Déclaration de Mme Michelle Demessine, secrétaire d'Etat au tourisme, sur le salon nautique international et sur le dynamisme de l'industrie des activités nautiques, La Rochelle, le 17 septembre 1999.

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Circonstance : 27ème Grand Pavois (Salon nautique Internatinal), à La Rochelle, le 17 septembre 1999

Texte intégral

Monsieur le Président du Grand Pavois,
Monsieur le Député-Maire de La Rochelle
Messieurs les Présidents du Conseil Régional et du Conseil Général
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames, Messieurs

C'est un immense plaisir pour moi d'inaugurer, aujourd'hui, avec vous, et en présence de Monsieur John Spender, ambassadeur d'Australie - pays invité d'honneur de cette 27ème édition du Grand Pavois -, ce salon nautique international, dont la réputation n'est plus à faire.

Avec plus de 25 ans d'existence, pas moins de 100 000 visiteurs l'an dernier, près de 600 exposants et 250 bateaux à flots, le Grand Pavois est, en effet, non seulement l'un des événements majeurs de l'année nautique, mais il représente également tout un symbole pour notre pays.

Le symbole d'une manifestation dont le succès ne s'est jamais démenti, sans doute parce qu'elle est profondément ancrée dans l'identité d'une ville et d'une région. (I)
Le symbole, aussi, d'un secteur d'activités qui, telles ces magnifiques embarcations que j'ai eu l'occasion de découvrir ce matin, nourrit les rêves et tous les espoirs de conquêtes, tant son essor ne cesse de se confirmer. (II)
Le symbole, enfin, d'une forme de loisirs de plus en plus prisée, sur ce littoral qui demeure la première destination touristique des Français, pendant l'été, et une destination particulièrement plébiscitée par nos visiteurs étrangers. (III)

I - Mais le succès du Grand Pavois, c'est d'abord et avant tout le succès d'une ville et d'une région.

Ce salon nautique international - qui a la particularité de présenter les plus beaux bateaux à flots -, n'est, en effet, pas un événement isolé, mais bel et bien le point d'orgue de manifestations nautiques prestigieuses et populaires, qui favorisent l'animation du port et de la ville toute entière, depuis maintenant plusieurs années.
De très nombreuses courses, et rassemblements, de renommée internationale partent, font escale, ou arrivent ainsi à La Rochelle. Et ce n'est sans doute pas un hasard si, il y a un quart de siècle, la première édition du Grand Pavois a été imaginée, ici, dans cette ville à la vocation maritime précoce (XIème siècle).
Ce salon international est, en effet, né sur un terreau privilégié - si j'ose dire -, puisque ses 463 kilomètres de côtes et sa situation géographique, à l'abri des îles, font de La Rochelle un bassin de plaisance très fréquenté, dans une région qui, par ailleurs, a vu naître de grands navigateurs et de grandes navigatrices (Isabelle Autissier et Christine Briand).
Une région où de nombreux ingénieurs, chercheurs, et constructeurs, dans le domaine du nautisme, sont installés...
Ce port des Minimes qui accueille le Grand Pavois - et sur lequel, j'ai d'ailleurs eu l'occasion de me promener cet été - est, quant à lui, sur la côte Atlantique, le plus grand port de plaisance, avec ses 3.200 places.
Où, mieux qu'ici pouvait-on, dès lors, présenter les plus belles nouveautés, et accueillir ces milliers de visiteurs, venus acheter, ou simplement profiter du spectacle offert par tous ces magnifiques bateaux rassemblés?

II - Car La Rochelle et son Grand Pavois sont aussi le symbole du dynamisme de l'industrie nautique dans notre pays.

La place occupée par la France dans la construction nautique de plaisance est, en effet, bien connue :

Nous sommes au deuxième rang mondial, juste derrière les États-Unis, et nos constructeurs occupent même la première place en ce qui concerne les voiliers et les pneumatiques.
Déjà l'an passé, en inaugurant le Salon Nautique, à Paris, j'avais eu l'occasion de me réjouir de l'impressionnant redressement amorcé, par ce secteur, après plusieurs années difficiles.
Mais je peux vous dire, aujourd'hui, que ce redressement, se poursuit, puisque 1999 s'annonce, déjà, comme une excellente année pour notre industrie nautique. La croissance globale de son activité semble, en effet, avoir fait un bond de 20% au premier semestre de cette année, et nos industriels sont débordés.
Vous me permettrez de les en féliciter, et de saluer la vitalité de tout un secteur, qui emploie déjà plus de 30 000 personnes, et devrait connaître, cette année, une augmentation de 10% de ses effectifs.
Son dynamisme participe en effet de l'image de la France, au-delà de nos frontières, en constituant, véritablement, une vitrine du savoir-faire de nos industriels.

