Texte intégral
MAXIME LLEDO
Il est 8h13 sur Sud Radio et mon invitée politique ce matin est Stéphanie RIST, ministre de la Santé, des Familles, de l'Autonomie et des Personnes handicapées. Bonjour madame la ministre.
STÉPHANIE RIST
Bonjour.
MAXIME LLEDO
Merci beaucoup d'être avec nous ce matin. Énormément de sujets à voir avec vous, naturellement, après le vote et les différents votes, la volonté de lutter contre la faute sociale, les différentes idées qui se mettent en place dans le budget, le ministre du Travail qui alerte sur un déficit de la sécurité sociale qui serait élevé. On va y venir, donc je vous demanderai, avec le nombre de sujets qu'on a évoqués, d'être le plus concret et le plus pédagogue possible.
Première question pour commencer. Hier, le Sénat votait notamment des dispositions pour lutter contre la fameuse fraude sociale marronnier qui revient très régulièrement. Gabriel ATTAL en avait déjà fait un cheval, on va dire, de bataille.
Ma première question est toute simple. Alors qu'on a en réalité un Haut Conseil pour le financement de la protection sociale qui estime que ce manque à gagner équivaut à près de 13 milliards d'Euros, mais que la sécurité sociale estime qu'elle n'a que 3 milliards d'Euros, on va dire, sur lesquels elle peut aller piocher, comment on peut faire une lutte crédible alors qu'on n'a pas la totalité des fonds de fraude identifiés ?
STÉPHANIE RIST
Deux choses. La première, c'est que depuis le plan de Gabriel ATTAL, on a doublé les sous qu'on récupère de la lutte contre les fraudes. Ça c'est important parce que c'est un engagement des gouvernements ces dernières années pour aller récupérer les sous. Pourquoi ? Parce que c'est ce qui maintient notre pacte social. On ne peut pas demander aux gens de payer des impôts, de payer des cotisations si, par ailleurs, on ne va pas chercher ceux qui fraudent, qui est une petite partie de la population mais sur laquelle il faut lutter très fort.
MAXIME LLEDO
Mais qui coûte visiblement quand même 13 milliards d'Euros.
STÉPHANIE RIST
Tout à fait. C'est tout l'enjeu du texte qui a été voté hier au Sénat, qui va arriver à l'Assemblée nationale en décembre, et qui permet de mieux lutter contre la fraude avec plus de partage d'informations, de données entre les administrations, qui permet de mieux sanctionner, de plus sanctionner. On a renforcé les sanctions pour les gens qui ont des revenus illicites, pour les gens qui fraudent. On a fait en sorte que les versements d'allocations chômage, par exemple, ne soient que sur des comptes en France ou dans les pays de l'Union Européenne. Un ensemble de mesures qui sont parfois très techniques, mais qui vont donner à nos administrations plus d'outils, plus de force pour aller chercher ces milliards qui relèvent de la fraude.
MAXIME LLEDO
Mais est-ce une lutte crédible ? Parce que j'aimerais que vous essayiez de répondre concrètement à cette question. On a en effet une fraude évaluée à 13 milliards. Globalement, il n'y en a que 2 ou 3 milliards parfaitement et clairement identifiés par les organismes de la sécurité sociale. Ça veut dire qu'il reste quand même 10 milliards totalement dans la nature. Est-ce qu'on peut dire que c'est un combat sérieux quand on laisse 10 milliards potentiels de fraude évaporer, aller ailleurs dans la nature ?
STÉPHANIE RIST
C'est pour ça qu'on met en place ces outils.
MAXIME LLEDO
Vous espérez aller plus loin dans les recettes avec ces nouveaux outils, c'est ça ?
STÉPHANIE RIST
On va essayer de prendre beaucoup plus en amont. Je vous donne un exemple concret. Vous avez des entreprises qui sont appelées des entreprises éphémères qui, à peine ouvertes, se ferment et disparaissent. Dans ces cas-là, une fois qu'elles ont disparu, vous ne pouvez plus aller les taxer. Ce qu'on met dans ce texte, ce sont des outils qui permettent de se dire que cette entreprise-là est faite par bande organisée d'escrocs et elle va faire de la fraude, donc on va la taxer avant qu'elle ferme. C'est ça ce texte de loi.
