaires, permettront de doter les enfants et les adolescents des moyens de mieux résister à l'emprise des réseaux de trafiquants ou des réseaux séparatistes. La deuxième priorité, c'est "Cadre de vie et tranquillité publique". Lors de mes très nombreuses visites sur le terrain dans les quartiers. J'ai constaté des manquements à l'entretien des parties communes, des encombrants, des déchets, des équipements dégradés, des ascenseurs en panne. En réponse, j'ai demandé par une instruction du 13 février 2025 que les préfets renforcent le suivi de l'utilisation de cet abattement, qui est donc une aide pour les bailleurs sociaux, afin d'améliorer la sécurité publique et la qualité de l'entretien des parties communes. Dans les logements sociaux, les éclairages, les espaces communs, les cheminements piétons. Les actions qui ont été engagées ont déjà permis d'améliorer l'entretien des parties communes dans les logements sociaux dans les quartiers, et ce, sans coûts supplémentaires pour les finances publiques, en optimisant mieux et en pilotant mieux l'aide publique octroyée aux bailleurs sociaux via l'abattement de taxes foncières sur les propriétés bâties, qui représente pour la collectivité un montant annuel de 415 millions d'euros. À ce stade, les efforts ont été récompensés, et les efforts notamment des bailleurs sociaux, que je veux remercier ici, puisque près de 85 % des bailleurs ont corrigé les difficultés d'entretien, que nous avions constaté lors d'un bilan réalisé début mars 2025. Les autres bailleurs sociaux, ceux qui sont dans les 15 %, feront l'objet d'un accompagnement renforcé par le ministère de la Ville en lien avec les préfets, faute de quoi des sanctions seront envisagées en septembre. Cette mesure soutient l'entretien des espaces communs et le développement qualitatif des habitations, mais aussi tout simplement les conditions de vie. Au-delà de ce volontarisme, la lutte contre le repli sur soi et l'isolement dans les quartiers fera l'objet de mesures spécifiques qui seront détaillées lors du CIV vendredi pour assurer une vie digne dans les quartiers. La rénovation urbaine, grâce à l'action des bailleurs sociaux, et l'offre de logements feront aussi l'objet de mesures et d'annonces détaillées. Troisième pilier et dernier, l'économie légale pour toutes et tous dans les quartiers. Ce CIV traduira aussi l'engagement résolu de l'État pour développer une économie pour toutes, et tous au cœur des quartiers. Je rappelle que les quartiers regorgent de richesses méconnues, de dynamisme, d'esprit d'entrepreneuriat, et leur intégration à la réussite de la nation est notre priorité. À cet effet, j'ai déjà signé avec la Caisse des dépôts et consignations une convention de 350 millions d'euros qui est inédite par son montant et qui permettra que 250 millions d'euros en capital seront investis dans les projets d'économie sociale et solidaire, et que 100 millions d'euros seront aussi utilisés et fournis pour financer des prêts, en particulier dans le secteur écologique. Lors du Sommet mondial pour l'action sur l'intelligence artificielle du 11 février dernier, j'ai également lancé le collectif Quartier 4.0. C'est un club réunissant les 20 meilleurs entrepreneurs de la tech issus des quartiers et visant à promouvoir l'innovation et l'entrepreneuriat dans ces territoires. Nous nous réunissons régulièrement. Toutes ces mesures permettront de lutter contre les inégalités territoriales et sociales et de donner aux habitants des quartiers populaires des meilleures perspectives en matière de formation d'emploi et de création d'entreprises. Ces 3 axes s'inscrivent donc dans une approche participative et collaborative avec les habitants, les acteurs locaux, les associations, le monde économique ainsi que les collectivités. C'est aussi la nouveauté de ce CIV, c'est qu'il a été préparé de façon participative et concertée avec des sessions qui s'appellent "Construisons ensemble", qui se sont tenues au ministère de la Ville, qui ont été réalisées depuis le 17 mars avec 4 collèges : un collège des bailleurs sociaux, un collège des acteurs économiques, un collège des associations et un collège des élus et des parlementaires, ainsi que, et c'est aussi la nouveauté, un collège des spécialistes de la santé mentale, des enfants et des adolescents. Il était impératif pour moi d'écouter et de prendre en compte les expériences et les propositions de tous les acteurs concernés. La politique de la Ville, c'est l'affaire de tous. Ça ne peut donc être qu'une politique qui se mène en concertation et en co-construction avec tous les acteurs et surtout avec les habitants. Pour la première fois, donc, ce CIV sera ouvert. Un débat sera engagé avec les acteurs principaux de la politique de la Ville et le Gouvernement, et donc le Premier ministre, tous ceux qui seront donc présents à Montpellier et qui pourront aussi, comme je l'ai annoncé, poser des questions en ligne. En conclusion de mon intervention devant vous, merci, chère Sophie, de m'avoir donné ce temps d'expression, je souhaite souligner que la relance de la politique de la Ville est placée sous le sceau d'un choix net en faveur de l'amélioration des conditions de vie des enfants et des jeunes dans les quartiers. "La prévention", c'est le maître-mot de ce CIV. "La prévention, l'enfant dans la Ville", c'est aussi le slogan de ce CIV. Et la régulation des déséquilibres entre ces quartiers et le reste du territoire passe donc par un investissement important dans le développement social, urbain, éducatif et économique des quartiers. Pour lutter contre le repli sur soi et la fracture sociale et territoriale, nous valoriserons donc les atouts des quartiers pour que se forge un nouveau destin commun entre tous nos concitoyens et que tous les territoires de la République soient traités de la même manière. Je vous remercie.

