Texte intégral
Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs
C'est un grand plaisir d'être aujourd'hui parmi vous à ce congrès de pneumologie de langue française qui réunit annuellement la plupart des professionnels de la santé concernés : les pneumologues hospitaliers et libéraux, mais aussi les infirmières, les kinésithérapeutes et tous ceux qui travaillent auprès des personnes atteintes d'affections pulmonaires.
Vous allez au cours de vos travaux être amené à approfondir notamment les questions relatives à l'asthme et à la broncho-pneumopathie chronique obstructive. C'est pour moi l'occasion d'aborder en terme de santé publique les actions à mener pour lutter contre ces deux pathologies.
S'agissant de l'asthme, je suis très préoccupé par cette pathologie fréquente et grave qui touche 5 à 7% des enfants et 10% des adultes. Vous connaissez les chiffres : 3,5 millions de personnes touchées, le plus souvent des enfants et des jeunes adultes ; une prévalence en constante augmentation ; plusieurs centaines de décès chaque année, en grande partie évitable. Ces chiffres, nous ne pouvons plus les accepter alors même que nous avons à disposition des traitements efficaces et qu'il est possible de prévenir la crise asthmatique. C'est ce constat qui m'a amené à proposer, dans le programme de santé publique annoncé en mars 2001, l'asthme comme une priorité de santé.
Je tiens tout d'abord à remercier le Professeur Philippe GODARD, Madame Jocelyne BOUDOT de la DGS et l'ensemble du groupe de pilotage qui se sont mobilisés pour me proposer cette série d'actions. Ce programme s'articule autour de 5 axes.
1 axe - Développer l'information sur l'asthme
Pour bien gérer sa maladie, chaque patient doit pouvoir en permanence accéder à des informations notamment sur les bons comportements, sur les mesures de prévention dans l'habitat, sur la législation sociale et le droit du travail. Or en France, plusieurs études le montrent, la connaissance de l'asthme et de son traitement reste fragmentaires, même lorsque la maladie est sévère ou ancienne. Il convient donc de rendre le plus accessible possible l'information sur la maladie, ses traitements et sa prévention.
En octobre dernier j'avais demandé à la Direction Générale de la Santé (DGS) d'étudier avec l'association Asthme et Allergies la mise en place d'un numéro vert sur l'asthme. " Asthmes et allergies Infos Services " est maintenant en place. Le numéro est 0 800 19 20 21. Il permet à chaque patient et à leur famille d'obtenir gratuitement et de manière anonyme et gratuite les informations nécessaires.
Ce plan est l'occasion également de rappeler la nécessaire mobilisation sur les risques du tabagisme passif. Le Pr. Dautzenberg m'a remis en mai 2001 un rapport sur cette question et les propositions qu'il m'a faites vont être mises en oeuvre. Ainsi, je souhaite que soit supprimée toute dérogation faite aux lycées d'installer des fumoirs, ce qui revient à dire que les lycées doivent devenir des zones non-fumeurs et le contrôle du tabagisme et la protection des non-fumeurs doivent être inscrites dans le règlement intérieur des établissements. Dans le même esprit, le monde du travail doit intégrer la prévention du tabagisme ; les inspecteurs du travail se verront confier la protection des non-fumeurs.
Ce plan est également une mobilisation contre les allergies et d'abord les allergies alimentaires. Ces allergies alimentaires touchent aujourd'hui environ 3 % de la population générale et 8 % des enfants. Elles sont parfois gravissimes. Le rapport que l'Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments (AFSSA) vient de me remettre permettra de faire des propositions pour limiter au maximum les risques d'accidents graves chez les personnes allergiques. Je souhaite que les consommateurs puissent disposer d'une information juste et précise. Une directive européenne viendra préciser les modalités d'indications des ingrédients présents dans les denrées alimentaires.
