Texte intégral
ENTRETIEN AVEC LA PRESSE
Pardon d'abord pour ce retard, mais l'agenda des rencontres nombreuses que j'ai eu à l'occasion de ce Sommet de l'OUA ne se décide souvent qu'au dernier moment, et je ne pouvais pas maîtriser totalement mes horaires.
Je voulais vous dire en tout cas que c'est donc pour assister au Sommet de l'OUA que je suis venu à Alger. L'habitude en est prise désormais par le ministre de la Coopération. J'étais l'an dernier à Ouagadougou. J'aurai donc pu prendre la mesure des différences intervenues entre les deux sommets, dont nous parlerons tout à l'heure. J'ai évidemment saisi l'occasion aussi pour prendre un peu la mesure de la situation algérienne. Je l'ai fait au travers des contacts que M. l'Ambassadeur a bien voulu organiser dans sa propre maison, mais aussi, et en particulier ce matin, à l'occasion d'un long entretien que j'ai eu avec le Premier ministre, M. Hamdani. J'ai lu dans un journal algérien que la visite prochaine du ministre Matutes serait la première d'un ministre européen en Algérie depuis l'élection de M. Bouteflika. Je veux bien convenir que si Jean-Pierre Chevènement a rencontré M. Bouteflika plusieurs heures, c'était à l'occasion de la réunion des ministres de l'Intérieur des pays méditerranéens. Je veux bien admettre que je sois moi-même venu à l'occasion du Sommet de l'OUA et pas dans le cadre d'une rencontre bilatérale, mais on voudra bien, quand même, convenir qu'il faut nuancer ce jugement selon lequel le premier ministre, qui visiterait l'Algérie depuis l'élection du président Bouteflika, serait espagnol.
Quoi qu'il en soit, je voudrais dire déjà tout l'intérêt que j'ai pris à l'entretien de ce matin. Je voulais dire aussi l'importance que me paraît revêtir pour l'Algérie le Sommet de l'OUA, ici, en ce moment, alors même que le président Bouteflika va pouvoir pendant l'année qui vient, donner corps à cette ambition qu'il affichait hier : faire de l'Algérie la charnière entre l'Europe et l'Afrique. Ceci me paraît un élément très important pour l'Afrique, mais aussi pour l'Algérie. Il est évident que la France doit se mettre en mesure de répondre à l'attente exprimée par les Algériens, et en particulier le premier d'entre eux, et que nous avons de bonnes raisons d'espérer, est que notre relation va connaître, dans les mois et, j'espère, dans les années qui viennent, un nouvel élan. Une relation qui n'avait jamais cessé, mais qui pour s'en tenir, par exemple, aux actions de coopération avait été réduite par rapport à ce qu'elle a pu être dans le passé ; et là nous allons devoir et pouvoir, j'espère, organiser en quelque sorte la remontée en puissance de cette coopération entre l'Algérie et la France. J'ai senti en tout cas, je le répète, un désir très fort de la part des Algériens de pouvoir dialoguer de manière plus soutenue au plan politique, mais surtout de faire davantage de choses ensemble. Et le Premier ministre, ce matin, insistait beaucoup sur le fait de donner un caractère concret à cette coopération. Nous y sommes prêts.
Ayant dit cela et afin de laisser de la place à vos questions, je voudrais limiter mon propos. Une conclusion tout de même. Je vous disais la différence d'ambiance entre ce Sommet de l'OUA et le précédent. Ouagadougou, c'était en juin 1998. J'y représentais déjà le gouvernement français. Ce Sommet avait été marqué, vous vous en souvenez, d'abord par l'inquiétude qu'avait fait naître la mort de M. Abacha quant à l'avenir du Nigeria et ce dans toute l'Afrique tant il est vrai que la Nigeria occupe une place considérable dans le paysage politique et économique africain, et ensuite par les événements de Guinée-Bissao qui m'avaient d'ailleurs empêché de découvrir ce pays - je ne l'ai pas encore découvert, mais j'espère que cela viendra. Quand je compare ne serait-ce que ces deux événements, qui avaient marqué l'actualité du Sommet de Ouagadougou, et ce qui marque l'actualité de celui-ci - à la fois une situation nouvelle en Algérie, l'annonce des accords de paix en Sierra Leone, l'annonce du cessez-le-feu en République démocratique du Congo, l'espoir que les discussions engagées entre l'Ethiopie et l'Erythrée aboutissent, une situation aux Comores dont on peut espérer qu'elle va connaître un aboutissement normal, c'est-à-dire que le processus démocratique va s'y réenclencher et enfin l'espoir d'une solution favorable dans les mois qui viennent au Niger - j'observe simplement que ce Sommet de l'OUA millésimé 1999 va donner au monde un certain nombre de signaux positifs quant à la volonté, et peut-être aussi la capacité des Africains à mieux vivre ensemble. Ce qui évidemment est tout à fait essentiel si l'on veut que, dans le même temps, se mobilise le reste de la solidarité du monde, singulièrement des pays dits "industriels" - et la France est évidemment de ceux-là - pour permettre au continent africain confronté - et le président Bouteflika avait raison de le rappeler ce matin - à des problèmes considérables, d'essayer de les résoudre. Voilà, Mesdames, Messieurs, ce que je voulais vous dire en ouvrant ce point de presse auquel je vous remercie d'avoir bien voulu assister.