Animateur
Une question pour la porte-parole du Gouvernement. Est-ce qu'il y a une question pour MÉADEL ?

Sophie PRIMAS
On va commencer par la politique de la Ville.

Oscar TESSONNEAU
Bonjour Madame MÉADEL, Oscar TESSONNEAU. Je suis le rédacteur en chef d'un journal qui s'appelle Right Brain Magazine. On travaille sur un audit d'insertion qui est suivi des personnes portant d'autisme et de trisomie dans un hebdomadaire. Ma première question va porter sur un texte qui a été porté la semaine dernière sur les ZFE qui sont supprimés. Est-ce que vous pouvez un petit peu clarifier les positions du Gouvernement, les actions qui vont être menées pour protéger les habitants des grandes villes des particules fines ? Et je vais avoir une... Une deuxième question sur l'accessibilité des logements. Est-ce que de nouvelles normes vont être mises en place ou annoncées peut-être à Montpellier vendredi ?

Juliette MÉADEL
Alors, je vais commencer par la deuxième question sur les normes. Vous savez que, pour la première fois, nous avons adopté une feuille de route au moment du comité interministériel du handicap dédié au quartier politique de la Ville. C'est la première fois que ça a été fait. Et donc, je l'ai fait en prévoyant, notamment pour l'accessibilité dans les logements, un plan sur les ascenseurs. Et donc, d'ores et déjà, je peux vous dire qu'au mois d'août, à la fin du mois d'août, 30 départements vont me faire des propositions de travaux pour aménager les ascenseurs de telle sorte qu'ils soient accessibles pour les personnes en situation de handicap dans les logements sociaux des quartiers politiques de la ville. C'est un plan ascenseur vaste, et c'est, par exemple, l'une des mesures concrètes que nous avons prises. Sur les ZFE, écoutez, moi, je considère que le Gouvernement a cherché l'équilibre. Évidemment, moi, je suis plutôt favorable aux ZFE, sauf pour les habitants des quartiers qui ne peuvent pas faire autrement que de prendre leur voiture pour aller travailler. Donc, à cette exception près, et c'est aussi, je crois, l'équilibre qui a pu être trouvé, je soutiens évidemment toutes les mesures de protection de la qualité de l'air, et je terminerai par ceux-ci, pour vous dire qu'on ne doit pas opposer, en fait, la question de la lutte contre le réchauffement climatique et, malgré tout, ce qu'on appelle aussi la fracture sociale, et les deux doivent fonctionner en même temps. Donc il ne peut pas y avoir d'écologie punitive.