J'ai également été convaincu par le groupe de pilotage du programme de l'intérêt des conseillers en environnement intérieur. Ils ont un rôle considérable à jouer au domicile pour permettre l'éviction éventuelle d'allergènes. Je souhaite que ces nouveaux métiers se développent et que demain, nous puissions offrir aux personnes asthmatiques une aide pour supprimer l'exposition aux facteurs allergènes dans leur environnement intérieur.
Un groupe de travail sera mis en place cette année pour définir les caractéristiques de ce nouveau métier et en 2003 nous consacrerons 400 000 euros pour le financement des postes de conseillers dans le cadre des réseaux.
2- L'amélioration de la prise en charge constitue le deuxième axe de ce plan
Il me paraît d'abord essentiel d'améliorer la prise en charge des asthmes graves, qui n'est pas toujours optimale comme l'a encore récemment montré une étude française réalisée dans les services d'urgences. Les asthes mes aigus graves représentaient 26% des asthmes vus aux urgences. La prise en charge médicale de ces crises sévères était trop souvent insuffisante : l'hospitalisation n'était pas systématique et les corticoïdes trop peu utilisés. Ce constat est préoccupant et nous allons faire des efforts particuliers pour améliorer la qualité et la coordination des soins pour les personnes asthmatiques qui ont recours à l'hôpital.
Je souhaite qu'à l'issue de ce plan triennal, l'ensemble des services d'urgences ait mis en place des protocoles de prise en charge des asthmes aigus graves. Mais il convient aussi que ces asthmatiques puissent bénéficier de manière prioritaire d'une éducation thérapeutique adaptée pour réduire la survenue des crises aiguës ou tout au moins d'en amoindrir la gravité.
Quant au suivi des patients asthmatiques, il apparaît dorénavant souhaitable qu'il s'inscrive dans une prise en charge globale et une organisation des soins coordonnée. Je souhaite promouvoir le travail en réseau. Car seule une étroite coordination entre les différents intervenants médecins généralistes, pneumologues, kinésithérapeutes, infirmiers permet une prise en charge efficace du patient asthmatique.
Une impulsion importante est aujourd'hui donnée au développement des réseaux, en particulier grâce au vote de la loi relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé ainsi que la loi de financement de la sécurité sociale. Nous avons profondément rénové les procédures administratives et les modalités de financement des réseaux. Lréseaux ont dorénavant accès à des crédits Assurance-Maladie, sur une enveloppe budgétaire régionale intégrant des crédits ville, hôpital et médico-social. On nous réclamait des enveloppes fongibles, nous l'avons fait pour les réseaux. Nous avons également simplifié les procédures : un guichet unique est mis en place au niveau de chaque région. Ces mesures permettront, je n'en doute pas, de donner un élan majeur au développement des réseaux et de les sortir du dispositif expérimental dans lequel ils étaient confinés. Elles permettront, en particulier, de rémunérer par forfait médecins, psychologues, ce qui va entraîner ici aussi de profonds changements car la prise en charge de l'éducation thérapeutique en ville devient ainsi possible. Avec le groupe de pilotage nous vous proposerons prochainement un cahier des charges des réseaux asthmes et nous financerons dés cette année au moins 10 nouveaux réseaux asthme ( 3 millions d'euros).
J'ai souhaité aussi que soit intégrées dans ce plan des mesures pour favoriser le repérage et l'accueil des enfants en milieu scolaire, car de nombreuses études soulignent que bon nombre d'enfants asthmatiques ne sont pas diagnostiqués et qu'il convient d'encourager et d'améliorer l'accueil des enfants atteints de maladies chroniques au sein de l'école. Une nouvelle circulaire interministérielle sur l'intégration des enfants atteints de maladies chroniques est en cours de rédaction. Une attention particulière est portée à la mise en place de plans d'accueil simplifié pour les enfants asthmatiques n'ayant pas une maladie sévère. La question des relations entre asthme et sport sera traité afin de réduire les abus d'interdit et diminuer les dispenses de sport non fondées qui sont préjudiciables à la santé de l'élève.
