Conférence de presse de M. Dominique Galouzeau de Villepin, ministre des affaires étrangères, de la coopération et de la francophonie, et du ministre aux affaires européennes, sur la politique étrangère de l'UE, Bruxelles le 13 mai 2002.

Prononcé le

Circonstance : Réunion du Conseil Affaires générales à Bruxelles les 13 et 14 mai 2002

Texte intégral

R - Le ministre - Je suis heureux de vous saluer pour cette première rencontre. Je voudrais faire quelques remarques liminaires avant de vous présenter, comme il est d'usage, les principaux résultats de notre Conseil d'aujourd'hui.
J'ai lu ou entendu nombre de commentaires mettant en doute, après les récents événements politiques en France, la réalité de notre engagement en Europe.
C'est pourquoi je tiens aujourd'hui à affirmer solennellement la force de cet engagement et notre foi en l'Europe. Une Europe démocratique qui réponde aux aspirations de nos peuples. Une Europe élargie et qui reste forte. Une Europe qui compte et qui se fasse respecter dans le monde.
Comme l'Histoire nous l'enseigne, c'est souvent dans l'épreuve que notre pays retrouve son souffle. Rappelons-nous que le Traité de Rome est né dans les tourments qui ont marqué la fin de la IVème République.
A l'occasion de l'élection présidentielle, les Français ont exprimé certaines craintes face à l'insécurité, des doutes face à l'avenir, un besoin d'écoute. Le 5 mai, ils ont réagi par un formidable sursaut et formulé une triple exigence d'ouverture, de démocratie et d'action.
Ces craintes et ces exigences existent aussi dans d'autres pays européens. Nous devons y répondre en assumant nos responsabilités, sur le plan national comme sur le plan européen. Notre ambition doit être à la hauteur des enjeux. Comme l'a souligné le président de la République, Jacques Chirac, il nous faut aujourd'hui "refonder le projet européen".
Notre première responsabilité est de répondre à l'exigence démocratique que tous nos concitoyens expriment à l'égard de l'Union européenne. Il faut que nos peuples se réapproprient le projet européen. Cela requiert, à la fois, proximité et transparence dans la façon dont fonctionnent nos institutions et dont sont prises nos décisions. C'est l'une des missions de la Convention sur l'avenir de l'Europe, présidée par le président Giscard d'Estaing, qui nous apporte sa connaissance, son expérience et sa vision.
Pour convaincre, nous devons apporter des réponses concrètes aux préoccupations de nos concitoyens. Ceux-ci ne comprendraient pas que nous différions des décisions à la fois nécessaires et urgentes qu'exigent les problèmes de sécurité, au sens le plus large du terme : sécurité des personnes et des biens, lutte contre l'immigration clandestine, combat contre le terrorisme, sécurité alimentaire, sécurité de l'environnement, et maîtrise de la mondialisation.
Notre responsabilité, c'est aussi de réussir l'élargissement. Nous le devons à l'histoire, aux peuples qui ont été injustement écartés de la famille européenne. De ce point de vue, l'histoire nous oblige. Ce doit être un double succès, pour l'Europe et pour les nouveaux adhérents. Cela exige, là aussi, vis-à-vis des citoyens des pays membres comme des pays candidats, un devoir de transparence et de vérité.
Notre responsabilité, c'est enfin de porter une vision exigeante du rôle de l'Europe dans le monde.
Nous avons démontré, dans les Balkans, que cela était possible. L'Union européenne a, aujourd'hui, une politique commune dans les Balkans parce qu'elle a su : définir un objectif clair ; mobiliser des moyens ; et mandater Javier Solana, le Haut représentant, pour mettre en uvre notre politique.
En matière de défense européenne, nous avons aussi accompli, depuis le Sommet franco-britannique de Saint-Malo, des progrès considérables, mais il est essentiel de ne pas laisser s'enliser notre élan.
Vis-à-vis de nos grands partenaires, qu'il s'agisse des Etats-Unis, de la Russie, de la Chine, du Japon, ou de l'Inde, nous devons avoir une politique globale et une attitude claire. Notre relation avec ces autres grands pôles du monde est essentielle pour réussir les grands défis de la mondialisation, qu'il s'agisse de la protection de l'environnement, de l'aide au développement, de la croissance harmonieuse des échanges commerciaux, mais aussi de l'exigence de l'éthique internationale.
