Communiqué commun des chefs d'Etat et de gouvernement des pays ayant en commun l'usage du français, en date du 4 septembre 1987.

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Circonstance : Sommet des pays francophones à Québec du 2 au 4 septembre 1987

Média : Bulletin d'information du ministère des affaires étrangères - Bulletin d'information du ministère des affaires étrangères

Texte intégral

Moyen-Orient.
- N.B. : Le Canada ne s'est pas associé à cette résolution.
- Les chefs d'Etat, de Gouvernement et de Délégation,
- - conscients de la nécessité urgente d'instaurer la paix, la sécurité et la stabilité au Moyen-Orient, et soucieux de parer aux dangers inhérents à la situation explosive que connait actuellement la région,
- convaincus que l'établissement d'une paix juste et équitable ne saurait être réalisé que par une solution globale de toutes les questions qui se posent dans la région et ce conformément aux résolutions des Nations unies, et par la reconnaissance des droits nationaux du peuple palestinien et notamment son droit élémentaire et légitime à l'autodétermination,
- appuient la convocation la plus rapide possible d'une conférence internationale sur le Moyen-Orient qui, sous l'égide des Nations unies et avec la participation de toutes les parties directement concernées et des membres permanents du Conseil de sécurité, constituerait un cadre approprié pour les négociations nécessaires, et favoriserait la réalisation d'une paix durable.
- lancent un appel pressant à tous les membres de la communauté internationale pour qu'ils facilitent la tenue de cette conférence.
- Liban.
- Les chefs d'Etat, de Gouvernement et de Délégation,
- Profondément préoccupés par la situation tragique qui prévaut au Liban depuis plus de douze ans, et par le drame du peuple libanais,
- particulièrement inquiets de la destruction d'une grande partie des centres scolaires, culturels et éducatifs du Liban, destruction qui risque de porter atteinte à son rayonnement intellectuel et spirituel, et de paralyser son rôle comme haut lieu d'échange et de dialogue entre les cultures, et comme modèle de convivialité et de tolérance,
- proclament la nécessité urgente de rétablir la paix au Liban dans le respect total de sa souveraineté, de l'unité de son peuple et de l'intégrité de son territoire, conformément aux dispositions des résolutions numéros 425 et 426 du Conseil de Sécurité des Nations unies,
- décident la création d'une caisse autonome constituée de contributions volontaires des Etats membres de notre Conférence, ou d'autres Etats et organisations nationales et internationales, pour aider le Liban dans son effort de reconstruction de ses institutions culturelles, éducatives, techniques et hospitalières démolies ou endommagées pendant la guerre,
- chargent le Comité du suivi d'élaborer, en accord avec le gouvernement libanais, le statut de cette caisse autonome, et de fixer les modalités de son financement et de son fonctionnement.
Afrique australe
- Apartheid, déstabilisation régionale et Namibie.
- Les chefs d'Etat, de Gouvernement et de délégation des pays ayant en commun l'usage du français, profondément inquiets de la situation en Afrique australe,
- Regrettant que le gouvernement d'Afrique du Sud n'ait pas engagé les nécessaires négociations avec les représentants authentiques de la majorité noire et les autres composantes de la société sud-africaine,
- Déplorant que la majorité des Sud-Africains continue à être privée de ses droits fondamentaux,
- Constatant que les prisonniers politiques et notamment Nelson Mandela n'ont pas encore été libérés,
- Préoccupés par la politique sud-africaine de déstabilisation des Etats voisins et de non-respect de leur intégrité territoriale,
- Réaffirment leur condamnation ferme et résolue du système inacceptable de l'apartheid, responsable de la violence dans le pays, et réaffirment leur volonté d'oeuvrer en faveur de l'établissement d'un régime démocratique en Afrique du Sud. Ils condamnent résolument la politique d'agression et de déstabilisation du régime de Pretoria à l'égard des Etats voisins. A cette fin, ils s'engagent à maintenir les pressions économiques et politiques sur le gouvernement d'Afrique du Sud et à continuer de prendre des mesures individuelles et collectives efficaces jusqu'à ce qu'il démantèle l'apartheid.
- Demandent instamment que le gouvernement sud-africain entame des négociations avec les représentants authentiques de la majorité noire et les autres composantes de la société sud-africaine. Afin de jeter les bases essentielles de ces négociations, le gouvernement d'Afrique du Sud doit clairement déclarer son intention de démanteler l'apartheid, mettre fin à l'état d'urgence, libérer tous les prisonniers politiques (y compris Nelson Mandela) et lever l'interdit frappant le Congrès national africain et d'autres organisations politiques anti-apartheid.
- Considérant qu'il revient aux Sud-Africains eux-mêmes de se doter d'une nouvelle constitution. Celle-ci, si elle était le fruit d'une véritable négociation, garantirait à tous les Sud-Africains, sans considération d'origine ou de couleur, un droit égal à participer à toutes les sphères de la vie nationale, à recevoir un traitement égal devant la loi et à jouir de la protection pleine et entière de l'Etat.
- Se félicitent de la récente rencontre de Dakar, de même que celles de Ouagadougou et d'Accra entre les représentants du Congrès national africain et un groupe de Blancs venus d'Afrique du Sud et se déclarent résolus à promouvoir le dialogue et la compréhension entre tous les Sud-Africains.
- Insistent donc sur le rôle que les pays ayant en commun l'usage du français doivent jouer en faveur du démantèlement de l'apartheid.
- Conviennent, en signe de solidarité avec les victimes de l'apartheid, d'établir un programme de bourses d'études en leur faveur et qui sera administré par les pays participant au programme.