MAXIME LLEDO
Est-ce que vous avez un chiffre à nous donner quant à l'argent que vous estimez pouvoir récupérer avec ces nouveaux dispositifs ?
STÉPHANIE RIST
Je ne m'aventurerai pas sur un chiffre. Ce que je peux dire, c'est que depuis le plan de Gabriel ATTAL, on a doublé les chiffres de recouvrement et qu'il faut qu'on poursuive cet effort.
MAXIME LLEDO
On est à combien aujourd'hui ?
STÉPHANIE RIST
Mais vous savez, en parlant en milliards, je pense que ça ne répond pas à la question des gens qui nous écoutent.
MAXIME LLEDO
On est à combien, aujourd'hui d'argent récupéré ?
STÉPHANIE RIST
Je n'ai pas le chiffre exact en tête. Ce que je sais, c'est que ça a doublé, que je pense qu'il faut qu'on lutte beaucoup plus sur la fraude et c'est tout l'enjeu de ce texte de loi.
MAXIME LLEDO
Parmi les nouvelles dispositions votées hier au Sénat, vous l'avez évoquée, la volonté de partager les données entre les différentes agences et une disposition qui fait énormément parler, notamment l'autorisation pour France Travail et les organismes de sécurité sociale d'avoir accès à des données sensibles, des données de compagnies aériennes, des opérateurs téléphoniques. N'est-ce pas une traque légèrement injustifiée et est-ce qu'on ne donne pas trop de pouvoir à ces agences-là ?
STÉPHANIE RIST
C'est un débat qui est très intéressant, qu'on a eu hier au Sénat. Vous avez ceux qui disent que ça empiète sur les libertés individuelles et d'autres qui disent qu'il faut donner tous les moyens pour cette lutte contre la fraude. Moi, je fais confiance vraiment au débat du Parlement qui a acté au Sénat hier cette mesure. Nous verrons à l'Assemblée la poursuite de ce débat et je crois que la construction de ce texte au Parlement se fera avec un équilibre à la sortie du texte.
MAXIME LLEDO
Question justement, parce qu'on parle aussi des fraudeurs. Pourquoi ne pas s'intéresser à nos amis Américains ? C'est un sujet qu'on évoque beaucoup ces dernières semaines. On voit que des retraités américains viennent en France grâce à un dispositif initié depuis une loi de 2016. En réalité, se faire soigner par le système français. Est-ce qu'il n'y a pas là, tout de suite, des mesures très concrètes rapidement à prendre pour lutter contre ce système-là qui est de l'abus puisque les contribuables français payent pour le confort d'amis Américains ?
STÉPHANIE RIST
Oui, alors ça a été un débat du budget de la Sécurité sociale ce week-end qui va évoluer avec le passage au Sénat pour lequel j'avais donné un avis, effectivement, de sagesse qui permet d'adopter l'amendement qui était prévu. Il faut savoir que ce sont des conventions diplomatiques entre les États. Donc c'est une discussion qui doit se faire aussi de façon diplomatique. On avance et c'est vraiment dans le cadre du budget de la Sécu.
MAXIME LLEDO
Et vous, en tant que ministre de la Santé, qu'est-ce qu'il faudrait prendre ? Il faut mettre fin à ce système-là, par exemple, vous, en tant que ministre de la Santé ?
STÉPHANIE RIST
Je crois qu'il n'y a pas de tabou et qu'il faut ouvrir ce débat. Ce sont des gens qui ont vécu en France, qui ont cotisé. Il faut voir à quel point ils ont le droit aux prestations sociales ou pas et remettre ces conventions sur la table.
