Texte intégral
ALEXANDRE PEYROUT
Bonjour Clara CHAPPAZ.
CLARA CHAPPAZ
Bonjour.
ALEXANDRE PEYROUT
Merci d'être notre invitée ce matin. Première question rapidement, cette actualité de la soirée. Une première réaction à l'annonce d'Emmanuel MACRON hier soir de reconnaître l'État de Palestine à partir de septembre. Est-ce qu'il a raison, Emmanuel MACRON ?
CLARA CHAPPAZ
Le Président de la République et le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël BARROT se sont exprimés sur cette question hier soir. Ils ont eu des propos très clairs. Je pense que je vous renvoie bien sûr à ces propos, mais surtout à la fin de ces propos et de ceux du Président de la République, nous gagnerons la paix.
ALEXANDRE PEYROUT
Est-ce que vous ne craignez pas, malgré tout, que ça puisse importer ce conflit en France ? Que ça fasse un regain de tension ? Est-ce que pour vous, c'était vraiment nécessaire ?
CLARA CHAPPAZ
Le Président de la République a fait ses annonces de façon très claire, qui sont à un moment important. Et je pense qu'aujourd'hui, encore une fois, vous pouvez me reposer la question, mais ce qui nous occupe, c'est la paix et nous la gagnerons.
ALEXANDRE PEYROUT
Alors dans le reste de l'actualité, il y a ces mots hier de François BAYROU, qui a voulu calmer les tensions au sein de son équipe gouvernementale après les tensions, notamment avec Bruno RETAILLEAU. Dites-donc, c'est une sacrée ambiance en ce moment au Gouvernement.
CLARA CHAPPAZ
Écoutez, on est dans un Gouvernement qui est face à une situation extrêmement difficile. Je veux parler du contexte budgétaire. Le Premier ministre a rassemblé une équipe autour de ce budget. Et moi, je suis très fière de faire partie de cette équipe. Et d'ailleurs, dans mon secteur, de l'intelligence artificielle et du numérique, je ne peux travailler qu'avec mes collègues. Parce qu'on ne crée pas de révolution de l'intelligence artificielle, on n'embarque pas la France dans l'intelligence artificielle si on n'embarque pas tout le monde. Et ce que je peux vous dire, c'est que tous mes collègues sont absolument attachés à faire avancer ces sujets, comme l'intelligence artificielle, et que le collectif, de ce point de vue-là, se passe très bien.
ALEXANDRE PEYROUT
Mais justement, vous parlez du budget, il y a quand même une menace de censure. On a aussi une ministre qui est bientôt en procès, c'est Rachida DATI et les noms d'oiseaux qui fusent entre Bruno RETAILLEAU et les ministres macronistes dont vous faites partie. Clairement, combien de temps ça peut tenir encore ce Gouvernement ?
CLARA CHAPPAZ
Alors déjà, vous avez cité ma collègue Rachida DATI. Je veux rappeler qu'elle est présumée innocente. Et ensuite, pour ce qui est des propos de mes autres collègues, dont ceux que vous avez rapportés de Bruno RETAILLEAU, moi, je ne suis pas là pour faire du commentaire de leurs propos. Je suis là pour vous rappeler pourquoi est-ce que je me suis engagée. Et je pense que chaque collègue s'est engagé pour une raison qui lui est propre. Moi, je me suis engagée pour porter les idées du Président de la République, parce que ce sont ces idées-là qui font que je suis d'ailleurs sortie du secteur privé pour me rendre utile pour mon pays. Et dans mon secteur, ça veut dire quoi ? Ça veut dire qu'on est face à une révolution technologique sans précédent, l'intelligence artificielle, et qu'on a en même temps envie d'être les meilleurs, et qu'on met les moyens pour être les meilleurs, parce que c'est une révolution qui va tout changer. Et on restera dans la course, parce qu'on investit dans l'intelligence artificielle depuis 2018, et on a fait ce choix. Et en même temps, on est capable de dire que le numérique, c'est formidable, qu'il y a plein de potentiel de transformation, mais qu'on regarde aussi ses dérives bien en face, et notamment, par exemple, qu'on protège les plus vulnérables, que sont les enfants. Et c'est ça, aujourd'hui, ce qui m'intéresse, d'être utile sur mes sujets, pour pouvoir avancer avec cet état d'esprit-là.
ALEXANDRE PEYROUT
Vous parliez du secteur privé, justement. Vous le connaissez, dans le secteur privé, quand il y a un problème dans la gouvernance d'une entreprise, en général, on en change la tête. Est-ce que là, il n'y a pas un problème de casting, concrètement ?
CLARA CHAPPAZ
Ce n'est pas à moi qu'il faut demander quels sont les problèmes de gouvernance ou de casting. Moi, ce que je peux vous dire, encore une fois, en partant de mon expérience personnelle, c'est que dans ce Gouvernement, on est à la tâche sur des sujets difficiles, on prend nos responsabilités. Quand on parle du budget…
ALEXANDRE PEYROUT
C'est inévitable qu'il y ait des frictions ?
