Texte intégral
HADRIEN BECT
Bonjour Philippe TABAROT.
PHILIPPE TABAROT
Bonjour.
HADRIEN BECT
Nous sommes en plein début de grand week-end de départ en vacances, le deuxième de la saison, j'allais dire, puisque ce vendredi est classé rouge par Bison Futé pour toute la France. Qu'est-ce que vous dites ce matin à ceux qui s'apprêtent à prendre la route ou peut-être même qui sont déjà sur la route ?
PHILIPPE TABAROT
Je leur dis soyez prudents, respectez les limitations de vitesse, ne conduisez pas sous l'effet d'alcool ou de stupéfiants, et puis soyez vigilants avec les agents des routes qui travaillent pour vous, qui travaillent pour nous.
AGATHE LAMBRET
Vous avez lancé une campagne de sensibilisation sur ce sujet, les agents des routes qui travaillent sur la bande d'arrêt d'urgence et qui risquent leur vie.
PHILIPPE TABAROT
Bien sûr. 9 000 agents qui risquent leur vie au quotidien, 800 000 interventions par an, malheureusement 14 décès depuis quelques années dont deux ces six derniers mois où j'ai l'occasion de me rendre sur place, des situations familiales, professionnelles, dramatiques. Ces agents, on le sait, sont mis en difficulté par la vitesse, par l'utilisation du téléphone bien souvent. Et on passe très rapidement à côté d'eux sans se rendre compte du travail qu'ils font et on met quelquefois leur vie en péril. Donc j'aimerais profiter de cette matinée, je sais qu'il y a beaucoup d'automobilistes qui vous écoutent pour ralentir et s'écarter quand ils voient une signalisation particulière.
HADRIEN BECT
Justement, on a tous l'image de ces camions patrouilleurs qui sont parfois d'ailleurs exposés, accidentés au bord des autoroutes. Est-ce qu'il y a des solutions pour renforcer leur sécurité ? Ça paraît quand même illusoire.
PHILIPPE TABAROT
Alors il y a des solutions techniques, à la fois l'utilisation, comme on dit, du bleu au niveau d'un certain nombre de gyrophares, à la fois du matériel qui soit plus solide avec des procédures qui peuvent être revues. Mais la principale prévention, c'est ralentir, c'est ne pas utiliser son téléphone, c'est ne pas être sous l'emprise d'alcool ou de produits stupéfiants. Ce sont les automobilistes qui, avant tout, doivent être responsables sur ces sujets.
HADRIEN BECT
Il n'y a pas de solution miracle à part celle-ci.
PHILIPPE TABAROT
Il n'y a malheureusement pas de solution miracle, mais il faut protéger ces agents qui travaillent beaucoup et au péril de leur vie bien souvent.
AGATHE LAMBRET
Philippe TABAROT, qui dit vacances dit potentielles grèves. Vous avez mis en cause, il y a quelques jours, en plein mouvement des contrôleurs aériens, 272 personnes qui impactent le bien-être de plus de 500 000 personnes. Plus de 1 000 vols ont été annulés. On était à la veille des départs en vacances. Ça va forcément se reproduire cette situation ?
PHILIPPE TABAROT
Écoutez, il n'y a pas de nouveau préavis qui a été déposé par les contrôleurs du ciel et je m'en réjouis parce que le mouvement qui vient de s'achever a laissé beaucoup de traces, a laissé des traces auprès de centaines de milliers d'usagers, certaines personnes qui ont économisé toute l'année, qui n'ont pas pu retrouver leur famille. Également au niveau des compagnies aériennes, on chiffre à probablement plusieurs dizaines de millions d'Euros de pertes pour ces compagnies par rapport aux annulations. Et pour des raisons qui paraissent pourtant évidentes, je n'ai pas souhaité céder à leurs revendications. Nous avons un plan de sécurité pour le contrôle aérien dans notre pays aujourd'hui.
AGATHE LAMBRET
Oui, ils protestent contre une réforme qui vise à instaurer un pointage. Pourquoi faudrait-il qu'ils pointent…
PHILIPPE TABAROT
Tout à fait. Pour la bonne et simple raison que l'on s'est aperçu après un drame qui a été évité de justesse sur l'aéroport de Bordeaux-Mérignac le 31 décembre 2022, que sur six contrôleurs qui devaient être présents à leur poste de travail, il n'y en avait que trois. Il y a une espèce d'autogestion au sein des tours de contrôle qui est particulièrement périlleuse pour la sécurité des passagers. Moi, c'est la priorité des priorités.
AGATHE LAMBRET
Donc vous irez au bout de cette réforme ?
