Texte intégral
APOLLINE DE MALHERBE
Bonjour Maud BREGEON.
MAUD BREGEON
Bonjour.
APOLLINE DE MALHERBE
Vous êtes porte-parole du Gouvernement. Et la bataille fait rage dans l'hémicycle, avec cette bataille du budget, jour après jour. Alors, je dois vous avouer que j'ai tout tenté pour comprendre, jusque tard encore hier soir, parce que ça se joue jusqu'à minuit. Est-ce que vous pouvez simplement me dire où on en est ? C'est quoi la situation là ?
MAUD BREGEON
D'abord, rappeler une chose très simple. Il y a trois semaines, le Premier ministre s'est engagé sur une chose : ne pas utiliser le 49.3. Et qu'est-ce qu'on voit depuis trois jours ? On voit un hémicycle qui est rempli, avec des débats qui sont techniques, qui sont exigeants, qui sont longs, mais qui sont de bonne qualité. On a parlé du gel du barème, on a parlé de l'impôt sur les sociétés. Sur certains sujets, on arrive à aller vers du compromis. Et moi, aujourd'hui, je vois des parlementaires dont les Français peuvent être fiers. Les Français peuvent être fiers de leur représentation nationale. J'ai été marquée, dans ma circonscription, de l'image qu'on a pu donner en 2022, en 2023. Les gens nous disaient : l'Assemblée nationale, qu'est-ce que ça doit être difficile ? Eh bien, aujourd'hui, on a une Assemblée nationale qui fait son travail. Voilà. Qui fait son travail.
APOLLINE DE MALHERBE
Qui fait son boulot. Ils se parlent les uns, les autres, avec, parfois, des alliances de circonstances un peu baroques. Mais concrètement, je me suis même posé la question hier, de savoir. C'est-à-dire, non seulement, je ne comprends plus forcément où est-ce qu'on en est, sur quel budget on va atterrir à la fin, mais je me suis même demandé qui était socialiste, si c'était le Parti socialiste ou si c'était vous, les macronistes.
MAUD BREGEON
Ce ne sera ni un budget socialiste, ni un budget macroniste, ni un budget Les Républicains. Tout le monde voit à l'Assemblée nationale…
APOLLINE DE MALHERBE
Mais jusqu'où vous allez aller, Maud BREGEON, dans le reniement du macronisme ?
MAUD BREGEON
Si c'était un budget socialiste, il y aurait dedans la taxe Zucman. Si c'était un budget macroniste, on n'aurait pas mis la suspension de la réforme des retraites. Mais les Français ne sont pas idiots. Ils voient bien ce qu'est l'Assemblée nationale aujourd'hui, est extrêmement fragmentée, à l'image du pays, d'ailleurs. Et donc ça nécessite que chacun défende ses positions. Et c'est bien légitime. C'est ce que font notamment les députés du groupe auquel j'appartenais, Ensemble pour la République. Et puis ensuite, d'être en capacité de faire ce bout de chemin pour éviter que le pays soit bloqué.
APOLLINE DE MALHERBE
Alors, vous avez mentionné la taxe Zucman, vous avez mentionné la question du gel du barème, de l'impôt sur les sociétés. On va quand même rentrer dans le dur. Cette taxe Zucman, vous dites : "Si c'était un budget socialiste, il y aurait la taxe Zucman". Concrètement, vous allez quand même l'analyser, sans doute mercredi, ou au plus tard vendredi, vous allez en débattre. Au moment où on se parle, vous ne pouvez pas dire : "Il n'y aura pas de taxe Zucman dans ce budget" ?
MAUD BREGEON
Le Gouvernement est opposé et restera opposé à la taxe Zucman. Et on ne l'est pas par dogmatisme, on ne l'est pas par volonté de blocage. Mais on ne peut pas faire n'importe quoi avec l'emploi. On ne peut pas faire n'importe quoi avec l'innovation. On ne peut pas faire n'importe quoi avec les entreprises. On doit préserver l'emploi. On doit préserver ce qui marche en France. Pour autant, on est évidemment ouvert à discuter d'une meilleure répartition de l'effort devant l'impôt. Et c'est ce que propose ce budget sur la taxe, sur ce qu'on appelle le sur-IS, le sur-impôt sur les sociétés, qui touche 440 grandes entreprises.
APOLLINE DE MALHERBE
Que vous avez fait adopté hier soir.