MAXIME LLEDO
L'actualité qui arrive désormais, c'est donc le projet de finance de la Sécurité sociale qui va arriver de plein fouet au Sénat avec, on va dire, un déficit aggravé, plus 6,8 milliards de déficit supplémentaire quand on voit ce qui a été voté ces dernières heures à l'Assemblée nationale. Aujourd'hui, il y a le ministre du Travail, Jean-Pierre FARANDOU, dans Le Parisien, qui nous dit : "Il nous manque beaucoup d'économies et le texte initial devait ramener le déficit à 17,5 milliards". Aujourd'hui, le chiffre officiel, c'est lequel ? Avec tout ce qui a été voté aujourd'hui, le déficit de la Sécurité sociale s'établit au montant faramineux de…
STÉPHANIE RIST
Aujourd'hui, on est plutôt aux alentours de 25-26 milliards de déficit après le texte à l'Assemblée. Mais on est dans des discussions, on est tout au début du cheminement de ce texte du budget de la Sécurité sociale. Notre objectif avec le Gouvernement, la copie initiale du texte était de passer de 23 milliards en 2025 à 17 milliards en 2026. Il faut qu'on arrive à baisser ce trou de la Sécu. Pourquoi ? Pas simplement pour faire joli, mais parce que quand on baisse le trou de la Sécu, ça permet aux Français d'être sûrs d'avoir une protection sociale qui soit pérenne. Donc on a un effort partagé à faire. C'est tout l'objet de ce texte de budget de la Sécurité sociale qui demande un effort à tous pour permettre de baisser ce trou de la Sécu. Le texte va arriver au Sénat, reviendra à l'Assemblée nationale. On va voir à la fin, mais notre volonté au Gouvernement, c'est de garder une copie qui baisse ce trou de la Sécu en dessous des 20 milliards.
MAXIME LLEDO
Et ici, puisque le mot à la mode est celui de compromis, si on ne devait pas arriver précisément à cet objectif voulu de 17,5 milliards pour le trou du financement de la Sécurité sociale, à combien vous estimeriez qu'il serait acceptable d'arriver avec tout ce qui est en train de se magouiller ? Est-ce que par exemple un déficit à 20 milliards, vous pourriez dire : "C'est acceptable, on peut se diriger vers là pour laisser quand même un peu de place à différentes propositions des oppositions" ?
STÉPHANIE RIST
Oui, on est dans une discussion de compromis. Donc on est ouvert à faire évoluer, on n'est pas à 17 milliards pile, ça n'aurait pas de sens.
MAXIME LLEDO
Si ça se stabilise autour de 20 milliards, ça irait.
STÉPHANIE RIST
Mais en dessous des 20 milliards, on est bien… Enfin on est mieux.
MAXIME LLEDO
En tout cas, c'est votre souhait peut-être d'arriver vers cette base-là.
STÉPHANIE RIST
C'est vraiment la trajectoire aussi qu'on envisage pour les années suivantes. Il faut regarder ça avec une projection.
MAXIME LLEDO
Puisque justement, il y a un déficit, il faut donc avoir des économies. C'est la volonté, c'est notamment le message que martèle Jean-Pierre FARANDOU dans Le Parisien ce matin, la volonté d'économie. Où est-ce que vous allez faire des économies désormais ? Quelles sont vos cibles identifiées ?
STÉPHANIE RIST
Alors dans le budget de la Sécurité sociale, on a des efforts, donc des économies qui sont demandées à tous. On a des mesures sur les franchises. Vous savez, ces forfaits de responsabilité qui font qu'on va doubler le prix de la boîte de médicaments ou de la consultation chez le médecin. Je rappelle d'ailleurs que les Français les plus fragiles ne les payent pas, ces franchises. Et c'est important puisque en tant que ministre de la Santé, je dois protéger les plus fragiles. Donc on doit avoir un débat sur qui paye ou qui ne paye pas ces franchises. Mais ça, c'est un effort demandé aux Français, ceux qui le peuvent le plus. Il y a des efforts demandés sur les professionnels de santé. Il y a des efforts demandés sur l'industrie pharmaceutique avec une baisse des tarifs des médicaments pour 1,6 milliard de baisse donc des efforts importants sur l'industrie pharmaceutique. Il y a des efforts dans ce budget de la Sécurité sociale partagés pour les organismes complémentaires avec une taxe qui rapporterait 1 milliard d'Euros.
Donc vous voyez que tous les secteurs ont des économies demandées. Après, le débat parlementaire fait évoluer le sujet. A l'Assemblée, certaines de ces économies ont été retirées. Nous allons voir comment le débat se fait au Sénat puis de retour à l'Assemblée.
MAXIME LLEDO
Alors entrons justement dans le détail de certaines taxes qui sont voulues. Notamment une taxe qui fait énormément parler, la taxe sur le vapotage. Vous avez vu qu'une pétition est actuellement en ligne. Elle réunit déjà près de 200 000 signatures avec un message qui vous est, d'une certaine manière, adressé qui dit qu'en réalité, la taxe sur le vapotage aurait des conséquences, je cite, désastreuses pour la santé publique et pour l'emploi en France. Qu'est-ce que vous leur répondez ? Vous maintenez ? Non, cette proposition doit être sur la table, elle doit aller dans un certain sens ?