Au Proche-Orient, il est temps que l'Union européenne s'affirme comme l'un des grands artisans de la paix. Elle ne peut plus accepter un rôle d'appoint. Le projet de conférence internationale doit être l'occasion pour l'Union européenne de mettre ses idées sur la table et de les défendre. C'est alors que la place de l'Union européenne pourra, dans le "Quartet", prendre tout son sens.
La France a été l'un des inventeurs de l'Europe. Elle veut en rester l'un des moteurs. C'est son ambition, mais c'est aussi son intérêt. C'est ce que le président de la République avait souligné devant le Bundestag le 27 juin 2000 puis à Strasbourg le 6 mars 2002 devant le Parlement européen : "Je suis, avait-il dit, pour une Europe forte, parce que je suis pour une France forte. Notre ambition européenne participe d'une grande ambition nationale".
Depuis l'origine, la France et l'Allemagne sont au cur de cette ambition européenne. Je suis convaincu qu'ils doivent plus que jamais rester une force d'impulsion. Avec mon collègue allemand Joschka Fischer, nous sommes déterminés à agir résolument en ce sens. Et ma première visite bilatérale sera bien évidemment pour le rencontrer cette semaine.
Voilà donc l'esprit dans lequel la France conçoit son engagement en Europe. Je me réjouis de mettre en uvre, avec entre partenaires des Quinze, ce que je ressens, ce que nous ressentons, comme étant à la fois une ambition et une obligation. Et je tiens donc, au terme de ce propos liminaire, à réaffirmer l'engagement de la France en Europe.
Je passe maintenant aux principaux points du Conseil Affaires générales de ce matin pour vous présenter rapidement les principales conclusions.
Au titre des questions horizontales, le Conseil a eu un débat sur la préparation du Sommet de Johannesbourg sur le développement durable qui aura lieu fin août/début septembre. Le Conseil Affaires générales du 17 juin adoptera des conclusions dans la perspective du Conseil européen de Séville où l'Union aura à arrêter sa position pour Johannesbourg.
Au titre des relations extérieures de l'Union, le Conseil a poursuivi le débat engagé lors du 18 février sur l'efficacité de l'action extérieure de l'Union. J'ai insisté, comme le commissaire Chris Patten, sur la nécessité de passer à des actions concrètes afin de voir sur le terrain la plus grande coordination possible entre nos ambassades et les délégations de la Commission.
Nous avons eu une première discussion sur le projet de mandat de négociation des futurs accords commerciaux entre l'Union et les pays ACP, l'objectif étant de pouvoir parvenir à un accord à Quinze au Conseil de juin et commencer les négociations avec les pays ACP à la date prévue fin septembre. J'ai indiqué que la proposition de la Commission constituait une excellente base de travail et qu'il fallait en préserver l'équilibre général. Le Conseil a adopté des conclusions qui nous conviennent sur ce sujet.
Le Conseil a donné son accord de principe pour renouveler les mandats des représentants spéciaux de l'Union en Afghanistan et en République yougoslave de Macédoine et a demandé au Comité des représentants permanents (COREPER) de définir les conditions financières de cette prorogation. Plus généralement, le Conseil va devoir réfléchir à l'ensemble des questions de financement de tous les représentants spéciaux.
Nous avons par ailleurs fait le point sur la situation en Angola. J'ai rappelé à cette occasion que la communauté internationale devait aider d'urgence les Angolais à rétablir une paix durable, après tant d'années de guerre. Il y avait là une circonstance particulière qui ne devait pas être manquée.
Nous avons également discuté des relations entre l'Union européenne et l'Iran. Comme vous le savez, nous devons adopter un mandat de négociations d'un accord commercial et de coopération avec ce pays. La difficulté qui demeure est celle de savoir si la clause sur le terrorisme et les dispositions sur le dialogue politique doivent être insérées dans cet accord lui-même ou en être séparées. J'ai indiqué, en ce qui concernait la France, que nous n'avions pas de problème avec la position du commissaire Chris Patten, visant à permettre la mise en uvre rapide de l'ensemble des éléments de cet accord (accord commercial, déclaration sur le dialogue politique, échange de lettres sur le terrorisme). Pour la France, ce qui compte, ce qui est prioritaire, c'est le contenu plus que la forme juridique. La priorité doit être en effet le message politique fort adressé à l'Iran, avec une importance toute particulière sur des sujets essentiels comme le Proche-Orient, le terrorisme, la non-prolifération, le respect des Droits de l'Homme et l'attitude à l'égard de l'Afghanistan. Dans la mesure où l'Union européenne s'exprime clairement et fermement sur ces sujets, le dialogue avec l'Iran prend tout son sens. Nous reviendrons sur ce sujet, bien évidemment, lors d'un prochain Conseil.
