Texte intégral
Monsieur le Ministre de l'Agriculture et de la Pêche,
Mesdames et Messieurs,
Chers amis,
A l'initiative de l'APCA, du CNJA et de la FNSEA, nous sommes réunis ici, aujourd'hui, pour affirmer :
que l'agriculture de montagne fait partie intégrante de l'identité agricole européenne,
qu'elle participe de notre volonté de promouvoir un modèle d'agriculture, en France et en Europe, reposant sur une alliance étroite entre les hommes, les produits et les territoires.
Nous le savons tous, notre démarche n'a de sens que si elle trouve un large écho chez nos partenaires européens.
C'est pourquoi je suis particulièrement heureux de saluer la présence à ce congrès de nos amis représentant les agriculteurs de montagne des autres pays d'Europe.
Je veux remercier l'équipe de nos trois organisations APCA/CNJA/FNSEA et, en particulier, Christian Déléris qui s'est démené comme un montagnard pour réaliser ce congrès.
Merci à Robert DUCLOS, président d'Euromontana, et à notre ami autrichien Rupert HUBER, président du groupe " Montagne et zones défavorisées " du COPA. Merci également à Andrea NEGRI et à Franz ESSEL, qui représentent ici les montagnards italiens et autrichiens, pour leur présence à nos côtés.
Je remercierai enfin Monsieur Andreas KORAKAS, membre de la Commission européenne, d'avoir accepté de participer à nos travaux.
Je suis sûr qu'il se fera à Bruxelles le porte-parole fidèle de nos préoccupations et de notre volonté de trouver les moyens pour que l'agriculture, et notamment l'agriculture de montagne, contribue à conforter l'identité européenne.
Alors oui, je le sais bien, le ministre britannique des Affaires Etrangères, Robin Cook, nous rétorque qu'affirmer l'existence d'un modèle agricole propre à l'Europe est illusoire !
Sans doute préfère-t-il une agriculture :
réduite à des intérêts purement mercantiles,
avec des marchés totalement déréglementés,
sans aucune considération pour les hommes et leurs emplois, pour l'aménagement du territoire, pour l'environnement et la qualité de la vie en général.
Eh bien, je lui répond que ce type d'agriculture ne nous convient pas.
Les consommateurs, les citoyens européens n'en veulent d'ailleurs pas plus que nous, si j'en juge par les attentes qu'ils expriment à notre égard.
Comme nous, ils veulent une agriculture :
qui produit des aliments sûrs, de qualité, bien identifiés,
une agriculture qui contribue à une occupation harmonieuse de l'espace, à l'aménagement du territoire et à une bonne gestion des ressources naturelles,
une agriculture, enfin, qui remplisse sa fonction sociale, en maintenant un tissu social et culturel dense dans les zones rurales, et qui soit une véritable courroie d'entraînement du développement et de l'emploi dans ces zones.
Qui répond le mieux à ces attentes des consommateurs, des citoyens, si ce ne sont les agriculteurs de montagne ?
Derrière la montagne et son agriculture, il y a des produits dont l'image est étroitement associées à la beauté de paysages que nous admirons tous.
Il y a la qualité spécifique à certains produits. Il y a la préservation d'une biodiversité originale.
Avec l'agriculture de montagne et sa capacité productrice, c'est le tourisme et plus généralement toutes les activités qui concourent à la mise en valeur d'un territoire économiquement et socialement occupé toute l'année.
En France, comme partout en Europe, hormis la très haute montagne, les zones de montagne ne sont pas des zones sauvages !
Ce sont au contraire des zones particulièrement civilisées : des terres de " culture " par excellence, puisque façonnées par la main de l'homme, le plus souvent un agriculteur.
On a beaucoup parlé de " pétrole vert " de l'agriculture pour la France.
Je crois sans exagération que l'on pourrait aussi parler de " l'or vert " de l'agriculture en montagne, car il n'y a pas de société ou d'économie durables possibles dans les zones de montagne sans agriculture.
Et nous sommes justement ici aujourd'hui pour affirmer notre volonté d'exploiter cet " or vert ", pour faire en sorte que l'agriculture demeure une source de richesse pour la montagne, en termes de produits et de services, et donc en termes d'emplois et de maintien des populations agricoles et rurales.
Les handicaps physiques des zones de montagne et les surcoûts induits sont incontestables.
Mais les montagnards sont aussi conscients des nombreuses possibilités qu'offrent leurs régions. Ils n'ont d'ailleurs attendu personne pour les exploiter !