Journaliste
Et sur cette question des transports, beaucoup de députés, notamment la France Insoumise, ont défendu lors des débats l'arrivée de nouveaux trains intercités, de trains de ville au niveau des communes, donc parfois de petites communes de 20 000, 30 000 habitants, ou de plus grandes villes. Est-ce que des nouvelles annonces vont être faites sur l'accessibilité des villes, sur des transports collectifs comme les trains de nuit ou les intercités ?

Juliette MÉADEL
Venez vendredi, parce que lors du comité interministériel des villes, on va parler des transports, pour la première fois.

Journaliste
Je vous remercie.

Cyril-Adrien SALMAN
Bonjour Madame la ministre, Cyril-Adrien Salman pour France Télévisions. Vous venez de parler de politique de la ville, qui a un coût forcément. Comment est-ce que vous vous positionnez dans le débat budgétaire concernant votre budget à vous ? J'ai lu mon excellent confrère Marc Vigneault dans l'opinion hier qui exposait que l'ensemble des demandes des ministères représentait une augmentation de 8 % des dépenses et la création de 20 000 emplois publics. Est-ce que vous-même, vous avez proposé des propositions d'économie ? Est-ce que vous êtes de ces ministères qui ont demandé une augmentation ? Comment vous comprenez cette envie d'augmenter les dépenses alors qu'il y a 40 milliards d'euros, si on écoute bien le Premier ministre, d'économies à faire ?

Juliette MÉADEL
Alors moi, je vais vous parler comme ancienne magistrate de la Cour des comptes et comme femme de gauche. Je ne pense pas qu'il faille systématiquement baisser tout le temps la dépense publique ou systématiquement tout le temps l'augmenter. Je pense même que ça doit être fait ni dans un sens ni dans l'autre. Je pense qu'on doit dépenser là où c'est nécessaire et utile. Pour la politique de la ville, il y a des dépenses fondamentales et utiles. L'investissement dans l'enfance. Je l'ai démontré en vous rappelant les travaux de James Heckman. Tout le monde sait, quelle que soit votre origine politique, que bien s'occuper d'un enfant et investir sur son bien-être éducatif, c'est un investissement sans commune mesure pour son bonheur, pour l'apaisement de la société, mais même sur le plan financier. En revanche, bien sûr qu'il y a des dépenses qu'on peut mieux contrôler. Et moi, je ne fais pas que le dire, je l'ai fait, puisque la régulation de la dépense, l'abattement de TFPB, qui est une aide publique aux bailleurs sociaux, qui pèse 415 millions d'euros, c'est-à-dire presque la moitié de mon budget, m'a permis, en le pilotant mieux, d'avoir des résultats en termes de propreté dans les parties communes des logements sociaux sans dépenser un sou de plus. Donc, vous voyez, là, pour le coup, je dis oui, il vaut mieux. On peut mieux piloter certaines politiques, mais en revanche, il y a des sujets sur lesquels il faut investir ; l'enfance, les adultes relais, qui sont fondamentaux, les cités éducatives dont le président de la République a souhaité la généralisation et dont j'ai annoncé avec Élisabeth BORNE que nous en avions créé 40 de plus la semaine dernière, ça ce sont des bonnes dépenses. C'est ce que j'appelle un investissement. Conclusion, l'un dans l'autre, est-ce que ça s'équilibre ? Moi, j'estime que j'ai fait plus d'économies pour le moment que de dépenses, et je souhaite qu'on arrive à mieux expliquer quelles sont les dépenses utiles et quelles sont celles qui relèvent de l'investissement. Je terminerai en vous disant que le budget de la politique de la ville aujourd'hui, c'est 600 millions d'euros. Ce n'est pas énorme et la rentabilité des dépenses, elle, est au rendez-vous parce que quand il y a de la présence humaine dans ces quartiers, quand il y a plus de services publics, il y a évidemment moins de dégradations et il y a moins de sentiments d'exclusion, voire de participation à des réseaux soit de trafiquants de drogue, soit de réseaux de séparatistes. Donc ce sont des dépenses, pour la République française, utiles.

