Texte intégral
Monsieur le Maire,
Monsieur le Président, Cédric LEMARIÉ
Mesdames, Messieurs,
Qu'est-ce que le sport, si ce n'est un langage universel, un appel à l'égalité réelle, un espace où l'on se révèle, où l'on se dépasse, où l'on grandit ensemble ?
Et aujourd'hui, à Lyon, ville de courage et de résistance, ville d'humanisme et d'hospitalité, nous sommes réunis pour dire haut et fort que cet idéal est le nôtre.
Que la dignité de chacun, le respect de toutes et tous, l'égalité réelle, ce ne sont pas des options.
Ce sont des fondements.
Des fondements universels, inscrits au cœur de nos combats républicains.
La République, ce n'est pas un drapeau que l'on agite selon les circonstances.
C'est une exigence de tous les instants.
L'exigence de liberté, d'égalité, de fraternité, de laïcité pour toutes et tous, sans exception.
Depuis 1992 et cette première édition fondatrice à La Haye, les Eurogames n'ont cessé de grandir, de s'affirmer, d'essaimer un message clair sur notre continent : le sport est un miroir de notre société.
Plus de 5 400 participants, épaulés par 850 bénévoles, venus de 95 pays, pour pratiquer ensemble 32 disciplines sportives.
Mais surtout, pour affirmer que la diversité n'est pas un risque : c'est une force.
Que l'inclusion n'est pas une concession : c'est un progrès.
Que l'égalité n'est pas une faiblesse : c'est un pilier.
Je veux ici dire combien la France est heureuse de vous accueillir.
Et fière de défendre, avec vous, un sport plus juste, plus ouvert, plus égalitaire.
Parce que la génération de l'égalité ne se construira pas sans un sport respectueux de toutes et tous.
Sans un sport qui refuse catégoriquement toutes les discriminations, qu'elles soient fondées sur l'orientation sexuelle, l'origine réelle ou supposée, le handicap visible ou invisible ou la situation sociale.
Et je veux rappeler l'engagement total du Gouvernement français, à travers la DILCRAH placée sous mon autorité et qui a accompagné la candidature de Lyon dès 2022 et avec notre soutien financier renforcé cette année encore.
Cet événement est aujourd'hui une mesure à part entière du Plan national pour l'égalité, contre la haine et les discriminations anti-LGBT+ 2023-2026.
Ce plan, c'est notre feuille de route collective pour éradiquer la haine, garantir l'égalité des droits et construire une société où chacun peut être soi-même : exister sans peur, aimer sans honte, vivre sans masque.
Il mobilise toutes les forces vives de notre pays : ministères et administrations, collectivités, écoles et universités, forces de l'ordre, magistrats, associations, entreprises.
Car nous savons qu'aucune transformation n'est possible sans cet élan commun.
Je veux ici dire toute ma reconnaissance aux associations, aux centres LGBT+, aux militantes et militants qui, partout dans l'Hexagone et en Outre-mer, sont des vigies de la République et les ambassadeurs de ce combat.
Ils sont des partenaires indispensables et exigeants des pouvoirs publics.
Et je le dis ici : ils trouveront toujours mon soutien plein et entier.
Au mois de mai dernier, j'ai réuni le premier comité de suivi de ce plan national.
À mi-parcours, 85 % des 117 mesures sont déjà engagées : un peu plus d'un tiers est déjà effectif, la moitié en cours de déploiement.
Cela signifie une chose, essentielle : l'action avance.
Mais nous savons qu'il reste tant à faire.
Car la haine anti-LGBT+ continue de discriminer, de blesser, de cyberharceler, d'humilier, de frapper, de meurtrir, de tuer ou de pousser au suicide.
Chaque acte doit être sanctionné, systématiquement.
De la même manière et je le dis avec force : les discours homophobes et transphobes n'ont pas leur place dans notre République.
Ce ne sont pas des opinions.
Ce ne sont pas des traditions.
Ce ne sont pas des sensibilités qu'il faudrait comprendre ou ménager.
Ce sont des délits.
Aucune foi, aucune conviction, aucune culture ou sensibilité personnelle ne saurait jamais se placer au-dessus des lois de la République et de ses valeurs.
Aucune ne justifie l'humiliation, l'injure ou l'agression contre une personne en raison de son orientation sexuelle ou de son identité de genre.
La liberté de conscience et la liberté d'expression sont des piliers de notre démocratie mais elles ne seront jamais des alibis pour discriminer ou pour appeler à la haine ou à la violence.
Et lorsque cette violence s'exprime dans un stade, dans un vestiaire, sur un terrain ou en tribune, elle ne devient pas plus acceptable.