MAUD BREGEON
On est prêt à demander une contribution exceptionnelle aux Français les plus fortunés. On parle de plus de 500 000 euros par an.
APOLLINE DE MALHERBE
On va y venir, on va y venir, mais Maud BREGEON, vous dites qu'il n'y aura pas de taxe Zucman, on est opposé.
MAUD BREGEON
Apolline DE MALHERBE, ce que je veux vous dire, c'est que... Notre position, elle est très claire : on est opposé à la taxe Zucman. Et on verra ce qui se passe dans l'hémicycle. Mais je remarque qu'en commission des finances, la semaine dernière, elle a été rejetée par une majorité de députés.
APOLLINE DE MALHERBE
Donc, vous n'imaginez pas à ce stade que la taxe Zucman puisse trouver une majorité d'ici la fin de semaine pour être adoptée ?
MAUD BREGEON
Je n'ai pas de boule de cristal, mais la position du Gouvernement, elle est constante, elle est claire. Il y a trois semaines, déjà, chez vos confrères du Parisien, Sébastien LECORNU l'avait dit de façon extrêmement claire. Et donc, notre position n'a pas varié.
APOLLINE DE MALHERBE
Alors, vous l'avez vu, les socialistes commencent à parler déjà d'une taxe Zucman aménagée, où, au lieu d'avoir une barre à 100 millions d'euros de patrimoine, on baisse cette barre à 10 millions, où on taxerait donc des patrimoines un peu moins élevés. Et ça toucherait plus de monde, mais ça rapporterait un peu moins. Est-ce que cette version-là, qu'on appelle en quelque sorte Zucman Light ou Zucman 2, pourrait effectivement avoir vos faveurs ?
MAUD BREGEON
En fait, entendez-moi bien. Tout ce qui toucherait demain à l'appareil productif, à l'emploi et à l'innovation, le Gouvernement y sera opposé. Parce qu'encore une fois, ça affaiblit ce que sont aujourd'hui les grands atouts français : ce qui permet aux pays de produire de la richesse, ce qui permet aux pays d'avoir des emplois de bonne qualité, bien rémunérés, et donc, ce qui permet aux gens de vivre mieux. C'est pour ça que nous y sommes opposés. Et vous pouvez l'appeler Zucman, Zucman Light. À partir du moment où ça touche à l'appareil productif, aux usines, aux grandes startups qui créent de l'innovation, nous serons contre. Et ensuite, le droit d'amendement est constitutionnel. Les Députés pourront amender et l'Assemblée nationale se prononcera.
APOLLINE DE MALHERBE
Mais, Zucman 1 ou Zucman aménagé, c'est non ?
MAUD BREGEON
Tout ce qui touche à l'appareil productif, nous y serons opposés.
APOLLINE DE MALHERBE
Et pourtant, vous avez sans doute entendu Olivier FAURE, Maud BREGEON, qui lançait un ultimatum, ici même, vendredi. Il disait : "Si rien n'a bougé avant lundi, on censurera". On est mardi. Est-ce que quelque chose a changé ?
MAUD BREGEON
D'abord, je crois que personne n'est en position de lancer des ultimatums au regard de ce qu'est l'Assemblée nationale. Ni les socialistes, ni nous. Personne, aujourd'hui, n'a le luxe de l'hégémonie et ne peut prétendre imposer son programme et imposer sa vision à l'autre.
APOLLINE DE MALHERBE
Donc, c'est du bluff ?
MAUD BREGEON
Non, je ne dis pas ça. Vous lui demanderez. Vous l'inviterez ici et il vous répondra.
APOLLINE DE MALHERBE
Enfin, en tout cas, vous dites : c'est, au minimum, un ultimatum de papier.
MAUD BREGEON
J'entends des Français qui nous demandent de nous entendre, pas de nous envoyer des lignes rouges et des menaces de censure à la figure. Et je pense qu'on ne peut pas négocier en se balançant des lignes rouges et des menaces de censure. Pour autant, je vois des dialogues avec les socialistes, qui arrivent à être constructifs sur un certain nombre de sujets. Vous parliez de l'impôt sur les entreprises qui a été voté hier. Ça a été voté, parce que ça a été le fruit d'un compromis trouvé entre le Gouvernement et le Parti socialiste.
APOLLINE DE MALHERBE
Dialogue ou deal ?