STÉPHANIE RIST
Alors cette taxe est discutée dans le budget et pas le budget de la Sécurité sociale parce que c'est même une taxe sur un produit. A la limite ça ne change pas grand-chose. En tant que médecin… En tant que ministre de la Santé et médecin par ailleurs…
MAXIME LLEDO
Et médecin par ailleurs ; ce n'est pas interdit.
STÉPHANIE RIST
On sait que le vapotage peut être utile au sevrage tabagique. Et moi je défends cette position de dire que tous les outils nécessaires à l'arrêt du tabac doivent être protégés. Les débats ont lieu, vous avez vu…
MAXIME LLEDO
Mais en tant que ministre de la Santé, votre position c'est de dire : "Attention à cette taxe justement pour continuer les gens à sortir du tabagisme."
STÉPHANIE RIST
Je pense que le débat est intéressant, oui. Mais on ne peut pas dire que le Gouvernement met une copie à discuter au Parlement et puis moi de dire : "Voilà ce que je veux à la fin".
MAXIME LLEDO
Non mais en tant que ministre de la Santé, vous pouvez avoir une…
STÉPHANIE RIST
En tant que ministre de la Santé, je dis que les produits utiles à l'arrêt du tabac sont utiles.
MAXIME LLEDO
Autre sujet, autre taxe aussi, on est en France après tout, la taxe fast-food. Vous avez vu que c'est un député écologiste qui propose une taxe de 50 000 Euros à l'ouverture des restaurants franchisés de restauration rapide, puis de 10 000 Euros par année d'exploitation des montants doublés en cas de proximité avec des écoles. Puisqu'on parle de santé publique, on connaît les conséquences de la malbouffe sur la santé, notamment des plus jeunes. Est-ce que cette idée de taxe est quelque chose qui a vos faveurs, madame la ministre ?
STÉPHANIE RIST
Ayant dans ma famille que des restaurateurs, j'ai un point de vue peut-être un peu biaisé. Mais ce que je veux dire, c'est surtout ces sujets de taxes comportementales. C'est-à-dire de taxes qui orienteraient une politique publique de santé publique. Elles peuvent avoir un intérêt quand elles sont accompagnées. Et elles sont parfois aussi assez compliquées parce qu'elles entraînent tout un écosystème, parce qu'elles entraînent de l'emploi, pas mal de choses. Donc ce n'est pas blanc ou noir. C'est vraiment des sujets taxe par taxe.
MAXIME LLEDO
Donc peut-être envisager une taxe fast-food mais pas de cette manière ?
STÉPHANIE RIST
Et je crois que surtout, ça se construit avec les acteurs. Une taxe comportementale qui est efficace se construit avec les acteurs, c'est-à-dire avec les industriels, avec les restaurateurs, etc.
MAXIME LLEDO
Mais une taxe fast-food, sur le principe, même s'il faut la travailler, est-ce qu'elle a votre faveur ?
STÉPHANIE RIST
En tout cas, il faut rechercher la justice. Les taxes, c'est de la justice. Et je crois que dans tout sujet de taxes…
MAXIME LLEDO
Alors, est-ce qu'il faut faire de la justice sur les fast-foods ?
STÉPHANIE RIST
Écoutez, moi, à titre personnel, je comprendrais pourquoi il y ait une justice par rapport aux restaurateurs.
MAXIME LLEDO
Autre projet, puisqu'on parle aussi de santé publique, vous avez vu ce qui se passe avec, aujourd'hui, les capsules d'azote. C'est extrêmement prisé sur les jeunes. On avait évoqué maintes et maintes fois - ça a encore été malheureusement au cœur de l'actualité cette semaine - on a évoqué maintes et maintes fois la possibilité de l'interdire définitivement, d'en arrêter la vente. Est-ce que ça aussi, pour une question de santé publique, c'est quelque chose qu'il va falloir mettre sur la table rapidement, madame la ministre ?