En ce qui concerne le Proche-Orient, qui a été évoqué, comme vous le savez, au déjeuner, les Quinze se sont félicités qu'un accord ait pu être conclu, concernant la Basilique de la Nativité. La Présidence a conclu qu'il y avait un accord de principe pour l'accueil des treize Palestiniens et un certain nombre de pays membres se sont donc montrés favorables à l'accueil de ces Palestiniens. L'accueil - la France l'a marqué - pose une série de questions que nous avons mises sur la table, ceci dans un esprit de responsabilité de l'Union européenne pour que nous puissions assumer clairement l'ensemble de nos responsabilités. Le COREPER, concernant la précision de cet accueil, sera amené à préciser au cours des prochains jours les différents points qui pourraient se poser.
Enfin sur deux derniers points, qui font l'objet des débats de cet après-midi, et qui concernent la Politique européenne de sécurité et de défense, vous savez que les ministres de la Défense se sont réunis ce matin et que nous avons une réunion conjointe cet après-midi pour faire le point, notamment, sur la gestion des crises.
Le Conseil devrait également adopter cet après-midi des conclusions sur le processus de stabilisation et d'association avec les Balkans occidentaux, suite à un rapport d'évaluation transmis par la Commission. Vous savez toute l'importance que nous attachons à ce processus - le Sommet de Zagreb en novembre 2000 s'est tenu sous présidence française - pour stabiliser la région ces pays à davantage coopérer entre eux et se rapprocher de l'Union.
R - Le ministre délégué - Je suis heureux d'être aux côtés de Dominique de Villepin, sous l'autorité du président de la République et du Premier ministre.
Le président de la République nous a donné, cette semaine, une feuille de route en insistant énormément, le jour de l'Europe, sur la nécessité de mobiliser les opinions publiques. En parlant du dialogue sur l'Europe qui doit se développer dans l'ensemble de notre société. Je le cite, aujourd'hui, au moment où certains de nos compatriotes expriment leurs craintes face à la mondialisation et à l'ouverture de notre économie et de notre société. Nous devons, inlassablement, expliquer tout ce que l'Europe nous apporte, convaincre qu'elle nous protège, nous stimule, nous ouvre de nouvelles perspectives. Très simplement, aux côtés de Dominique de Villepin, avec humilité et détermination, j'ai l'intention d'être utile aux progrès de l'Union européenne, en faisant face aux grandes échéances qui se profilent et de veiller à mobiliser les opinions publiques dans chacune de nos démocraties pour bénéficier d'un soutien renforcé des peuples, sans lequel rien n'est possible.
Comme l'a rappelé le président de la République, il n'y a pas d'antagonisme entre une France forte et une Europe forte, mais, vis-à-vis de l'ensemble des citoyens européens, nous devons sans cesse rappeler que l'Europe doit être un espace de développement économique, de sécurité, et de rayonnement politique et démocratique.
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Q - A propos des Palestiniens, je voudrais revenir sur cette série de questions que pose le statut de ces Palestiniens ; est-ce que la France est prête à accueillir un ou plusieurs de ces bannis et est-ce que l'accueil de ces Palestiniens ne pose pas des questions de sécurité. Enfin est-ce que l'Europe ne doit pas leur accorder une protection au cas où un accident leur arriverait ?
