Déclaration de M. Robert Hue, président du PCF, sur l'annulation par le Conseil constitutionnel de l'article 107, portant sur les licenciements économiques, de la loi de modernisation sociale.

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Circonstance : Visite à l'usine Lu de Ris-Orangis (Essonne) le 8 février 2002.

Texte intégral

Cher-e-s ami-e-s, cher-e-s camarades,
D'abord je veux vous dire que je suis très heureux d'être parmi vous ; et je vous remercie de m'accueillir ici, devant cette entreprise particulièrement symbolique des effets destructeurs de ce que l'on appelle les "licenciements boursiers".
Et puis je veux ajouter ceci, tout simplement : ma visite d'aujourd'hui est d'abord un geste de solidarité envers vous, les salariés de LU, envers vos familles, et toutes celles et tous ceux qui vous entourent, qui se battent à vos côtés.
Oui, je vous assure de ma totale solidarité, et de mon entière disponibilité pour entreprendre avec vous, tout ce qui sera possible afin de défendre vos intérêts.
Au-delà, ce qui nous révolte les uns et les autres c'est, bien évidemment, la scandaleuse décision du Conseil constitutionnel rayant d'un trait de plume l'article 107 de la loi de modernisation sociale.
C'est d'autant plus révoltant que tout le monde sait bien que cette décision n'a absolument aucun fondement juridique.
Elle est strictement, exclusivement politique.
Le Conseil constitutionnel n'a pas hésité à inventer une "liberté d'entreprendre" qui n'a jamais figuré dans la Constitution.
En revanche, il a allègrement violé un principe qui y est contenu : le droit au travail.
Je l'ai déjà dit, je le confirme devant vous : ce petit aréopage de politiciens retraités s'est mis au garde-à-vous devant la droite et le Medef.
Que la droite et le baron Seillières combattent avec acharnement toute avancée du droit du travail, ce n'est pas étonnant.
D'autant moins que jamais autant qu'aujourd'hui ils n'ont voulu plier toute la société aux "règles de fer" de l'ultralibéralisme, des marchés financiers, et de ces calculateurs froids, impitoyables - et complètement ignorants des réalités de l'entreprise, du monde du travail - que sont les actionnaires.
Et ce qui me préoccupe beaucoup dans cette affaire - je ne vous le cache pas - c'est de voir le gouvernement accepter sans broncher cette véritable agression contre sa majorité ; contre des millions de salariés qui voyaient dans la loi de modernisation sociale le signe fort que, sur une question essentielle, ils étaient entendus de la gauche.
Certains, même, et pas des moindres, au sein de la majorité, n'ont pas dissimulé leur satisfaction (Laurent Fabius).
On me donnera acte que je n'ai pas cessé, ces dernières années, de mettre vigoureusement en garde contre les dangers qu'il y a à céder aux pressions ultralibérales.
C'est dangereux - et souvent dramatique, inhumain - pour vous, pour les femmes et les hommes qui n'ont que leur travail pour vivre.
C'est dangereux pour l'avenir, parce que cela contribue à donner de l'espace à la droite.
Et moi, je me bats contre la droite ; je me bats contre le Medef !
Je me bats parce que je ne veux pas que notre pays soit soumis aux privatisations, aux déréglementations, à la loi de la jungle de la concurrence sauvage.
Je me bats parce que je sais que l'on peut faire autrement !
Je sais qu'il y a de l'argent en France, dans ce pays parmi les plus riches du monde.
Je sais qu'en l'an 2000, plus de 2 200 milliards de francs ont été distribués sous forme d'intérêts financiers et de dividendes à ceux qui vous licencient, pour faire encore grandir ces sommes vertigineuses à leur seul profit.
Je sais que les grands patrons français ont décidé de s'augmenter. En un an, c'est Le Parisien d'hier qui le révélait, leurs rémunérations ont augmenté de 36%.
celui d'Alcatel gagne désormais 20 millions d'euros par an (132 millions de francs environ)
Jean-Marie Meissier gagne 11 millions d'euros (près de 73 millions de francs)
Cher-e-s ami-e-s et camarades,
Je suis, tout le monde le sait, candidat à l'élection présidentielle. Mais, au risque de vous surprendre, je ne suis pas venu faire campagne ici, aujourd'hui, auprès de vous.
Je le répète : je suis, les communistes sont profondément solidaires de votre combat. En toutes circonstances.
Et je vous le dis : maintenant et au lendemain des échéances électorales vous pouvez compter sur moi.
Ce que j'espère, ce pourquoi je me bats c'est pour que vous soyez entendus et respectés.

(Source http://www.roberthue2002.net, le 20 février 2002)