Occupant 20 % de la SAU et 30 % du territoire en Europe, ce sont des pionniers en matière de diversification et de pluriactivité.
Ils sont parmi les plus actifs en matière d'installation de jeunes agriculteurs. Pour la plus grande part, ils transforment leurs produits, et on ne peut certainement pas leur reprocher de concourir à la formation d'excédents agricoles.
Il est bon de le rappeler au moment où l'Europe est engagée dans un débat difficile sur l'avenir de sa politique agricole.
Vous connaissez notre détermination à réorienter les propositions du Paquet Santer qui sont inacceptables en l'état, tant elles sont marquées par la volonté dogmatique d'aligner systématiquement l'agriculture européenne sur les marchés mondiaux.
Eh bien, de la même façon, nous sommes ici aujourd'hui pour dire, haut et fort, que l'Europe doit afficher une véritable ambition pour son agriculture de montagne, si elle veut avoir une politique agricole équilibrée et durable.
La FNSEA a publié en mai 1996 son mémorandum pour la montagne axé autour de deux principes fondamentaux qui sont plus que jamais d'actualité.
Premier principe : dans son soutien à l'agriculture de montagne, la PAC doit avant tout reconnaître et prendre en compte sa base productive.
Sans production, l'agriculture de montagne ne peut être à même de rendre les services en matière de préservation de l'environnement, d'entretien des paysages et d'accueil pour les activités touristiques que la société attend d'elle.
Second principe : l'agriculture de montagne doit faire l'objet d'une politique clairement identifiée, étant donnée les conditions spécifiques qu'elle connaît en termes de climat, d'altitude et de pentes.
Il y a là des handicaps naturels permanents qui justifient la reconnaissance au niveau communautaire d'une politique de la montagne bien identifiée.
Et sur ce point, le message que nous adressons à la Commission européenne est clair : il n'est pas question de remettre en cause une politique de compensation des handicaps naturels qui a fait ses preuves en Europe depuis plus de vingt ans !
Les réformes de la PAC ne doivent pas être l'occasion de banaliser la politique de la montagne. Je le dis, nous le redisons sans cesse depuis 1992.
Si elles n'ont pas permis de résoudre toutes les difficultés, les aides compensatoires aux handicaps constituent un mode de soutien original qui a remporté d'incontestables succès.
Jusqu'à présent, il a permis à l'agriculture de montagne d'être présente sur les marchés européens, tout en satisfaisant aux objectifs de maintien d'un peuplement suffisant et d'entretien de l'espace inscrits dans la directive européenne de 1975 qui l'a institué.
Que la Commission ne vienne pas nous dire que cette politique doit être réformée parce qu'elle coûte trop cher ! On ne peut pas dire que les ICHN soient budgétivores : nous parlons d'un milliard et demi de francs par an pour l'ensemble des zones montagnardes européennes.
Mais ce milliard et demi est vital pour les agriculteurs de montagne puisqu'il contribue en moyenne à 20 % des soutiens publiques dont ils bénéficient.
Il y aurait vraiment du dogmatisme à vouloir revenir sur cette politique.
Il faut au contraire l'enrichir pour que la montagne bénéficie d'une politique digne de ce nom sur le plan européen.
Cela nécessite, comme nous l'avions indiqué dans notre mémorandum, la reconnaissance et la prise en charge de l'ensemble des surcoûts supportés par les exploitations de montagne, notamment en matière de collecte laitière, ainsi qu'une politique de soutien à l'investissement, tournée plus particulièrement vers l'aide aux bâtiments d'élevage et la mécanisation.
Il faut encore conforter les efforts des agriculteurs de montagne en faveur de la qualité, notamment à travers une réglementation sur la provenance " montagne ", si possible communautaire afin d'éviter les distorsions de concurrence.
Que ce soit en montagne ou ailleurs, il est essentiel que les agriculteurs puissent tirer le maximum de leur revenu des marchés.
Cela passe par la promotion de la qualité de nos produits auprès des consommateurs.
Grâce à son excellente image, la montagne a un formidable atout à jouer de ce côté-là, sans pour autant croire, comme on l'entend parfois à Paris ou à Bruxelles, que la qualité réglera toutes les difficultés de la montagne.
Personne n'imagine d'arriver à 100 % de produits labellisés.
Ce qui ne doit pas nous empêcher de tirer parti de la demande des consommateurs.
Lorsqu'ils achètent du lait de montagne, ils achètent du lait et de la montagne. Et ils sont prêts à payer pour cela !
