Texte intégral
Monsieur le Préfet,
Monsieur le Président du Conseil Général,
Mesdames et Messieurs les Élus,
Mesdames et Messieurs,
Permettez-moi de vous remercier de votre accueil dans votre beau département de l'AUDE.
J'ai voulu profiter de l'occasion qui m'a été donnée par nos amis de la C.C.A.S de l'AUDE pour participer à une manifestation sur le tourisme social, et accepter l'invitation de Monsieur le Maire de CAMPLONG, afin de voir l'expérience qu'il conduit dans sa commune, avec l'appui de votre assemblée, mais aussi en partenariat avec les acteurs associatifs du tourisme social.
C'est donc naturellement, et avec plaisir, que j'ai accepté votre proposition d'élargir ma visite, Monsieur le Président, afin de découvrir cette superbe région des CORBIÈRES et de rencontrer les responsables locaux qui s'attachent par leur action à faire vivre leur pays.
Si je suis ici présente parmi vous à VILLEROUGE TERMENES - ce magnifique petit village, haut lieu de votre patrimoine historique et culturel -, c'est parce qu'il me paraît indispensable, en cette période de réflexion sur la politique d'aménagement du territoire, au travers des contrats de plan, de me rendre compte des actions déjà conduites sur le terrain pour développer le tourisme.
Cette rencontre me permet aussi de mesurer l'importance et la tradition touristique de votre département.
Je sais ainsi qu'il est, avec la viticulture, un des pôles fort de votre économie locale.
Ici, il existe, en effet, un extraordinaire potentiel. Toutes les formes de tourisme sont représentées, du Tourisme balnéaire au Tourisme culturel, en passant par le Tourisme rural, évidemment.
Votre département possède, il est vrai, de multiples visages et un patrimoine naturel et culturel riche et varié.
D'ailleurs, les touristes ne s'y trompent pas puisqu'ils sont de plus en plus nombreux à y séjourner.
Ainsi, l'an dernier encore, on observait une augmentation de 4 % de la fréquentation touristique dans ce département.
Des touristes qui, pour plus tiers, sont des visiteurs étrangers, consommant, chaque année, près de 15 millions de nuitées.
Et je sais tous les efforts que vous faites, élus, professionnels et acteurs locaux, depuis de nombreuses années maintenant, pour encourager et améliorer la qualité des prestations offertes, sur le littoral, bien entendu - puisqu'il demeure le point fort du tourisme audois (50 %) -, mais également sur l'ensemble de ce département particulièrement riche en paysages et patrimoine historique, des CORBIÈRES à la MONTAGNE NOIRE, de la HAUTE VALLÉE DE L'AUDE au LAURAGAIS.
La richesse de ce département est, en effet, indéniable, avec la cité de CARCASSONNE et le CANAL DU MIDI - tous deux inscrits au patrimoine mondial par l'UNESCO -, mais aussi avec ces fameuses citadelles du vertige, témoins d'un passé et d'une civilisation occitane enviée par ses voisins du pays d'OÏL, cette civilisation cathare dont l'ensemble des audois aujourd'hui, considère qu'elle fait partie de ses racines culturelles.
VILLEROUGE TERMENES témoignage de cette période significative de l'histoire de votre région, illustre parfaitement la volonté qui est la vôtre de faire de votre histoire, et de son patrimoine, un atout du développement local, en complémentarité avec l'activité viticole.
Nous savons tous les difficultés que celle-ci a connue dans le passé, mais aussi la façon remarquable dont elle a su se réorganiser et s'orienter vers une démarche de qualité dont elle tire aujourd'hui les bénéfices.
Permettez-moi de vous dire que pour le tourisme, c'est un peu la même chose.
En effet, le tourisme est un art difficile, qui exige, pour s'inscrire dans une logique de développement durable, une démarche de qualité, comprise et soutenue par tous.
Ainsi faut-il tout autant travailler pour enrichir et renouveler l'offre, afin qu'elle corresponde toujours mieux aux besoins et aux attentes de nos concitoyens et de nos visiteurs étrangers, qu'accompagner la professionnalisation des acteurs de ce secteur, en améliorant constamment la formation des hommes et des femmes qui uvrent dans le tourisme.