Journaliste
Pas de demande d'augmentation de votre part pour l'année prochaine ?

Juliette MÉADEL
Attendez. Chaque chose en son temps.

Frédéric DELPECH
Bonjour, Frédéric DELPECH pour TF1 LCI. Une question à la porte-parole du Gouvernement.

Juliette MÉADEL
Venez vendredi, c'est tout ce que j'ai à vous dire. Voilà. Merci à vous.

Sophie PRIMAS
Merci beaucoup à tous, merci infiniment. Voilà. Je sens votre impatience. Je vais peut-être recommencer parce qu'il avait... Enfin, comme vous voulez. Débrouillez-vous entre vous.

Jacques SERAIS
Bonjour, madame la ministre.

Sophie PRIMAS
Enfin, merci.

Jacques SERAIS
Jacques SERAIS, Europe 1. Une question, oui ou non pour la porte-parole du Gouvernement que vous êtes, l'État a-t-il été implacable dans les condamnations prononcées contre ceux qui ont cassé, pillé, visé les forces de l'ordre en marge des festivités après la victoire du PSG ce week-end ?

Sophie PRIMAS
Écoutez, je vais reprendre les propos du Garde des Sceaux qui estime effectivement que les condamnations qui ont été données ne sont pas à la hauteur à la fois de l'émotion et de la réalité de la violence sur le territoire. Ce n'est pas la question des magistrats comme je l'entends de temps en temps. C'est la question de la loi qui n'est pas aujourd'hui en lien avec l'évolution de la violence et l'évolution de ces difficultés sur le territoire. Donc, vous savez que le Garde des Sceaux a annoncé réfléchir à un certain nombre de dispositions qui seront proposées dans les semaines ou dans les mois qui viennent pour adapter notre droit et permettre aux magistrats d'être plus en ligne entre la dureté des violences, l'importance de ces violences et la condamnation suivante.

Jacques SERAIS
Mais comment vous interprétez alors cette sortie d'Emmanuel MACRON, pas plus tard qu'il y a trois jours, dimanche soir, qui expliquait "nous poursuivrons, nous punirons, nous serons implacables". C'était une promesse d'Emmanuel MACRON dimanche soir. Du coup, selon vous, il a fait cette promesse sans avoir de garantie derrière ?

Sophie PRIMAS
Nous serons implacables dans l'application de la loi. Et si aujourd'hui, la loi n'est pas suffisamment sévère vis-à-vis de ces actes de violence qui sont des actes de violence de plus en plus forts, eh bien nous changerons la loi et c'est la promesse du Garde des Sceaux.

Jacques SERAIS
Merci.

Journaliste
Pour poursuivre la question de mon confrère, le Garde des Sceaux, Gérald DARMANIN, hier soir était assez précis en évoquant un projet de loi dès le mois de septembre pour supprimer le sursis, pour instaurer des peines minimales. Peines minimales d'ailleurs qu'approuve le Premier ministre. Il l'a dit hier à l'Assemblée. Est-ce que sur ces deux points précis, suppression du sursis, peine minimale, un projet de loi sera bien présenté par le Gouvernement en septembre ?

Sophie PRIMAS
Vous avez en effet bien entendu le Premier ministre aux questions d'actualité à l'Assemblée nationale. Il apporte son soutien, effectivement, à des peines minimales, qui ne sont pas des peines planchées, je le dis pour être bien comprise, puisque les peines planchées s'appliquent à la récidive. Donc là, les peines minimales s'appliquent dès le premier acte de délinquance. Au moins, sur ce socle-là, il y a un accord, effectivement, avec le Premier ministre. Et ensuite, il y a des pistes qui sont élaborées par le garde des Sceaux. C'est son rôle. Et quant à la modalité d'application de ces dispositions dans un texte de loi, nous ne sommes pas encore sûrs du chemin qui sera pris. Est-ce que ce sera un projet de loi ? Est-ce qu'on s'appuiera sur des propositions de loi qui sont en cours ? Il y a différentes options qui ne sont pas encore aujourd'hui tranchées. Mais l'engagement du Gouvernement est sur le fait de légiférer.