3 - Le troisième axe du plan concerne le développement de l'éducation thérapeutique.
Près de 50% des personnes asthmatiques ne suivent pas le traitement prescrit. Un asthme mal traité peut évoluer vers un asthme grave lourdement handicapant et être à l'origine de crises sévères qui mettent en danger la vie des patients. L'intérêt des actions d'éducation thérapeutique, dans la prise charge de certaines maladies comme l'asthme est évident. Comme pour toute maladie chronique, je crois essentiel d'éduquer, d'informer et de motiver les personnes malades et de donner les moyens aux professionnels de santé pour permettre cette éducation.
L'Agence nationale d'accréditation et d'évaluation en santé (ANAES) vient de valider et publier des recommandations sur l'éducation thérapeutique de l'adulte et de l'adolescent et le travail est en cours pour les enfants. Je souhaite maintenant qu'elles soient mises en oeuvre de manière très concrète et que le développement des actions d'éducation thérapeutique de groupe à l'hôpital et en ville dans le cadre des réseaux soit soutenu financièrement. 915 000 euros permettront dès cette année le renforcement des actions d'éducation thérapeutique dans les services de pneumologie.
4 - Le quatrième axe concerne l'amélioration de la prise en charge et la prévention des asthmes professionnels.
Entre 5% et 10% des asthmes ont une origine professionnelle. Les métiers les plus à risque sont la boulangerie, la peinture et la coiffure. Les conséquences socio-économiques sont parfois majeures et peuvent entraîner des préjudices importants y compris la perte de l'emploi. Je souhaite qu'une nouvelle étape soit franchie et que l'on développe une véritable politique de prévention des asthmes professionnels et que l'on renforce la capacité de prise en charge des malades. Des actions de sensibilisation des pneumologues, mais aussi en milieux professionnels notamment pour les expositions aux isocyanates et au latex seront développées. L'AFSSAPS sera saisie d'une évaluation des gants de protection utilisé dans les milieux de soins. La réflexion engagée par les services de prévention de la CRAM et les professionnels de la coiffure, permettra, je l'espère, d'apporter, de modifier les produits de décoloration qui contiennent des persulfates alcalins et de réduire les risques d'exposition des professionnels de la coiffure.
Enfin s'agissant de la prise en charge, un bilan des 29 consultations de pathologie professionnel sera réalisé et une analyse des besoins effectuée.
5 - Enfin dernière axe la mise en place d'une surveillance et le développement d'une veille scientifique sur l'asthme et ses facteurs de risque
Il existe de nombreuses études sur l'asthme et ses facteurs de risque et je m'en félicite. Le caractère multifactoriel de cette pathologie oblige à multiplier les études et les recherches et à les élargir aux questions relatives aux allergies. Nous avons besoin de données sur la fréquence de l'exposition aux acariens, sur la qualité de l'air, sur les allergies alimentaires, de données épidémiologiques sur les maladies professionnelles, sur la prévalence et l'incidence de l'asthme et des allergies...
Il devient nécessaire de définir un système global de surveillance de l'asthme et de ses facteurs de risque et de favoriser le transfert des connaissances pour leur utilisation dans le domaine de la prévention. Un comité sera mis en place dans les semaines qui viennent et l'Institut de Veille Sanitaire est chargé de mettre en place un système de surveillance.
(21 000 euros)
Voilà mesdames, messieurs les grands axes de ce programme d'action et de prise en charge de l'asthme, qui sera mis en oeuvre sur les trois ans qui viennent.
Avant de conclure, je souhaite aussi vous dire un mot de la broncho-pneumopathie obstructive, pour laquelle, vous, les pneumologues à travers la Société de Pneumologie de Langue Française vous vous mobilisez. Le Professeur CORDIER m'a exposé précisément l'ampleur de ce problème de santé publique et je tiens à vous encourager dans cette action. On ne peut rester immobile devant cette maladie à l'origine d'handicaps lourds et définitifs et responsable de plus de 15.000 décès par an.