- Se proposent d'accroitre leur assistance aux pays de l'Afrique australe, notamment dans le cadre de la Conférence pour la coordination du développement en Afrique australe.
- Exigent, conformément à la résolution numéro 435 du Conseil de sécurité de l'Organisation des Nations unies, que l'Afrique du Sud cesse l'occupation illégale de la Namibie qui doit accèder à l'indépendance sans délai ni conditions.
Résolution sur l'aide économique au Tchad.
- Les chefs d'Etat, de Gouvernement et de Délégation,
- Conscients des difficultés auxquelles le gouvernement du Tchad fait face pour favoriser le développement économique du pays,
- Expriment leur solidarité avec le peuple tchadien,
- Manifestent leur appui aux grandes orientations économiques et sociales du plan intérimaire présenté par le Gouvernement tchadien lors de la Table ronde de Genève en décembre 1985,
- Conviennent de l'établissement d'un fonds volontaire destiné au renforcement des systèmes éducatifs, à la formation des éducateurs et au développement des infrastructures scolaires au Tchad.
- Résolution concernant le conflit Irano-Irakien.
- Les chefs d'Etat, de Gouvernement et de Délégation,
- Profondément préoccupés par la persistance du conflit entre l'Irak et l'Iran qui inflige de lourdes pertes en vies humaines, cause d'importants dommages matériels, et met en péril la paix et la sécurité,
- Appuient pleinement la résolution 598 du Conseil de Sécurité adoptée à l'unanimité le 20 juillet de la présente année et en demandent la mise en vigueur sans délai.
Résolution sur la situation économique mondiale.
- Les chefs d'Etat, de Gouvernement et de Délégation,
- Ayant procédé à un échange de vues fructueux sur la situation économique mondiale,
- Constatant certains développements positifs dans les pays industrialisés, notamment la poursuite de la croissance pour une cinquième année consécutive, les efforts intensifiés de coordination des politiques économiques, une baisse des taux d'intérêt, les débuts d'un redressement des déséquilibres suite au réalignement des monnaies,
- Préoccupés par les perspectives dans l'ensemble défavorables aux pays en voie de développement pour assurer leur croissance, trouver les marchés dont ils ont besoin et faire face au service de leur dette extérieure, par la persistance des restrictions commerciales et des pressions protectionnistes, et par la dépression prolongée des cours de nombreux marchés de produits de base,
- Conviennent de la nécessité de promouvoir la croissance globale par l'adoption de politiques appropriées à la diversité de leurs situations économiques,
- Témoignent de leur ferme engagement à l'égard du cycle Uruguay de négociations commerciales, lequel se doit de maintenir et renforcer le système commercial multilatéral et libéraliser davantage les échanges commerciaux au bénéfice de tous les pays,
- Accordent priorité au renforcement du système commercial multilatéral centré sur le GATT et la CNUCED de façon à assurer une croissance équilibrée de commerce international et, partant, de l'économie mondiale, tout particulièrement de celle des pays en développement,
- Reconnaissent la gravité du problème agricole pour le monde industriel comme pour les pays en développement et se félicitent de l'accord contenu dans la déclaration de Punta del Este sur les objectifs relatifs à l'agriculture, qui constituent un élément de la négociation globale du cycle d'Uruguay, ils affirment leur volonté d'oeuvrer ensemble pour résoudre les problèmes et alléger les tensions qui caractérisent le secteur agricole.
Reconnaissent l'importance pour la communauté mondiale de promouvoir dans les pays en développement un processus d'amélioration de leur situation économique qui prenne en compte la diversité de leur situation et de leurs besoins, à cette fin, ils soulignent le rôle de l'aide publique au développement, tout en se félicitant des efforts accrus dans ce domaine de la part de ceux des pays industrialisés qui, au Sommet de Venise, ont rappelé l'objectif déjà établi par les organisations internationales (0,7 % du PNB pour le niveau futur de cette aide),
- Soulignent la nécessité d'une mobilisation accrue de ressources en faveur des pays les moins avancés (PMA) dans le cadre du Nouveau Programme substantiel d'action pour les années 80,
- Reconnaissent que la situation d'endettement de certains pays, notamment en Afrique, pose des problèmes extrêmement difficiles, et nécessite un traitement spécial,
- Expriment le souhait que, d'ici la fin de la présente année, les discussions sur différentes propositions mènent, au sein des institutions responsables, à des conclusions pratiques et bénéfiques pour les pays affectés : il s'agit notamment de celle du Directeur général du FMI concernant le triplement des ressources, de la facilité d'ajustement structurel, et de celles concernant l'allègement du service de la dette par le Club de Paris ainsi que la possibilité d'appliquer des taux d'intérêt plus bas à la dette existante pour les pays les moins avancés et ceux des pays qui ont entrepris des efforts d'ajustement,
- Estiment, surtout au vu des problèmes de ceux des pays en développement dont l'économie dépend exclusivement ou pour une bonne partie de l'exportation de produits de base dont le bas niveau des prix persiste, qu'il est important d'en arriver à un meilleur fonctionnement des marchés des produits de base, pour assurer une juste et équitable rémunération,
- Se félicitent des résultats de la VIIème Conférence des Nations unies sur le commerce et le développment (CNUCED),
- Conviennent que leurs pays doivent se consulter et se concerter davantage pour atteindre ces objectifs, témoignant ainsi d'une manière concrète et tangible de leur solidarité et de leur volonté de coopérer sur la base de l'usage qu'ils font en commun du français.