Journaliste
Bonjour Madame PRIMAS.

Sophie PRIMAS
Bonjour.

Journaliste
Pour revenir sur ce même point, une proposition de loi avait été portée par Naïma MOUTCHOU, la députée Horizons, lors de la dernière niche parlementaire de son groupe, est-ce que vous pouvez nous en dire un petit peu plus sur la manière dont on procédera pour légiférer sur ce point ? Est-ce que ce sera plutôt une reprise d'une proposition de loi telle qu'elle a été proposée par le groupe Horizons, ou plutôt une proposition qui amènera du Gouvernement et qui sera présentée aux parlementaires.

Sophie PRIMAS
Je crois avoir répondu. Pour l'instant, la méthode n'est pas déterminée. Il y a plusieurs options. Celle que vous indiquez, lors des débats d'un texte qui était un texte de Monsieur KERVRAN, je crois plutôt d'Horizons, On peut évidemment, au Sénat, introduire de nouvelles dispositions, peut-être, mais il peut y avoir un projet de loi. Ça va dépendre de l'ampleur et du rapport direct qu'on peut faire à l'intérieur d'une proposition de loi. Tout ça est à l'étude aujourd'hui, à la fois sur la forme et sur le fond.

Journaliste
Je vous remercie.

Journaliste
Bonjour Madame la ministre.

Sophie PRIMAS
Bonjour.

Journaliste
Bruno RETAILLEAU aimerait avoir recours à la reconnaissance faciale de manière, il l'a dit, très encadrée dans le cadre d'enquêtes justement judiciaires. Est-ce que pour vous, au Gouvernement, c'est dans les tuyaux de manière aussi, pareil, via une proposition ou un projet de loi ?

Sophie PRIMAS
En fait, ce qui est très important, ça l'est pour la politique pénale, mais ça l'est aussi pour le maintien de l'ordre, c'est comment on adapte aujourd'hui le maintien de l'ordre et ensuite les politiques pénales à l'évolution des violences qui ont lieu. Donc, la reconnaissance faciale fait partie des outils. Il faut que ça soit extrêmement encadré pour s'assurer que les libertés individuelles sont préservées. Par exemple, c'est un sujet au Sénat auquel on est très, très attaché. Mais effectivement, la question de l'adaptation des moyens, de l'adaptation des sanctions à ces nouvelles violences est sur la table, et ça, ça fait partie des réflexions, très poussées par le ministre de l'Intérieur, comme vous venez de le dire.

Journaliste
Merci.

Romain DÉZÈQUE
Bonjour. Romain Dézèque, France Info Radio. Toujours sur le même sujet, ce matin, Jean-Philippe Tanguy du RN dit qu'il faut arrêter que le Gouvernement arrête de piller nos idées, notre programme. Qu'est-ce que vous lui répondez ?

Sophie PRIMAS
Écoutez, je ne vais pas commenter les propos de M. Tanguy. Nous, on est dans l'action. On a un ministre de l'Intérieur, un garde des Sceaux et un Premier ministre, bien sûr, qui ont envie d'avancer, l'ensemble d'un gouvernement qui a envie d'avancer sur cette question de la sécurité, parce que c'est la protection de nos concitoyens et puis c'est aussi une certaine idée de ce que doit être la France. Donc moi, je laisse M. Tanguy à ses déclarations et puis nous, on avance, on travaille.

Jérôme VAL
Bonjour, Jérôme Val de France Inter. Est-ce qu'au Gouvernement, vous faites vôtre les mots de Bruno Retailleau qui a parlé de "barbare" à propos des individus qui ont régi en marge de ces festivités ? Est-ce que c'est un terme que vous partagez collectivement ? Merci.