Q - Monsieur le Ministre, une grosse revendication de l'Afrique, d'ailleurs pour partie satisfaite au Sommet de Cologne, c'est l'annulation de la dette. Est-ce que c'est un sujet dont la France prend conscience ? Est-ce que vous imaginez des solutions à moyen terme pour aider ce continent un peu étranglé par cette dette immense ?
R - Non seulement la France prend conscience que la question de la dette est tout à fait essentielle si on veut permettre à ce continent de retrouver des marges de manoeuvre pour son développement, mais elle a été pour beaucoup dans la prise de conscience par l'opinion internationale de l'importance de ces questions.
Faut-il le rappeler, c'est le Club de Paris qui assure la gestion du désendettement tel que les premiers accords en sont convenus. C'est la France qui assure la présidence de ce Club de Paris, mais surtout c'est la France qui a fait ses propres propositions à la veille du Sommet de Cologne pour aller plus loin sur la voie de ce désendettement.
Je rappelle d'ailleurs les principes du système que Dominique Strauss-Kahn et moi-même avions présentés. Nous l'avions présenté - et ce n'est pas par hasard - en particulier aux ONG, tant il est vrai que les ONG on été pour beaucoup dans la popularisation de ce dossier de l'endettement des pays en développement. Et ces principes sont donc les suivants :
- un principe d'équité. Nous aimerions bien que le poids que va représenter pour nos pays les remises de dette soit équitablement partagé, et tous ne sont pas de ce point de vue, logés à la même enseigne. Certains ont été plus généreux que d'autres, donc ont contracté davantage de créances que d'autres vis-à-vis de ces pays.
- Un principe de responsabilité. Nous aimerions que les marges de manoeuvre ainsi dégagées au profit de ces pays soient consacrées davantage à la lutte contre la pauvreté, et quand on dit "lutte contre la pauvreté", on pense éducation, on pense santé - autre élément important.
- Un espoir aussi que la solution technique retenue permette à la fois de réduire le temps de la probation pour éviter de désespérer les pays à qui on dirait : "Gouvernez-vous bien et puis plus tard, beaucoup plus tard, en l'occurrence au moins dans six ans, on verra ce que l'on peut faire pour vous !". Ce qui était de nature, vous en conviendrez, à désespérer les pays confrontés aux difficultés que nous savons. Et, là, il a été convenu à Cologne, et nous en sommes heureux, d'alléger un certain nombre de procédures et de permettre d'enclencher plus vite le dispositif d'allégement de la dette. Toutes les questions techniques ne sont d'ailleurs pas encore résolues à l'heure où nous en parlons. Mais le montant des créances remises tel qu'il a été annoncé - le chiffre de 65 milliards de $ qui correspond à plus que la moitié de l'ensemble des dettes publiques contractées par ces pays - montre assez à quel niveau se situe la décision de Cologne. Et je le répète : si nous voulons que ce pas important sur la voie du désendettement des pays en développement se traduise vraiment par un mieux pour ces pays, il faut continuer à les aider, c'est-à-dire qu'il faut que l'aide publique au développement continue à se mobiliser en leur faveur. Il ne faudrait pas qu'en échange de ce désendettement, l'on considère que l'on peut réduire l'aide publique au développement. La France, pour sa part, même si elle n'a pas complètement résisté à cette déflation de l'aide publique au développement, a mieux résisté que d'autres. En tout cas, elle dit haut et fort qu'il faut que nous continuions à maintenir un niveau significatif d'aide publique au développement. Comment dire : c'est d'un mariage équilibré entre aide publique, aide au commerce et aide à l'investissement privé que doit résulter un développement durable.
Q - Monsieur le Ministre, vous avez dit tout à l'heure à M. le président Bouteflika que l'Algérie peut prétendre être une charnière entre l'Afrique et l'Europe. Dans le cadre de négociations entre l'Afrique et l'Europe, entre l'Union européenne et le continent africain, est-ce que la France a une position définie sur le caractère institutionnel de ces négociations ?