Cela passe aussi par le combat que nous avons mené, cette année, pour valoriser le prix du lait auprès de nos partenaires de la transformation et de la distribution.
Le succès que nous avons remporté en France, renforce notre détermination face à la proposition incohérente et inutilement compliquée de la Commission européenne de réforme du secteur laitier. Nous savons combien il y a là un enjeu essentiel pour les zones de montagne.
Notre deuxième priorité pour renforcer la politique de la montagne doit être la valorisation du territoire à travers le soutien aux surfaces fourragères.
Conformément aux orientations du Congrès de Toulouse, nous nous battons pour l'instauration d'une prime à la surface fourragère au niveau européen.
Reconnaissant bon gré, mal gré, le bien-fondé de notre demande, la Commission européenne avance l'idée de laisser les Etats membres d'arbitrer entre leurs différents systèmes d'élevage.
Elle proposerait pour cela des enveloppes nationales qui pourraient représenter jusqu'à 30 % des primes à la viande bovine versées aux Etats membres.
La FNSEA a déjà mis en garde le Gouvernement et la Commission contre la renationalisation de la PAC et les distorsions de concurrence que cela risquerait d'engendrer.
Avec des enveloppes d'une telle ampleur, le système pourrait devenir rapidement ingérable.
C'est pourquoi la FNSEA maintient sa position : il faut d'abord instituer une prime de base au niveau européen, quitte à introduire ensuite un peu de subsidiarité pour gérer les équilibres entre les différents systèmes de production de viande bovine.
Je pense en particulier à la situation spécifique de l'élevage allaitant français en disant cela. Je n'oublie pas non plus la production de lait qui se fait exclusivement à l'herbe en montagne. Elle ne bénéficie pas du soutien au maïs ensilage. Il faudra veiller à ce qu'elle ne soit plus pénalisée de ce fait.
Une troisième grande voie pour conforter la politique de la montagne, c'est la valorisation d'une de ses principales richesses : ses ressources naturelles, son environnement.
La Commission européenne ne fait pas mystère de sa volonté de développer les mesures agri-environnementales pour soutenir les zones de montagne, dans lesquelles elle voit des " zones à haute valeur ajoutée naturelle ".
A la FNSEA, nous sommes convaincus que l'agriculture européenne n'a d'avenir que si elle valorise ses multiples fonctions.
Nous sommes ouverts à toute initiative qui permettrait une meilleure rémunération des services rendus par les agriculteurs de montagne en matière de gestion de l'environnement et de préservation des paysages.
Mais lorsque le Commissaire Fischler nous parle de transformer le mécanisme des indemnités compensatoires en " un instrument de soutien à des systèmes de production peu intensifs et respectueux de l'environnement ", nous lui disons : attention à ne pas tout mélanger, Monsieur le Commissaire !
Le respect de critères environnementaux ne saurait conditionner l'octroi de l'ensemble des aides à la montagne.
Si, à l'occasion de la réforme des fonds structurels, l'idée de la Commission est de diluer les instruments de soutien spécifiques à la montagne au sein d'une politique de développement rural aux contours flous, nous ne sommes pas d'accord.
En revanche, s'il s'agit de renforcer la politique agri-environnementale en faveur des zones de montagne, avec des instruments et des crédits bien identifiés, alors la Commission trouvera en nous des partenaires constructifs.
*
Voilà ce que je souhaitais vous dire aujourd'hui, Mesdames et Messieurs.
La montagne a des handicaps. Il ne s'agit pas de les nier à l'avenir.
Elle a aussi des atouts à jouer, notamment en termes de qualité, de gestion de son territoire et de son environnement, notamment grâce à l'élevage.
Il y a là de nouveaux espaces de développement à investir. L'Europe doit encourager les agriculteurs de montagne dans ce sens, en renforçant sa politique en faveur de la montagne.
Non pas en faisant table rase du passé, et en revenant sur des instruments qui ont fait preuve de leur efficacité, mais en développant les instruments complémentaires adéquats pour cela.
C'est également dans cette perspective qu'il faut envisager la contractualisation proposée par le ministre de l'Agriculture dans le cadre de la loi d'orientation en préparation.
Ce Congrès doit nous aider à faire avancer nos idées auprès des Pouvoirs publics français et européens.
Je vous remercie donc tous pour votre présence.
C'est ensemble que nous agirons pour la mise en place d'une véritable politique de la montagne en Europe.
Vous pouvez compter sur le soutien de la FNSEA et du COPA !
