Le projet de loi s'inscrit dans le cadre des travaux conduits par le gouvernement pour renforcer la qualité des formations et s’articule avec le plan d'amélioration de la qualité de la formation professionnelle et de lutte contre la fraude présenté le 24 juillet 2025. Il décline les mesures législatives de ce plan.
L'encadrement du secteur privé de l'enseignement supérieur face aux dérives
L'enseignement supérieur privé est en forte croissance depuis plusieurs années. Il accueille aujourd’hui plus d’un quart des étudiants. Mais cette croissance, dû notamment au développement de l’apprentissage favorisé par la loi du 5 septembre 2028, s’est accompagnée de dérives, remettant en cause la lisibilité et la fiabilité de l’offre de formation. Selon l'exposé des motifs du gouvernement, ce secteur est aujourd'hui très hétérogène, regroupant sous une appellation trop large aussi bien des établissements d'excellence que de simples officines commerciales.
Le projet de loi propose ainsi de revoir les règles applicables pour garantir la qualité des formations. Deux niveaux de reconnaissance par le ministère chargé de l’enseignement supérieur et de la recherche (MESR) sont créés, l'agrément et le partenariat :
- le partenariat regroupera les établissements privés à but non lucratif qui sont associés au service public de l'enseignement supérieur aux côtés des universités et des établissements publics, à commencer par les établissements d’enseignement supérieur privé d’intérêt général (EESPIG). L’accès au partenariat sera décidé après une évaluation du Haut Conseil de l'évaluation de la recherche et de l'enseignement supérieur (Hcéres) portant sur la stratégie de l’établissement, la qualité de sa politique de formation et de vie étudiante et l'adossement de sa formation à la recherche ;
- l'agrément qui concernera les établissements et organismes de formation qui ne sont pas sous partenariat. L'agrément attestera de la qualité globale de l'offre de formation après évaluation par le Hcéres, notamment sur la politique sociale en faveur des étudiants.
D’ici la rentrée 2030, avec une période transitoire qui débutera en 2027, tous les établissements privés devront être partenaires ou agréés pour pouvoir figurer sur Parcoursup et accueillir des étudiants boursiers. De plus, à terme, seuls les établissements partenaires ou agréés pourront porter une formation reconnue par le ministère de l'enseignement supérieur : diplôme reconnu par l’État ou conférant un grade universitaire.
Par ailleurs, le projet de loi renforce la certification Qualiopi, afin d'améliorer la qualité de la formation professionnelle. L'obligation de détenir Qualiopi, le label reconnu par le ministère du travail et qui permet aujourd’hui à un établissement d’être éligible aux fonds de l’apprentissage, est étendu à tous les établissements porteurs d’un titre RNCP (Répertoire national des certifications professionnelles), indépendamment de leur mode de financement.
Le texte entend également mieux protéger les étudiants et apprentis contre certaines pratiques abusives. Les étudiants inscrits dans un établissement privé bénéficieront désormais d'un droit de rétraction de 30 jours avant le début de la formation sans avoir à justifier de " juste motif" et "sans frais" (à l’exception des frais administratifs d'inscription). Des amendes sont prévues en cas de violation par les établissement de ce nouveau droit, qui permettra aux étudiants et à leurs familles de disposer d'un délai de réflexion avant le début de la formation. En outre, les centres de formation d'apprentis ne pourront plus demander des frais de réservation afin de garantir une place à l'apprenti. En cas de départ anticipé, l’apprenti devra être remboursé au prorata par le centre de formation des frais administratifs ou de scolarité acquittés pour l'ensemble de la scolarité.
Les mesures sur l'enseignement supérieur public
Le projet de loi modifie certaines règles applicables à l’enseignement supérieur public.
Pour plus d'autonomie universitaire, une accréditation globale est instaurée. Elle permettra aux universités et aux enseignants-chercheurs de créer ou de modifier leurs formations plus rapidement, en réponse aux besoins des étudiants et du monde socio-économique, sans passer par de longues procédures.
L’expérimentation des établissements publics expérimentaux (EPE) est prolongée de trois ans, jusqu'en 2031, afin de donner davantage de temps aux acteurs pour faire aboutir les projets en cours.
Une disposition permet de déconcentrer la nomination de certains directeurs d’écoles ou d’instituts. Il s'agira du recteur d'académie, au lieu du ministre de l'enseignement supérieur.
Un dernier article revoit la gouvernance de l’École polytechnique, plus de dix ans après une première réforme jugée complexe par la Cour des comptes, en distinguant le rôle du directeur général exécutif de celui du président du conseil d'administration non exécutif. Cette nouvelle structuration aligne l’École polytechnique sur le modèle de gouvernance standard des grandes écoles d'ingénieurs françaises.
Cette page propose un résumé explicatif du texte pour le grand public. Elle ne remplace pas le texte officiel.
Sources
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Légifrance :
Dossier législatif : Projet de loi relatif à la régulation de l'enseignement supérieur privé -
Collection des discours publics :
Conseil des ministres du 30 juillet 2025