R - Ecoutez, le président Bouteflika, hier matin, a célébré à la fois l'OUA, mais aussi les organisations régionales qui se sont mises en place à l'échelle de la planète comme exemples à suivre. Il a parlé de l'Europe. Il a parlé de l'ALENA. Il a parlé du MERCOSUR. Et moi, j'ai compris qu'il invitait les Africains à consolider les intégrations régionales qui sont en marche. Et cela vaut pour l'Afrique de l'Ouest, cela vaut pour l'Afrique centrale, cela vaut pour la SADECK. Et ceci pour nous est une raison de plus de penser que le dialogue sera fécond car la France, notamment dans le cadre de la renégociation des Accords de Lomé qui sont un élément d'actualité important dans le dialogue entre la France et l'Afrique, plaide pour que ces nouveaux Accords accordent une place plus grande à l'intégration régionale qu'on considère comme un bon moyen de passage à l'économie mondiale. Et j'ai entendu, dans les propos du président Bouteflika, ce message là. Il faudra qu'on puisse dans les semaines qui viennent s'assurer que nous avons bien compris, mais je crois que c'était clair pour la plupart des auditeurs de son discours d'hier.
L'OUA est évidemment une institution importante qui a fait, je crois, depuis les 35 ans qu'elle existe, la preuve de son utilité. Elle aura permis - avec des succès inégaux - de faire face ou de résoudre un certain nombre de crises africaines. L'OUA ne vaut que par la volonté de ses membres et par les moyens que d'autres instances ou d'autres organismes peuvent éventuellement lui apporter pour résoudre les crises.
L'OUA s'est impliquée dans la résolution de certaines crises mettant en jeu, par exemple, la CEDEAO et mobilisant l'ECOMOG. Mais qui dit "ECOMOG", dit financement des troupes mobilisées et bien souvent on retrouve, là, la nécessaire participation de pays comme la France qui, d'ailleurs, a parfois observé qu'elle était souvent un peu seule dans certaines opérations de maintien de la paix. Je veux dire qu'elle s'est trouvée un peu seule à payer les soldats de la paix mobilisés sur certains théâtres d'opérations. Mais, bon ! il faut espérer que les choses aillent mieux.
En tout cas, voilà, si vous voulez, un des terrains d'exercice de l'OUA : la prévention des conflits, la recherche de la solution de paix. Mais je crois que l'OUA a aussi des ambitions en matière de développement - c'est ce que j'ai entendu également hier - et c'est là que l'OUA peut participer à la fois à la modernisation des outils économiques nécessaires, à la sécurisation aussi indispensable des outils juridiques ou fiscaux par exemple, pour donner aux investisseurs intéressés, les sécurités indispensables. Et là aussi, je crois que l'OUA a aussi un rôle de sensibilisation, d'organisation à jouer. On imagine assez bien que l'OUA pourrait se retrouver un peu en situation de fédération de ces organisations régionales dont nous parlions tout à l'heure. Pourquoi pas ? Mais moi, je laisse aux Africains le soin de définir l'avenir de l'OUA.
Il semble qu'une réunion sur le statut de l'OUA est susceptible de se tenir rapidement. Ce qui veut dire que cette solution ne sera sans doute pas conclusive parce que, si elle se tient en septembre, c'est un peu court pour traiter à fond le statut de l'OUA. Mais le fait qu'elle se tienne à Tripoli, lui donnera une lisibilité évidemment particulière. Je ne doute pas que les médias, vous et vos confrères, aurez également à coeur d'en rendre compte.
Q - Justement le colonel Kadhafi a reçu, ici, un soutien très chaleureux de la part des chefs d 'Etat africains. Quelle est la position de la France ?
R - Le colonel Kadhafi est un chef d'Etat prévisible. A Pretoria, lors de l'investiture du président M'Beki, où je représentais la France, le colonel Kadhafi a été probablement aussi l'un des chefs d'Etat les plus vus. Mais il est vrai que sa présence à ce Sommet illustre aussi l'évolution des relations entre les pays africains en général et la Libye. Je rappelle que le Sommet de Ouagadougou avait, déjà l'an dernier, donné le signal du désenclavement de la Libye par les Africains eux-mêmes. Cette fois, je crois qu'on est allé sensiblement plus loin. Il est vrai que les Libyens ont accomplis un certain nombre d'actes positifs qui vont dans le sens de leur réintégration dans la communauté internationale. Je crois qu'il faut s'en réjouir globalement et nous avons eu, dans un cadre bilatéral au cours de la dernière période, un certain nombre de contacts encourageants de ce point de vue avec un certain nombre de responsables libyens. J'ai moi-même reçu récemment un ministre libyen et nous avons pu évoquer là aussi dans quelle condition la coopération entre le France et la Libye pourrait, lorsque tout cela sera consolidé, reprendre.
Q - Il y avait un grand absent au Sommet de l'OUA, le roi Hassan II, qui se trouve actuellement à Paris. La France et l'Organisation de l'unité africaine auront-elles un rôle dans le rapprochement du Maroc et de l'Algérie, sur la question notamment du Sahara occidental ?
