Texte intégral
STÉPHANIE RIST
Bonjour Adrien GINDRE. Bonjour Bruce TOUSSAINT.
ADRIEN GINDRE
Aujourd'hui, le Sénat va annuler la suspension de la réforme des retraites pourtant adoptée par l'Assemblée nationale. À en croire Bruno RETAILLEAU, le président des Républicains. Cette suspension, je le cite, "C'est du pur cynisme. Le Gouvernement, dit-il, hypothèque notre avenir collectif pour se maintenir quelques semaines, quelques mois de plus". Vous assumez cette forme de cynisme décrite par Bruno RETAILLEAU ?
STÉPHANIE RIST
Le cynisme, ce serait pour moi qu'on n'arrive pas à avoir un budget à la fin de l'année, notamment un budget de la sécurité sociale. C'est pourquoi je me bats. J'étais, ces derniers jours, des grandes journées au Sénat pour essayer de convaincre et amener un compromis pour que ce budget soit voté parce que pas de budget de la sécurité sociale, ce n'est pas d'augmentation pour nos hôpitaux et ce n'est pas France Santé qui permettra d'avoir…
ADRIEN GINDRE
Qui a été effectivement notamment attaqué par les sénateurs. Il se trouve que le Sénat vous donne bien du fil à retordre ces dernières heures. Vous étiez encore tard hier soir dans l'hémicycle. Si on prend rapidement un ou deux exemples, les sénateurs ont par exemple voté contre votre proposition limiter les arrêts de travail à un mois. Vous vous inclinez, vous dites fin de l'histoire ou vous souhaitez que la mesure revienne dans le débat plus tard ?
STÉPHANIE RIST
Non, on l'a dit plusieurs fois, c'est la première lecture. La première lecture d'un texte, c'est là où chacun se compte, je dirais, plante son drapeau pour dire voilà moi mes convictions.
ADRIEN GINDRE
Donc c'est le brouillon ?
STÉPHANIE RIST
Non, ce n'est pas un brouillon justement, c'est très clair. C'est un vrai éclaircissement des partis politiques qui disent voilà, moi, c'est mes convictions, je vote comme ça.
ADRIEN GINDRE
Vous vous maintiendrez cette mesure ?
STÉPHANIE RIST
La deuxième lecture, ça va être de la discussion, du compromis. On retourne à l'Assemblée la semaine prochaine. On verra ce que les parlementaires à l'Assemblée proposent sur cette mesure. On a été assez clair avec le Premier ministre et le Gouvernement avec qui on est attaché à essayer d'avoir ce budget, c'est de dire : "On laisse échanger les parlementaires pour obtenir un budget à la fin". Moi, je ne suis pas arc-boutée sur une seule des mesures. Après, il y a un sens dans les mesures qui ont été proposées, pourquoi elles ont été proposées et ça, c'est mon boulot d'expliquer pourquoi elles sont proposées et le financement avec.
ADRIEN GINDRE
Alors, notamment faire des économies… Alors, il se trouve que les sénateurs ont aussi identifié des recettes. Ils disent on pourrait travailler tous douze heures de plus chaque année, une heure par mois, quinze minutes par semaine. Est-ce que là, vous serez en soutien de cette idée ?
STÉPHANIE RIST
Typiquement, c'est une mesure qui me semble, enfin moi, je crois qu'il n'y a aucun tabou à avoir sur les débats.
ADRIEN GINDRE
Pourquoi pas ?
STÉPHANIE RIST
Donc, mais non, je dis oui, c'est un sujet, c'est un sujet que nos concitoyens se posent et ça a été porté et adopté par le Sénat, cette mesure, si jamais le but est de voter à la fin. On verra ce qu'en disent les députés. Encore une fois, moi, je crois que tout ce débat, et d'ailleurs, pour avoir fait ces huit dernières années les budgets de la sécurité sociale en étant députée, je trouve que les débats sont vraiment intéressants, sont argumentés et donc on verra à la fin ce qui sera retenu dans le texte final.
ADRIEN GINDRE
Il se trouve que quelqu'un qui va compter dans le compromis qui est le président de la commission des affaires sociales à l'Assemblée, Frédéric VALLETOUX, qui est un député Horizon, qui est censé soutenir le Gouvernement, dit chez nos confrères de l'Opinion : "Parvenir en quelques heures à un consensus est impossible". Il dit ça parce que demain, précisément, sept députés, sept sénateurs vont se réunir pour tenter de trouver un compromis. Vous vous dites de manière réaliste, ce serait une formalité le compromis entre députés et sénateurs ?
STÉPHANIE RIST
Non, non, je le dis avec beaucoup d'humilité. Premièrement, la situation politique, elle est très compliquée, donc rien n'est simple. Je dis aussi que le budget de la sécurité sociale, c'est un budget qui n'est pas un budget de l'État, qui est pour la sécurité sociale. Donc pour les parlementaires, voter un budget de la sécurité sociale, ce n'est pas voter pour le Gouvernement, c'est pour la sécu. Et donc c'est quand même plus simple qu'un budget de l'État pour lequel c'est plus voter pour le Gouvernement.