Je n'ignore pas, pour autant, les problèmes posés par ce formidable essor de la construction de bateaux, et en particulier le problème du manque d'anneaux pour accueillir les navires dans nos ports.
Il apparaît en effet difficile d'envisager la construction de nouveaux ports. Les lieux qui se prêtaient le mieux à l'aménagement ont, en effet, souvent, déjà été réinvestis, et les constructions nouvelles seraient, d'une part beaucoup trop onéreuses, et d'autre part ne manqueraient pas de soulever d'autres problèmes liés à la préservation de l'environnement.

C'est pourquoi le gouvernement, et en particulier le Ministère de l'Équipement, des Transports et du Logement, soutient la réhabilitation de zones portuaires anciennes, et souvent encore trop sous-utilisées.
Réinvestir ces espaces constitue, en effet, un réel enjeu. Il existe, j'en suis sûre, un véritable potentiel susceptible d'apporter les améliorations nécessaires aux difficultés d'amarrage, tout en permettant, par ailleurs, de développer une activité touristique complémentaire à la pêche, ou encore au commerce.

Sachez, en tout cas, que c'est une préoccupation du gouvernement et qu'il travaille en ce sens, conscient de ce que représente le développement de la filière nautique.
Les pouvoirs publics se sont d'ailleurs déjà attachés à créer les meilleurs conditions réglementaires possibles pour accompagner ce développement.
C'est ainsi que plusieurs dispositions, tendant à simplifier les démarches administratives des plaisanciers, ont été mises en place cette année. Je pense, par exemple, au seuil de francisation des navires de plaisance qui est passé, en janvier 1999, de 2 à 3 tonneaux, afin de faciliter les procédures d'enregistrement des propriétaires de navires de petites tailles. Je pense aussi au système d'immatriculation provisoire des navires de plaisance, dont le prototype a été présenté au Salon Nautique de Paris, l'an dernier, et qui sera mis en place avant la fin de l'année.

Mais, vous le savez : Pour que le développement des loisirs nautiques se pérennise, il est primordial que ces loisirs puissent se dérouler en toute sécurité.
C'est le sens de la campagne estivale de sécurité en mer, à laquelle le Secrétariat d'État au Tourisme participe, aux côtés du Ministère de l'Équipement, des Transports et du Logement, et qui invite chacun à " prendre la mer, pas les risques ".
Un effort particulier a été développé, cette année, sur la prévention et l'information des usagers. Un dépliant, et des affiches ont ainsi été largement diffusés sur tout le littoral. Et je sais que cela a été particulièrement le cas ici.
Je tiens d'ailleurs à remercier tout spécialement le Conseil Général de Charente-Maritime, pour son investissement dans cette opération, ainsi que l'ensemble des élus, des professionnels et des amateurs de sports nautiques.
C'est grâce à l'engagement de chacun que je peux, aujourd'hui, affirmer que la saison estivale qui s'achève s'est déroulée de manière satisfaisante du point de vue de la sécurité. Cette campagne, vous le savez, a, par ailleurs, été relayée par les moyens modernes de communication, notamment le site Internet du ministère de l'Équipement.

III - Nos concitoyens, sont, en effet, de plus en plus nombreux à se laisser séduire par les plaisirs de la navigation, ce qui m'encourage d'ailleurs à penser que la croissance du secteur de l'industrie nautique peut également constituer un formidable moteur de développement du tourisme sur notre littoral, en complémentarité, bien sûr, des activités déjà existantes.

Les deux, en fait, sont intimement liés.
L'engouement constaté pour les sports nautiques joue ainsi un rôle important dans l'économie touristique locale et nationale, ne serait-ce que parce qu'il entraîne le développement de produits spécifiques - telle la location de bateaux pour des sorties en mer organisées, ou encore l'organisation de régates .
Tout cela engendre d'importantes retombées, en particulier en terme d'emplois. Et je ne peux que m'en féliciter. Ici même, sur le seul port des Minimes, le nautisme génère une cinquantaine d'emplois directs, dont plus de trente à temps plein, et bien plus encore d'emplois induits.

De la même manière - et dans l'esprit que j'évoquais à l'instant, concernant le réinvestissement des espaces désaffectés - la reconversion du Bassin des Chalutiers en bassin destiné aux navires de grande plaisance est un exemple tout à fait réussi de réutilisation de friches portuaires, qui aura favorisé sa re-dynamisation, et donné l'occasion à la municipalité de promouvoir un projet de valorisation de l'ensemble de son patrimoine portuaire, au travers du projet d'un "Espace Aventure de la Mer et des Océans".
Oui, j'en suis convaincue: le développement de l'industrie nautique, auquel nous assistons, peut contribuer à valoriser davantage notre littoral, en rendant les sites touristiques encore plus attractifs, simplement parce qu'ils deviennent des lieux de découverte du patrimoine maritime et local; des lieux de vie, où s'organisent des rencontres sportives, ou encore des événements aussi importants et médiatiques que celui qui nous réunit aujourd'hui.