R - Le rôle de médiateur est un rôle tout à fait passionnant et parfois difficile, parfois même dangereux. L'histoire de nos relations, une histoire ancienne, est là pour en porter témoignage. Moi, je ne crois pas très franchement qu'il y ait besoin de la médiation de la France pour que les relations entre l'Algérie et le Maroc s'améliorent, se normalisent. La France le souhaite, très sincèrement, convaincue que ce serait à la fois source de stabilité, d'échanges et de développement. Et, nous n'avons nous-mêmes évidemment que des avantages à retirer d'une relation normalisée entre la France, l'Algérie, le Maroc et n'oublions pas aussi la Tunisie, qui est un partenaire important si j'en crois les intentions prêtées au président algérien et ce que m'en a dit le Premier ministre marocain il y a trois semaines, à Rabat. Il y a lieu de penser que ces relations sont en bonne voie de normalisation et qu'elles s'en trouveront nécessairement facilitées dès que la questions, plus délicate, du Sahara occidental, traitée dans un cadre distinct, sera réglée. J'ai entendu le Premier ministre algérien me dire son souci de voir la frontière qui sépare ces deux pays bénéficier de soins particuliers, si je puis dire, pour éviter que des trafics en tous genres ne s'y développent. II a cité en particulier la drogue, mais j'ai bien compris qu'il faisait allusion à d'autres trafics aussi illicites et dangereux. Mais, je le répète, nous allons suivre avec beaucoup d'attention et d'intérêt l'évolution des discussions entre l'Algérie et le Maroc.
Q - Vous avez parlé tout à l'heure de besoin de financement. Aura-t-on besoin de plus d'argent ou de moins d 'argent pour trouver des financements dans les quelques conflits qui sont en train de se régler ? Quel rôle la France pourrait-elle jouer là dedans ? Est-ce que vous savez si elle devra avoir une participation financière ?
R - Il est trop tôt ! D'abord je n'ai pas entendu l'importance des forces mobilisées pour la paix en République démocratique du Congo, je n'ai pas entendu que le chiffre était arrêté. J'ai entendu des chiffres échangés. Je ne sais pas qui s'assiéra autour de la table. Il est évident qu'il faut qu'on s'y mette à plusieurs pour mobiliser les moyens nécessaires. Il faut le faire rapidement si l'on veut que cette chance soit saisie, même s'il est vrai que l'accord de cessez-le-feu n'est pas encore totalement consolidé, puisque le débat portait encore, aux dernières nouvelles, sur la signature engageant les rebelles. Mais j'observe dans le même temps, et je m'en félicite, que, bien que baptisé "accord de cessez-le-feu", on y parle aussi du dialogue entre Congolais, ce que la France souhaite. C'est une des conditions de stabilité durable de la région.
La France, il y a quelques mois, vous vous en souvenez, avait fait une proposition d'une conférence des Grands lacs. Les chefs d'Etat réunis à Paris, à l'occasion du Sommet Afrique-France, et hier encore le président Kabila, avaient dit leur intérêt pour cette conférence, qui permettrait de mettre à plat l'ensemble des problèmes structurels, qui depuis longtemps expliquent l'instabilité de cette région.
Dans le même temps, le dialogue national congolais se développe permettant à la démocratie de s'enraciner avec des processus électoraux qu'il faut évidemment gérer avec beaucoup de précision, parce que les choses sont toujours évidement un peu délicates. Si les Africains le souhaitent et si tous les acteurs intéressés le désirent, cette conférence internationale permettrait d'évoquer l'ensemble des dossiers lourds qui concernent cette région.
Quand vous m'avez parlé des moyens nécessaires, je me suis demandé si vous alliez parler des moyens nécessaires au financement du développement, par exemple. C'est une autre question qui intéresse tous les pays africains, même s'il ne faut pas confondre l'Histoire, la situation sociale, culturelle des pays méditerranéens et de l'Afrique sub-saharienne. Le besoin de financement et de développement existe partout, mais il faut sans doute les conduire différemment dans la mesure où les situations objectives sont sensiblement différentes. Il faut qu'à chaque fois que nous parlons de coopération, nous sachions tenir compte des réalités de terrain et surtout écouter ce que nous disent nos partenaires. C'est à cela que la France est de plus en plus attachée. Merci beaucoup./.
ENTRETIEN AVEC LES RADIOS FRANCAISES
Dès lors que le lien juridique, je le répète, entre l'action et la convention est vérifiée, la marge de manoeuvre pour le gouvernement français est très faible. Et je regrette que ceci puisse avoir des conséquences aussi importantes, car nous voudrions qu'on ne confonde pas l'incrimination d'un homme, fut-il actuellement un officier mauritanien en stage en France, et les relations entre la France et la Mauritanie que nous voudrions voir continuer. Je n'oublie pas que la France est le premier partenaire de ce pays. Et la décision mauritanienne de se priver de ses coopérants me paraît aller à l'encontre de l'intérêt de la Mauritanie.
(...)
Si les Algériens et les Marocains le souhaitent, nous serions ravis de mettre, en quelque sorte, en mouvement, les volontés, les compétences, les moyens de trois partenaires que l'histoire et la géographie réunissent, mais encore faudrait-il, je crois, que les relations entre le Maroc et l'Algérie continuent de s'améliorer. Je crois même que la connaissance personnelle entre le souverain chérifien et le président algérien devrait y contribuer.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 28 juillet
Pardon d'abord pour ce retard, mais l'agenda des rencontres nombreuses que j'ai eu à l'occasion de ce Sommet de l'OUA ne se décide souvent qu'au dernier moment, et je ne pouvais pas maîtriser totalement mes horaires.