La principale cause est le tabac. Je tiens à remercier tous ceux, qui au sein des associations, chaque jour, à tous les niveaux, contribuent à rendre plus efficace la lutte contre le tabagisme et sensibilisent la population sur la bronchite.
Vous bénéficierez dans ce domaine du soutien du ministère de la santé qui souhaite à travers le plan national de lutte contre le tabagisme diminuer les ventes de tabac de 15 % en dix ans.
J'ai noté avec beaucoup d'intérêt vos propositions d'inciter les médecins généralistes à dépister la bronchite chronique et à mesurer la débimétrie de pointe pour repérer chez les fumeurs une obstruction bronchique. Le rôle des médecins généralistes est fondamental et au-delà du soin individuel, ils doivent participer et accompagner les programmes d'action de santé publique.
Enfin je ne peux qu'encourager les campagnes d'information que la Société de pneumologie de langue française a prévu pour mieux faire connaître la maladie. Il faut faire savoir qu'il n'est pas normal de cracher et tousser le matin, même chez un fumeur.
Enfin, je profite de ce congrès annuel de pneumologie de langue française pour vous faire savoir que j'ai demandé le rétablissement de la cotation dans la nomenclature de certaines épreuves respiratoires et l'alignement de la cotation de la fibroscopie sans biopsie sur la cotation de la fibroscopie avec biopsie. Les propositions de la commission permanente de la nomenclature sont inscrites à l'ordre du jour du conseil d'administration de la CNAMTS qui se tient demain le 29 janvier 2001 ce qui devrait nous permettre de publier un arrêté rapidement.
Voilà Mesdames, Messieurs, les grandes orientations dont je voulais vous faire part, il me reste à vous encourager dans vos travaux, dans votre réflexion. Je serai attentif aux résultats de vos travaux.
(Source http://www.sante.gouv.fr, le 18 mars 2002)
Mesdames, Messieurs
C'est un grand plaisir d'être aujourd'hui parmi vous à ce congrès de pneumologie de langue française qui réunit annuellement la plupart des professionnels de la santé concernés : les pneumologues hospitaliers et libéraux, mais aussi les infirmières, les kinésithérapeutes et tous ceux qui travaillent auprès des personnes atteintes d'affections pulmonaires.
Vous allez au cours de vos travaux être amené à approfondir notamment les questions relatives à l'asthme et à la broncho-pneumopathie chronique obstructive. C'est pour moi l'occasion d'aborder en terme de santé publique les actions à mener pour lutter contre ces deux pathologies.
S'agissant de l'asthme, je suis très préoccupé par cette pathologie fréquente et grave qui touche 5 à 7% des enfants et 10% des adultes. Vous connaissez les chiffres : 3,5 millions de personnes touchées, le plus souvent des enfants et des jeunes adultes ; une prévalence en constante augmentation ; plusieurs centaines de décès chaque année, en grande partie évitable. Ces chiffres, nous ne pouvons plus les accepter alors même que nous avons à disposition des traitements efficaces et qu'il est possible de prévenir la crise asthmatique. C'est ce constat qui m'a amené à proposer, dans le programme de santé publique annoncé en mars 2001, l'asthme comme une priorité de santé.
Je tiens tout d'abord à remercier le Professeur Philippe GODARD, Madame Jocelyne BOUDOT de la DGS et l'ensemble du groupe de pilotage qui se sont mobilisés pour me proposer cette série d'actions. Ce programme s'articule autour de 5 axes.
1 axe - Développer l'information sur l'asthme
Pour bien gérer sa maladie, chaque patient doit pouvoir en permanence accéder à des informations notamment sur les bons comportements, sur les mesures de prévention dans l'habitat, sur la législation sociale et le droit du travail. Or en France, plusieurs études le montrent, la connaissance de l'asthme et de son traitement reste fragmentaires, même lorsque la maladie est sévère ou ancienne. Il convient donc de rendre le plus accessible possible l'information sur la maladie, ses traitements et sa prévention.