STÉPHANIE RIST
Alors, merci de parler de ce sujet, parce que tous les auditeurs qui nous écoutent doivent expliquer, notamment à leurs jeunes ados, la dangerosité de ce produit, qui sont les cartouches pour faire de la chantilly. Les jeunes prennent ça parce qu'ils pensent que ça va les faire rigoler et que ce n'est pas grave. C'est dangereux et c'est même très dangereux. Ça donne des troubles neurologiques qui entraînent parfois des conséquences irréversibles avec des jeunes qui ont des difficultés à marcher toute leur vie. Donc il faut vraiment qu'il y ait un effort pédagogique sur le fait de dire que même une cartouche d'azote, c'est dangereux pour la santé. Ça, c'est le premier truc. La deuxième chose, il y a eu des lois de députés ces dernières années qui encadrent la vente de ces cartouches. Je rappelle que c'est interdit pour les mineurs. Je sais aussi que les élus locaux, les maires sont très engagés sur cette lutte pour faire de la pédagogie et aussi essayer de diminuer cette consommation.
MAXIME LLEDO
Donc, en tant que ministre de la Santé, précisément, comme c'est un outil dangereux, quelque chose qui est en vente, est-ce qu'il faut déjà en interdire la vente ? Est-ce que vous allez proposer, vous, en tant que ministre de la Santé, quelque chose ?
STÉPHANIE RIST
Alors, déjà, informer. C'est interdit aux mineurs, je le redis. L'encadrement de la vente, elle a été votée dans des propositions de loi qui sont maintenant devenues des lois. Donc on continue notre engagement effectivement sur la lutte contre les addictions.
MAXIME LLEDO
Et ne lâche rien ?
STÉPHANIE RIST
Mais je le redis, informer aussi autour de vous de la dangerosité de ce produit.
MAXIME LLEDO
Et de la sensibilisation, comme on dit. Question aussi, puisque c'est vous qui allez porter ce dossier, madame la Ministre, toujours dans les enjeux de santé. Ce sont les fameuses Maisons France Santé avec des objectifs ambitieux. On part de 130 millions d'Euros, 2 000 Maisons France Santé. Est-ce que c'est crédible quand on voit aujourd'hui à quel point le pays est enkysté de mettre autant d'argent ? Et surtout, pourquoi faire ?
STÉPHANIE RIST
Alors, c'est 150 millions d'Euros qui ont été proposés à l'Assemblée ce week-end pour les Maisons France Santé. Les Maisons France Santé, c'est quoi ? Ça sera de rendre visibles pour nos concitoyens des organisations de professionnels qui feront qu'ils auront la réponse à leur demande en soins. C'est-à-dire, dans les 48 heures - si ce n'est pas une urgence, évidemment - un rendez-vous chez le médecin. C'est vraiment, d'une part, de valoriser ce qui est fait sur les terrains, et surtout, que les gens savent où aller. Quand votre maman sort de l'hôpital parce qu'elle a fait un accident vasculaire cérébral et que vous ne savez pas comment faire pour qu'elle soit prise en charge derrière, où trouver un kiné, où trouver le médecin ; vous pousserez la porte d'une Maison France Santé, vous reconnaîtrez parce qu'il y a le logo France Santé, et vous pourrez avoir accès à ces informations et surtout la prise en soins. C'est une mesure très importante annoncée par le Premier ministre que nous mettons en œuvre rapidement.
MAXIME LLEDO
Donc vous avez bon espoir que tous les objectifs soient remplis avant Noël, comme annoncé ?
STÉPHANIE RIST
15 Maisons France Santé par département d'ici Noël. On a commencé et on y arrivera.
MAXIME LLEDO
Et l'engagement sera tenu, c'est de la conviction qu'on entend ce matin au micro de Sud Radio.
STÉPHANIE RIST
Eh oui.
MAXIME LLEDO
Dernier sujet aussi parmi lesquels vous avez la charge, c'est notamment la santé mentale. Vous avez vu que selon un dernier baromètre de Santé publique France, 15% des 18-79 ans sont passés par une phase dépressive. Une campagne de communication notamment a été lancée. On se rappelle de Michel BARNIER qui avait dit que la santé mentale était une grande cause nationale. Est-ce que dans les prochains mois, dans les prochaines semaines, quand on voit de tels chiffres, le Gouvernement, vous allez peut-être vous engager à prendre des décisions sur le sujet, madame la ministre ?