Le sport doit rester ce qu'il est censé être : un espace de dépassement de soi, d'égalité, de fraternité, de respect.
C'est pourquoi nous avons agi.
La loi olympique du 19 mai 2023 impose désormais une peine complémentaire d'interdiction judiciaire de stade à toute personne tenant des propos discriminatoires à l'encontre des personnes LGBT+ lors d'évènements sportifs.
Elle s'ajoute aux sanctions déjà prévues par le Code pénal contre les infractions à caractère homophobe et transphobe.
Cette disposition vise à rappeler que le respect de chacun n'est pas optionnel, même – et surtout – dans l'effervescence du sport.
Elle a été rappelée avec force dans notre circulaire du 6 mars 2025 relative à la prévention des violences dans le cadre des rencontres de football.
Et j'en appelle solennellement ici à toutes les ligues et fédérations sportives que je sais déjà particulièrement mobilisées et engagées sur le sujet : interrompez immédiatement toute rencontre en cas d'insultes homophobes ou transphobes.
Et prononcez-en l'arrêt total en cas de récidive.
Cela ne doit plus être l'exception.
Cela doit devenir la règle : une règle claire, constante, intransigeante.
Je veux aussi évoquer un symbole fort de notre action, un symbole qui a marqué l'histoire et nos cœurs : la Maison des Fiertés, que j'ai eu l'honneur et la joie d'inaugurer lors des Jeux Olympiques et Paralympiques de 2024.
Au cœur de Paris, cette Maison fut bien plus qu'un lieu.
Elle fut un espace de célébration et de fierté, bien sûr, mais aussi un espace d'accueil, de bienveillance, d'écoute et de protection.
Un espace qui disait au monde entier que la France est fière de ses diversités et qu'elle les défendra toujours.
Je veux ici saluer l'engagement exemplaire de Fier-Play, de la Fondation FIER, et de l'ensemble des partenaires qui ont permis de faire de cette Maison un lieu vivant, rayonnant, qui a accueilli des milliers de personnes dans un esprit de fête, de solidarité et de partage.
Car c'est cela la France que nous voulons : une France qui protège, rassemble et honore la dignité humaine.
Une France qui porte haut, sur la scène européenne et internationale, cette conviction forte : l'égalité n'est jamais acquise, elle se défend, elle se vit.
Nous avons malheureusement appris que l'histoire n'avançait pas toujours en ligne droite.
Qu'il suffit parfois d'un silence, d'une indifférence pour que l'égalité vacille et que des avancées se transforment en reculs.
Et ce souffle, nous le voyons se lever aujourd'hui : partout dans le monde, et même en Europe, les droits LGBT+ sont attaqués.
Et au mois d'avril, en Pologne, lors du Conseil de l'Union européenne des Ministres de l'Égalité, j'ai réaffirmé la position de la France : les libertés et les droits humains ne souffrent aucune exception.
Pas de relativisme. Pas d'accommodement.
Ils s'appliquent partout, tout le temps, pour tout le monde.
La France continuera de porter cette voix avec force auprès de ses partenaires européens et dans toutes les instances internationales.
Et elle continuera d'apporter son soutien plein et entier aux organisations qui, partout dans le monde, défendent la liberté d'être soi-même.
Mesdames, Messieurs,
Vous êtes bien plus que des athlètes.
Vous êtes bien plus que des responsables associatifs ou institutionnels.
Vous êtes des combattants de l'égalité.
Dans cette grande famille du sport européen, vous donnez à voir un monde où le sport n'exclut personne, un monde où l'on est reconnu tel que l'on est, un monde où l'on peut courir, sauter, lancer, nager, danser, se dépasser, sans jamais avoir à renier son identité, ni à cacher son amour.
Vous êtes la preuve vivante que le sport peut changer la société et que la société peut changer le sport.
Alors, poursuivons ensemble ce chemin.
Ne lâchons rien.
Restons vigilants, exigeants, audacieux.
Car la véritable victoire n'est pas celle d'un score ou d'une médaille.
La véritable victoire, c'est celle de l'égalité, de la liberté, de la dignité.
La victoire qui nous rend pleinement humains.
Je vous souhaite des Eurogames fraternels, exigeants, inspirants et inoubliables.
Et surtout, je vous souhaite de continuer à faire rayonner partout cet idéal qui nous rassemble aujourd'hui : un sport libre, un sport juste, un sport qui honore chacune et chacun.
Je vous remercie.
Source https://www.dilcrah.gouv.fr, le 29 juillet 2025