Le formidable succès de l'Armada du Siècle l'a encore démontré : l'Océan, la mer et les voiliers font toujours rêver. Et ce, d'autant qu'à l'aube de ce 3ème millénaire, le littoral demeure, comme je le disais toute à l'heure, la destination phare de nos concitoyens pendant l'été, et séduit de plus en plus nos visiteurs étrangers. Actuellement, près de 20 millions de vacanciers choisissent, en effet, la mer comme destination de vacances, et, parmi eux, 3 millions et demi pratiquent une activité nautique. Une étude récente, menée par l'Agence Française d'Ingénierie Touristique (A.F.I.T), avec la Fédération de l'Industrie Nautique (F.I.N.), a permis de mettre en lumière l'existence d'un potentiel de nouveaux pratiquants de l'ordre de 1,6 millions de personnes. De nouveaux comportements se font jour, dont témoignent d'ailleurs l'introduction au Grand Pavois d'un espace consacré aux nouveaux sports de glisse.
En matière de services, il y a donc beaucoup à faire, beaucoup à créer. Mais il s'agit là, pour le tourisme dans notre pays, d'un défi enthousiasmant et passionnant. L'engouement constaté pour la plaisance, avec l'augmentation du nombre d'immatriculation nouvelles de bateaux, ainsi que le développement récent de la croisière, ne peuvent, en effet, que stimuler la qualité de l'accueil et de l'animation dans nos villes portuaires.

Ce qui, là aussi, aura des conséquences positives sur l'emploi... Et vous connaissez l'engagement du gouvernement à ce sujet... C'est pourquoi ce dernier a d'ailleurs souhaité ouvrir le chantier d'une meilleure utilisation des richesses de notre littoral. En avril 1998, le Comité Interministériel de la Mer (CIM) a ainsi mis en place un groupe de travail interministériel sous la responsabilité conjointe du Ministère de l'Équipement et du Secrétariat d'État au Tourisme, afin d'étudier - à partir d'une analyse de l'offre locale en matière de loisirs nautiques - les conditions d'un développement coordonné du tourisme nautique, et de proposer des outils opérationnels d'aide à la décision. Ce groupe de travail a déjà entamé une large consultation avec l'ensemble des élus, des professionnels, les fédérations de pratiquants et le Conseil Supérieur de la Navigation de Plaisance et des Sports Nautiques.

IV - Conclusions.

Voilà, en quelques mots, ce que je souhaitais vous dire.
Mais je ne saurai conclure sans rappeler qu'après le Brésil et l'Île de la Dominique, l'Australie est, cette année, le pays invité d'honneur de ce 27ème Grand-Pavois. Il s'agit d'un pays nautique par excellence, où toutes les formes y compris les plus modernes, du loisir nautique sont très prisées. J'ai d'ailleurs noté, lors de ma visite, toute à l'heure, que l'Espace Olympique du Grand Pavois permettait de goûter en avant première ce que seront, côté nautisme, les prochains Jeux Olympiques de Sydney. Pour ma part, je souhaite également, que la participation de l'Australie soit l'occasion pour les professionnels du nautisme français de découvrir un marché éloigné, certes, mais prometteur, et d'y développer leurs activités. Enfin, je tiens enfin à saluer le choix de Thierry Dubois comme parrain du 27ème Grand Pavois de La Rochelle.

Tout le monde connaît, en effet, son engagement pour les droits de l'homme, et le nom qu'il a choisi pour baptiser son prochain monocoque, "Solidaires", nous rappelle que si la mer est un espace de liberté elle est aussi un espace de solidarité: Ce n'est certainement pas le moindre des messages qu'elle puisse adresser à l'ensemble de nos sociétés.
D'ailleurs, le public ne s'y trompe pas, qui, cet été encore, lors des grands rassemblements de Rouen et de Saint-Malo ont confirmé l'extraordinaire engouement suscité par le milieu maritime.
Je ne puis que souhaiter que le Grand Pavois soit, pour beaucoup, l'occasion de franchir le pas et de réaliser leurs rêves. Qui pourrait douter, à la vue de tous ces admirables bateaux à flots, que de nouvelles vocations ne soient éveillées parmi les visiteurs que j'espère, cette année encore, très nombreux ?
Pas moi, en tout cas, qui suis, je dois vous l'avouer, assez émerveillée, et convaincue que s'il y a bien un secteur qui a le vent en poupe, c'est bien celui de l'industrie nautique, et du loisir nautique, plus largement.
Je vous remercie.


(Source http://www.equipement.gouv.fr, le 6 octobre 1999)