(source http://www.fnsea.fr, le 14 février 2002)
Mesdames et Messieurs,
Chers amis,
A l'initiative de l'APCA, du CNJA et de la FNSEA, nous sommes réunis ici, aujourd'hui, pour affirmer :
que l'agriculture de montagne fait partie intégrante de l'identité agricole européenne,
qu'elle participe de notre volonté de promouvoir un modèle d'agriculture, en France et en Europe, reposant sur une alliance étroite entre les hommes, les produits et les territoires.
Nous le savons tous, notre démarche n'a de sens que si elle trouve un large écho chez nos partenaires européens.
C'est pourquoi je suis particulièrement heureux de saluer la présence à ce congrès de nos amis représentant les agriculteurs de montagne des autres pays d'Europe.
Je veux remercier l'équipe de nos trois organisations APCA/CNJA/FNSEA et, en particulier, Christian Déléris qui s'est démené comme un montagnard pour réaliser ce congrès.
Merci à Robert DUCLOS, président d'Euromontana, et à notre ami autrichien Rupert HUBER, président du groupe " Montagne et zones défavorisées " du COPA. Merci également à Andrea NEGRI et à Franz ESSEL, qui représentent ici les montagnards italiens et autrichiens, pour leur présence à nos côtés.
Je remercierai enfin Monsieur Andreas KORAKAS, membre de la Commission européenne, d'avoir accepté de participer à nos travaux.
Je suis sûr qu'il se fera à Bruxelles le porte-parole fidèle de nos préoccupations et de notre volonté de trouver les moyens pour que l'agriculture, et notamment l'agriculture de montagne, contribue à conforter l'identité européenne.
Alors oui, je le sais bien, le ministre britannique des Affaires Etrangères, Robin Cook, nous rétorque qu'affirmer l'existence d'un modèle agricole propre à l'Europe est illusoire !
Sans doute préfère-t-il une agriculture :
réduite à des intérêts purement mercantiles,
avec des marchés totalement déréglementés,
sans aucune considération pour les hommes et leurs emplois, pour l'aménagement du territoire, pour l'environnement et la qualité de la vie en général.
Eh bien, je lui répond que ce type d'agriculture ne nous convient pas.
Les consommateurs, les citoyens européens n'en veulent d'ailleurs pas plus que nous, si j'en juge par les attentes qu'ils expriment à notre égard.
Comme nous, ils veulent une agriculture :
qui produit des aliments sûrs, de qualité, bien identifiés,
une agriculture qui contribue à une occupation harmonieuse de l'espace, à l'aménagement du territoire et à une bonne gestion des ressources naturelles,
une agriculture, enfin, qui remplisse sa fonction sociale, en maintenant un tissu social et culturel dense dans les zones rurales, et qui soit une véritable courroie d'entraînement du développement et de l'emploi dans ces zones.
Qui répond le mieux à ces attentes des consommateurs, des citoyens, si ce ne sont les agriculteurs de montagne ?
Derrière la montagne et son agriculture, il y a des produits dont l'image est étroitement associées à la beauté de paysages que nous admirons tous.
Il y a la qualité spécifique à certains produits. Il y a la préservation d'une biodiversité originale.
Avec l'agriculture de montagne et sa capacité productrice, c'est le tourisme et plus généralement toutes les activités qui concourent à la mise en valeur d'un territoire économiquement et socialement occupé toute l'année.
En France, comme partout en Europe, hormis la très haute montagne, les zones de montagne ne sont pas des zones sauvages !
Ce sont au contraire des zones particulièrement civilisées : des terres de " culture " par excellence, puisque façonnées par la main de l'homme, le plus souvent un agriculteur.
On a beaucoup parlé de " pétrole vert " de l'agriculture pour la France.
Je crois sans exagération que l'on pourrait aussi parler de " l'or vert " de l'agriculture en montagne, car il n'y a pas de société ou d'économie durables possibles dans les zones de montagne sans agriculture.
Et nous sommes justement ici aujourd'hui pour affirmer notre volonté d'exploiter cet " or vert ", pour faire en sorte que l'agriculture demeure une source de richesse pour la montagne, en termes de produits et de services, et donc en termes d'emplois et de maintien des populations agricoles et rurales.
Les handicaps physiques des zones de montagne et les surcoûts induits sont incontestables.
Mais les montagnards sont aussi conscients des nombreuses possibilités qu'offrent leurs régions. Ils n'ont d'ailleurs attendu personne pour les exploiter !