PHILIPPE TABAROT
J'irai au bout de cette réforme parce qu'il en va de la sécurité des personnes qui prennent l'avion, il en va de la sécurité des compagnies aériennes. Et véritablement, je pense que les conditions de travail ne sont pas aussi catastrophiques qu'ils peuvent le prétendre. Il y a des recrutements qui sont prévus également supplémentaires. Encore faut-il que ceux qui travaillent soient sur leur lieu de travail.
AGATHE LAMBRET
S'agissant du train, Philippe TABAROT, un préavis de grève a été déposé début juin par le syndicat Sud-Rail. Préavis qui couvre toute la période estivale et qui concerne cette fois les contrôleurs SNCF. Qu'est-ce qui va se passer concrètement ? Est-ce que ça va être l'enfer ? Il va être…
PHILIPPE TABAROT
Alors je ne suis pas en mesure de vous le dire aujourd'hui. C'est le problème de ces préavis dormants. Vous avez aujourd'hui la possibilité de déposer des préavis qui peuvent dormir pendant des mois, voire des années sans qu'ils soient déclenchés. Donc tout cela pour ne pas permettre aux opérateurs de prévoir un plan de transport adapté au niveau de la grève. Ce que je sais, c'est que peut-être pour la première fois, il y a un ministre des Transports qui dit à l'entreprise SNCF, menez les négociations que vous souhaitez, mais nous n'allons pas vous imposer de trouver un accord coûte que coûte. Alors qu'on discute de différents sujets, de la formation professionnelle. Par contre déjà les questions de rémunération hors négociations annuelles obligatoires, c'est impensable. Il y a eu des augmentations également dans ce secteur, comme pour les contrôleurs aériens significatifs ces dernières années. Et puis le Gouvernement ne souhaite pas mettre la pression pour trouver un accord coûte que coûte.
AGATHE LAMBRET
Vous voulez dire qu'il y a un serrage de vis…
PHILIPPE TABAROT
Non. Ça a été fait probablement dans un bon esprit par un certain nombre de mes prédécesseurs ou de précédents Premiers ministres. Et au contraire, il y a eu l'utilisation de ce chantage à la grève en permanence qui est totalement inadmissible et que les Français ne supportent plus.
HADRIEN BECT
Vous vous étiez exprimé en faveur de la limitation du droit de grève dans les transports en période de départ en vacances notamment. Il y a eu des lois, des propositions de lois qui ont été faites. Où est-ce qu'on en est ?
PHILIPPE TABAROT
Oui, moi j'ai été rapporteur d'une loi au Sénat sur ce sujet, d'un texte porté par le sénateur MARSEILLE et le sénateur RETAILLEAU à l'époque. Et bien sûr, nous y étions favorables. Je le suis toujours dans certaines situations et notamment par rapport à ce que j'ai dit à l'instant. On ne peut pas garder des préavis dormants en permanence, des grèves perlées de 59 minutes qui désorganisent le service. Moi ce que je veux, c'est qu'il y ait de la lisibilité pour les opérateurs…
HADRIEN BECT
Mais ce texte ne sera jamais adopté Philippe TABAROT, on est d'accord ?
PHILIPPE TABAROT
Ecoutez, le contexte politique peut-être aujourd'hui à l'Assemblée, il a été voté et adopté au Sénat, je vous le rappelle.
HADRIEN BECT
Il n'y a pas complètement la même composition politique que l'Assemblée.
PHILIPPE TABAROT
Je l'avais remarqué également, tout comme vous.
AGATHE LAMBRET
Et c'était il y a un an.
PHILIPPE TABAROT
Et c'était il y a un an. Mais je sens que les mentalités évoluent beaucoup sur ce sujet. En tout cas, si on continue au niveau du Gouvernement et je continuerai à avoir une politique ferme, claire, le dialogue social, oui, le chantage, non, je pense qu'on pourra avoir un certain nombre d'avancées. En tout cas, moi je n'exclus rien par rapport à l'évolution future sur ces sujets, et notamment la question de sanctuariser peut-être un certain nombre de jours dans l'année, des jours qui sont utilisés par certains, et je dis bien à chaque fois, certains cheminots, certains contrôleurs aériens, parce qu'une majorité ne le font pas. Mais on a vu aussi qu'au niveau de la SNCF, les choses avaient bien évolué tout récemment avec les grèves. Il y a eu presque 60% de contrôleurs qui ont fait grève. 95% du service a été assuré par des volontaires qui ont bien fonctionné et bien travaillé pendant cette période.