CLARA CHAPPAZ
Quand on parle du budget, et qu'on a un sujet aussi difficile que le budget devant nous. Mon ministère est rattaché à Bercy. Ça fait des mois qu'Amélie de MONTCHALIN et Éric LOMBARD s'attaquaient au sujet du budget, avec tous nos collègues respectifs, pour trouver des solutions courageuses, des décisions qui, parfois, ne font pas plaisir, mais pour avancer et prendre nos responsabilités sur cette question du budget. Parce que chaque seconde qui passe, le Premier ministre l'a rappelé, 5 000 Euros de dettes supplémentaires. Donc, quand on est face à des sujets aussi difficiles que cela, on prend nos responsabilités et qu'on s'engage pour avancer ; eh bien, on avance, on prend des décisions difficiles. Parfois, elles ne font pas toujours plaisir, mais surtout, on se rappelle l'essentiel, pourquoi est-ce qu'on est venus prendre ces responsabilités-là ? Parce que derrière, on a un projet, et d'ailleurs, le Premier ministre l'a aussi rappelé : le projet, c'est en avant la production, en avant la France, parce qu'on peut être soit dans la fatalité et se dire qu'on ne va pas y arriver, soit être dans l'action et être au travail. Et moi, c'est vraiment ce qui m'intéresse aujourd'hui.
ALEXANDRE PEYROUT
Alors, vous parliez des réseaux sociaux tout à l'heure, vous êtes en première ligne sur une des promesses phares d'Emmanuel MACRON, qui est l'interdiction des réseaux sociaux pour les moins de 15 ans. Ça se négocie au plan européen, mais on voit que ça patine, que ça prend du temps. Est-ce que vous pensez vraiment que vous pouvez y arriver ?
CLARA CHAPPAZ
Non, justement. En fait, c'est exactement un de ces sujets difficiles, compliqués, mais sur lequel on avance.
ALEXANDRE PEYROUT
Il y a beaucoup de sujets compliqués.
CLARA CHAPPAZ
Sinon, on ne prendrait pas ces responsabilités-là. Je veux dire que personne ne s'imagine rentrer au Gouvernement et ne trouver que des sujets faciles, surtout dans le contexte géopolitique actuel, dans le contexte national actuel. Pour autant, le sujet des réseaux sociaux est très bien comme exemple. Qu'est-ce que c'est ? C'est dire, les réseaux sociaux, ce sont des outils formidables. Je suis sûre que vous avez déjà retrouvé un ami sur un réseau social, échangé, appris quelque chose. Pour autant, les scientifiques sont unanimes. Quand le Président de la République les a réunis pour réfléchir à l'impact, pour comprendre l'impact sur les enfants les plus jeunes : santé mentale, des comportements nocifs, des comportements d'addiction parfois qui mènent au pire. On ne veut plus faire peser ce risque-là sur nos enfants. Et donc, on a décidé, le Président l'a rappelé, position très ferme, pas de réseaux sociaux avant de 15 ans.
ALEXANDRE PEYROUT
Mais est-ce qu'on peut arriver à se mettre d'accord à 27 ?
CLARA CHAPPAZ
Quand je suis arrivée, on m'a dit : "c'est impossible". C'est un sujet européen, c'est très compliqué, on est 27…
ALEXANDRE PEYROUT
Est-ce qu'on y est arrivé ?
CLARA CHAPPAZ
Mais bien sûr, parce qu'on a réussi. On a réussi grâce à la mobilisation du Président de la République qui a embarqué un certain nombre de ses collègues, grâce à la mobilisation que j'ai portée au niveau européen avec les 27 ministres du Numérique, avec aussi l'appui de Catherine VAUTRIN, Elisabeth BORNE, qui m'ont aidée dans leur ministère respectif, à rassembler aussi au niveau européen. On a obtenu, la semaine dernière, le fait que nous pouvons, en France, dans tous les pays européens d'ailleurs, inscrire une interdiction des réseaux sociaux en dessous d'un certain âge.
ALEXANDRE PEYROUT
Alors ça sera effectif à partir de quand ?
CLARA CHAPPAZ
Et ça sera fait. Je m'étais donnée trois mois pour arriver au niveau européen ; on l'a fait en deux mois. Maintenant, mon travail, c'est que d'ici les trois prochains mois, on trouve la meilleure façon de pouvoir avancer en droit national parce qu'on le doit à nos enfants, on le doit à toutes les familles.
ALEXANDRE PEYROUT
Techniquement, c'est compliqué, les vérifications d'âge. On a beaucoup parlé ces dernières semaines des restrictions autour des sites pornographiques. Est-ce que vous pensez que là-dessus, vous pourriez y arriver ?