Occupant 20 % de la SAU et 30 % du territoire en Europe, ce sont des pionniers en matière de diversification et de pluriactivité.
Ils sont parmi les plus actifs en matière d'installation de jeunes agriculteurs. Pour la plus grande part, ils transforment leurs produits, et on ne peut certainement pas leur reprocher de concourir à la formation d'excédents agricoles.
Il est bon de le rappeler au moment où l'Europe est engagée dans un débat difficile sur l'avenir de sa politique agricole.
Vous connaissez notre détermination à réorienter les propositions du Paquet Santer qui sont inacceptables en l'état, tant elles sont marquées par la volonté dogmatique d'aligner systématiquement l'agriculture européenne sur les marchés mondiaux.
Eh bien, de la même façon, nous sommes ici aujourd'hui pour dire, haut et fort, que l'Europe doit afficher une véritable ambition pour son agriculture de montagne, si elle veut avoir une politique agricole équilibrée et durable.
La FNSEA a publié en mai 1996 son mémorandum pour la montagne axé autour de deux principes fondamentaux qui sont plus que jamais d'actualité.
Premier principe : dans son soutien à l'agriculture de montagne, la PAC doit avant tout reconnaître et prendre en compte sa base productive.
Sans production, l'agriculture de montagne ne peut être à même de rendre les services en matière de préservation de l'environnement, d'entretien des paysages et d'accueil pour les activités touristiques que la société attend d'elle.
Second principe : l'agriculture de montagne doit faire l'objet d'une politique clairement identifiée, étant donnée les conditions spécifiques qu'elle connaît en termes de climat, d'altitude et de pentes.
Il y a là des handicaps naturels permanents qui justifient la reconnaissance au niveau communautaire d'une politique de la montagne bien identifiée.
Et sur ce point, le message que nous adressons à la Commission européenne est clair : il n'est pas question de remettre en cause une politique de compensation des handicaps naturels qui a fait ses preuves en Europe depuis plus de vingt ans !
Les réformes de la PAC ne doivent pas être l'occasion de banaliser la politique de la montagne. Je le dis, nous le redisons sans cesse depuis 1992.
Si elles n'ont pas permis de résoudre toutes les difficultés, les aides compensatoires aux handicaps constituent un mode de soutien original qui a remporté d'incontestables succès.
Jusqu'à présent, il a permis à l'agriculture de montagne d'être présente sur les marchés européens, tout en satisfaisant aux objectifs de maintien d'un peuplement suffisant et d'entretien de l'espace inscrits dans la directive européenne de 1975 qui l'a institué.
Que la Commission ne vienne pas nous dire que cette politique doit être réformée parce qu'elle coûte trop cher ! On ne peut pas dire que les ICHN soient budgétivores : nous parlons d'un milliard et demi de francs par an pour l'ensemble des zones montagnardes européennes.
Mais ce milliard et demi est vital pour les agriculteurs de montagne puisqu'il contribue en moyenne à 20 % des soutiens publiques dont ils bénéficient.
Il y aurait vraiment du dogmatisme à vouloir revenir sur cette politique.
Il faut au contraire l'enrichir pour que la montagne bénéficie d'une politique digne de ce nom sur le plan européen.
Cela nécessite, comme nous l'avions indiqué dans notre mémorandum, la reconnaissance et la prise en charge de l'ensemble des surcoûts supportés par les exploitations de montagne, notamment en matière de collecte laitière, ainsi qu'une politique de soutien à l'investissement, tournée plus particulièrement vers l'aide aux bâtiments d'élevage et la mécanisation.
Il faut encore conforter les efforts des agriculteurs de montagne en faveur de la qualité, notamment à travers une réglementation sur la provenance " montagne ", si possible communautaire afin d'éviter les distorsions de concurrence.
Que ce soit en montagne ou ailleurs, il est essentiel que les agriculteurs puissent tirer le maximum de leur revenu des marchés.
Cela passe par la promotion de la qualité de nos produits auprès des consommateurs.
Grâce à son excellente image, la montagne a un formidable atout à jouer de ce côté-là, sans pour autant croire, comme on l'entend parfois à Paris ou à Bruxelles, que la qualité réglera toutes les difficultés de la montagne.
Personne n'imagine d'arriver à 100 % de produits labellisés.
Ce qui ne doit pas nous empêcher de tirer parti de la demande des consommateurs.
Lorsqu'ils achètent du lait de montagne, ils achètent du lait et de la montagne. Et ils sont prêts à payer pour cela !