Je voulais vous dire en tout cas que c'est donc pour assister au Sommet de l'OUA que je suis venu à Alger. L'habitude en est prise désormais par le ministre de la Coopération. J'étais l'an dernier à Ouagadougou. J'aurai donc pu prendre la mesure des différences intervenues entre les deux sommets, dont nous parlerons tout à l'heure. J'ai évidemment saisi l'occasion aussi pour prendre un peu la mesure de la situation algérienne. Je l'ai fait au travers des contacts que M. l'Ambassadeur a bien voulu organiser dans sa propre maison, mais aussi, et en particulier ce matin, à l'occasion d'un long entretien que j'ai eu avec le Premier ministre, M. Hamdani. J'ai lu dans un journal algérien que la visite prochaine du ministre Matutes serait la première d'un ministre européen en Algérie depuis l'élection de M. Bouteflika. Je veux bien convenir que si Jean-Pierre Chevènement a rencontré M. Bouteflika plusieurs heures, c'était à l'occasion de la réunion des ministres de l'Intérieur des pays méditerranéens. Je veux bien admettre que je sois moi-même venu à l'occasion du Sommet de l'OUA et pas dans le cadre d'une rencontre bilatérale, mais on voudra bien, quand même, convenir qu'il faut nuancer ce jugement selon lequel le premier ministre, qui visiterait l'Algérie depuis l'élection du président Bouteflika, serait espagnol.
Quoi qu'il en soit, je voudrais dire déjà tout l'intérêt que j'ai pris à l'entretien de ce matin. Je voulais dire aussi l'importance que me paraît revêtir pour l'Algérie le Sommet de l'OUA, ici, en ce moment, alors même que le président Bouteflika va pouvoir pendant l'année qui vient, donner corps à cette ambition qu'il affichait hier : faire de l'Algérie la charnière entre l'Europe et l'Afrique. Ceci me paraît un élément très important pour l'Afrique, mais aussi pour l'Algérie. Il est évident que la France doit se mettre en mesure de répondre à l'attente exprimée par les Algériens, et en particulier le premier d'entre eux, et que nous avons de bonnes raisons d'espérer, est que notre relation va connaître, dans les mois et, j'espère, dans les années qui viennent, un nouvel élan. Une relation qui n'avait jamais cessé, mais qui pour s'en tenir, par exemple, aux actions de coopération avait été réduite par rapport à ce qu'elle a pu être dans le passé ; et là nous allons devoir et pouvoir, j'espère, organiser en quelque sorte la remontée en puissance de cette coopération entre l'Algérie et la France. J'ai senti en tout cas, je le répète, un désir très fort de la part des Algériens de pouvoir dialoguer de manière plus soutenue au plan politique, mais surtout de faire davantage de choses ensemble. Et le Premier ministre, ce matin, insistait beaucoup sur le fait de donner un caractère concret à cette coopération. Nous y sommes prêts.
Ayant dit cela et afin de laisser de la place à vos questions, je voudrais limiter mon propos. Une conclusion tout de même. Je vous disais la différence d'ambiance entre ce Sommet de l'OUA et le précédent. Ouagadougou, c'était en juin 1998. J'y représentais déjà le gouvernement français. Ce Sommet avait été marqué, vous vous en souvenez, d'abord par l'inquiétude qu'avait fait naître la mort de M. Abacha quant à l'avenir du Nigeria et ce dans toute l'Afrique tant il est vrai que la Nigeria occupe une place considérable dans le paysage politique et économique africain, et ensuite par les événements de Guinée-Bissao qui m'avaient d'ailleurs empêché de découvrir ce pays - je ne l'ai pas encore découvert, mais j'espère que cela viendra. Quand je compare ne serait-ce que ces deux événements, qui avaient marqué l'actualité du Sommet de Ouagadougou, et ce qui marque l'actualité de celui-ci - à la fois une situation nouvelle en Algérie, l'annonce des accords de paix en Sierra Leone, l'annonce du cessez-le-feu en République démocratique du Congo, l'espoir que les discussions engagées entre l'Ethiopie et l'Erythrée aboutissent, une situation aux Comores dont on peut espérer qu'elle va connaître un aboutissement normal, c'est-à-dire que le processus démocratique va s'y réenclencher et enfin l'espoir d'une solution favorable dans les mois qui viennent au Niger - j'observe simplement que ce Sommet de l'OUA millésimé 1999 va donner au monde un certain nombre de signaux positifs quant à la volonté, et peut-être aussi la capacité des Africains à mieux vivre ensemble. Ce qui évidemment est tout à fait essentiel si l'on veut que, dans le même temps, se mobilise le reste de la solidarité du monde, singulièrement des pays dits "industriels" - et la France est évidemment de ceux-là - pour permettre au continent africain confronté - et le président Bouteflika avait raison de le rappeler ce matin - à des problèmes considérables, d'essayer de les résoudre. Voilà, Mesdames, Messieurs, ce que je voulais vous dire en ouvrant ce point de presse auquel je vous remercie d'avoir bien voulu assister.