MAUD BREGEON
Dialogue. En regardant…
APOLLINE DE MALHERBE
Il n'y a pas de deal caché ?
MAUD BREGEON
Il n'y a pas de deal caché, il n'y a pas d'entourloupe, il n'y a pas de plan caché, il n'y a pas de loup. Il y a un cadre qui est clair : un budget qui est un point de départ, qui s'appuie sur deux-tiers de réduction des dépenses et un tiers d'efforts demandés aux Français, et notamment aux Français les plus fortunés. Il y a l'engagement de ne pas utiliser le 49.3 et de permettre un débat sur la réforme des retraites dans l'hémicycle.
APOLLINE DE MALHERBE
Mais on est bien d'accord qu'au moment où on se parle, à partir du moment où en effet, l'outil du 49.3 est un outil auquel vous avez renoncé, vous n'êtes pas en mesure de nous dire qu'absolument, totalement, il n'y aura pas de taxe Zucman dans ce budget ?
MAUD BREGEON
Nous n'avons pas 350 députés dans l'hémicycle.
APOLLINE DE MALHERBE
... complètement vous échapper ?
MAUD BREGEON
Donc, je ne peux pas me comporter devant vous comme si nous avons une majorité absolue. Les Français n'ont pas voté pour ça. Moi, je suis là pour vous donner la position du Gouvernement.
APOLLINE DE MALHERBE
Mais est-ce que vous, vous accepteriez de rester porte-parole d'un Gouvernement ? Est-ce que Sébastien LECORNU, lui-même, acceptera de rester Premier ministre d'un Gouvernement qui devra faire appliquer un budget qui serait aussi éloigné de vos convictions ?
MAUD BREGEON
Vous savez, je ne peux pas vous dire "On ne va pas utiliser le 49.3. L'Assemblée est souveraine. Je respecte le vote des Français qui a eu lieu en juin 2024". Et en même temps, arriver devant vous avec une forme de mépris sur les votes qui seraient issues de la représentation nationale. Ce que je vous dis, c'est que nous, on va se battre pour défendre nos positions en étant toujours dans un esprit de dialogue et de construction, avec les parlementaires qui le veulent. Et on les connaît. Je peux vous dire, aujourd'hui, qui veut que ça marche et qui refuse le dialogue. Ceux qui veulent que ça marche, en tout cas qui ont accepté de rentrer dans le débat, ont refusé la censure il y a dix jours. Et donc, c'est avec eux qu'on doit pouvoir construire aujourd'hui.
APOLLINE DE MALHERBE
C'est eux, le bloc commun ? Il existe encore, ce bloc commun ? C'est qui le bloc commun ?
MAUD BREGEON
Il y a aujourd'hui une majorité absolue de députés à l'Assemblée nationale, qui privilégient le débat au désordre. Et les socialistes en font partie, les Républicains en font partie, Renaissance en fait partie, Horizon, le Modem en font partie. Et c'est à partir de ça qu'on doit travailler. Mais vous savez, personne ne demande à l'autre de changer complètement. Moi, je suis plutôt de la droite, je ne vais pas devenir socialiste demain. De même que je ne demande pas à Olivier FAURE de prendre sa carte à Renaissance ou chez les Républicains. Mais on doit, encore une fois, parce qu'on n'a pas le choix, arriver à discuter.
APOLLINE DE MALHERBE
Vous avez dit, Maud BREGEON : "Personne n'est en mesure de lancer un ultimatum et on ne va pas avancer à coup de je te censure, je te censure pas". Philippe BRUN, qui est aujourd'hui le vice-président de la commission des finances de l'Assemblée, et qui est le pilier du Parti socialiste sur les questions budgétaires, me disait hier, sur BFMTV qu'au fond la question n'était même plus celle d'une censure ou pas de censure. Il disait : "il y a un calendrier". Mardi, mardi qui vient, mardi 4 novembre, si la première partie du budget n'a pas été votée, alors, pour lui, il était automatique que Sébastien LECORNU démissionnerait. Parce qu'il dit : "si nous n'avons pas réussi à voter cette première partie du budget, alors, ça veut dire qu'on n'arrivera pas à voter ce budget, et donc il n'y a pas de sens à rester Premier ministre". Qu'est-ce que vous répondez à ça ?