Sophie PRIMAS
Alors, il ne nous a pas échappé que dans ce gouvernement, avec des personnalités différentes, il y a des sensibilités différentes par rapport à l'expression de ce terme "barbare", mais nous sommes tous d'accord pour dire que l'ultra-violence qui s'est déchaînée sur les Champs-Élysées samedi et d'ailleurs un petit peu dimanche, sont des actes probablement d'ultra-violence. Alors après, on lit le dictionnaire comme on le veut. Moi, j'ai dit que c'était la fin de la civilité, la barbarie, et donc je fais mien ce terme. Il y a d'autres sensibilités qui s'expriment. Le principal, c'est qu'effectivement, nous sommes tous d'accord sur le fait qu'il faut de nouveaux outils pour répondre et pour prévenir et pour répondre à ces actes qui sont des actes de barbarie.

Cyril-Adrien SALMAN
Cyril-Adrien Salman pour France Télévisions. Je prolonge la question que j'ai posée à votre collègue du Gouvernement, Mme MÉADEL, sur la question budgétaire, dans le cadre de la préparation du prochain budget. Vous avez lu cet article, comme moi j'imagine, + 8 % de demandes d'augmentation de dépenses, 20 000 emplois publics à créer. Pourquoi est-ce qu'on a toujours l'impression que les économies, c'est pour les autres d'abord ?

Sophie PRIMAS
Alors, les économies ne sont pas pour les autres. Le Premier ministre a dit que chacun devrait faire des efforts. Vous savez que l'État est en première ligne. C'est lui qui a pris le principal des efforts sur le budget 2025. Les dépenses de l'État, c'est 30 % des dépenses de la France d'une façon générale. Donc l'État prendra évidemment sa part. Et les informations qui ont été données sont des informations qui ne sont pas la feuille de route du Gouvernement puisque nous sommes effectivement sur une optimisation des budgets et chacun prendra sa part, le Gouvernement comme les autres dépenses.

Cyril-Adrien SALMAN
Ça vous surprend que certains de vos collègues ne comprennent pas encore l'effort et continuent à défendre pied à pied leur budget, voire veulent l'augmenter ?

Sophie PRIMAS
C'est normal que chacun défende effectivement des actions qu'il a envie de mettre en place, mais la volonté de rationaliser et d'aller à l'essentiel et de faire des choix, elle est partagée par l'ensemble des membres du Gouvernement. Donc il y a une première feuille, il y a des premiers essais sur copie, et puis chacun revoit sa copie avec l'objectif de ces 40 milliards d'économies, y compris dans son propre secteur. Comment optimiser ? Comment mieux travailler en interministériel ? Comment travailler des budgets ensemble pour les optimiser ? Comment aller à l'essentiel, comment parfois faire des choix ? C'est la feuille de route que nous a demandé le Premier ministre et nous serons au rendez-vous.

Cyril-Adrien SALMAN
Merci.

Journaliste
Concernant l'actualité internationale, le président américain Donald TRUMP a signé un décret la nuit dernière augmentant encore les taxes sur l'aluminium et l'acier, 50 %. On sait que les négociations sont en cours aujourd'hui entre l'Union européenne et les États-Unis. Alors où en sont-elles ? Est-ce qu'il y aura une riposte à ces nouvelles taxes annoncées par le président américain ? Est-ce que vous pouvez nous faire un point sur le sujet ?

Sophie PRIMAS
Oui, alors malheureusement, le point que je vais vous faire peut-être ne sera plus juste cet après-midi ou demain matin, tant les annonces américaines varient de jour en jour et sont là pour évidemment mettre la pression dans le cadre des négociations qui sont celles de l'Union européenne avec les États-Unis. Donc effectivement, il y a des négociations aujourd'hui qui vont avoir lieu avec les États-Unis. Le président des États-Unis a annoncé le passage à 50 % sur l'acier et l'aluminium. Nous ne voulons pas réagir directement à cette annonce parce que nous voulons donner sa chance à la négociation qui a lieu aujourd'hui. Mais effectivement, si nous n'arrivons pas à avancer sur les négociations, le jeu de riposte européenne, pardonnez-moi, est prêt et nous l'appliquerons. Et il y a un deuxième jeu de sanctions qui est en cours de validation par l'ensemble des pays européens et qui devrait possiblement être prêt et assez agressif à partir de mi-juin pour une application en juillet. Donc nous ne baissons pas la garde, mais nous laissons la chance à la négociation.