En octobre dernier j'avais demandé à la Direction Générale de la Santé (DGS) d'étudier avec l'association Asthme et Allergies la mise en place d'un numéro vert sur l'asthme. " Asthmes et allergies Infos Services " est maintenant en place. Le numéro est 0 800 19 20 21. Il permet à chaque patient et à leur famille d'obtenir gratuitement et de manière anonyme et gratuite les informations nécessaires.
Ce plan est l'occasion également de rappeler la nécessaire mobilisation sur les risques du tabagisme passif. Le Pr. Dautzenberg m'a remis en mai 2001 un rapport sur cette question et les propositions qu'il m'a faites vont être mises en oeuvre. Ainsi, je souhaite que soit supprimée toute dérogation faite aux lycées d'installer des fumoirs, ce qui revient à dire que les lycées doivent devenir des zones non-fumeurs et le contrôle du tabagisme et la protection des non-fumeurs doivent être inscrites dans le règlement intérieur des établissements. Dans le même esprit, le monde du travail doit intégrer la prévention du tabagisme ; les inspecteurs du travail se verront confier la protection des non-fumeurs.
Ce plan est également une mobilisation contre les allergies et d'abord les allergies alimentaires. Ces allergies alimentaires touchent aujourd'hui environ 3 % de la population générale et 8 % des enfants. Elles sont parfois gravissimes. Le rapport que l'Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments (AFSSA) vient de me remettre permettra de faire des propositions pour limiter au maximum les risques d'accidents graves chez les personnes allergiques. Je souhaite que les consommateurs puissent disposer d'une information juste et précise. Une directive européenne viendra préciser les modalités d'indications des ingrédients présents dans les denrées alimentaires.
J'ai également été convaincu par le groupe de pilotage du programme de l'intérêt des conseillers en environnement intérieur. Ils ont un rôle considérable à jouer au domicile pour permettre l'éviction éventuelle d'allergènes. Je souhaite que ces nouveaux métiers se développent et que demain, nous puissions offrir aux personnes asthmatiques une aide pour supprimer l'exposition aux facteurs allergènes dans leur environnement intérieur.
Un groupe de travail sera mis en place cette année pour définir les caractéristiques de ce nouveau métier et en 2003 nous consacrerons 400 000 euros pour le financement des postes de conseillers dans le cadre des réseaux.
2- L'amélioration de la prise en charge constitue le deuxième axe de ce plan
Il me paraît d'abord essentiel d'améliorer la prise en charge des asthmes graves, qui n'est pas toujours optimale comme l'a encore récemment montré une étude française réalisée dans les services d'urgences. Les asthes mes aigus graves représentaient 26% des asthmes vus aux urgences. La prise en charge médicale de ces crises sévères était trop souvent insuffisante : l'hospitalisation n'était pas systématique et les corticoïdes trop peu utilisés. Ce constat est préoccupant et nous allons faire des efforts particuliers pour améliorer la qualité et la coordination des soins pour les personnes asthmatiques qui ont recours à l'hôpital.
Je souhaite qu'à l'issue de ce plan triennal, l'ensemble des services d'urgences ait mis en place des protocoles de prise en charge des asthmes aigus graves. Mais il convient aussi que ces asthmatiques puissent bénéficier de manière prioritaire d'une éducation thérapeutique adaptée pour réduire la survenue des crises aiguës ou tout au moins d'en amoindrir la gravité.
Quant au suivi des patients asthmatiques, il apparaît dorénavant souhaitable qu'il s'inscrive dans une prise en charge globale et une organisation des soins coordonnée. Je souhaite promouvoir le travail en réseau. Car seule une étroite coordination entre les différents intervenants médecins généralistes, pneumologues, kinésithérapeutes, infirmiers permet une prise en charge efficace du patient asthmatique.