HADRIEN BECT
Alors Philippe TABAROT, ce qui évolue peut-être moins bien du côté de la SNCF, ce sont les prix, avec des prix parfois en cette période de vacances qui sont tout à fait exorbitants. J'ai vu par exemple passer il y a quelques jours un aller-retour du sud vers la Bretagne pour 3 personnes. C'était 900 euros. Donc ça fait 300 euros par personne. 150 euros l'aller simple. Est-ce que vous comprenez que les billets soient si chers ?
PHILIPPE TABAROT
Les billets sont en moyenne assez chers, mais il y a des périodes où ils sont en vente. Alors c'est quelques mois avant où il y a des mises en vente à...
HADRIEN BECT
C'est ce qu'on appelle, on le rappelle, le Yield Management. Le billet théoriquement s'adapte à l'offre et à la demande. La réalité, c'est qu'on voit aussi que la SNCF peut choisir d'augmenter ou de baisser les prix elle-même. Ça ne se fait pas automatiquement.
PHILIPPE TABAROT
Alors c'est vrai que la SNCF a beaucoup d'obligations. Des obligations de services publics, des obligations de fonds de concours, de financer en partie également le réseau ferroviaire. Pour autant, je pense qu'il y a une très bonne chose qui permet de faire baisser les prix sur le train et sur le ferroviaire dans notre pays, c'est l'ouverture à la concurrence qui commence à apporter ses premiers fruits. On le voit notamment sur une des lignes en France ou la ligne a plus fréquentée, la ligne Paris-Lyon et maintenant Paris-Lyon-Marseille.
HADRIEN BECT
Les billets ne sont pas particulièrement donnés côté SNCF.
PHILIPPE TABAROT
Ah ! Ils sont en train de baisser grâce notamment à l'arrivée de TRENITALIA qui a boosté un petit peu la SNCF sur le dynamisme de sa politique tarifaire. Et j'ai bon espoir qu'avec l'ouverture à la concurrence et avec les différents investissements qui vont être faits en dehors de la SNCF sur les infrastructures, on pourra avoir des tarifs qui soient plus raisonnables. Et vous avez toute la partie Ouigo également qui reste très accessible avec une qualité de service qui est quand même au rendez-vous.
HADRIEN BECT
Sauf que sur la concurrence, les concurrents ne veulent pas semble-t-il s'installer sur les lignes moins rentables, sur les lignes de desserte du territoire. Qu'est-ce que vous leur dites ?
PHILIPPE TABAROT
J'ai demandé à l'ART qui régule…
HADRIEN BECT
L'Autorité de régulation des transports.
PHILIPPE TABAROT
Tout à fait. Qui régule nos transports de réfléchir à la possibilité de faire porter un certain nombre d'obligations également. Alors probablement pas à la hauteur de la SNCF, mais…
HADRIEN BECT
De desserte.
PHILIPPE TABAROT
De desserte de certaines lignes, de participer à des fonds de concours également sur les infrastructures. Encore faut-il que ces entreprises puissent trouver leur modèle économique. Une entreprise comme TRENITALIA aujourd'hui perd de l'argent depuis un certain nombre d'années. Quand ils trouveront leur modèle économique, quand ils seront bien installés sur notre territoire, qu'ils aient un certain nombre d'obligations financières ou de desserte des territoires comme la SNCF, ça me semble normal.
AGATHE LAMBRET
Vous ne l'excluez pas. L'avion est souvent bien moins cher que le train parce qu'il bénéficie encore d'exonérations fiscales importantes. C'est dans le viseur de Bercy en vue du budget 2026, notamment une taxe sur le kérosène pour aligner la fiscalité du kérosène sur les autres carburants. On parle des vols intérieurs. Est-ce que vous y êtes favorable ?
PHILIPPE TABAROT
Moi, je ne suis pas favorable à ce qu'on taxe de nouveau l'avion parce que l'avion a été taxé ces deux dernières années de manière assez significative. À la fois une taxe sur les équipements, donc sur les aéroports, et également une taxe sur les billets d'avion qui font que les compagnies commencent à quitter notre pays, qu'il y a moins…
AGATHE LAMBRET
Il y a un risque de décrochage vis-à-vis des Français.
PHILIPPE TABAROT
Il y a un risque de décrochage. Aujourd'hui, on est dans des chiffres qui sont assez stables d'une année à une autre, alors que les pays concurrents, je dirais néanmoins amis du sud de l'Europe, comme l'Espagne, comme le Portugal, comme l'Italie, ont des augmentations de 6 à 7% dans leur trafic aérien.
