Déclaration de M. Christian Paul, secrétaire d'Etat à l'outre-mer, sur la mise en place de l'Association pour la création de la Cité des outres-mers, Paris le 18 avril 2002.

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Circonstance : Réunion avec l'Association pour la création de la Cité des outres-mers à Paris le 18 avril 2002

Texte intégral

Mesdames, Messieurs,
Chers amis,
Je ne vous dirai que quelques mots très brefs car je ne suis pas aujourd'hui la puissance invitante. Je suis simplement la puissance accueillante et, pour le reste, partie prenante avec d'autres d'un beau projet que nous avons voulu très fort et qu'il revient désormais à l'Association pour la création de la Cité des outre-mers de mener à son terme. Henriette Dorion-Sébéloué, Georges Aurore, Yvon Thiant et Daniel Maximin, qui font partie de ses membres fondateurs, ont souhaité cette rencontre avec vous pour vous annoncer la bonne nouvelle. J'en suis personnellement heureux car c'est l'aboutissement d'un travail mené ensemble depuis plusieurs mois, avec les associations d'originaires d'outre-mer et avec un certain nombre de personnalités familières de nos Entretiens d'Oudinot. Ce travail, je m'en suis fait l'interprète auprès du gouvernement. Il a trouvé un écho décisif auprès du Maire de Paris puis du Président de la Région Ile de France. A l'origine de ce travail en commun qui débouche aujourd'hui sur une nouvelle étape opérationnelle : la rencontre de deux désirs et de deux volontés, les nôtres.
Permettez-moi un souvenir personnel : quand j'ai pris mes fonctions, il y a une vingtaine de mois, l'une des premières choses qui m'a frappé était l'absence d'un lieu, dans notre capitale, à la mesure et à la hauteur de tout ce que les différents outre-mers ont à nous dire, à nous montrer, à nous faire comprendre et aimer. Cette idée de quelque chose qui n'était pas encore la Cité des outre-mers mais que j'imaginais ambitieux, valorisant et ouvert à tous, ce fut, pour moi, vraiment l'idée du premier jour.
Très vite, je me suis aperçu, en vous écoutant, Henriette, Georges, Yvon, que cette idée, vous la portiez depuis des années, vous y aviez travaillé, vous la défendiez obstinément. Je me suis aperçu, à la faveur de nombreux autres contacts, que beaucoup d'autres en rêvaient aussi, sans toujours oser y croire.
Nous nous sommes mis au travail. Je me souviens des réunions qui, au cours du mois de juillet 2001, se sont tenues dans cette salle avec les représentants de l'AMEDOM, de l'Union des Guyanais et Amis de la Guyane, de la FADOM, de la Maison de la Nouvelle Calédonie, de la Ville de Paris. Je me souviens de l'enthousiasme d'Aimé Césaire quand je lui en ai parlé à Fort de France, de l'intérêt et de la détermination de Marie-Claude Tjibaou, précieux renfort. Je me souviens de l'espoir suscité par ce projet, dans l'hexagone et aussi outre-mer. Du soutien enthousiaste immédiatement marqué par Bertrand Delanoë, aujourd'hui représenté ici par Mme Hélène de Largentaye, la directrice-adjointe de son cabinet, et de l'appui chaleureux apporté par Jean-Paul Huchon. Du Premier Ministre engageant solennellement le gouvernement en novembre dernier. De l'implication des trois Ministères dont le concours a été et sera déterminant pour la mise en uvre de ce grand projet : les ministères de l'Education nationale, de la Culture et de la Recherche, dont je remercie également les représentants d'être là parmi nous. Je me souviens de ce déjeuner de travail où nous nous sommes retrouvés pour faire le point de ce qui était acquis et des prochaines étapes à franchir pour doter ce projet d'un instrument opérationnel réunissant tous ses partenaires, d'un outil collectif capable de piloter la programmation d'un équipement que nous voulons d'envergure et de qualité.
Au fil de cette gestation, la physionomie de l'enfant s'est précisée, sa personnalité et son identité aussi. En ne visant pas l'accumulation exhaustive de tout ce qui, de près ou de loin, concerne les outre-mers, je crois que nous avons fait ensemble un choix de lisibilité, d'efficacité et d'ambition vraie. En nous concentrant ou recentrant sur leurs richesses culturelles - au sens le plus large du terme - comme levier principal d'un autre regard et d'une autre image des outre-mers, je crois que nous avons choisi de prendre les choses à la racine : là où se construisent l'estime et la fierté de soi, le refus de subir et la capacité d'agir, l'aptitude à transmettre et le goût du partage.
La constitution de l'Association pour la création de la Cité des outre-mers, c'est l'engagement effectif d'un grand projet d'intérêt général qui mérite d'être tenu à l'abri des vicissitudes de campagne électorale, à l'abri des tentations de récupération ou de surenchère qui, sous couvert d'étreindre, étouffent et parfois étranglent.
Avec la mise en place de cette association de préfiguration, nous avons scellé un engagement pour l'avenir. Je souhaite de bons et fructueux travaux à cette association qui réunit côte à côte l'Etat, les collectivités territoriales et des personnalités compétentes dont la pluralité (d'origines, de disciplines et de générations) est un atout. Je ne lui souhaite pas trop longue vie car son succès sera justement de céder la place, une fois sa mission accomplie, à un équipement dédié aux cultures, aux savoirs et aux savoir-faire de tous les outre-mers. A un équipement comme il n'y en a jamais eu dans la capitale, qui devra être installé dans des murs à sa mesure et attirer à lui tous les publics. Je souhaite bien sûr, comme vous, que ce soit dans le bâtiment de l'actuel Musée des Arts d'Afrique et d'Océanie à la Porte Dorée. Merci de n'avoir jamais baissé les bras. Merci d'y avoir cru suffisamment pour que nos rêves se rencontrent et deviennent réalité.
Aragon a écrit que " la parole n'a pas été donnée à l'homme, il l'a prise ". La Cité des outre-mers n'est pas un cadeau tombé du ciel mais le fruit de la ténacité de quelques uns qui ont su et sauront, pas à pas, réunir leurs forces et entraîner tous les autres.
(source http://www.outre-mer.gouv.fr, le 4 juin 2002)