Une impulsion importante est aujourd'hui donnée au développement des réseaux, en particulier grâce au vote de la loi relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé ainsi que la loi de financement de la sécurité sociale. Nous avons profondément rénové les procédures administratives et les modalités de financement des réseaux. Lréseaux ont dorénavant accès à des crédits Assurance-Maladie, sur une enveloppe budgétaire régionale intégrant des crédits ville, hôpital et médico-social. On nous réclamait des enveloppes fongibles, nous l'avons fait pour les réseaux. Nous avons également simplifié les procédures : un guichet unique est mis en place au niveau de chaque région. Ces mesures permettront, je n'en doute pas, de donner un élan majeur au développement des réseaux et de les sortir du dispositif expérimental dans lequel ils étaient confinés. Elles permettront, en particulier, de rémunérer par forfait médecins, psychologues, ce qui va entraîner ici aussi de profonds changements car la prise en charge de l'éducation thérapeutique en ville devient ainsi possible. Avec le groupe de pilotage nous vous proposerons prochainement un cahier des charges des réseaux asthmes et nous financerons dés cette année au moins 10 nouveaux réseaux asthme ( 3 millions d'euros).
J'ai souhaité aussi que soit intégrées dans ce plan des mesures pour favoriser le repérage et l'accueil des enfants en milieu scolaire, car de nombreuses études soulignent que bon nombre d'enfants asthmatiques ne sont pas diagnostiqués et qu'il convient d'encourager et d'améliorer l'accueil des enfants atteints de maladies chroniques au sein de l'école. Une nouvelle circulaire interministérielle sur l'intégration des enfants atteints de maladies chroniques est en cours de rédaction. Une attention particulière est portée à la mise en place de plans d'accueil simplifié pour les enfants asthmatiques n'ayant pas une maladie sévère. La question des relations entre asthme et sport sera traité afin de réduire les abus d'interdit et diminuer les dispenses de sport non fondées qui sont préjudiciables à la santé de l'élève.
3 - Le troisième axe du plan concerne le développement de l'éducation thérapeutique.
Près de 50% des personnes asthmatiques ne suivent pas le traitement prescrit. Un asthme mal traité peut évoluer vers un asthme grave lourdement handicapant et être à l'origine de crises sévères qui mettent en danger la vie des patients. L'intérêt des actions d'éducation thérapeutique, dans la prise charge de certaines maladies comme l'asthme est évident. Comme pour toute maladie chronique, je crois essentiel d'éduquer, d'informer et de motiver les personnes malades et de donner les moyens aux professionnels de santé pour permettre cette éducation.
L'Agence nationale d'accréditation et d'évaluation en santé (ANAES) vient de valider et publier des recommandations sur l'éducation thérapeutique de l'adulte et de l'adolescent et le travail est en cours pour les enfants. Je souhaite maintenant qu'elles soient mises en oeuvre de manière très concrète et que le développement des actions d'éducation thérapeutique de groupe à l'hôpital et en ville dans le cadre des réseaux soit soutenu financièrement. 915 000 euros permettront dès cette année le renforcement des actions d'éducation thérapeutique dans les services de pneumologie.
4 - Le quatrième axe concerne l'amélioration de la prise en charge et la prévention des asthmes professionnels.
Entre 5% et 10% des asthmes ont une origine professionnelle. Les métiers les plus à risque sont la boulangerie, la peinture et la coiffure. Les conséquences socio-économiques sont parfois majeures et peuvent entraîner des préjudices importants y compris la perte de l'emploi. Je souhaite qu'une nouvelle étape soit franchie et que l'on développe une véritable politique de prévention des asthmes professionnels et que l'on renforce la capacité de prise en charge des malades. Des actions de sensibilisation des pneumologues, mais aussi en milieux professionnels notamment pour les expositions aux isocyanates et au latex seront développées. L'AFSSAPS sera saisie d'une évaluation des gants de protection utilisé dans les milieux de soins. La réflexion engagée par les services de prévention de la CRAM et les professionnels de la coiffure, permettra, je l'espère, d'apporter, de modifier les produits de décoloration qui contiennent des persulfates alcalins et de réduire les risques d'exposition des professionnels de la coiffure.