Journaliste
Il pourrait y avoir une réponse précise aujourd'hui sur ces négociations ?

Sophie PRIMAS
Vous savez, il faut avancer avec beaucoup de calme et beaucoup de nerfs avec les États-Unis. Je pense que les États-Unis n'ont pas intérêt à ces droits de douane supplémentaires sur l'acier et l'aluminium pour des raisons de décroissance, des raisons de moindre croissance en tout cas. On voit bien qu'aux États-Unis, il y a des réactions aussi du monde économique sur ces perturbations de droits de douane. Donc je crois qu'il faut être calme, il faut mener les négociations aujourd'hui et puis effectivement être déterminé à prendre au niveau européen des sanctions qui sont en cours de validation, je le répète, par l'ensemble des pays membres.

Journaliste
Merci.

Sophie PRIMAS
Je vous en prie.

Hugo CAPELLI 
Bonjour. Hugo CAPELLI, BFMTV.

Sophie PRIMAS
Bonjour.

Hugo CAPELLI 
Une question par rapport à la motion censure de cet après-midi. Est-ce que vous en avez parlé au sein du Gouvernement ? Est-ce qu'elle vous inquiète, cette motion, ou pas ?

Sophie PRIMAS
Alors, de mémoire, ça doit être la 7e motion de censure. Je ne dis ça pas pour la prendre à la légère. Une motion censure est toujours un moment compliqué pour un gouvernement. Elle aura lieu cet après-midi. Nous n'en avons pas parlé dans le cadre du Conseil des ministres ce matin. Mais le Premier ministre sera évidemment au banc, défendra sa position, défendra la position du Gouvernement, surtout que le sujet de la motion de censure, le motif de la motion de censure est en fait une action qui est une action du Parlement lui-même et de l'Assemblée nationale elle-même. Donc c'est un peu curieux comme motion de censure, mais nous la prenons évidemment au sérieux et le Premier ministre défendra la position du Gouvernement.

Journaliste
Et juste rapidement pour revenir sur les violences par rapport à dimanche et les différentes propositions qui ont été faites, est-ce que le Président a évoqué tous ces sujets ce matin devant vous ? Est-ce qu'il y a eu un nouveau message qui a évolué par rapport à dimanche dernier ?

Sophie PRIMAS
Non, nous n'avons pas abordé ce thème au Conseil des ministres ce matin. D'autres questions ? Pas de regrets ? Alors à bientôt. Merci beaucoup. Bonne journée à vous tous. Ah, hop, hop, hop, hop. Alors là, là, là, voilà. J'ai des grands signes. Pardonnez-moi, pardonnez-moi, pardonnez-moi. Je voulais vous faire une petite annonce qui ne sont pas les questions, mais vous savez qu'en tant que porte-parole, je tiens à ce que l'action du Gouvernement soit la plus claire et la plus accessible possible, et notamment auprès des populations qui sont les plus éloignées parfois de l'action politique, et notamment des jeunes. Et donc je voulais vous indiquer qu'à partir de vendredi, je vous propose donc un nouveau rendez-vous toutes les semaines sur... Vous pourrez poser directement vos questions sur l'application Pol, donc Pol, P-O-L, comme politique, naturellement, qui est une application qui a été développée par des étudiants et qui fait œuvre de pédagogie sur l'activité législative d'une façon générale. Il y a 40 % des personnes qui ont cette application qui sont des jeunes gens. Donc, je trouve que c'est une façon de s'approcher d'eux et de leur donner la possibilité de poser des questions. Donc à partir de vendredi, vous pourrez poser des questions sur l'application Pol. Les cinq qui ont retenu le plus d'attention nous seront proposés et je répondrai ici à celle qui aura le plus d'audience. Voilà, donc c'est une nouvelle application que nous utilisons pour aller davantage parler avec ceux qui sont parfois un peu plus éloignés de la politique. Voilà, je voulais juste vous dire ça et faire cette promotion. Donc, téléchargez Pol, posez vos questions et j'y répondrai. Merci beaucoup.


Source https://www.info.gouv.fr, le 5 juin 2025