Cela passe aussi par le combat que nous avons mené, cette année, pour valoriser le prix du lait auprès de nos partenaires de la transformation et de la distribution.
Le succès que nous avons remporté en France, renforce notre détermination face à la proposition incohérente et inutilement compliquée de la Commission européenne de réforme du secteur laitier. Nous savons combien il y a là un enjeu essentiel pour les zones de montagne.
Notre deuxième priorité pour renforcer la politique de la montagne doit être la valorisation du territoire à travers le soutien aux surfaces fourragères.
Conformément aux orientations du Congrès de Toulouse, nous nous battons pour l'instauration d'une prime à la surface fourragère au niveau européen.
Reconnaissant bon gré, mal gré, le bien-fondé de notre demande, la Commission européenne avance l'idée de laisser les Etats membres d'arbitrer entre leurs différents systèmes d'élevage.
Elle proposerait pour cela des enveloppes nationales qui pourraient représenter jusqu'à 30 % des primes à la viande bovine versées aux Etats membres.
La FNSEA a déjà mis en garde le Gouvernement et la Commission contre la renationalisation de la PAC et les distorsions de concurrence que cela risquerait d'engendrer.
Avec des enveloppes d'une telle ampleur, le système pourrait devenir rapidement ingérable.
C'est pourquoi la FNSEA maintient sa position : il faut d'abord instituer une prime de base au niveau européen, quitte à introduire ensuite un peu de subsidiarité pour gérer les équilibres entre les différents systèmes de production de viande bovine.
Je pense en particulier à la situation spécifique de l'élevage allaitant français en disant cela. Je n'oublie pas non plus la production de lait qui se fait exclusivement à l'herbe en montagne. Elle ne bénéficie pas du soutien au maïs ensilage. Il faudra veiller à ce qu'elle ne soit plus pénalisée de ce fait.
Une troisième grande voie pour conforter la politique de la montagne, c'est la valorisation d'une de ses principales richesses : ses ressources naturelles, son environnement.
La Commission européenne ne fait pas mystère de sa volonté de développer les mesures agri-environnementales pour soutenir les zones de montagne, dans lesquelles elle voit des " zones à haute valeur ajoutée naturelle ".
A la FNSEA, nous sommes convaincus que l'agriculture européenne n'a d'avenir que si elle valorise ses multiples fonctions.
Nous sommes ouverts à toute initiative qui permettrait une meilleure rémunération des services rendus par les agriculteurs de montagne en matière de gestion de l'environnement et de préservation des paysages.
Mais lorsque le Commissaire Fischler nous parle de transformer le mécanisme des indemnités compensatoires en " un instrument de soutien à des systèmes de production peu intensifs et respectueux de l'environnement ", nous lui disons : attention à ne pas tout mélanger, Monsieur le Commissaire !
Le respect de critères environnementaux ne saurait conditionner l'octroi de l'ensemble des aides à la montagne.
Si, à l'occasion de la réforme des fonds structurels, l'idée de la Commission est de diluer les instruments de soutien spécifiques à la montagne au sein d'une politique de développement rural aux contours flous, nous ne sommes pas d'accord.
En revanche, s'il s'agit de renforcer la politique agri-environnementale en faveur des zones de montagne, avec des instruments et des crédits bien identifiés, alors la Commission trouvera en nous des partenaires constructifs.
*
Voilà ce que je souhaitais vous dire aujourd'hui, Mesdames et Messieurs.
La montagne a des handicaps. Il ne s'agit pas de les nier à l'avenir.
Elle a aussi des atouts à jouer, notamment en termes de qualité, de gestion de son territoire et de son environnement, notamment grâce à l'élevage.
Il y a là de nouveaux espaces de développement à investir. L'Europe doit encourager les agriculteurs de montagne dans ce sens, en renforçant sa politique en faveur de la montagne.
Non pas en faisant table rase du passé, et en revenant sur des instruments qui ont fait preuve de leur efficacité, mais en développant les instruments complémentaires adéquats pour cela.
C'est également dans cette perspective qu'il faut envisager la contractualisation proposée par le ministre de l'Agriculture dans le cadre de la loi d'orientation en préparation.
Ce Congrès doit nous aider à faire avancer nos idées auprès des Pouvoirs publics français et européens.
Je vous remercie donc tous pour votre présence.
C'est ensemble que nous agirons pour la mise en place d'une véritable politique de la montagne en Europe.
Vous pouvez compter sur le soutien de la FNSEA et du COPA !
(source http://www.fnsea.fr, le 14 février 2002)