R - En ce qui concerne le problème juridique que cela pose et qu'il convient d'éclaircir, il y a évidemment d'abord le statut juridique qui pourrait leur être accordé dans les différents pays européens et le désir d'essayer de clarifier quel pourrait être ce statut. Il y a aussi la durée : pour quelle durée ces Palestiniens seraient-ils accueillis ? Je crois qu'il y a là toute une série de questions concrètes qui se posent et qui méritent d'être clarifiées avant que, véritablement, nous puissions prendre des dispositions. Vous savez qu'un certain nombre de pays se sont portés volontaires et il appartiendra à la Présidence d'indiquer quelle est la liste exacte de ces pays. En ce qui concerne la France, la question au cours des derniers jours, ne nous a pas été posée et nous serons amenés, au vu des précisions qui pourraient être apportées par le COREPER sur ce statut, à préciser notre position.
Q - Et la sécurité ?
R - En ce qui concerne la sécurité, évidemment, tout cela fait partie d'un ensemble très délicat, mais je veux croire que cette question de sécurité, dans la mesure où un accord est conclu entre les différentes parties prenantes, ne se posera pas sur notre territoire. La bonne volonté européenne s'exprimant dans cette question avec le souci d'apporter une solution et se voit dans le cadre du règlement de la Basilique de la Nativité. Je crois que tout le monde voit bien dans quel esprit l'Union européenne est amenée à agir sur ce dossier. Elle le fait donc par souci de débloquer une situation difficile et de contribuer véritablement à la paix dans la région.
Q - Quelle est votre réaction, celle de la France, après le vote du parti du Premier ministre israélien contre l'Etat palestinien ?
R - Je crois que de ce point de vue il y a une position unanime sur la scène internationale, ou en tout cas très largement partagée, qu'il s'agisse de la position de l'ONU, ou de la position de l'Union européenne. Je crois que cette position s'exprime clairement pour reconnaître l'existence de deux Etats, à qui l'on accorderait toutes les garanties de sécurité, de paix, pour vivre dans la région. Je crois donc qu'il y a une position claire de la communauté internationale et qui ne doit pas remettre en cause, évidemment, les tentatives de la communauté internationale pour arriver à une solution.
Q - En Israël, une campagne anti-française se déroule en ce moment, je voudrais savoir ce que vous pensez de ce sujet et aussi, comme nouveau ministre, est-ce que vous envisagez de vous rendre rapidement au Proche-Orient ?
R - En ce qui concerne la campagne anti-française, on a vu effectivement un certain nombre de déclarations, un certain nombre d'attitudes qui se sont développées. Je crois qu'elles ne sont pas du tout conformes à la volonté et à la réalité françaises. Chacun l'a vu, et la France l'a clairement montré, lors de la dernière élection présidentielle, il n'y a pas en France d'attitude ou de mouvement qui pourrait être interprété dans le sens de l'antisémitisme. Il y a des actes qui sont répréhensibles, que la France a condamnés, mais nous considérons particulièrement choquantes ces accusations qui ont pu être portées et qui sont sans fondement en ce qui concerne l'attitude de la France, qui est sans ambiguïté, sur toutes ces questions.
Q - Monsieur le Ministre, pourriez-vous nous donner plus de détails concernant l'Angola ? Vous dites que vous l'avez traité pendant vos travaux, d'une part ; d'autre part, est-ce que la France compte prendre une initiative en ce qui concerne la région des Grands Lacs, après l'échec du dialogue intercongolais ?
R - La France suit évidemment de très près la situation en Angola, comme d'ailleurs dans la région des Grands Lacs. Nous considérons qu'il y a aujourd'hui des efforts à faire et une chance à saisir pour essayer de régler les problèmes, en particulier pour ce qui concerne les anciens soldats de l'UNITA. Tout doit être fait dans ce sens, donc nous allons poursuivre nos efforts et suivre de très près la situation. Dans les Grands Lacs, la situation est identique : encourager le dialogue entre les différentes parties pour essayer de régler les problèmes.
Q - Monsieur le Ministre, vous avez souhaité que l'Europe puisse s'affirmer au Proche-Orient. Est-ce qu'il y a une potion magique, parce que jusqu'à présent l'Europe a quand même eu du mal et, deuxième question, êtes-vous favorable au remboursement par l'Etat d'Israël des bâtiments civils détruits par Tsahal ?