Q - Monsieur le Ministre, une grosse revendication de l'Afrique, d'ailleurs pour partie satisfaite au Sommet de Cologne, c'est l'annulation de la dette. Est-ce que c'est un sujet dont la France prend conscience ? Est-ce que vous imaginez des solutions à moyen terme pour aider ce continent un peu étranglé par cette dette immense ?
R - Non seulement la France prend conscience que la question de la dette est tout à fait essentielle si on veut permettre à ce continent de retrouver des marges de manoeuvre pour son développement, mais elle a été pour beaucoup dans la prise de conscience par l'opinion internationale de l'importance de ces questions.
Faut-il le rappeler, c'est le Club de Paris qui assure la gestion du désendettement tel que les premiers accords en sont convenus. C'est la France qui assure la présidence de ce Club de Paris, mais surtout c'est la France qui a fait ses propres propositions à la veille du Sommet de Cologne pour aller plus loin sur la voie de ce désendettement.
Je rappelle d'ailleurs les principes du système que Dominique Strauss-Kahn et moi-même avions présentés. Nous l'avions présenté - et ce n'est pas par hasard - en particulier aux ONG, tant il est vrai que les ONG on été pour beaucoup dans la popularisation de ce dossier de l'endettement des pays en développement. Et ces principes sont donc les suivants :
- un principe d'équité. Nous aimerions bien que le poids que va représenter pour nos pays les remises de dette soit équitablement partagé, et tous ne sont pas de ce point de vue, logés à la même enseigne. Certains ont été plus généreux que d'autres, donc ont contracté davantage de créances que d'autres vis-à-vis de ces pays.
- Un principe de responsabilité. Nous aimerions que les marges de manoeuvre ainsi dégagées au profit de ces pays soient consacrées davantage à la lutte contre la pauvreté, et quand on dit "lutte contre la pauvreté", on pense éducation, on pense santé - autre élément important.
- Un espoir aussi que la solution technique retenue permette à la fois de réduire le temps de la probation pour éviter de désespérer les pays à qui on dirait : "Gouvernez-vous bien et puis plus tard, beaucoup plus tard, en l'occurrence au moins dans six ans, on verra ce que l'on peut faire pour vous !". Ce qui était de nature, vous en conviendrez, à désespérer les pays confrontés aux difficultés que nous savons. Et, là, il a été convenu à Cologne, et nous en sommes heureux, d'alléger un certain nombre de procédures et de permettre d'enclencher plus vite le dispositif d'allégement de la dette. Toutes les questions techniques ne sont d'ailleurs pas encore résolues à l'heure où nous en parlons. Mais le montant des créances remises tel qu'il a été annoncé - le chiffre de 65 milliards de $ qui correspond à plus que la moitié de l'ensemble des dettes publiques contractées par ces pays - montre assez à quel niveau se situe la décision de Cologne. Et je le répète : si nous voulons que ce pas important sur la voie du désendettement des pays en développement se traduise vraiment par un mieux pour ces pays, il faut continuer à les aider, c'est-à-dire qu'il faut que l'aide publique au développement continue à se mobiliser en leur faveur. Il ne faudrait pas qu'en échange de ce désendettement, l'on considère que l'on peut réduire l'aide publique au développement. La France, pour sa part, même si elle n'a pas complètement résisté à cette déflation de l'aide publique au développement, a mieux résisté que d'autres. En tout cas, elle dit haut et fort qu'il faut que nous continuions à maintenir un niveau significatif d'aide publique au développement. Comment dire : c'est d'un mariage équilibré entre aide publique, aide au commerce et aide à l'investissement privé que doit résulter un développement durable.
Q - Monsieur le Ministre, vous avez dit tout à l'heure à M. le président Bouteflika que l'Algérie peut prétendre être une charnière entre l'Afrique et l'Europe. Dans le cadre de négociations entre l'Afrique et l'Europe, entre l'Union européenne et le continent africain, est-ce que la France a une position définie sur le caractère institutionnel de ces négociations ?
R - Ecoutez, le président Bouteflika, hier matin, a célébré à la fois l'OUA, mais aussi les organisations régionales qui se sont mises en place à l'échelle de la planète comme exemples à suivre. Il a parlé de l'Europe. Il a parlé de l'ALENA. Il a parlé du MERCOSUR. Et moi, j'ai compris qu'il invitait les Africains à consolider les intégrations régionales qui sont en marche. Et cela vaut pour l'Afrique de l'Ouest, cela vaut pour l'Afrique centrale, cela vaut pour la SADECK. Et ceci pour nous est une raison de plus de penser que le dialogue sera fécond car la France, notamment dans le cadre de la renégociation des Accords de Lomé qui sont un élément d'actualité important dans le dialogue entre la France et l'Afrique, plaide pour que ces nouveaux Accords accordent une place plus grande à l'intégration régionale qu'on considère comme un bon moyen de passage à l'économie mondiale. Et j'ai entendu, dans les propos du président Bouteflika, ce message là. Il faudra qu'on puisse dans les semaines qui viennent s'assurer que nous avons bien compris, mais je crois que c'était clair pour la plupart des auditeurs de son discours d'hier.