C'est par ces efforts sur la qualité - au travers de tout ce qui la fait - que l'on fidélise une clientèle, simplement parce qu'étant bien reçue, et se voyant offrir des activités diverses, lui permettant également de se lier avec la population locale, elle aura sans doute envie de revenir l'année suivante.
Ainsi l'activité touristique bénéficiera réellement à la population, en raison des retombées économiques et des emplois induits par cette fréquentation.
Mais je sais que c'est, là, la démarche que vous menez, à travers votre "programme du Pays Cathare", grâce, notamment, à la mise en place d'une marque "Pays Cathare", déposée auprès de l'Institut National de la Propriété Industrielle (INPI).
Cette démarche, novatrice et originale, mérite d'être saluée.
Elle vous permet, en effet, de maîtriser la qualité de vos produits, mais aussi de fédérer les acteurs économiques départementaux autour d'un programme cohérent de développement, et de donner, ainsi, une identité forte aux pays et aux acteurs du programme cathare.
C'est bien ce dynamisme, cette volonté et cette ténacité, que j'ai entendu à travers vos propos, qui permettront, j'en suis convaincue, de donner à l'ensemble de votre département, l'image d'un tourisme plus authentique, renouvelé, prêt à affronter les profondes mutations qu'on nous annonce pour les prochaines années.
Vous avez pu ainsi à travers une politique de pays, mobiliser et regrouper tous les acteurs concernés, développer une intercommunalité et mettre en cohérence vos moyens.
C'est également par une telle politique que de nombreuses communes rurales de votre département peuvent trouver des ressources nouvelles et offrir la possibilité à leur population de vivre et de travailler au pays.
L'expérience des pays touristiques est un bel exemple de mobilisation commune des ressources. Il constitue un cadre bien adapté à la programmation des actions et des investissements, autour d'un projet.
C'est pourquoi, je suis personnellement très attentive à l'émergence progressive de ces pays.
Le nouveau texte de loi sur l'aménagement et le développement durable du territoire, fait d'ailleurs référence à cette dynamique touristique pour la prise en compte des futurs pays.
Je le dis ici, car je suis convaincue que l'organisation territoriale du tourisme ne pourra durer, et être efficace, que si elle s'appuie sur l'initiative locale, la mobilisation des populations, et s'il existe un lien avec les populations urbaines de proximité, qui en sont les premiers utilisateurs.
Il s'agit d'intégrer l'activité touristique dans son environnement naturel et social, en étant attentif à respecter les paysages, les cultures, les traditions.
Un développement, en somme, qui mette l'homme au cur des enjeux.
Cela implique, bien sûr, que les richesses touristiques puissent bénéficier, tant aux touristes qu'aux populations locales.
C'est dans cet esprit que j'ai souhaité que soit pris en compte dans la procédure d'élaboration des prochains contrats de plan, la valorisation des territoires, dans un concept de tourisme durable.
Puisque nous abordons cet aspect du contrat de plan, permettez-moi de vous rappeler rapidement les autres types d'actions que j'entends voir figurer dans ces contrats.
Développer l'économie et l'emploi touristiques, c'est d'abord améliorer la qualité et favoriser la mise en marché des hébergements touristiques, tant auprès des touristes français qu'étrangers.
Développer l'économie et l'emploi touristiques, c'est aussi mieux connaître nos visiteurs, leurs habitudes, leurs modes de consommation, pour mieux les accueillir et les satisfaire. C'est aussi mieux appréhender le poids de leur consommation et ses effets sur l'économie et l'emploi.
Développer l'économie et l'emploi touristiques, c'est enfin aider les professionnels à s'adapter aux évolutions des attentes des touristes.
Mon objectif est donc de favoriser leur organisation touristique en filières professionnelles ou territoriales pour conforter leurs activités par une amélioration de leurs prestations, et permettre ainsi la consolidation de ces emplois.
Et je dois reconnaître que c'est déjà ce que vous faites, ici, à travers votre "programme du Pays Cathare".
Mais développer l'économie et l'emploi touristiques, c'est aussi ne pas laisser sur le bord du chemin les 40 % de notre population qui n'accèdent pas encore aux vacances.
Les États Généraux du Tourisme Social et Associatif, que j'ai réuni à Paris au mois de mai dernier, ont été l'occasion de redéfinir la place et la vocation particulière de ce secteur dans notre pays, et le rôle que celui-ci peut jouer dans la politique que je mène en faveur d'un tourisme pour tous.