R - Sur l'engagement européen au Proche-Orient, je crois que la part qu'a pris l'Union européenne dans le règlement de la crise de la Basilique de la Nativité marque bien la volonté d'essayer de jouer tout notre rôle dans ce sens, et, guidés uniquement par l'esprit de paix qui est le nôtre, apporter notre contribution. Je crois qu'il y a un autre sujet, que j'ai évoqué, c'est la perspective d'une solution politique que peut éventuellement offrir la relance d'une conférence internationale. Je pense que là, il y a une occasion à saisir. Il convient donc d'étudier soigneusement quels pourraient être le cadre et les modalités de cette conférence. Chacun sait bien que dans cette région, il n'y a pas de solution militaire possible, et que les tentatives en vue d'une solution politique doivent être recherchées. C'est évidemment une priorité pour notre diplomatie. Nous allons essayer d'avancer dans ce sens.
Q - Et le remboursement des bâtiments civils palestiniens détruits par Tsahal ?
R - C'est à l'étude, nous n'avons pas de position à ce stade.
Q - Monsieur le Ministre, où en est-on sur les négociations sur les accords de partenariat économique (APE) avec les pays ACP ?
R - En ce qui concerne les accords avec les pays ACP, nous avons examiné ce matin quelle attitude avoir dans le cadre de cette négociation, nous sommes tout à fait favorables au mandat tel qu'il a été défini, nous pensons que d'ici à l'échéance de 2008 il y a la possibilité d'évoluer, et de négocier un système de libre-échange, mais tout cela doit être soigneusement préparé dans le cadre du mandat tel qu'il a été proposé par la Commission. Nous pensons qu'un équilibre a été trouvé et qu'il faut donc essayer de maintenir le cap tel qu'il est aujourd'hui prévu.
Q - Vous avez discuté avec M. Joschka Fischer, de son plan sur le Proche-Orient, et comment évaluez-vous ce plan ?
R - Actuellement, nous analysons et nous observons à ce stade l'évolution dans la région qui est évidemment une évolution très rapide, on a vu l'activité très intense sur le plan diplomatique, lors du week-end, en particulier à Charm el Cheik. Je crois donc important de bien suivre et observer les différentes pistes. Il y a aujourd'hui un certain nombre de signes, de gestes qui sont faits du côté des pays arabes, un certain nombre de gestes faits du côté israélien. Il importe de les apprécier pour essayer de donner une nouvelle impulsion à la paix. La conclusion positive de la situation dans la Basilique de la Nativité peut donner une indication et permettre aujourd'hui de travailler dans un contexte favorable. Je crois par ailleurs, que la retenue qu'ont exprimée les Israéliens dans l'affaire de Gaza, est une autre indication qui peut peut-être permettre, aujourd'hui, d'avancer sur le terrain diplomatique.
Q - Sur les treize Palestiniens, est-ce qu'on peut exclure ou non une éventuelle extradition vers Israël ?
R - Il n'y a pas encore de position arrêtée et si nous avons éprouvé le besoin de demander au COREPER de préciser un certain nombre de points, c'est bien parce qu'il y a un certain nombre de données juridiques qui méritent encore d'être éclaircies. Il y a en particulier, parmi les points qui ont été évoqués, que j'ai posés, le problème du statut des Palestiniens dans chacun des pays au regard des Accords de Schengen. Il est important que nous soyons très au clair sur l'ensemble de ces sujets. L'esprit de responsabilité de l'Europe dans ces décisions est évidemment important. Nous sommes tous très conscients du rôle que peut jouer l'Union européenne dans un dossier comme celui-ci. C'est un rôle qui vise évidemment à servir la paix dans la région, mais nous avons aussi des devoirs et en particulier celui de souligner l'esprit de responsabilité qui doit être le nôtre de façon à ce que la crédibilité de l'Union européenne et les engagements qu'elle peut prendre, soient véritablement clairement affirmés.
Q - Le sort des Palestiniens ne doit-il pas être réglé d'urgence dans la mesure où Chypre ne veut pas les accueillir au-delà du 15 mai ?
R - L'Union européenne a bien compris l'urgence du problème et c'est donc dans les prochains jours qu'une solution devrait être trouvée. Je l'ai dit, plusieurs pays se sont montrés d'ores et déjà candidats et prêts à accueillir ces Palestiniens. Le COREPER va travailler dans les délais les plus brefs, pour essayer de préciser un certain nombre de ces points ; de façon à ce que l'Europe puisse adopter une position commune sur ce sujet.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 16 mai 2002)