Enfin s'agissant de la prise en charge, un bilan des 29 consultations de pathologie professionnel sera réalisé et une analyse des besoins effectuée.
5 - Enfin dernière axe la mise en place d'une surveillance et le développement d'une veille scientifique sur l'asthme et ses facteurs de risque
Il existe de nombreuses études sur l'asthme et ses facteurs de risque et je m'en félicite. Le caractère multifactoriel de cette pathologie oblige à multiplier les études et les recherches et à les élargir aux questions relatives aux allergies. Nous avons besoin de données sur la fréquence de l'exposition aux acariens, sur la qualité de l'air, sur les allergies alimentaires, de données épidémiologiques sur les maladies professionnelles, sur la prévalence et l'incidence de l'asthme et des allergies...
Il devient nécessaire de définir un système global de surveillance de l'asthme et de ses facteurs de risque et de favoriser le transfert des connaissances pour leur utilisation dans le domaine de la prévention. Un comité sera mis en place dans les semaines qui viennent et l'Institut de Veille Sanitaire est chargé de mettre en place un système de surveillance.
(21 000 euros)
Voilà mesdames, messieurs les grands axes de ce programme d'action et de prise en charge de l'asthme, qui sera mis en oeuvre sur les trois ans qui viennent.
Avant de conclure, je souhaite aussi vous dire un mot de la broncho-pneumopathie obstructive, pour laquelle, vous, les pneumologues à travers la Société de Pneumologie de Langue Française vous vous mobilisez. Le Professeur CORDIER m'a exposé précisément l'ampleur de ce problème de santé publique et je tiens à vous encourager dans cette action. On ne peut rester immobile devant cette maladie à l'origine d'handicaps lourds et définitifs et responsable de plus de 15.000 décès par an.
La principale cause est le tabac. Je tiens à remercier tous ceux, qui au sein des associations, chaque jour, à tous les niveaux, contribuent à rendre plus efficace la lutte contre le tabagisme et sensibilisent la population sur la bronchite.
Vous bénéficierez dans ce domaine du soutien du ministère de la santé qui souhaite à travers le plan national de lutte contre le tabagisme diminuer les ventes de tabac de 15 % en dix ans.
J'ai noté avec beaucoup d'intérêt vos propositions d'inciter les médecins généralistes à dépister la bronchite chronique et à mesurer la débimétrie de pointe pour repérer chez les fumeurs une obstruction bronchique. Le rôle des médecins généralistes est fondamental et au-delà du soin individuel, ils doivent participer et accompagner les programmes d'action de santé publique.
Enfin je ne peux qu'encourager les campagnes d'information que la Société de pneumologie de langue française a prévu pour mieux faire connaître la maladie. Il faut faire savoir qu'il n'est pas normal de cracher et tousser le matin, même chez un fumeur.
Enfin, je profite de ce congrès annuel de pneumologie de langue française pour vous faire savoir que j'ai demandé le rétablissement de la cotation dans la nomenclature de certaines épreuves respiratoires et l'alignement de la cotation de la fibroscopie sans biopsie sur la cotation de la fibroscopie avec biopsie. Les propositions de la commission permanente de la nomenclature sont inscrites à l'ordre du jour du conseil d'administration de la CNAMTS qui se tient demain le 29 janvier 2001 ce qui devrait nous permettre de publier un arrêté rapidement.
Voilà Mesdames, Messieurs, les grandes orientations dont je voulais vous faire part, il me reste à vous encourager dans vos travaux, dans votre réflexion. Je serai attentif aux résultats de vos travaux.
(Source http://www.sante.gouv.fr, le 18 mars 2002)