ADRIEN GINDRE
Et le 49.3, c'est non un jour, non toujours, ce qu'on lit dans la presse, certains confrères qui évoquent l'idée qu'on pourrait peut-être finalement y retourner, pour faciliter à la fin l'atterrissage ?
STÉPHANIE RIST
Non mais j'étais députée il y a encore un mois, le 49.3, on n'aime pas ça, on n'aime pas les ordonnances, on n'aime pas, il n'y a pas cette idée-là. L'idée-là, elle est d'arriver à un compromis. Aucune des mesures, que ce soit 49.3, dont on s'est engagé, le Premier ministre s'est engagé à ne pas faire, ou j'entends certains parler de loi spéciale…
BRUCE TOUSSAINT
Exclu aujourd'hui, ça veut dire exclu pour toujours ? Ou vous dites, on verra ce qui se passe ?
STÉPHANIE RIST
Non mais je vous ai dit, la situation politique, elle est très compliquée, mais à ce jour, il est hors de question de faire un 49.3. On se bat chaque jour, maintenant depuis plus d'un mois, pour arriver à avoir ce compromis et ce vote. C'est vraiment notre engagement.
ADRIEN GINDRE
Hier, le Premier ministre a listé des priorités, après avoir réuni le Gouvernement, le déficit, la réforme de l'État, l'énergie, l'agriculture, la sécurité. Il n'y a pas la santé, ce n'est pas une priorité de Sébastien LECORNU ?
STÉPHANIE RIST
Si, mais la santé, elle est dans le budget de la sécurité sociale à voter.
ADRIEN GINDRE
Donc il constate que ça a déjà été traité ?
ADRIEN GINDRE
Non mais c'était sa première sortie au Premier ministre, parce que c'est le sujet, un des sujets, l'accès aux soins, qui est prioritaire, et pour les Français, et pour nous. Et donc, il est sorti, son déplacement, son premier déplacement, c'était sur la santé. On ne peut pas dire que ça ne l'intéresse pas. Il y a 150 millions dans le budget de la sécurité sociale, raison aussi, pour laquelle il doit être voté.
ADRIEN GINDRE
Jeudi, vous parlerez également, santé, avec les députés, de la France Insoumise à l'Assemblée nationale, parce qu'ils vont proposer la gratuité des parkings des hôpitaux publics. Les trois quarts, à peu près, sont devenus payants ces dernières années. Quelle sera la position du Gouvernement ?
STÉPHANIE RIST
En fait, ce qu'on peut remarquer, premièrement, c'est que c'était une proposition du Rassemblement National, il y a encore quelques semaines. Moi, à titre personnel, on va laisser le débat au Parlement faire sur ce sujet, mais à titre personnel, je considère que ce n'est pas à l'État de décider, très localement, quel parking on va devoir faire payer ou pas.
ADRIEN GINDRE
Mais vous, la gratuité des parkings, ça vous paraîtrait être une bonne mesure ou pas ?
STÉPHANIE RIST
J'ai travaillé sur le parking de l'hôpital d'Orléans, bien avant de faire de la politique, pour lequel on a trouvé, parce qu'on a discuté avec le maire, avec les collectivités, avec les riverains de l'hôpital, on a trouvé une autre solution. Mais je crois que cette solution, elle doit se trouver très localement. Ce n'est pas à l'État de tout décider. D'ailleurs, c'est ce que j'ai embarqué dans mon ministère, je veux qu'on simplifie sur le terrain et que les collectivités, les maires, les départements, puissent eux-mêmes prendre des décisions sans que ce soit à l'État de tout décider.
ADRIEN GINDRE
Juste un chiffre très rapidement, Stéphanie RIST, la campagne de vaccination contre la grippe est ouverte depuis mi-octobre. On en est à combien de personnes vaccinées, là, au moment où on se parle ?
STÉPHANIE RIST
Alors, on est à peu près à un tiers. Mais ce qui est important, c'est que c'est le moment de se faire vacciner. L'épidémie n'est pas encore là. Donc allez-vous vacciner contre la grippe. Ça protège vous et votre entourage. Si vous avez plus de 65 ans, si vous êtes fragile, ça sauve des vies. L'année dernière, c'était 17 000 excès de mortalité. C'est beaucoup de personnes. Allez-vous faire vacciner.
ADRIEN GINDRE
On est un jour bien particulier également, puisqu'aujourd'hui, c'est la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes. Il y a quelques mois, la mission parlementaire sur la soumission chimique avait demandé que les dépistages soient pris en charge par l'Assurance maladie, même sans dépôt de plainte. Est-ce que vous allez le faire ?
STÉPHANIE RIST
Permettez-moi d'avoir déjà une pensée pour une soignante d'un EHPAD en Isère qui est décédée ce week-end vraisemblablement victime d'un féminicide, de saluer le travail aussi remarquable de ma collègue Aurore BERGÉ sur ces sujets. Et oui, j'ai pu signer un décret qui va permettre à tous les Français qui, dans le cadre d'une expérimentation qui ont eu une soumission chimique, de pouvoir aller faire des prélèvements, d'être pris en charge par la sécurité sociale pour faire ces prélèvements. Ça sera dans le cadre d'une expérimentation, mais on avance et c'est vraiment important parce que, vous le savez, la lutte sur ces sujets, elle est vraiment indispensable, majeure.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 26 novembre 2025