Communiqué commun des ministres des finances et des gouverneurs de Banque centrale de la Grande-Bretagne, du Japon, de la RFA, de la France, du Canada et des Etats-Unis, à la suite de l'accord sur la stabilisation des parités monétaires, à Paris le 22 février 1987.

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Circonstance : Rencontre des ministres des finances des sept pays les plus industrialisés ( l'Italie refusant de participer à la réunion finale ) à Paris le 22 février 1987

Texte intégral

Les ministres des finances et les gouverneurs des Banques centrales de six grands pays industrialisés se sont rencontrés aujourd'hui à Paris pour procéder à la surveillance multilatérale de leurs économies dans le cadre de la déclaration économique de Tokyo de leurs Chefs d'Etats et de gouvernement le 6 mai 1986, à l'issue de laquelle le groupe des sept ministres des finances fut créé. Les ministres et gouverneurs ont examiné la situation économique actuelle et ses perspectives, à l'aide d'une batterie d'indicateurs économiques. Le Directeur général du FMI a participé aux discussions.
- 2. Les ministres et gouverneurs ont jugé que de nouveaux progrès avaient été réalisés depuis le Sommet de Tokyo dans les efforts pour atteindre une croissance soutenable sans inflation. Leurs économies nationales sont maintenant dans leur cinquième année de croissance et on prévoit pour cette année une poursuite de la croissance, bien que le chômage demeure à un niveau élevé et insupportable dans certains pays. Une stabilité marquée des prix a été obtenue et de substantielles réductions des taux d'intérêt ont eu lieu. Les taux de change ont connu des ajustements qui contribueront dans les mois à venir de manière importante à la restauration d'une configuration plus supportable des balances des paiements courants.
- 3. Des progrès sont en cours dans la réduction des déficits budgétaires dans les pays où ils existent et des réformes fiscales fondamentales sont en train d'être introduites afin d'améliorer le caractère incitatif de la fiscalité, d'accroître l'efficacité de nos économies et de renforcer les perspectives de croissance. D'autres réformes structurelles importantes sont également en cours de mise en oeuvre, notamment la dérégulation des activités productives pour accroître leur efficacité et la privatisation d'entreprises publiques pour renforcer le rôle des entrepreneurs privés et des forces du marché.
- 4. Malgré ces développements positifs, les ministres et gouverneurs reconnaissent que les déséquilibres importants des balances commerciales et des balances des paiements courants de certains pays créent des risques économiques et politiques sérieux. Ils sont convenus que la réduction des insupportables déséquilibres commerciaux est une priorité majeure et que l'obtention d'une croissance globale mieux répartie devrait jouer un rôle central pour parvenir à cette réduction.
- 5. Les ministres et gouverneurs ont réaffirmé leur préoccupation face aux pressions persistantes en faveur du protectionnisme. Ils partagent le sentiment que toute tentative de remédier aux problèmes économiques en érigeant des barrières commerciales, est vouée à l'échec ; ils ont pris l'engagement d'intensifier leurs efforts pour résister au protectionnisme et ont réaffirmé leur soutien résolu au nouveau cycle de négociations commerciales. Ils ont salué les progrès réalisés dans le travail préparatoire au nouveau cycle du GATT et les conclusions positives enregistrées récemment dans les discussions entre les Etats-Unis et la Communauté Economique Européenne sur des questions commerciales bilatérales.
6. Les ministres et gouverneurs ont reconnu que les principaux pays industrialisés avaient une responsabilité particulière dans la conduite de politiques ayant pour objectif de favoriser l'ouverture et la croissance de l'économie mondiale et de soutenir les efforts des pays en développement, en particulier des pays débiteurs, pour restaurer une croissance régulière et une situation viable de leur balance des paiements. Ils ont noté que les progrès réalisés par de nombreux pays débiteurs dans ce but n'avaient pas résolu tous les problèmes, et ils ont souligné qu'il était important que les efforts de coopération de tous les participants à la stratégie renforcée de traitement de la dette soient accrus.
- 7. Les ministres et gouverneurs sont convenus d'intensifier leurs efforts de coordination en matière de politique économique afin de promouvoir une croissance globale plus équilibrée et de réduire les déséquilibres actuels. Les pays en excédent se sont engagés à suivre des politiques destinées à renforcer leur demande intérieure et à réduire leurs excédents extérieurs tout en maintenant la stabilité des prix. Les pays en déficit se sont engagés à mener des politiques destinées à encourager une croissance régulière et non inflationniste tout en réduisant leurs déséquilibres intérieurs et leurs déficits extérieurs. A cette fin, chaque pays s'est engagé à prendre les mesures suivantes.
- La politique du gouvernement canadien est conçue pour soutenir l'expansion économique actuelle pour la cinquième année et au-delà. Dans le budget pour 1987-1988, le gouvernement a réduit le déficit budgétaire pour la troisième année consécutive et reste engagé à poursuivre progressivement cette réduction. Le Canada proposera bientôt une ample réforme de son système fiscal. Il continuera ses politiques de réforme de l'environnement règlementaire, de privatisation et de libéralisation des marchés domestiques. Il poursuivra vigoureusement la libéralisation du commerce, de façon bilatérale avec les Etats-Unis et de façon multilatérale dans le cadre du cycle d'Uruguay. La politique monétaire continuera à être orientée vers la réduction de l'inflation et à être compatible avec des marchés des changes ordonnés.