CLARA CHAPPAZ
Eh bien là aussi, les sites pornographiques, nous avançons et nous y arrivons. Ça a été un combat, ça sera toujours un combat. Et chaque site est dans son droit de faire appel à la justice pour essayer de ne pas faire une chose très simple. Qu'est-ce qu'on leur demande ? On leur demande que, pour lutter contre le fait qu'un garçon sur deux dès 10 ans, une fille sur trois dès 10 ans, regarde des contenus pornographiques régulièrement. Vous êtes peut-être déjà allé sur ces sites, les personnes qui nous écoutent, peut-être, ce ne sont pas des vidéos pour les enfants. D'ailleurs, ce contenu est interdit aux enfants depuis plus de 30 ans, au moins de 18 ans. Aujourd'hui, qu'est-ce qu'il faut faire ? On clique sur un bouton qui dit " j'ai plus de 18 ans " et on accède à ces vidéos.
On a décidé, en France - en étant en avance vis-à-vis de l'Europe, il y a déjà maintenant un an, avec la loi SREN qu'a portée mon prédécesseur Jean-Noël BARROT, d'ailleurs, quand il était ministre du Numérique de l'époque - de dire "c'est terminé, on veut de la vraie vérification d'âge". Les solutions technologiques existent, elles sont utilisées par un certain nombre de sites. Aujourd'hui, j'en ai fait l'expérience moi-même. Qu'un certain nombre de sites ne veulent pas le faire, je ne suis pas surprise. Je veux dire, ces sites, ils se font de l'argent sur le fait que les enfants viennent sur leur plateforme, vu que ça leur permet de vendre plus de publicité. Mais on n'arrête pas le combat, on continue. Et le Conseil d'État, encore une fois, une victoire la semaine dernière, a dit que ces sites doivent se mettre en conformité ou ils doivent quitter… ou ils seront soumis à ce que nous permettent les obligations, c'est-à-dire les déréférencer, des amendes record. Et s'ils décident de quitter la France, ce qu'ils nous menacent régulièrement, eh bien qu'ils la quittent.
ALEXANDRE PEYROUT
On va passer à un autre thème, on parlait tout à l'heure de Rachida DATI, qui en plus de s'intéresser à la mairie de Paris, s'intéresse à la législative partielle dans la deuxième circonscription de la capitale. Elle a fait acte de candidature, dit-elle, comme l'ancien Premier ministre Michel BARNIER. Et dans la presse, on lit que vous aussi, vous seriez intéressée par cette circonscription. Est-ce que vous êtes candidate dans cette deuxième circonscription de Paris ?
CLARA CHAPPAZ
Alors, je lis la presse, donc je ne suis pas surprise que vous me posiez cette question, et je vous permets d'ailleurs de me permettre de remettre les points sur les i. Je vous l'ai dit tout à l'heure, moi j'ai quitté le secteur privé pour m'engager, pour être utile pour mon pays, parce que je crois fondamentalement à l'action publique.
ALEXANDRE PEYROUT
Et donc aller face aux électeurs ?
CLARA CHAPPAZ
Et donc, qu'est-ce que ça veut dire ? Ça veut dire qu'aujourd'hui, je ne suis candidate qu'à une seule chose : être utile aux Françaises et aux Français. Et je porte des sujets fondamentaux, le numérique et l'intelligence artificielle. On parle beaucoup d'IA dans tous les médias…
ALEXANDRE PEYROUT
Je reformule ma question : est-ce que vous êtes candidate ou non ?
CLARA CHAPPAZ
Vous pouvez me poser la question de plusieurs manières, 100 fois si vous voulez, 10 fois, 100 fois, je répondrai la même chose.
ALEXANDRE PEYROUT
Vous ne voulez pas y répondre, c'est ça que vous êtes en train de me dire ?
CLARA CHAPPAZ
Je vous répondrai la même chose. À ce stade, je ne suis pas candidate à autre chose qu'à être utile à mon pays. Et dans mon portefeuille, il y a des sujets fondamentaux que je porte avec beaucoup de plaisir, avec beaucoup de détermination, et j'ai bien entendu envie de continuer à le faire.
ALEXANDRE PEYROUT
Est-ce que ça veut dire qu'un jour, se frotter aux électeurs, ça peut être quelque chose qui vous intéresse ?
CLARA CHAPPAZ
Ah oui, si vous me demandez si j'ai peur de me frotter aux électeurs ; absolument pas. Je pense que quand on s'engage en politique, c'est quelque chose d'absolument fondamental un jour, de se confronter aux électeurs, et je le ferai en temps utile.
ALEXANDRE PEYROUT
Très bien, merci beaucoup Clara CHAPPAZ d'avoir été notre invitée ce matin sur France Info.
CLARA CHAPPAZ
Merci beaucoup.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 28 juillet 2025