HADRIEN BECT
Donc vous avez entendu l'appel du patron d'AIR FRANCE, par exemple ?
PHILIPPE TABAROT
Oui, de tout l'écosystème de l'aéronautique, bien sûr. On voit que la TSBA…
HADRIEN BECT
TSBA ?
PHILIPPE TABAROT
Pardon. La taxe sur les billets d'avion de l'an dernier a probablement ralenti un petit peu l'attractivité de notre pays.
AGATHE LAMBRET
Ben la France est le seul pays européen, pardon, à ne pas avoir retrouvé son niveau de trafic d'avant Covid.
PHILIPPE TABAROT
Exactement. Il faut vraiment être vigilant. Je veux bien comprendre, à la fois... je fais partie d'un Gouvernement qui cherche 40 milliards, comme vous le savez.
AGATHE LAMBRET
Des économies. Alors justement Philippe TABAROT, pour être très clair…
PHILIPPE TABAROT
Mais voilà, ça ne doit pas être par des taxes qui vont être contre-productives et qui vont ralentir l'activité économique de notre pays.
AGATHE LAMBRET
Pour être très clair, vous demandez au Premier ministre de ne pas toucher au secteur aérien, ni taxe sur le kérosène, ni hausse de la TVA. C'étaient les deux principales pistes ?
PHILIPPE TABAROT
Moi, je souhaite qu'il y a une pause sur le secteur de l'aérien. Et je souhaite surtout, on en parlera peut-être, c'était dans le cadre de la conférence de financement, que quand il y a une taxe qui est prise sur le secteur des transports, elle revienne au secteur des transports pour financer les autres modes de transport. Et ça, malheureusement, jusqu'à présent, mais ça va changer, le fléchage ne se fait pas automatiquement.
AGATHE LAMBRET
Et on va en parler dans un instant.
PHILIPPE TABAROT
Et ça me paraît être la moindre des choses pour financer nos infrastructures de transport qui en ont besoin.
HADRIEN BECT
Et je vous confirme qu'on va effectivement en parler dans une minute. Le temps du fil info de Diane FERCHIT, il est 8h45.
(…)
HADRIEN BECT
Toujours avec Philippe TABAROT, ministre des Transports. Il y a le budget, on en parlait. Il y a, vous en parliez, la modernisation du réseau, les routes, le réseau ferroviaire parfois dans un état déplorable, la situation s'aggrave. Vous avez peut-être une solution, changer le modèle de concession des autoroutes qui arrive à sa fin en 2031. Vous voulez des autoroutes, des concessions plus restreintes, plus courtes. Un système d'encadrement de la responsabilité. Qu'est-ce que ça signifie concrètement cette manne des autoroutes ? C'est l'État qui va la récupérer demain ?
PHILIPPE TABAROT
Conférence de financement lancée le 5 mai dernier par le Premier ministre. Dix semaines de travail avec une cinquantaine d'experts, des élus, des personnes de l'écosystème là aussi, comme on l'appelle, des transports qui ont travaillé, qui ont beaucoup travaillé sous l'égide de l'ancien ministre Dominique BUSSEREAU et qui m'ont fait un certain nombre de propositions. J'ai retenu dans ce catalogue de propositions un certain nombre de points qui me paraissent indispensables. On a aujourd'hui des autoroutes, environ 10 000 km d'autoroutes. On a 21 000 km de routes nationales, 27 km de voies ferrées. C'est notre patrimoine, mais on s'aperçoit que ce patrimoine, moins sur les autoroutes, mais plus sur les routes nationales, les ponts et le ferroviaire, se dégrade, vieillit.
HADRIEN BECT
Celles qui sont entretenues par l'État en fait.
PHILIPPE TABAROT
A besoin quelque part, a besoin d'investissements indispensables. Les investissements ont augmenté ces dernières années, mais pas au niveau d'éviter, ce qui est une dette grise, c'est-à-dire moins on investit rapidement, plus la facture sera importante dans les années futures. Donc il faut probablement 1,5 milliards supplémentaires pour pouvoir investir aujourd'hui et ce qui est…
AGATHE LAMBRET
Mais en changeant les règles, vous aurez beaucoup de candidats pour faire ça ?
PHILIPPE TABAROT
Je le pense. Ce qui est proposé, c'est que peut-être pour la première fois, et c'est assez historique dans notre pays, il y ait un fléchage direct d'un mode de transport vers les autres modes de transport. Que les autoroutes qui génèrent un certain nombre de profits puissent servir à s'entretenir, à se décarboner comme elles le sont aujourd'hui, mais à financer d'autres modes de transport, notamment les infrastructures ferroviaires, les infrastructures des routes nationales, des ponts, éventuellement départemental et communal. Je pense que ce sont des recettes qui peuvent être pérennes, qui peuvent être stables et qui sont indispensables à mener dans notre pays.