- Le gouvernement français réduira de 1 % du PIB entre 1986 et 1988 le déficit du budget de l'Etat, et mettra en oeuvre sur la même période un programme de réduction de la pression fiscale de même ampleur (1 % du PIB), qui comportera des allègements fiscaux importants pour les entreprises et les particuliers. Il poursuivra en 1987 son programme de privatisation (les cessions d'actifs devraient représenter de 35 à 45 Mds F) et renforcera la libéralisation de l'économie française, en particulier en ce qui concerne le marché du travail et les marchés financier.
Le gouvernement de la République Fédérale d'Allemagne poursuivra sa politique tendant à réduire davantage la part des dépenses publiques dans l'économie et à diminuer la pression fiscale sur les ménages et les entreprises, grâce à une réforme fiscale d'ensemble visant à encourager l'activité du secteur privé et l'investissement. De plus, le gouvernement proposera d'accroître le montant des allègements fiscaux déjà décidés pour 1988. Le gouvernement fédéral mettra l'accent sur les politiques de soutien des forces du marché afin de favoriser l'ajustement structurel et l'innovation. Les taux d'intérêt à court terme, bien que déjà très bas comparativement au plan international, ont encore baissé substantiellement au cours des dernières semaines. La politique monétaire visera à améliorer les conditions d'une croissance économique soutenue dans la stabilité des prix.
- Le gouvernement japonais poursuivra des politiques monétaire et fiscale qui aideront à accroître la demande intérieure, et contribueront ainsi à la réduction de l'excédent extérieur. La réforme fiscale d'ensemble, actuellement soumise à la Diète, fournira un stimulant supplémentaire à la vitalité de l'économie japonaise. Tous les efforts seront faits pour que le budget 1987 soit approuvé par la Diète de façon à ce qu'il soit rapidement mis en oeuvre Un programme économique d'ensemble sera préparé après l'approbation du budget 1987 par la Diète, de façon à stimuler la demande intérieure, tout en prenant dûment en compte la situation économique qui prévaudra alors. La Banque du Japon a annoncé qu'elle réduira son taux d'escompte de un demi pour cent le 23 février.
- Le gouvernement britannique maintiendra les conditions permettant de poursuivre la croissance régulière du PIB des 5 dernières années et continuera à travailler à la réduction de l'inflation en suivant une politique monétaire prudente. Pour les comptes extérieurs, l'objectif sera le maintien d'un solde globalement équilibré à moyen terme. La part des dépenses publiques dans l'économie continuera à décroître et la pression fiscale sera réduite, tout en maintenant l'emprunt du secteur public à un faible niveau. Ces mesures et d'autres destinées à renforcer la capacité d'offre de l'économie, comme le programme de privatisation, accélèreront la croissance de la productivité déjà constatée dans les années récentes.
- Le gouvernement des Etats-Unis poursuivra sa politique en vue de réduire le déficit budgétaire de l'année fiscale 1988 à 2,3 % du PNB, à partir d'un niveau évalué à 3,9 % pour l'année fiscale 1987. Dans ce but, la croissance des dépenses publiques sera limitée à moins de 1 % pour l'exercice 1988, conformément au programme déjà engagé de réduction de la part de l'Etat dans le PNB à partir de son niveau actuel de 23 %. Les Etats-Unis mettront en oeuvre une large palette de mesures visant à améliorer leur compétitivité et à accentuer la force et la flexibilité de leur économie. La politique monétaire sera compatible avec la croissance économique à un rythme durable et non inflationniste.
8. Les ministres et gouverneurs ont noté qu'un certain nombre de nouvelles économies industrialisées jouaient un rôle de plus en plus important dans le commerce mondial. Ces économies ont connu des croissances soutenues, fondées de façon significative sur l'accès à des marchés extérieurs ouverts et en expansion. Certaines ont accumulé récemment des excédents commerciaux qui ont contribué de façon importante à la configuration insoutenable actuelle de déséquilibres globaux, aggravant ainsi les pressions protectionnistes. Les ministres et gouverneurs considèrent comme important que les nouvelles économies industrialisées assument une responsabilité plus grande dans la préservation d'un système d'échange mondial ouvert, en réduisant les barrières commerciales et en conduisant des politiques qui permettent à leurs monnaies de refléter plus complètement les données économiques fondamentales.
- 9. Les ministres et gouverneurs sont aussi convenus d'un certain nombre de précisions quant à l'utilisation des indicateurs économiques dans le dispositif de surveillance multilatérale approuvé dans la déclaration économique de Tokyo. Dans ces conditions, ils vont notamment - examiner périodiquement des objectifs et des projections économiques à moyen terme, relatifs à des données intérieures et externes. Les objectifs et projections à moyen terme devront être cohérents entre eux et serviront de base à l'évaluation des politiques et des résultats nationaux ; - examiner régulièrement, en s'aidant d'indicateurs économiques, si les évolutions économiques constatées et leurs tendances sont cohérentes avec les objectifs et les projections à moyen terme, et regarder si des actions correctives sont nécessaires.
- Au départ, les objectifs et projections concerneront les variables-clés suivantes : croissance, inflation, balances commerciales et des paiements courants, résultats budgétaires, grandeurs monétaires et taux de change.
- 10. Les ministres et gouverneurs ont reconnu que les évolutions substantielles des taux de change intervenues depuis l'accord du Plaza contribueront de façon croissante à la réduction des déséquilibres extérieurs, et ont désormais conduit leurs monnaies dans des bandes de fluctuation globalement compatibles avec les données économiques fondamentales, compte tenu des engagements de politique économique résumés dans cette déclaration. De nouvelles variations substantielles de leurs monnaies pourraient compromettre la croissance et les perspectives d'ajustement dans leurs pays. C'est pourquoi ils sont convenus, dans les circonstances présentes, de coopérer étroitement pour promouvoir la stabilité des taux de change autour des niveaux actuels.