Nous prendrons donc, dans les mois à venir, au niveau national comme en région, un certain nombre d'initiatives visant à revaloriser notre patrimoine associatif national de villages de vacances, de maisons familiales et d'auberges de jeunesses, ainsi que nos structures d'accueil à caractère très social.
Vous connaissez mon attachement à cette question.
C'est pourquoi je tiens à apporter mon soutien à toutes les initiatives significatives et exemplaires qui allient le droit aux vacances pour tous et le développement économique local à partir du tourisme.
A ce propos, je connais l'engagement qui est celui de votre département dans le soutien aux associations investies dans une politique de tourisme ouvert à tous.
Ainsi, depuis des années, vous accompagnez des organismes, tels que la Fédération des Oeuvres Laïques (F.O.L) ou encore la Caisse Centrale d'Activités Sociales du personnel des industries électriques et gazières (C.C.A.S).
Mais ce ne sont pas les seuls acteurs engagés dans le Tourisme social dans votre département, puisqu'on estime à plus de 5.000 lits, le nombre de places disponibles dans les villages vacances, comme celui que j'aurai l'occasion de visiter, à CAMPLONG D'AUDE, tout à l'heure.
5.000 places auxquelles bien sûr, il faut ajouter les milliers de places de campings, dont on sait qu'ils accueillent une population très large, et très souvent des familles aux revenus modestes.
Si vous me le permettez, je n'irai pas plus avant sur ce sujet, car nous aurons l'occasion d'y revenir tout à l'heure, à CAMPLONG.
Mais je voudrai juste dire que favoriser le départ en vacances de l'ensemble de nos concitoyens est l'affaire de tous, et pas uniquement celle des acteurs investis dans le tourisme social ou associatif.
Ainsi, au-delà des moyens que j'ai souhaité voir déployés pour soutenir l'aide à la pierre et les associations, j'ai également voulu que soit mise en place une aide à la personne, afin de faciliter le départ en vacances et l'accès aux loisirs du plus grand nombre.
C'est le sens du projet de loi, qui a été adopté le 29 juin dernier par l'Assemblée Nationale, et qui permettra aux 7 millions et demi de salariés supplémentaires, travaillant dans les PME-PMI, de bénéficier du Chèque-Vacances, auxquels, jusqu'à présent, ils ne pouvaient prétendre, faute de Comité d'Entreprise.
Je me permets, d'ailleurs, de compter sur votre soutien pour faciliter le développement rapide du Chèque-Vacances sur le département, au travers de votre politique et par une action auprès des PME-PMI et de leurs salariés.
Et ce d'autant que, cet élargissement ne peut, que davantage servir l'efficacité économique et sociale de ce titre, pour celles et ceux qui en seront directement bénéficiaires, mais aussi pour l'ensemble de la collectivité.
Ainsi, les quelque 10 milliards de francs de consommation touristique, qu'il a générés, en 1998 n'ont pas manqué d'avoir une incidence sur l'emploi et le développement de ce secteur.
Par ailleurs, comme vous le savez, l'Agence Nationale pour le Chèque vacances (A.N.C.V.) réinvestit, chaque année, les bénéfices de son activité dans la modernisation du tourisme social et associatif, et à travers les bourses sociales, a encore permis, en 1998, à des milliers d'hommes, de femmes et d'enfants, d'avoir le droit, eux aussi, de rompre avec le quotidien.
L'ensemble des orientations que je viens de vous présenter trouvent déjà, j'en suis sûre, un point d'application dans toutes les composantes du tourisme de votre département.
Elles devraient vous aider à tirer le meilleur profit de toutes les richesses naturelles et patrimoniales, dont vous disposez.
Elles vous permettront d'offrir aux touristes qui séjournent dans votre beau département - et ils sont nombreux -, comme à votre population, un produit de qualité, adapté à la diversité de leurs attentes.
C'est aussi le sens et vous l'aurez compris, de la politique que je mène à la tête du Secrétariat d'Etat au Tourisme.
C'est celle que je demanderai aux services de l'Etat de soutenir au niveau local.
(source.http://www.tourisme.gouv.fr, le 9 septembre 1999)