STÉPHANIE RIST
C'est vraiment important. Plusieurs choses. La première chose, je voudrais que tous les auditeurs entendent, le 31 14. Le 31 14, c'est le numéro de prévention du suicide. Ça, c'est vraiment important de connaître ce numéro de téléphone. Il sauve des vies, le 31 14. La politique qu'on met en place et qui ne date pas d'il y a deux jours, mais des ministres qui m'ont précédé, c'est de dire qu'il faut faire une détection précoce, notamment chez les jeunes. J'ai rendez-vous aujourd'hui même avec le ministre de l'Éducation. Nous devons avancer sur la détection des troubles de santé mentale. Parce que quand on détecte, les troubles sont moins graves et on sauve des vies. D'autre part - et ça c'est depuis ces dernières années - on augmente énormément le financement pour la psychiatrie, pour la pédopsychiatrie. Dans ce budget de la Sécurité Sociale, c'est 65 millions qui sont mis en plus pour le budget qui est en forte croissance ces dernières années. Nous augmentons le nombre de professionnels formés, le nombre de psychologues dans les centres médicaux psychologiques. Nous avons encore beaucoup d'efforts à faire donc de l'organisation sur le terrain. Nous avons créé "Mon Soutien Psy" qui permet à tous les Français d'avoir accès à un psychologue remboursé par la Sécurité Sociale, en accès direct. Et ça, ce sont des mesures qui permettent d'aller se faire soigner.
MAXIME LLEDO
Deux questions encore madame la ministre. D'actualité cette fois-ci, quelque chose qui fait beaucoup réagir et d'ailleurs on attend aussi vos commentaires, vos analyses au standard. Le ministre du Travail a posé sur la table l'idée pour faire des économies, justement de mettre en deux parenthèses cette fameuse "prime de Noël" qui était notamment versée à des familles avec enfants. Là, on voudrait la supprimer pour des familles sans enfants. Ça a été notamment distribué à certains allocataires, notamment du RSA ou de certains minima sociaux. Est-ce que vous aussi, vous êtes favorable à ce qu'on supprime cette prime de Noël pour les parents seuls ou juste ceux qui n'ont pas d'enfants ?
STÉPHANIE RIST
Là aussi, je crois qu'il faut revenir à la philosophie du texte du budget. Le Gouvernement a mis sur la table des parlementaires un budget qui fait des économies et qui recherche dans toutes ce qu'on appelle des niches, les endroits où on pourrait se dire "est-ce qu'il faut que des gens qui n'ont pas d'enfants en l'occurrence, aient quand même une prime de Noël ?" Je crois que le débat est important. Le débat doit avoir lieu. Nous devons trouver des économies. Le ministre du Travail l'a redit ce week-end aussi. Les pistes sont sur la table et les discussions doivent se faire pour qu'à la fin, on arrive à une copie avec des économies. Mais on n'est pas fermé.
MAXIME LLEDO
Mais vous, en tant que ministre de la Santé, est-ce que c'est quelque chose en effet qui a vos faveurs ? Bien sûr, il faut tailler au bout d'un moment dans la prime de Noël.
STÉPHANIE RIST
La prime de Noël, par rapport à la ministre de la Santé, intervient…
MAXIME LLEDO
Donc vous avez une idée, vous êtes ministre d'un Gouvernement. Vous avez une idée, forcément.
STÉPHANIE RIST
Oui, bien sûr, mais je suis en conviction avec la copie du Gouvernement, mais en conviction surtout avec la méthode c'est-à-dire, aucune fermeture au débat.
MAXIME LLEDO
Dernière question, madame la ministre. Votre siège de députée en réalité est en jeu. Vous pourriez perdre votre siège en janvier dans le Loiret. Vous êtes ministre, vous allez être candidate, j'imagine. Donc ça sera une législative partielle. Si jamais vous n'arrivez pas à reconquérir ce siège, d'une certaine manière, vous tirez les conséquences ? Vous démissionnerez du Gouvernement ?
STÉPHANIE RIST
Moi, je crois qu'il faut être cohérent, oui. Bien sûr, bien sûr. Mais vous savez, ce qui m'importe là, je connais bien le budget de la Sécurité sociale. C'est une des raisons pour lesquelles j'ai été ministre, puisqu'il fallait rapidement faire un budget de la Sécurité sociale. Je suis utile, il me semble. Si je suis utile, je suis au bon endroit et ensuite, nous verrons. D'abord, qu'on arrive à avoir un budget de la Sécurité sociale, parce que c'est ce qui est important pour les Français.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 19 novembre 2025