MAUD BREGEON
Il y a un contraste flagrant entre le temps médiatique et les paroles qu'on peut avoir, où on voudrait que tout aille très vite, et le temps législatif. Là, il y a une première lecture à l'Assemblée nationale. Elle va durer au moins jusqu'à mardi prochain, elle peut durer plus longtemps d'ailleurs. Ensuite, le Sénat étudiera ce projet de budget. De là, il y aura ce qu'on appelle une commission mixte paritaire, c'est-à-dire un organe qui réunit des Sénateurs et des Députés. Peut-être qu'elle sera conclusive, peut-être pas. Et si ça ne l'est pas, il y aura une seconde lecture, encore une fois, à l'Assemblée nationale et au Sénat. Ce que je veux vous dire et ce que je veux dire à vos téléspectateurs, c'est qu'en fait, on a une dizaine de semaines devant nous. Ça va prendre du temps, ça va être exigeant, parfois ce sera tendu. Mais il faut prendre ce temps, et il faudra…
APOLLINE DE MALHERBE
Mais on aura un budget.
MAUD BREGEON
Et il faudra qu'on ait un budget au 31 décembre. C'est absolument majeur.
APOLLINE DE MALHERBE
Donc, si toutefois, cette première étape vous laissait déjà entendre que vous aurez beaucoup de mal à obtenir un budget, aucune conséquence ne sera décidée à ce moment-là.
MAUD BREGEON
C'est évidemment un processus qui est extrêmement difficile.
APOLLINE DE MALHERBE
Vous connaissez également le calendrier de la Constitution, qui fait que s'il devait y avoir dissolution, ce sera très compliqué de le faire après le 15 novembre.
MAUD BREGEON
Personne ne dit que c'est facile. Nous, on est au travail pour essayer de faciliter les échanges à l'Assemblée nationale, d'éclairer les débats. Pourquoi voudriez-vous qu'on se projette dans une dissolution, dans une censure de Gouvernement, alors qu'on est, en ce moment même, en train de discuter de sujets aussi importants que la CVAE, notamment pour les petites entreprises, demain l'année blanche sur un certain nombre de prestations sociales ? C'est ça qui intéresse les gens. Pas de se perdre en conjecture sur ce qui arriverait avec des maids et des sillons, on pourrait mettre Paris en bouteille.
APOLLINE DE MALHERBE
La question de la santé, parce qu'il devait y avoir notamment, et ça faisait partie de vos propositions, enfin propositions émergeantes du Gouvernement, Maude BREGEON, une surtaxe sur les mutuelles. Ça a finalement sauté, si je comprends bien. Encore une fois, c'est presque, on vit au jour le jour et heure par heure. Ça veut dire que, contre votre avis, les tarifs des mutuelles ne devraient pas évoluer. C'est quand même très important pour tous ceux qui nous écoutent.
MAUD BREGEON
C'est très important. Il y avait un premier projet. On savait que certaines choses seraient modifiées par l'Assemblée nationale. Et encore une fois, c'est légitime. Moi, ce que je veux vous dire sur ce budget de la Sécurité sociale, c'est qu'il comporte une hausse de 5 milliards d'euros. Pourquoi je vous dis ça ?
APOLLINE DE MALHERBE
Ça veut dire qu'une hausse de 5 milliards d'euros qui seront sur le coût des médicaments, le non-remboursement, la question des franchises.
MAUD BREGEON
Une hausse de dépenses ! Une hausse de dépenses de 5 milliards d'euros. On va dépenser, en 2026, 5 milliards d'euros de plus pour l'assurance-maladie que ce qu'on a fait en 2016.
APOLLINE DE MALHERBE
5 milliards de plus ! Mais avec beaucoup de points qui vont être sur le dos quand même d'un certain nombre de malades.
MAUD BREGEON
Mais 5 milliards de plus que ce qu'on a dépensé cette année, ce n'est pas un budget de régression sanitaire.
APOLLINE DE MALHERBE
Mais est-ce que ça veut dire que la santé gratuite pour tous, c'est fini ?
MAUD BREGEON
Prenons un exemple. Les franchises médicales, la participation qu'on demande aux Français quand vous allez acheter un médicament ou quand vous allez chez le médecin. On propose effectivement un doublement de cette franchise, de cette participation pour certains Français. En parallèle, je pense que beaucoup de gens l'ignorent, il y a 18 millions de Français qui sont totalement exonérés de franchises. Qu'est-ce qu'on dit ? On dit : "En fait, peut-être que vous et moi, Apolline DE MALHERBE, il y a un certain nombre de Français, au regard de ce qu'est le déficit de l'assurance-maladie, 25 milliards d'euros cette année, 40 milliards en 2030 si on ne fait rien, peut-être que nous, on a les moyens de payer un peu plus. À l'inverse, les 18 millions de Français qui sont complètement protégés aujourd'hui, peut-être faut-il qu'il y en ait encore davantage ?