L'OUA est évidemment une institution importante qui a fait, je crois, depuis les 35 ans qu'elle existe, la preuve de son utilité. Elle aura permis - avec des succès inégaux - de faire face ou de résoudre un certain nombre de crises africaines. L'OUA ne vaut que par la volonté de ses membres et par les moyens que d'autres instances ou d'autres organismes peuvent éventuellement lui apporter pour résoudre les crises.
L'OUA s'est impliquée dans la résolution de certaines crises mettant en jeu, par exemple, la CEDEAO et mobilisant l'ECOMOG. Mais qui dit "ECOMOG", dit financement des troupes mobilisées et bien souvent on retrouve, là, la nécessaire participation de pays comme la France qui, d'ailleurs, a parfois observé qu'elle était souvent un peu seule dans certaines opérations de maintien de la paix. Je veux dire qu'elle s'est trouvée un peu seule à payer les soldats de la paix mobilisés sur certains théâtres d'opérations. Mais, bon ! il faut espérer que les choses aillent mieux.
En tout cas, voilà, si vous voulez, un des terrains d'exercice de l'OUA : la prévention des conflits, la recherche de la solution de paix. Mais je crois que l'OUA a aussi des ambitions en matière de développement - c'est ce que j'ai entendu également hier - et c'est là que l'OUA peut participer à la fois à la modernisation des outils économiques nécessaires, à la sécurisation aussi indispensable des outils juridiques ou fiscaux par exemple, pour donner aux investisseurs intéressés, les sécurités indispensables. Et là aussi, je crois que l'OUA a aussi un rôle de sensibilisation, d'organisation à jouer. On imagine assez bien que l'OUA pourrait se retrouver un peu en situation de fédération de ces organisations régionales dont nous parlions tout à l'heure. Pourquoi pas ? Mais moi, je laisse aux Africains le soin de définir l'avenir de l'OUA.
Il semble qu'une réunion sur le statut de l'OUA est susceptible de se tenir rapidement. Ce qui veut dire que cette solution ne sera sans doute pas conclusive parce que, si elle se tient en septembre, c'est un peu court pour traiter à fond le statut de l'OUA. Mais le fait qu'elle se tienne à Tripoli, lui donnera une lisibilité évidemment particulière. Je ne doute pas que les médias, vous et vos confrères, aurez également à coeur d'en rendre compte.
Q - Justement le colonel Kadhafi a reçu, ici, un soutien très chaleureux de la part des chefs d 'Etat africains. Quelle est la position de la France ?
R - Le colonel Kadhafi est un chef d'Etat prévisible. A Pretoria, lors de l'investiture du président M'Beki, où je représentais la France, le colonel Kadhafi a été probablement aussi l'un des chefs d'Etat les plus vus. Mais il est vrai que sa présence à ce Sommet illustre aussi l'évolution des relations entre les pays africains en général et la Libye. Je rappelle que le Sommet de Ouagadougou avait, déjà l'an dernier, donné le signal du désenclavement de la Libye par les Africains eux-mêmes. Cette fois, je crois qu'on est allé sensiblement plus loin. Il est vrai que les Libyens ont accomplis un certain nombre d'actes positifs qui vont dans le sens de leur réintégration dans la communauté internationale. Je crois qu'il faut s'en réjouir globalement et nous avons eu, dans un cadre bilatéral au cours de la dernière période, un certain nombre de contacts encourageants de ce point de vue avec un certain nombre de responsables libyens. J'ai moi-même reçu récemment un ministre libyen et nous avons pu évoquer là aussi dans quelle condition la coopération entre le France et la Libye pourrait, lorsque tout cela sera consolidé, reprendre.
Q - Il y avait un grand absent au Sommet de l'OUA, le roi Hassan II, qui se trouve actuellement à Paris. La France et l'Organisation de l'unité africaine auront-elles un rôle dans le rapprochement du Maroc et de l'Algérie, sur la question notamment du Sahara occidental ?
