Texte intégral
La grève des médecins généralistes n'est pas une péripétie préélectorale. Elle est le symptôme d'une grave crise de notre système de santé, qui fait suite à une série d'autres mouvements.
Notre système de santé est un des fondements de la République. Il est basé sur l'égalité d'accès aux soins de chaque citoyenne et de chaque citoyen, quels que soient ses revenus. C'est une valeur essentielle à laquelle je sais que tous les médecins de France, quel que soit leur mode d'exercice, sont profondément attachés.
Nous sommes englués dans une gestion qui ne fait plus face à ses devoirs essentiels. Les Françaises et les Français sont de moins en moins bien remboursés. Les professionnels de la santé se sentent de moins en moins reconnus et soutenus, dans une phase où la surcharge de travail, les menaces judiciaires, les difficultés d'investissement, les problèmes d'insécurité sont leur lot quotidien. Leurs demandes de revalorisation d'honoraires, en elles-mêmes parfaitement raisonnables, ne sont qu'une des traductions de ce mal-être généralisé. Le gouvernement tarde à les recevoir, les renvoie vers la CNAM, alors qu'il n'hésite pas à imposer parfois à celle-ci des opérations comptables discutables. La CNAM propose des mesures d'aide qui vont dans le bon sens, mais refuse l'augmentation globale des honoraires.
Certes, il faut que nos généralistes puissent sortir de la course à l'acte pour s'assurer des revenus décents. Mais la CNAM n'a pas, jusqu'à un passé récent, affiché clairement une refonte de la rémunération de nos professionnels de ville. N'ont-ils pas raison, dans ces conditions, de se méfier des promesses d'aide à l'avenir incertain et dont l'obtention nécessite jusqu'ici des démarches longues et complexes ?
Dire que nous n'avons pas les moyens de satisfaire les demandes des médecins de ce pays, c'est avouer que notre système est à bout de souffle, que nos budgets n'ont plus de marges de manuvre, en dépit de leur volume sans cesse croissant.
Or les défis qui sont devant nous sont immenses : le vieillissement de la population qui résulte des progrès mêmes de la médecine, les exigences de maintien au domicile, l'avènement d'une nouvelle ère de médicaments directement issus de la recherche fondamentale, mais de plus en plus onéreux, doivent impérativement être financés.
Si l'on ne veut pas augmenter indéfiniment les cotisations, cela passe par une rationalisation de notre système de soins. Cet effort doit s'appuyer d'abord et avant tout sur les professionnels de terrain eux-même. Les clefs de ce changement sont claires : favoriser partout la qualité et l'effort, redonner dynamisme et productivité au service public hospitalier, refondre le paiement des professionnels entre une part forfaitaire de santé publique et des honoraires correctement évalués, déconcentrer la gestion au plus près des réalités, réintégrer partout les professionnels dans les circuits de décisions, être capable de connaître au plus près le rapport qualité/coût de notre système de soins.
Comment demander à chacun une contribution de solidarité proportionnelle aux revenus pour un système qui ne satisfait plus ni ses professionnels ni ses malades ?
Comment demander aux professionnels d'être aux avant-postes d'une rationalisation des prescriptions et de l'organisation des hôpitaux s'ils ne sont plus motivés ?
L'inertie actuelle fait le jeu de la privatisation de l'assurance-maladie réclamée par le Medef, de l'entrée en Bourse des cliniques privées, alors que l'hôpital public est handicapé par l'application imprévoyante des 35 heures. De cet avenir sombre, les Françaises et les Français ne veulent pas, et moi avec eux. Il est grand temps que l'Etat, garant de l'égalité des droits des citoyens, retrouve une vision à long terme pour l'avenir de notre politique de santé et le courage politique de la mettre en uvre.
(Source http://www.chevènement2002.net, le 17 janvier 2002)
Notre système de santé est un des fondements de la République. Il est basé sur l'égalité d'accès aux soins de chaque citoyenne et de chaque citoyen, quels que soient ses revenus. C'est une valeur essentielle à laquelle je sais que tous les médecins de France, quel que soit leur mode d'exercice, sont profondément attachés.
Nous sommes englués dans une gestion qui ne fait plus face à ses devoirs essentiels. Les Françaises et les Français sont de moins en moins bien remboursés. Les professionnels de la santé se sentent de moins en moins reconnus et soutenus, dans une phase où la surcharge de travail, les menaces judiciaires, les difficultés d'investissement, les problèmes d'insécurité sont leur lot quotidien. Leurs demandes de revalorisation d'honoraires, en elles-mêmes parfaitement raisonnables, ne sont qu'une des traductions de ce mal-être généralisé. Le gouvernement tarde à les recevoir, les renvoie vers la CNAM, alors qu'il n'hésite pas à imposer parfois à celle-ci des opérations comptables discutables. La CNAM propose des mesures d'aide qui vont dans le bon sens, mais refuse l'augmentation globale des honoraires.
Certes, il faut que nos généralistes puissent sortir de la course à l'acte pour s'assurer des revenus décents. Mais la CNAM n'a pas, jusqu'à un passé récent, affiché clairement une refonte de la rémunération de nos professionnels de ville. N'ont-ils pas raison, dans ces conditions, de se méfier des promesses d'aide à l'avenir incertain et dont l'obtention nécessite jusqu'ici des démarches longues et complexes ?
Dire que nous n'avons pas les moyens de satisfaire les demandes des médecins de ce pays, c'est avouer que notre système est à bout de souffle, que nos budgets n'ont plus de marges de manuvre, en dépit de leur volume sans cesse croissant.
Or les défis qui sont devant nous sont immenses : le vieillissement de la population qui résulte des progrès mêmes de la médecine, les exigences de maintien au domicile, l'avènement d'une nouvelle ère de médicaments directement issus de la recherche fondamentale, mais de plus en plus onéreux, doivent impérativement être financés.
Si l'on ne veut pas augmenter indéfiniment les cotisations, cela passe par une rationalisation de notre système de soins. Cet effort doit s'appuyer d'abord et avant tout sur les professionnels de terrain eux-même. Les clefs de ce changement sont claires : favoriser partout la qualité et l'effort, redonner dynamisme et productivité au service public hospitalier, refondre le paiement des professionnels entre une part forfaitaire de santé publique et des honoraires correctement évalués, déconcentrer la gestion au plus près des réalités, réintégrer partout les professionnels dans les circuits de décisions, être capable de connaître au plus près le rapport qualité/coût de notre système de soins.
Comment demander à chacun une contribution de solidarité proportionnelle aux revenus pour un système qui ne satisfait plus ni ses professionnels ni ses malades ?
Comment demander aux professionnels d'être aux avant-postes d'une rationalisation des prescriptions et de l'organisation des hôpitaux s'ils ne sont plus motivés ?
L'inertie actuelle fait le jeu de la privatisation de l'assurance-maladie réclamée par le Medef, de l'entrée en Bourse des cliniques privées, alors que l'hôpital public est handicapé par l'application imprévoyante des 35 heures. De cet avenir sombre, les Françaises et les Français ne veulent pas, et moi avec eux. Il est grand temps que l'Etat, garant de l'égalité des droits des citoyens, retrouve une vision à long terme pour l'avenir de notre politique de santé et le courage politique de la mettre en uvre.
(Source http://www.chevènement2002.net, le 17 janvier 2002)