APOLLINE DE MALHERBE
Donc, ça veut dire qu'une relation de santé à deux vitesses, ceux qui ont les moyens paieront la santé, ceux qui n'en ont pas les moyens paieront moins ?
MAUD BREGEON
Mais Apolline DE MALHERBE, c'est déjà le cas, aujourd'hui, quand je vous dis que 18 millions de personnes sont complètement exonérées, et peut-être qu'il y a des populations qu'il faut davantage protéger. Donc, on est prêt à réfléchir, mais oui, il y aurait quelque chose d'assez étonnant.
APOLLINE DE MALHERBE
Mais est-ce que vous ne vous dites pas, c'est toujours les mêmes. J'ai eu ce matin le témoignage sur RMC d'une auditrice, elle s'appelle Véronique, elle vit dans l'Ain. Elle n'arrive plus à payer ses factures d'électricité comme un tiers des Français. Les chiffres, ce matin, du Régulateur de l'énergie le montrent, ce sont un tiers des Français qui ont du mal à payer leurs factures d'électricité. Elle a tout réduit. Elle vit à 16 degrés maximum dans une salle des pièces, les autres, elle ne les chauffe même plus. Et pourtant, elle a un travail, elle est enseignante dans une auto-école, elle gagne 1 500 euros par mois, et elle ne s'en sort pas, elle a parfois jusqu'à... Il lui reste 150 euros à la fin du mois pour réussir à manger. Comment est-ce que c'est possible que vous vous disiez, elle, elle travaille, donc, elle paye la sécu, et elle va devoir quand même, elle, faire partie de ces Français qui vont payer un peu plus ses médicaments ?
MAUD BREGEON
Mais c'est ces gens-là qu'il faut protéger, Apolline DE MALHERBE.
APOLLINE DE MALHERBE
Mais aujourd'hui, elle ne l'est pas.
MAUD BREGEON
Et quand je vous dis qu'on est prêt à réfléchir à élargir le nombre de personnes…
APOLLINE DE MALHERBE
Je vous parle de gens qui sont censés gagner leur vie.
MAUD BREGEON
Et on en a bien conscience. Et c'est pour ça que je vous dis qu'on est prêt à réfléchir à comment élargir cette protection, et que toutes les discussions qui on eut lieu, en ce moment, à l'Assemblée nationale, elles visent à protéger notamment les personnes dont on parle là. Vous savez, j'entendais Olivier FAURE qui disait l'autre jour : "Nous, on ne veut pas taxer les riches pour taxer les riches, mais on veut essayer de protéger tant que possible les Français les plus modestes".
APOLLINE DE MALHERBE
Ça, vous pourriez dire la même chose. J'imagine que la personne ne va dire l'inverse.
MAUD BREGEON
Et on est tous d'accord là-dessus. Donc, sans faire fi du contexte budgétaire qui est extrêmement contraint, on essaie tous de travailler avec bonne foi, à faire en sorte que les Français qui travaillent ne paient pas davantage l'année prochaine.
APOLLINE DE MALHERBE
Maud BREGEON, il y a eu 50 000 voyageurs SNCF, hier, qui se sont retrouvés dans une galère insupportable. Et semble-t-il qu'il s'agirait d'actes, au minimum, malveillants, voire même d'une forme de sabotage, et par ailleurs aussi de la question du vol de câbles en cuivre. Le ministre des Transports a reconnu une forme de vulnérabilité du réseau. Est-ce qu'on peut se contenter de cette réponse ?
MAUD BREGEON
C'est absolument insupportable. Je voyais le chiffre de 70 000 voyageurs impactés, des gens qui partaient en vacances, on est la deuxième semaine des vacances de la Toussaint, ou qui en revenaient. Ce genre de situation est absolument inadmissible. Et moi, j'ai toute confiance dans nos services de gendarmerie qui ont été saisis de l'enquête pour que les personnes qui sont responsables de ces actes de vandalisme soient retrouvées et qu'elles puissent être jugées. Il faudra qu'il y ait une réponse pénale, évidemment, à la hauteur. Je voudrais quand même dire que sur ce genre d'enquête, on a des résultats. Il y a eu, peut-être que vous vous en souvenez, sur la ligne Sud-Est en Saône-et-Loire, des vols de câbles, il y a quelques temps, qui avaient causé de graves retards.