HADRIEN BECT
Alors effectivement, recettes pérennes, recettes stables et recettes qui sont dues au péage quand même.
PHILIPPE TABAROT
Oui.
HADRIEN BECT
4,7% d'augmentation en 2023, 3% en 2024. Valeur moyenne. Ça veut dire que parce qu'il faut financer d'autres projets, même après la fin des concessions, même avec d'autres concessions, les Français qui prennent la route vont continuer à payer leur péage de plus en plus cher.
PHILIPPE TABAROT
Non, ils vont continuer à payer leur péage. Alors après, les augmentations sont le fruit des conventions qui avaient été signées il y a quelques années. Moi, je ne souhaite pas le même système.
HADRIEN BECT
Vous voulez des augmentations moindres ?
PHILIPPE TABAROT
Tout à fait. Je pense que le système concessif est une bonne chose, mais tel qu'il a été négocié précédemment ne me convient pas. On a eu notamment un débat que vous avez relaté très régulièrement, qui était la question des super profits. Qu'est-ce qui se passe ? Je souhaite une clause de revoyure tous les cinq ans, des concessions qui soient plus réduites, avec un périmètre qui soit plus pertinent.
HADRIEN BECT
Et des péages qui augmentent moins, donc on retient ça.
PHILIPPE TABAROT
Et des péages qui augmentent moins et qui puissent permettre tout de même de dégager environ 2,5 milliards par an, qui puissent aller directement sur le financement des autres modes de transport. Ça me paraît équilibré, juste, solidaire.
AGATHE LAMBRET
Philippe TABAROT, la députée insoumise, Mathilde PANOT, a déposé hier une loi pour mettre fin aux autoroutes à flux libre. Pas de péage physique, pas de caméra, enfin ou des caméras plutôt qui repèrent les voitures.
PHILIPPE TABAROT
Elle ne souhaite pas de caméras dans les villes, ni armer les policiers municipaux. Par contre, des caméras sur l'autoroute.
AGATHE LAMBRET
Mais justement, ça la dérange aussi. Elle parle de raquette sociale qui doit cesser. Est-ce que vous soutiendrez sa proposition de loi ?
PHILIPPE TABAROT
Certainement pas. Déjà, tout ce qui vient d'elle, je ne le soutiens pas.
HADRIEN BECT
Ah bon ! Vous êtes comme ça ?
PHILIPPE TABAROT
Je suis un peu comme ça.
AGATHE LAMBRET
Ça, c'est le membre des Républicains qui parle.
PHILIPPE TABAROT
Peut-être. Et puis, de comportements que je vois. J'étais, vous le savez, sénateur avant mes responsabilités ministérielles. Et ce que je vois à l'Assemblée, notamment du groupe de la France insoumise, me dit que je ne souhaite vraiment pas avoir à travailler avec des personnes qui se comportent ainsi sur tous les sujets d'ailleurs.
AGATHE LAMBRET
Mais peut-être qu'ils peuvent avoir des bonnes idées sur le fond, même si vous désapprouviez la méthode.
PHILIPPE TABAROT
Sur ce sujet particulier, concernant madame PANOT, je crois qu'il y a un débat derrière la question du flux libre. Le flux libre se fait dans pratiquement tous les pays européens. Il se fait déjà dans d'autres autoroutes. L'A79 depuis deux ans, ça a continué avec l'A13, l'A14. Il y a encore quelques petits dysfonctionnements que la SANEF, en l'occurrence, est en train de régler. Par contre, ça sécurise, ça permet moins de démissions, parce qu'arrêter, redémarrer sur l'autoroute, c'est un sujet. Et puis je pense que le débat derrière madame PANOT, c'est la gratuité des autoroutes. La gratuité des autoroutes, elle est impossible. Elle s'est faite dans d'autres pays européens, c'est un fiasco, et notamment l'Espagne. Et puis ça engendre un trafic routier dans notre pays, notamment un transit étranger, qu'il faudra bien taxer. Je ne pense pas qu'elle souhaite qu'on ne taxe pas les camions étrangers. Ça va favoriser la route et l'autoroute plutôt que le train dont on parlait tout à l'heure, qui est le mode de transport le plus décarboné. Donc je pense que cette proposition de loi, je l'espère, n'aboutira pas et que madame PANOT n'aura pas gain de cause sur ce sujet comme sur tous les autres.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 15 juillet 2025