R - Le rôle de médiateur est un rôle tout à fait passionnant et parfois difficile, parfois même dangereux. L'histoire de nos relations, une histoire ancienne, est là pour en porter témoignage. Moi, je ne crois pas très franchement qu'il y ait besoin de la médiation de la France pour que les relations entre l'Algérie et le Maroc s'améliorent, se normalisent. La France le souhaite, très sincèrement, convaincue que ce serait à la fois source de stabilité, d'échanges et de développement. Et, nous n'avons nous-mêmes évidemment que des avantages à retirer d'une relation normalisée entre la France, l'Algérie, le Maroc et n'oublions pas aussi la Tunisie, qui est un partenaire important si j'en crois les intentions prêtées au président algérien et ce que m'en a dit le Premier ministre marocain il y a trois semaines, à Rabat. Il y a lieu de penser que ces relations sont en bonne voie de normalisation et qu'elles s'en trouveront nécessairement facilitées dès que la questions, plus délicate, du Sahara occidental, traitée dans un cadre distinct, sera réglée. J'ai entendu le Premier ministre algérien me dire son souci de voir la frontière qui sépare ces deux pays bénéficier de soins particuliers, si je puis dire, pour éviter que des trafics en tous genres ne s'y développent. II a cité en particulier la drogue, mais j'ai bien compris qu'il faisait allusion à d'autres trafics aussi illicites et dangereux. Mais, je le répète, nous allons suivre avec beaucoup d'attention et d'intérêt l'évolution des discussions entre l'Algérie et le Maroc.
Q - Vous avez parlé tout à l'heure de besoin de financement. Aura-t-on besoin de plus d'argent ou de moins d 'argent pour trouver des financements dans les quelques conflits qui sont en train de se régler ? Quel rôle la France pourrait-elle jouer là dedans ? Est-ce que vous savez si elle devra avoir une participation financière ?
R - Il est trop tôt ! D'abord je n'ai pas entendu l'importance des forces mobilisées pour la paix en République démocratique du Congo, je n'ai pas entendu que le chiffre était arrêté. J'ai entendu des chiffres échangés. Je ne sais pas qui s'assiéra autour de la table. Il est évident qu'il faut qu'on s'y mette à plusieurs pour mobiliser les moyens nécessaires. Il faut le faire rapidement si l'on veut que cette chance soit saisie, même s'il est vrai que l'accord de cessez-le-feu n'est pas encore totalement consolidé, puisque le débat portait encore, aux dernières nouvelles, sur la signature engageant les rebelles. Mais j'observe dans le même temps, et je m'en félicite, que, bien que baptisé "accord de cessez-le-feu", on y parle aussi du dialogue entre Congolais, ce que la France souhaite. C'est une des conditions de stabilité durable de la région.
La France, il y a quelques mois, vous vous en souvenez, avait fait une proposition d'une conférence des Grands lacs. Les chefs d'Etat réunis à Paris, à l'occasion du Sommet Afrique-France, et hier encore le président Kabila, avaient dit leur intérêt pour cette conférence, qui permettrait de mettre à plat l'ensemble des problèmes structurels, qui depuis longtemps expliquent l'instabilité de cette région.
Dans le même temps, le dialogue national congolais se développe permettant à la démocratie de s'enraciner avec des processus électoraux qu'il faut évidemment gérer avec beaucoup de précision, parce que les choses sont toujours évidement un peu délicates. Si les Africains le souhaitent et si tous les acteurs intéressés le désirent, cette conférence internationale permettrait d'évoquer l'ensemble des dossiers lourds qui concernent cette région.
Quand vous m'avez parlé des moyens nécessaires, je me suis demandé si vous alliez parler des moyens nécessaires au financement du développement, par exemple. C'est une autre question qui intéresse tous les pays africains, même s'il ne faut pas confondre l'Histoire, la situation sociale, culturelle des pays méditerranéens et de l'Afrique sub-saharienne. Le besoin de financement et de développement existe partout, mais il faut sans doute les conduire différemment dans la mesure où les situations objectives sont sensiblement différentes. Il faut qu'à chaque fois que nous parlons de coopération, nous sachions tenir compte des réalités de terrain et surtout écouter ce que nous disent nos partenaires. C'est à cela que la France est de plus en plus attachée. Merci beaucoup./.
ENTRETIEN AVEC LES RADIOS FRANCAISES
Dès lors que le lien juridique, je le répète, entre l'action et la convention est vérifiée, la marge de manoeuvre pour le gouvernement français est très faible. Et je regrette que ceci puisse avoir des conséquences aussi importantes, car nous voudrions qu'on ne confonde pas l'incrimination d'un homme, fut-il actuellement un officier mauritanien en stage en France, et les relations entre la France et la Mauritanie que nous voudrions voir continuer. Je n'oublie pas que la France est le premier partenaire de ce pays. Et la décision mauritanienne de se priver de ses coopérants me paraît aller à l'encontre de l'intérêt de la Mauritanie.
(...)
Si les Algériens et les Marocains le souhaitent, nous serions ravis de mettre, en quelque sorte, en mouvement, les volontés, les compétences, les moyens de trois partenaires que l'histoire et la géographie réunissent, mais encore faudrait-il, je crois, que les relations entre le Maroc et l'Algérie continuent de s'améliorer. Je crois même que la connaissance personnelle entre le souverain chérifien et le président algérien devrait y contribuer.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 28 juillet