APOLLINE DE MALHERBE
Le procès a lieu.
MAUD BREGEON
Les interpellations ont eu lieu, le procès a lieu, et donc, ça prouve bien que nos services d'enquête sont efficaces et qu'ils avancent. Et enfin, je voudrais quand même terminer en remerciant les équipes de SNCF Réseau qui ont fait un travail absolument remarquable face à l'ampleur des dégâts qui ont été causés hier. Ce matin, le trafic a repris de façon quasi normale. Et donc, on peut vraiment les remercier. C'est un travail de grande rapidité et de grande qualité dont on peut être fiers.
APOLLINE DE MALHERBE
Maud BREGEON, vous êtes plutôt BOURNAZEL ou DATI ?
MAUD BREGEON
Vous savez, moi, je suis porte-parole du Gouvernement et je n'ai pas à m'exprimer, aujourd'hui, sur des affaires de parti dans une ville dans laquelle je ne vis pas.
APOLLINE DE MALHERBE
Vous êtes quand même aussi très engagée sur les questions politiques et on voit bien que c'est en ce moment même que se jouent les choix de qui pour porter les couleurs Renaissance aux élections municipales. Le choix de Pierre-Yves BOURNAZEL semble être celui qui serait acté par votre parti. Rachida DATI, c'est votre collègue dans le Gouvernement. On fait comment, ça ?
MAUD BREGEON
On verra ce que dira Renaissance. Et moi, encore une fois, à la position qui est la mienne, je n'ai pas à m'immiscer dans les affaires partisanes. Ce que je peux dire, en revanche, c'est que j'espère que, le moment venu, je ne sais pas quand, nous arriverons à nous unir parce que Paris, c'est important, parce que l'avenir de Paris nous oblige. Et donc, j'espère que, un moment ou un autre, l'Union arrivera à se faire.
APOLLINE DE MALHERBE
Mais on arrive à cette même question que je vous posais tout à l'heure et dont je n'ai pas vraiment compris la réponse, qui est, c'est quoi le socle commun ?
MAUD BREGEON
Moi, ma conviction, ça a toujours été qu'aujourd'hui, comme demain, pour faire un budget, comme pour les prochaines grandes échéances, l'union de la droite et du Centre. Voilà, c'était le sens des choses. Ce qu'on a construit avec…
APOLLINE DE MALHERBE
C'est en train de devenir surtout l'union du Centre et du Parti Socialiste.
MAUD BREGEON
Ce qu'on a construit avec ce socle commun qui a été réalisé par Michel BARNIER, poursuivi par François BAYROU. Encore aujourd'hui, avec Sébastien LECORNU, avec des députés LR qui ont refusé de censurer le Gouvernement, avec des ministres LR qui ont accepté de l'intégrer, ça, ça a du sens.
APOLLINE DE MALHERBE
Oui, mais Maud BREGEON, il y a quand même des moments, j'imagine, où vous êtes prise de vertige, où vous vous dites : "Moi, je suis rentrée en politique, j'ai défendu le macronisme et je me retrouve porte-parole d'un Gouvernement où je suis obligée de défendre des points, la suspension de la réforme des retraites". Peut-être demain, en tout cas cette nuit déjà, une surtaxe d'un certain nombre d'entreprises. C'est l'inverse de ce pour quoi vous vous êtes engagée.
MAUD BREGEON
D'abord, la politique, ce n'est pas toujours simple. Et ensuite, je n'ai pas retourné ma veste. Mes convictions sur la réforme des retraites, elles sont connues. Les convictions de Sébastien LECORNU sur la réforme des retraites, elles sont connues. Mais on ne peut pas faire comme s'il ne s'était rien passé ces trois dernières semaines. On ne peut pas faire comme si le résultat des dernières législatives n'existait pas.
APOLLINE DE MALHERBE
Merci, Maud BREGEON, porte-parole du gouvernement, d'avoir répondu à mes questions ce matin.
MAUD BREGEON
Merci à vous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 29 octobre 2025