Déclaration de M. Jacques Brunhes, secrétaire d'Etat au tourisme, sur les mesures gouvernementales de soutien à l'industrie du tourisme et sur l'annonce d'une rencontre mondiale contribuant à la relance et à la promotion d'un tourisme mondial durable et solidaire, Madrid, le 30 janvier 2002.

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Circonstance : Réunion de l'OMT à Madrid, le 30 janvier 2002

Texte intégral

Monsieur le secrétaire général,
Mesdames et messieurs les ministres,
Mesdames et messieurs,
Permettez-moi tout d'abord de remercier l'OMT et son secrétaire général d'avoir pris l'initiative de cette réunion.
Elle est pertinente à un double titre : d'une part les pays de la Méditerranée ont été très affectés par la tragédie du 11 septembre., D'autre part, cette région reste, aux dires des prévisionnistes, celle qui doit, dans les vingt prochaines, années, connaître la plus forte croissance de la fréquentation touristique.
Et il est très utile que les ministres de la Méditerranée puissent se retrouver, échanger et envisager, le cas échéant, des mesures convergentes.
En France, vous le savez, le tourisme représente 7 % du produit intérieur brut. C'est le premier poste d'excédent de notre balance commerciale. Le tourisme pèse davantage que l'automobile et l'agriculture réunies ou que l'aéronautique. Notre pays reste la première destination touristique mondiale avec 76,5 millions de visiteurs étrangers en 2001, en augmentation par rapport en 2000. Nous nous en félicitons, mais nous sommes réalistes.
En effet, deux ans après le naufrage du pétrolier Erika sur nos côtes et des tempêtes exceptionnelles subies sur tout notre territoire, le 11 septembre nous a rappelé une nouvelle fois à quel point notre secteur est sensible à la conjoncture et tout simplement à la confiance. Le tourisme est ainsi un véritable baromètre de notre économie.
Pour faire face à ces risques conjoncturels et aux mutations économiques et sociales que la mondialisation entraîne, notre tourisme, s'il veut conserver son niveau, tant en fréquentation qu'en recettes, doit poursuivre et accroître ses efforts d'adaptation structurelle de son appareil, en particulier en travaillant sur le financement de l'économique touristique et sur sa fiscalité, et de diversification de son offre touristique.
Nous devons aussi pérenniser et renforcer nos dispositifs de veille et d'observation et nos instruments d'analyse, d'anticipation et de prospective.
En affaiblissant certains professionnels, ces événements amènent aussi des restructurations comportant des risques de concentration industrielle autour de grands groupes intégrés de dimension européenne ou mondiale.
Ce phénomène, s'il s'accélère, risque d'aller à l'encontre des intérêts économiques de notre pays, des aspirations des consommateurs, recherchant des produits individualisés et à forte identité. Il peut aussi engendrer à terme des impacts sur notre environnement et aggraver nos déséquilibres territoriaux.
C'est pourquoi j'ai demandé à une personnalité reconnue du monde du tourisme de faire un état des lieux de la situation des entreprises françaises et quelques préconisations.
Le tourisme, par rapport à ces événements, c'est aussi -c'en est même une des conditions- le transport aérien, dont on sait à quel point il a souffert et souffre encore. Nous avons travaillé à asseoir le développement d'Air France et au sauvetage d'une de nos compagnies : Air Lib.
Mais, en amont de ces chantiers de moyen terme, nous avons pris des mesures immédiates pour soutenir les entreprises les plus touchées, qui sont essentiellement les agences de voyages et les tour-opérateurs qui travaillent à l'internationale.
Ainsi, dès le 13 septembre, nous avons mis en place une cellule de veille avec les professionnels. Elle s'est déjà réuni à cinq reprises. J'ai aussi confié une mission à l'Inspection du tourisme, qui m'a remis un rapport, aujourd'hui disponible sur Internet.
Sur les bases de ces travaux, le premier ministre a annoncé en octobre des mesures de reports d'échéances fiscales et sociales. J'ai moi-même annoncé en janvier des mesures complémentaires : prorogation des reports d'échéances, accès aux prêts bancaires, avec garantie d'un organisme dépendant de l'Etat, études d'un fonds de garantie mutuelle.
D'autre part, notre organisme national de promotion, Maison de la France, a été chargé d'une campagne mondiale de promotion de la "destination France".
Dotée d'un budget de 4,5 millions d'euros apportés par l'Etat, auxquels s'ajouteront 10,5 millions d'eurs provenant des différents partenaires, elle débutera d'ici un mois.
Si la situation du tourisme en France reste aujourd'hui contrastée, il est important de relever qu'après chaque crise, se dessinent d'importantes modifications des flux et habitudes touristiques sur laquelle nous devons travailler.
Aujourd'hui, le défi que nous avons à relever est de rétablir la confiance, condition indispensable à la reprise de toute activité touristique.
Sans aucun doute, cette confiance ne peut revenir du jour au lendemain. Elle appelle de notre part -gouvernements, professionnels, élus, administrations - un effort sans précédent en matière de promotion, mais aussi un grand sens de l'anticipation. Je note avec intérêt que l'Union européenne envisage pour sa part, comme l'a montré la réunion des ministres du tourisme des Quinze du 26 novembre, des actions dans cette voie.
La confiance passe et passera aussi par une réflexion et une attention renouvelée quant au modèle de développement du tourisme d'aujourd'hui et de demain dans le renouveau des politiques de solidarité internationale, dans l'optique d'une autre mondialisation. Plus encore après les événements du 11 septembre, il est de notre responsabilité, je le ressens en tout cas très fortement pour la France, de promouvoir un tourisme porteur des valeurs d'échanges humains, de solidairté, de paix.
C'est pourquoi, j'ai pris l'initiative d'organiser, en liaison avec l'Organisation mondiale du tourisme et le Programme des Nations Unies pour l'environnement une rencontre internationale à Paris, le 14 mars prochain, sur le thème "tourisme, éthique et mondialisation", à laquelle vous êtes très cordialement invités et je serai heureux de pouvoir vous y associer.
Son objet sera aussi de contribuer à la relance, à la promotion d'un tourisme mondial, durable et solidaire.
Cette initiative s'inscrit dans le cadre, créé par l'ONU, de faire de 2002 l'année internationale de l'écotourisme, en même temps qu'année internationale des montagnes préparant ainsi le sommet de Johannesburg sur le développement durable.
J'en suis persuadé, le tourisme a de l'avenir, s'il préserve cet atout unique de respect des populations et de l'environnement. L'OMT peut beaucoup y contribuer. Elle y est d'autant plus habilitée qu'à son initiative, le Code mondial d'éthique a été récemment adopté par l'Assemblée générale des Nations Unies. Nous disposons là d'un outil des plus précieux et utiles pour les mois qui viennent. A nous de le décliner au mieux.
Je vous remercie.

(Source http://www.tourisme.equipement.gouv.fr, le 28 février 2002)